L’Hôpital général et la Salpêtrière aux XVIIe et XVIIIe siècles. Par Jean Imbert. 1984.

Jean Imbert.

Jean Imbert.

Jean Imbert. L’Hôpital général et la Salpêtrière aux XVIIe et XVIIIe siècles. 1984.

Jean Imbert est né le 23 juin 1919 à Calais et mort à Paris le 13 novembre 1999. Spécialiste du droit romain, mais aussi de l’histoire des hôpitaux, il fut nommé membre de l’Académie des Sciences morales et politiques en 1982. Il est l’auteur de très nombreux articles et ouvrages dont nous signalerons les principaux :
— Histoire des hôpitaux français. Les hôpitaux en droit canonique. Paris, Jean Vrin, 1947. 1 vol.
— La peine de mort. Paris, Armand Colin, 1967. 1 vol.
— Quelques procès criminels des XVIIe et XVIIIe siècles. Présentés par un groupe d’étudiants sous la direction de Jean Imbert. Paris, Presses Universitaires de France, 1964. 1 vol. 15.5/24, VIII p., 206 p., 1 fnch. Dans la collection des « Travaux et recherches de la faculté de droit et des sciences économiques de Paris, série Sciences historiques, n°2 ».
— Le procès de Jésus. Paris, Presses Universitaires de France, 1980. 1 vol.

Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, mais avons corrigé les fautes d’impression.
 — Les images ont été rajoutées par nos soins. — Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

L’Hôpital général et la Salpêtrière aux XVIIe et XVIIIe siècles.
par Jean Imbert

Je tiens d’abord à remercier le président de cette séance, M. Michel Collée et la Société Internationale d’Histoire de la Psychiatrie et de la Psychanalyse, pour avoir organisé ce deuxième colloque d’Histoire de la Psychiatrie et de la Psychanalyse, et m’avoir invité à prendre la parole, et ainsi de me permettre de poser la question: L’Hôpital Général et la Salpêtrière, pourquoi, comment.

Pourquoi a-t-on créé l’Hôpital Général de Paris en 1656, création qui devait être étendue à toutes les grandes villes de province par une déclaration royale de 1662 ? Le motif qui a provoqué la naissance de cette institution lui est en réalité de beaucoup antérieur : sans doute en raison de la crise socio-économique du XVe siècle qui a dévasté les campagnes puis du bouleversement monétaire dû à la découverte du Nouveau Monde et à l’afflux de métaux précieux qui en est résulté, le nombre des mendiants des grandes villes a grossi dans des proportions inouïes à la fin du XVIe siècle. Déjà en 1516, un arrêt du parlement de Paris, copié ensuite par les parlements de province, avait prévu que les vagabonds sans profession seraient enfermés dans les prisons. Cette mesure ne fut suivie d’aucun effet, et sans doute pour un motif fort simple : les prisons étaient trop exiguës pour y loger tous les mendiants ! (1) Il en alla de même pour les autres tentatives du XVIe siècle. La question subsiste et se pose avec plus d’acuité encore au début du XVIIe siècle. Le jeune Louis XIII signe le 28 mai 1612 des Lettres Patentes (2), préparées sans doute dans l’entourage de la reine mère, qui ordonnaient « que les pauvres de notre bonne ville de Paris soient enfermés en certains lieux, pour y être nourris et entretenus sans vaguer ailleurs », confiant l’exécution de cette décision à une commission présidée par le premier président du Parlement. Le 26 août suivant, le roi, « la reine régente sa mère étant présente », publie les « Statuts pour les hôpitaux des pauvres enfermés » (3). Ces hôpitaux doivent comprendre « trois maisons séparées » : l’une pour les hommes valides l’autre pour les femmes et les enfants en dessous de huit ans ; la troisième pour les incurables et les invalides « tellement invalides qu’ils ne puissent travailler en aucun ouvrage ». Dans ces trois maisons, tous seront mis au travail : ainsi les femmes et les enfants de moins de huit ans doivent « filer, faire… boutons et autres ouvrages dont il n’y a métier juré ». Notons au passage que les éventuels malades ne seront pas soignés sur place : « ils seront portés en l’Hôtel-Dieu, et là reçus et traités comme les autres ». Il semble que les Lettres Patentes et les Statuts aient tout prévu… sauf le financement: on ne s’étonnera donc pas que les réalisations n’aient guère répondu aux intentions royales.

