Noël Chomel. Folie. Extrait du « Dictionnaire œconomique, contenant divers moyens d’augmenter son bien, et de conserver sa santé avec plusieurs remèdes assurez et éprouvez, pour un très-grand nombre de maladies », 1732, tome I, pp. 69-70.

Jean Baptiste OUDRY (1686-1755)

Noël Chomel, (1633-1712). Formé au séminaire de Saint-Sulpice, il fut agronome et encyclopédiste, il est reconnu pour son dictionnaire encyclopédique qui eut un grand retentissement dès sa parution.

FOLIE. Article du « Dictionnaire œconomique, contenant divers moyens d’augmenter son bien, et de conserver sa santé avec plusieurs remèdes assurez et éprouvez, pour un très-grand nombre de maladies, & de beaux secrets pour parvenir à une longue & heureuse vieillesse. Quantité de moyens pour élever, nourrir, guérir & faire profiter toutes sortes d’animaux domestiques ; comme brebis, moutons, bœufs, chevaux, mulets, abeilles, & vers à soye. Différens filets pour la pêche de toutes sortes de poissons, & pour la chasse de toutes sortes d’oiseaux & animaux, &c. Une infinité de secrets découverts dans le jardinage, la botanique, l’agriculture, les terres, les vignes, les arbres ; comme aussi la connoissance des plantes des païs étrangers, & leurs qualitez spécifiques, &c. Les moyens de tirer tout l’avantage des fabriques de savon, d’amidon ; de filer le cotton, de faire à peu de frais des pierreries artificielles, fort ressemblantes aux naturelles ; de peindre en mignature sans sçavoir le dessein, & travailler bayettes ou éoffes établies nouvellement en ce royaume, pour l’usage de ce pays, & pour l’Espagne, &c. Les moyens dont se servent les marchands pour faire de gros établissemens ; ceux par lesquels les Anglois et les Hollandois se sont enrichis, en trafiquant des chevaux, des chèvres, & des brebis, &c. Tout ce que doivent faire les artisans, jardiniers, vignerons, marchands, négocians, banquiers, commissionnaires, magistrats, officiers de justice, gentils-hommes, & autres d’une qualité & d’un emploi plus relevé, pour s’enrichir, &c. Chacun pourra se convaincre de toutes ces veritez, en cherchant ce qui peut lui convenir, chaque chose étant rangée par ordre alphabétique comme dans les dictionnaires. Par M. Noël Chomel, prêtre, curé de la paroisse de Saint Vincent de Lyon. Troisiéme édition, revue, corrigée & augmentée d’un très-grand nombre de nouvelles découvertes & secrets utiles à tout le monde, par M. P. Danjou, prêtre. Enrichie d’un grand nombre de figures. À Lyon, & se vend a Paris, chez Etienne Ganeau, rue Saint Jacques, près la rue du Plâtre, aux Armes de Dombes. MDCCXXXII. Avec approbation et privilège du Roy. , 1732. 2 vol. tome I, Partie I, pp. 69-70.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

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FOLIE, la folie est une non seulement de l’entendement, mais encore de la raison & de la mémoire, elle vient d’un froid il dessèche tous ce qu’il rencontre d’humide dans le cerveau. La Ciguë a une qualité particulière pour causer une telle maladie.

Pour la guérir, il faudra raser la tête, & appliquer un Pigeon, ou un Poulet tout vivant, ou la bassiner d’eau de vie distillée avec du Romarin, du Sureau, de la Cynoglose, & des racines de buglose, ou avec de l’huile de fleurs de Sureau, on frottera la tête, l’on leur lavera les pieds d’un décoctions de fleurs de Camomille, de Melilot, de Melisse, & de Lauriers, on leur fera tirer par le nez du suc de Consoulde avec deux ou trois cuillerées d’eau miellée, ou de boüillon du pot, ou du vin blanc, dans lequel aura mis infuser de l’absinthe et de la sauge : ou pendant vingt-cinq jours de suite l’on mêlera dans le boüillon du matin demi drachme de cendres de Tortuë & dans leur peau on ajoutera de la Buglose, que la Bourrache avec une pincée de Romarin pour l’assaisonner.

