Procès, condamnations, excommunications contre des animaux. 1833

PROCESANIMAUX0001Procès, condamnations, excommunications contre des animaux. Article paru dans la revue « Le Magasin Pittoresque », (Paris), tome premier, 1833, p. 35.

[p. 35]

PROCES, CONDAMNATIONS,
EXCOMMUNICATIONS CONTRE DES ANIMAUX

Il fait un temps en France ou des tribunaux prononçaient des condamnations contre des animaux prévenus de certains délits, et où l’autorité ecclésiastique lançait les foudres de l’excommunication contre des insectes nuisibles. Cet usage de la justice divine et humaine apparue si monstrueux aux générations nouvelles, quel nom pont voulu d’abord et ajouter foi ; mais des documents authentiques ne permettent plus de conserver aucun doute. Ainsi, plusieurs manuscrits conservés à la bibliothèque royale ou possédés par des savans, contiennent des dispositifs de ses jugements, et jusqu’au mémoire de frais et dépenses pour l’exécution des sentences prononcées. Pendant une assez longue période du Moyen Âge, la pensée de soumettre à l’action de la justice tout l’effet condamnable, de quelque être qu’il provinssent, loin d’être ridicule, a été généralement répandue.

Chassanée, célèbre jurisconsulte au XVIe siècle, a composé plusieurs conseils, et dans le premier, après avoir examiné les moyens de cité en justice certains animaux, il cherche qu’il peut légalement les défendre, et devant quel juge ils doivent être amenés.

L’extrait suivant donne avec l’indication des écrivains qui sont nos autorités, l’époque des procès et jugement prononcé dans les affaires les plus singulières, le nom des animaux, le motif qui les fait traduire en justice, ainsi que la date de plusieurs anathèmes ecclésiastiques.

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1120 – Mulots et chenilles excommuniées par l’évêque de Laon (Sainte-Foix.)
1121 – Truie mutilée à la jambe, à la tête, et pendu, pour avoir déchiré et tué un enfant, suivant sentence du juge de Falaise. (Statistique de Falaise.)
1122 – Porc pendu pour avoir meurtri et tué un enfant, en la paroisse de Roumaigne, j’ai compté de Mortaing. (Sentence manuscrite).
1123 – Coq condamné à être brûlé, par sentence du magistrat de Bâle, pour avoir fait un œuf. (Promenade à Bâle.)
1124 – Becmares (sorte de charançons) : les grands vicaires d’Autin mandent au curé des paroisses [p. 35 – conne 2] environnantes de leur enjoindre, pendant les offices et les processions, de cesser leurs ravages, et de les excommunier. (Chassanée).
1125 – Taureau condamné à la potence par jugement du bailliage de l’abbaye de Beaupré (Beauvais), pour avoir, en fureur, aussi un jeune garçon. (DD. Durand et Martenne).

Commencement du XVIe siècle. – Sentence de l’Official contre les becmares et les sauterelles qui désolaient le territoire de Millière (Cotentin). (Théoph. Raynaud).

1154 – Sangsues excommuniées par l’évêque de Lausanne, parce qu’elle détruisait les poissons. (Aldrovande.)
1555 – Le grand-vicaire de Valence fait citer les chenilles devant lui, leur donne un procureur pour se défendre, et finalement les condamne à quitter le diocèse. (Chorier.)
1556 – En Auvergne, le juge d’un canton nomme aux chenilles à curateur ; la cause est contradictoirement plaidée. Il leur est enjoint de se retirer dans un petit terrain (indiqué par l’arrêt) pour y finir leur misérable vie. (Description de la France.)

Un relevé de ses jugements, présenté à la Société royale des Antiquaires, par M. Berriat-Saint-Prix, en élève le nombre a près de quatre-vingt-dix, dont trente-sept appartiennent au XVIIe siècle ; et un seul a été rendu dans le siècle suivant, en 1741, contre une vache.

 

Image 1.  Les cochons possédés.

Image 2. La truie de Falaise sur lr bûcher.

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