La Salpêtrière à Paris -H. Gourdon de Genouillac. Paris à travers les siècles. Paris, 1882.

La Salpêtrière à Paris -H. Gourdon de Genouillac. Paris à travers les siècles. Paris, 1882.

En fait, les maisons de la grande et petite Pitié, sises rue Saint-Victor, furent contraintes d’admettre « un assez grand nombre d’enfants des deux sexes et de femmes âgées et infirmes » (4) ; malgré ce relatif succès, les vagabonds continuèrent de hanter les rues de la capitale. Nouveau projet en 1622 : tous ceux qui ne gardent pas « le lit de maladie », de l’un et l’autre sexe, seront enfermés dans l’île de Grenelle. Le travail y est évidemment obligatoire « sous peine d’y jeûner rudement, qui est le châtiment que Dieu ordonne aux fainéants et celui qui les range le plus au travail » (5). Une nouvelle fois, aucune suite n’est donnée au projet, alors qu’on avait levé un impôt spécial sur les parisiens (sans doute trop faible) pour cet objet, et une « bourgeoise de qualité » se plaint : « A quoi sert de nous taxer et cotiser pour les pauvres enfermez si on ne les y renclost ? » (6).

C’est à Lyon qu’il faut chercher la première réalisation destinée au renfermement des pauvres, en 1631, où des « milliers de personnes ramassées » sont accueillies à l’Hôpital de la Charité : « le travail n’y est pas excessif, mais suffisant pour y empêcher l’oisiveté » (7). Quelques années après, Marseille, Nantes puis Rouen prévoient le regroupement des « pauvres divaguant par la ville » dans des hôpitaux existants et prévoient un impôt spécial pour en assurer le fonctionnement, tandis qu’à Paris le nombre des mendiants valides et des vagabonds errants dans la ville est estimé à 40 000 (8).

Cellules d'aliénés. CP.

Cellules d’aliénés. CP.

Un grand mouvement se dessine alors dans la capitale pour assurer aux pauvres et aux vagabonds un asile convenable où ils seront accueillis et instruits de la religion. Mais deux courants se dessinent, dont les intentions divergent. Les ecclésiastiques (l’Archevêque de Paris et surtout Saint-Vincent de Paul) sont animés essentiellement d’un esprit de charité, et désirent avant tout prévoir un établissement restreint, pouvant contenir cent ou deux cents pauvres, les y bien traiter et, par l’exemple, en attirer d’autres.

En 1653, Vincent de Paul créa l’hôpital du nom de Jésus, qui devait accueillir quarante pauvres, vingt hommes et vingt femmes. Mais la même année, l’une des « dames de la Charité », dont Vincent était le directeur spirituel, la duchesse d’Aiguillon, obtenait de la régente Anne d’Autriche un brevet de donation de l’enclos de la Salpêtrière, et faisait un don de 50 000 livres pour les premiers travaux d’aménagement. Sans doute sous l’influence ou au moins avec l’accord de Vincent de Paul, qui considérait que Madame d’Aiguillon et ses amis « allaient trop vite pour son pas », un ordre officiel fit défense, le 9 novembre 1653, à Madame d’Aiguillon de poursuivre les travaux et les maçons furent contraints de se retirer de la Salpêtrière, sous peine de prison. C’est en effet la deuxième tendance, celle du Parlement de Paris préoccupé avant tout d’ordre et de sécurité publique, qui va triompher dans l’Edit d’avril 1656 créant l’Hôpital Général de Paris. Il ne faut pas en effet se fier aveuglément au préambule de l’Edit qui prétend abusivement que ce « grand œuvre (a été accompli) non par ordre de police, mais par le seul motif de la Charité » (9). Il est d’ailleurs symptomatique qu’aucun ecclésiastique ne figure parmi les membres de la commission chargée de diriger l’hôpital, qui rassemble des membres du Parlement et de la Cour des Comptes, des avocats et des bons bourgeois. Bien mieux, il est précisé que l’Hôpital Général en dépendra « en aucune façon de notre grand aumônier », et que la police des mendiants ne concerne aucunement le Grand Bureau des pauvres de Paris. Dans un article récent, M. Robert Poujol montre les liens étroits qui unissaient les initiateurs et les premiers administrateurs de l’Hôpital Général à la Compagnie du Saint-Sacrement, préoccupée essentiellement de « l’extinction de la mendicité et de l’oisiveté » (10).