Ils mangeront à leurs repas des viandes rôties, comme du Mouron, Pigeons, Perdrix, Tourterelles, Cailles & Chapons, avec de la Moutarde, des Raves, du Cresson, Artichaux, & Asperges.

L’on les purgera avec une dragme de pilules d’Aloé, &·dans tout ce qu’on leur donnera à boire, l’on y mêlera de la Sauge ,& de la Canelle , ou l’on se servira de la poudre ci-après.

Prenez demi dragme d’Ambregris ; cinq dragmes de Reglisse, autant de Girofles, de Gigembre & de graines de Cardamomes ; deux dr gmes de Canelle, une dragme de bois d’Aloé, une dragme & demi de Safran, & trois dragmes de poivre:-long : reduisez le tout en poudre bien subtile, & le mêlez avec autant pesant de sucre. La prise sra d’une dragme & demi dans un peu de vin d’Espagne ou autre liqueur,

L’on leur attachera , si l’on veut, une pierre Amatiste, ou une Beryle, ou une Crysolite, ou une Hyacinthe.

Remede admirable pour guérir ceux ou celles qui auront l’esprit aliéné par accident. Prenez un pot de terre neuf bien étamé, mettez y deux pintes de la meilleure huile vierge que l’on pourra trouver ; mêlez y huit à dix poignées de Lierre qui rampe le long des murailles, les feuilless les plus tendres & les plus vertes sont les meilleures, une pinte de bon vin blanc : faites boüillir le tout doucement, jusques à ce que l’humilité soit consumée, ensuite servez vous en de cette maniere, il faut raser le malade, lui frotter la tête de ladite huile, & du marc l’on en fera un frontal que l’on appliquera , & que l’on ôtera,; la personne étant guerie.

2. Cette maladie guerira, apliquant une emplâtre d’onguent divin sur les deux tempes, & une sur le haut de la tête, rasée large comme couronne d’un Prêtre.

Les folies·inveterées se gueriront aussi, ou diminueront, pour les naissances, on n’en manquera pas.

Qui n’aura point d’onguent divin, qu’il concase des laituës , du pourpier, ou du concombres, quand ils seroient confis, dans le sel & le vinaigre, & qu’il s’en aplique un frontal.

3. Ou bien prenez trois poignées de Lierre [p. 70, colonne 1] de celui qui trempe par terre : Mettez les dans un pot neuf avec un pot du meilleur vin blanc, faites les bouillir pendant cinq ou six heures à petit feu, les remuant par deux fois avec une cuillere, faites les toujours boüillir jusques à ce que tout ne revienne qu’à la moitié d’une demi chopine, ou un peu davantage. Aprés pilez le tout dans un mortier pendant longtems, & remetez le dans Le pot avec six onces d’huile d’olives, & mélez les bien tout ensemble jusqn’à ce qu’ils soient parfaitement incorporez pour l’usage suivant., Faites tondre les cheveux du malade deux travers de doigt tout à l’enrour du front : ensuite frottez vos doigts tout à l’entour du front : ensuite trempez vos doigts dans le jus ou suc des matieres contenues dans le pot ; & frotez-en le front du malade pendant un quart-d’heure. Après prenez la cinquième partie-du marc qui qui reste dans le pot, mettez Ia en entre deux linges & faites-en un bandeau qui couvre la partie tonduë , le front & les tempes.

Continuez cette onction & cette aplication durant cinq fois, commençant le soir, puis le matin aprés les soir suivant, ensuite le lendemain ; enfin le soir encore, jusques à ce que les cinq parties du remède soient achevées.

Remarquez que durant ce rems, il ne faut ni fâcher ni contrarier le malade ; le: nourrissant avec des boüillons de poulets, de veau ou de mourons.

Autre remède du Lierre terrestre que vous ferez infuser en forme de caraplame dans du vin blanc pendant 14. heures, On en fait un cataplame sur la têre aprés l’avoir fait raser.

 

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