Un rêve réalisé à long terme. Article paru dans la « La Revue Spirite », (Paris), 67e année, 1924, p. 40.

Un rêve réalisé à long terme. Article paru dans la « La Revue Spirite », (Paris), 67e année, 1924, p. 40.

 

Encore un texte anecdotique, mais qui s’inscrit bien dans l’histoire du rêve, et pointe les intérêts de ces années vingt.

 

Un rêve réalisé à long terme.

Le journal Oakland Tribune (Californie) mentionne un curieux cas que l’on pourrait appeler « un cas de rêve continu tendant à une réalisation à longue échéance. » Un jeune célibataire vivant à Oakland rêve qu’il se rend en visite dans une famille composée du père, de la mère et de deux jeunes filles. Or, éveillé, il ignore absolument l’existence de ces personnes. Pourtant, il continue à rêver d’elles, très souvent, et pendant des années. C’est ainsi qu’il voit les demoiselles prendre de l’âge, se transformer, devenir de plus en plus charmantes. Amusé par la persévérance de ce songe, il vit, la nuit, comme une existence en marge de la sienne, et finit par se considérer comme un véritable ami de cette famille créée par son imagination. Cette amitié lui semble si réelle qu’il en vient à admettre la certitude d’une rencontre, où il lui sera un jour possible d’identifier en des êtres bien vivants ces personnages fictifs.

Il arrive qu’une fois, et toujours en rêvant, il voit mourir le père. Non seulement il assiste au trépas, mais il voit tout l’intérieur de la maison, dans ses plus menus détails et il est présent aux obsèques. Dès ce moment, le rêve se fait beaucoup moins fréquent. Et des années passent, au cours desquelles ce n’est qu’à de rares intervalles que, pendant son sommeil, il se retrouve en présence de la mère et des deux filles. Un matin, il reçoit une lettre de New-York. Elle lui est adressée par la veuve d’un vague cousin, avec qui il n’a jamais eu de relations. La signataire avertit son parent qu’elle désire fixer désormais sa résidence à San Francisco, et, bien que la demande soit un peu osée, elle prie celui à qui elle adresse son pli, d’avoir l’extrême amabilité de se trouver, pour la recevoir et la guider un peu, elle et ses filles, au débarcadère d’Oakland, où elles arriveront tel jour, à telle heure. Quand elles paraissent, quelle n’est pas la surprise du cousin de reconnaître, devant lui, les personnes de son rêve persistant ! Il leur raconte ce qui lui arrive depuis longtemps, et elles ne sont pas moins étonnées que lui. Mais elles sont bientôt stupéfaites lorsque, sans avoireu aucune possibilité matérielle d’en être instruit, il leur rappelle, d’après ses rêves, de nombreux détails de leur vie privée, des précisions topographiques sur la maison qu’elles habitaient à New-York, sur la physionomie, les attitudes familières du père défunt, sur la date même de son décès.

Tout est parfaitement exact. On devine ce qui s’ensuivit. Le clairvoyant, bientôt après, épousa l’une des jeunes filles, et les conjoints vivent maintenant heureux, à Oakland. »

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