Il n’est guère possible de donner une analyse, même succincte, de cet édit de 1656, particulièrement long (83 articles), ni du règlement qui l’accompagne (39 articles). Cette institution dénommée « Hôpital Général » n’a absolument rien d’un hôpital au sens ancien ou moderne du terme : il n’y aura qu’une petite infirmerie, et lorsque les pensionnaires seront malades, ils seront envoyés à l’Hôtel-Dieu, tandis que les contagieux, les lépreux et les vénériens ne peuvent en aucun cas y être reçus (11).

L’Hôpital Général est donc en réalité, au départ, un hospice d’un genre très particulier, où les mendiants seront conduits de force, et où ils travailleront à « toutes sortes de manufactures », recevant « le tiers du produit de leur travail… » « pour les exciter de travailler… ». Pour « faire les captures des mendiants » et les conduire à l’Hôpital Général, les directeurs disposent d’un bailli, de sergents des pauvres, « avec hallebardes et autres armes convenables ».

Le principal motif de l’échec des mesures précédentes avait été le manque de fonds. L’Edit de 1656 y pourvoit expressément, faisant d’une part appel à la générosité publique et attribuant d’autre part à la nouvelle institution toute une série de fonds publics dont l’énumération serait fastidieuse (12). Quant aux bâtiments, le roi affecte (13) à l’Hôpital Général : la petite et la grande Pitié, le Refuge (faubourg Saint-Victor), la maison Scipion (faubourg Saint-Marcel), la Savonnerie (proche Chaillot) et « les maisons et emplacements » de Bicêtre (proche Gentilly). Quelques semaines plus tard, le roi y ajoute la Salpêtrière (14), dite « le petit arsenal » (également faubourg Saint-Victor) avec possibilité d’agrandissements selon les désirs des directeurs, et avec des fonds particuliers pour cette nouvelle maison. Des voyageurs hollandais constatent en 1657 qu’ « on ne voit plus un seul gueu ou pauvre » dans les rues de Paris (15). L’opération de police parait donc réussie (16) : en réalité, après un premier succès, la royauté et le Parlement de Paris seront obligés de prendre de nouvelles mesures de renfermement dont les effets ne se feront durables qu’avec la création de la maréchaussée, au XVIIIe siècle… et des ateliers de charité (17).

The Bicetre Asylum in ParisBicetre.

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Après avoir examiné les conditions dans lesquelles fut créé l’Hôpital Général, répondons à une seconde question et voyons maintenant quelle fut sa destinée, et surtout ce qu’il advint de la Salpêtrière jusqu’à la chute de l’Ancien Régime.

L’Hôpital Général lui-même se vit attribuer, sous Louis XIV, trois autres établissements pour accueillir les enfants : la maison des Enfants-Trouvés, l’hôpital du Saint-Esprit, et la maison des Enfants-Rouges. A la fin de l’Ancien Régime, les administrateurs de l’Hôpital Général dirigeaient dix maisons distinctes, les plus importantes étant la Salpêtrière et Bicêtre, cette dernière recevant en 1789 plus de quatre mille personnes, dont les quatre cinquièmes étaient de « bons pauvres, âgés de soixante ans pour le moins, ou infirmes » et le reste des prisonniers enfermés « en vertu d’ordres du roi, de sentences de police et d’arrêt ».

La Salpêtrière, qui n’était auparavant qu’une sorte de grange où se fabriquait le salpêtre et une fonderie d’où dépendaient divers magasins, devait, dès 1657, recevoir environ 600 femmes et 200 enfants de deux à sept ans (18) : les lieux avaient été mis en état moyennant la somme de 40 000 livres, et le renfermement effectif eut lieu le 14 mai 1657, « sans incident », d’après les témoignages de l’époque. Un projet fut formé de construire un bâtiment neuf pour y loger des mendiants mariés : les travaux furent commencés en 1657 mais le bâtiment fut affecté à un autre usage par la suite. Dans un premier temps, on édifia la façade septentrionale de l’établissement, qui prit le nom de bâtiment Mazarin (dont une partie seulement fut réservée aux mendiants mariés) et la façade méridionale qui s’appela pavillon Sainte-Claire. En 1669, Louis XIV prescrivit de remplacer la chapelle de l’établissement (consacrée à Saint-Denis) par une église de plus vaste proportion ; l’édifice nouveau, construit par Bruant sur les plans de l’architecte Levau, fut placé sous le vocable de Saint-Louis. A droite de l’église, se trouvait donc le bâtiment Mazarin ; à gauche, en 1756, fut commencée la construction du bâtiment Lassay, du nom de la marquise de Lassay, qui fit les frais de la construction.

Dès la mise en place de l’Hôpital Général, la Salpêtrière fut affectée au renfermement des femmes et des enfants qui erraient dans les rues de la capitale, ce qui était le but premier et essentiel de l’institution. Mais très vite, il semble que les enfants de moins de 25 ans qui « maltraitaient » (sic) leurs parents furent, sur plainte de ces derniers, enfermés, les garçons à Bicêtre, les filles à la Salpêtrière, ce qui fut officiellement confirmé par un règlement royal du 20 avril 1684. Et, huit jours après, un autre règlement prévoyait que « les femmes d’une débauche et prostitution publique et scandaleuse », après jugement du lieutenant de police, seraient enfermées dans la maison de la Salpêtrière. La prison de « La Force », où l’on détenait les filles de mauvaise vie, fut alors établie au centre de l’hôpital (19) : Melle Clairon, artiste en vogue à la fin de l’Ancien Régime, interprète de Voltaire, faillit y être conduite, et plusieurs dames dites de distinction y furent enfermées.

Cour intérieure de la Force en 1840.

Cour intérieure de la Force en 1840.

Il a été signalé que l’Edit de création et le Règlement de l’Hôpital Général ordonnaient qu’aucun malade n’y serait reçu et que les éventuels malades de la Salpêtrière ou de Bicêtre seraient conduits à l’Hôtel-Dieu ; ils ne mentionnaient expressément que les lépreux, les contagieux, les vénériens. Rien n’était prévu à l’égard des fous, dont nous parlent ailleurs M. Nicolas Sainte-Fare Garnot et M. Claude Quétel. C’est en 1660 que le Parlement se penche sur ce problème ; le 7 septembre, il décide, conformément à l’Edit de 1656, que tous les fous seraient reçus à l’Hôtel-Dieu. Mais il ajoute que les insensés que l’on regardait comme incurables seraient envoyés dans les hospices de Charenton ou de Bicêtre, ou à la Salpêtrière s’il s’agissait de femmes : un lieu spécial devait être construit « pour enfermer les fous et les folles qui sont à présent, ou seront ci-après audit Hôpital Général » (20). A l’époque, il n’était évidemment pas question de psychiatrie ouverte, comme on l’envisage de nos jours.

Aucune formalité spéciale ne semble avoir été prévue pour l’internement : si les parents de l’aliénée n’étaient pas en état de la garder, les officiers de police pouvaient la séquestrer. En ce qui concerne les biens de l’internée, aucune déclaration royale ne s’en préoccupe, alors que les parents proches avaient parfois tendance à profiter de la situation pour s’emparer des revenus des biens appartenant à l’aliénée. Le Parlement de Paris, au début du XVIIIe siècle, considère que les administrateurs de l’Hôpital Général assureraient la « curatelle des fols et insensés » : son intervention permit une protection minimale du patrimoine de ces malheureux et malheureuses (21).

Une autre étape allait être franchie à la fin de l’Ancien Régime. En 1767, un arrêt du Parlement de Paris décidait que l’Hôpital Général devait « garder ses malades, dans une infirmerie aménagée à cet effet »… (22). C’était un coup d’épée dans l’eau, car ni la Salpêtrière ni les autres maisons ne possédaient les fonds nécessaires pour mener à bien la construction de nouveaux bâtiments. Un début de réalisation fut cependant tenté à la Salpêtrière à la suite de la révolte des malades de la Salpêtrière hébergés à l’Hôtel-Dieu qui fut la proie des flammes en 1772, mais il fallut attendre les Lettres Patentes du 22 juillet 1780 pour que « la construction des loges pour les folles, et des salles pour les femmes épileptiques étant à la Salpêtrière, soit continuée, suivant le plan commencé »… (23). « Tous les malades, était-il précisé ! – (devaient être) traités et soignés chacun dans un lit », prescription qui ne fut guère respectée… ; et il était fait défense « de plus (en) envoyer à l’Hôtel-Dieu, sous quelque prétexte que ce soit ».

Gautier - La Salpêtrière.

Gautier – La Salpêtrière.

L’une des conséquences de cette innovation fut la nomination, à la Salpêtrière, d’un médecin, Saillant, à qui succèderont Chambon de Montvaux, puis Pinel et Esquirol, alors qu’auparavant un seul médecin était affecté à l’ensemble des établissements de l’Hôpital Général (24). Selon le Code de l’Hôpital Général de Paris publié en 1786, il y avait à la Salpêtrière sept à huit mille femmes, dont environ huit cents détenues à titre de correction et de sûreté ; à cette même date, se terminait la construction des infirmeries, dont le pavillon central fut orienté sur la même ligne que le dôme de l’église. Encore en 1790, le registre des entrées nous montre la diversité de la clientèle reçue à la Salpêtrière : des enfants du sexe féminin, des « épileptiques » et des « folles », des femmes enceintes, des vénériennes (placées soit à la « Miséricorde » soit

à « La Force »), des femmes reçues à « La Force » sur « ordre du tribunal de police de l’Hôtel de ville… de (les) garder pendant trois mois pour cause de prostitution », et des femmes de plus de 60 ans. Dans cette clientèle, les insensées ne représentent qu’une part relativement faible

Les destinées de la Salpêtrière (mi-hospice mi-prison), après cette date mériteraient une autre étude : bien que je ne vous aie pas parlé ni des conditions sanitaires déplorables ni des petits et des grands scandales qui éclatèrent au XVIIIe siècle, touchant la vie privée de quelques « officières » de la Salpêtrière (26). D’autres, plus qualifiés que moi, ont traité des insensés. (27

[p. 6]

NOTES

(1) Imbert (Jean), Les hôpitaux en France, Paris, 1958, p. 25.

(2) Code de l’Hôpital-Général de Paris, Paris, 1786, p. 283-284 (sera cité Code par la suite).

(3) Code, p. 284-285.

(4) Code, p. II.

(5) Lettres Patentes de février 1622. cf. L. Lallemand, Histoire de la charité, t. IV 1, Paris, 1910, p. 249.

(6) Les caquets de l’accouchée (vers 1622), nouv. éd., 1855, p. 69.

(7) Institutions de l’aumosne générale de Lyon, 1662, p. 3.

(8) Une ordonnance de 1639 avait pourtant prévu que seraient condamnés « aux galères les mendians valides, vagabonds et gens sans aveu… (Code, p. 474) ; elle était restée sans application pratique.

(9) Code, p. 262 . Les réticences de Saint-Vincent de Paul apparaissent nettement dans une lettre de mars 1657 : « L’on va ôter la mendicité de Paris et ramasser tous les pauvres en des lieux propres pour les entretenir, les instruire et les occuper. C’est un grand dessein et fort difficile ; mais qui est bien avancé, grâces à Dieu et approuvé de tout le monde ; beaucoup de personnes lui donnent abondamment, et d’autres s’y employent volontiers. On a déjà dix mille chemises, et du reste, à proportion. Le Roi et le Parlement l’ont puissamment appuyé, et sans m’en faire parler, ils ont destiné les prêtres de notre congrégation, et les filles de la Charité pour le service des pauvres, sous le bon plaisir de M. l’Archevêque de Paris. Nous ne sommes pourtant pas encore résolus de nous engager à ces emplois ; parce que nous ne connaissons pas encore assez si le bon Dieu le veut… ».

(10) Poujol (R.), « La naissance de l’Hôpital Général de Paris d’après des documents inédits », dans La Salpêtrière hier et aujourd’hui (numéro spécial de L’Hôpital à Paris), août 1982, p. 11-25. L’auteur signale (p. 25) que l’archevêque de Paris ne deviendra membre du conseil de direction de l’Hôpital Général qu’en 1693.

(11) « Règlement que le roi veut être observé pour l’Hôpital Général de Paris », art. VI (Code, p. 274).

(12) Ces fonds se révèleront insuffisants et une taxe nouvelle sera instaurée le 20 octobre 1693.

(13) Article IV de l’Edit (Code, p. 263).

(14) Code, p. 229. « Lettres-Patentes, portant don de la Salpêtrière à l’Hôpital-Général, (Avril 1656). Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre : A tous présens et à venir ; Salut. Nous avons, par notre édit du présent mois d’Avril, pour l’établissement général des pauvres de notre bonne ville de Paris, uni les Hôpitaux et maisons de la grande et petite Pitié, sises au fauxbourg Saint-Victor, de Scipion au fauxbourg Saint-Marcel, de la Savonnerie proche Chaillot, de Bicêtre proche Gentilly, et les membres en dépendans, avec toutes les exemptions, attributions dedroit, et autres choses que nous avons cru nécessaires pour favoriserun si favorable dessein, si désiré, et depuis si longtempsattendu; et comme nous avons toujours souhaité cet établissement,nous y avons déjà affecté, par notre brevet du premier Juillet 1653,les lieux et emplacemens de la Salpêtrière, dit le petit arsenal;et désirant aussi, tant qu’il nous sera possible, faciliter l’exécutionde cette œuvre, que nous estimons digne de nous et de notremagnificence royale, par les fruits qu’il doit produire, et pour lagloire de Dieu, et pour le bien de la police, pourvoir à tous sesbesoins, et d’en augmenter tous les jours les bienfaits, nous avonspar ces présentes, et de notre grâce spéciale, pleine puissance etautorité royale, donné, octroyé et uni, donnons, octroyons et unissonsaudit Hôpital-Général, lesdits lieux et emplacemens de laSalpêtrière, dits le petit arsenal, sis au fauxbourg Saint-Victor,vis-à-vis notre grand arsenal, et tous les bâtimens et héritagesqui en dépendent … ». On notera qu’en réalité, la Salpêtrière avaitété affectée au renfermement des pauvres en 1653, mais les travauxd’aménagement avaient été stoppés sur ordre royal.

(15) Journal d’un voyage à Paris en 1657-1658, éd. A.P. Faugère, Paris, 1862, p. 133 et 214.

(16) Dissard (F.), La réforme des hôpitaux et maladreries au XVIIe siècle, Paris, 1938, p. 117.

(17) Code, p. 468-469.

(18) 628 femmes étaient logées en « quinze grands dortoirs » : D. Puzin et R. César, « L’évolution historique du plan masse de la Salpêtrière », dans La Salpêtrière hier et aujourd’hui, op. cit., p. 35. Dès 1697, la nombre total des pensionnaires s’élevait à 4 000 : L. Boucher, La Salpêtrière. Son histoire de 1656 à 1790, Paris, 1883, p. 40.

(19) Code, p. 501 et 503. La prison de « Force » ou de « La Force » fut construite aussitôt. Grand bâtiment rectangulaire à l’aspect lugubre, La Force comprenait un service commun pour les prostituées, une prison pour des détenues par lettres de cachet, la « Grande Force » pour les « sentenciées », et la « Correction » pour les « enfants correctionnaires susceptibles de revenir au bien ». Madame de Valois, comtesse de La Motte, fut incarcérée à la « Grande Force » à la suite de l’affaire du collier : G. Guillain et P. Mathieu, La Salpêtrière, 1925, p. 27. Diverses Déclarations royales (notamment celle du 26 juillet 1713) précisèrent par la suite la procédure à suivre et les formalités à observer « pour la correction des femmes et filles de mauvaise vie ».

(20) « Arrêt du Parlement concernant les pauvres attaqués du mal-vénérien, ainsi que les fous et les folles ». Code, p. 406.

(21) Arrêts du 11 mai 1708, 30 août 1711, 24 mars 1736, etc… dans Code, p. 528-535.

(22) Code, p. 407. Les conditions sanitaires semblent avoir été désastreuses : dès 1670, on signale des cas de scorbut et de gale, et de véritables épidémies sont signalées au XVIIIe (L. Boucher, La Salpêtrière. Son histoire de 1656 à 1790, Paris, 1883, p. 78).

(23) Il semble que les quatre anciennes « loges », construites en contrebas avant 1754, furent conservées par Viel, qui les joignit aux nouvelles « loges » par un escalier. Ces nouvelles « loges » furent bâties entre 1783 et 1786 : L. Boucher, La Salpêtrière. Son histoire de 1656 à 1790, Paris, 1883, p. 31. Il y aurait beaucoup à dire sur l’état sanitaire de la Salpêtrière. A titre d’exemple, signalons ce passage des Procès-verbaux… du Comité de Mendicité (de 1790-1791), éd. 1911, p. 629 : « … la salle la plus horrible que l’on puisse présenter aux yeux de celui qui conserve quelque respect pour l’humanité est celle où près de 200 filles, jeunes et vieilles, attaquées de la gale, des écrouelles ou de la teigne, couchent pêle-mêle, quatre ou cinq dans un lit, se communiquant… tous les maux que la fréquentation peut donner ». Cf. Maurice Capul, Internat et internement sous l’Ancien Régime, t. III, Paris, 1984, p. 123.

(24) A la Salpêtrière, avant la construction des infirmeries (terminées en 1783), seuls étaient prévus un « chirurgien gagnant-maîtrise, un compagnon chirurgien, et six apprentis-élèves : G. Guillain et P. Mathieu, La Salpêtrière, Paris, 1925, p. 58.

(25) Registre des entrées de La Salpêtrière : Arch. A.P.P., 1 Q2, 106.

(26) Voir, entre autres : Louis-Henry Légier-Desgranges, Madame de Moysan et l’extravagante affaire de l’Hôpital Général (1749-1758), Paris, 1954.

(27) Depuis la présente communication, est paru l’ouvrage de Nadine Simon, La Pitié-Salpêtrière, L’Arbre à images, Paris, 1986, 127 p. – On pourra également consulter, sur l’hôpital général de Genève, Sauver l’âme, nourrir le corps., Genève, 1985, notamment la préface de Jean Imbert, p. VII-XI.

Notes de histoiredelafolie.fr

Cet article a fait l’objet d’une communication, un peu modifié, pour Le deuxième Colloque de la Société Internationale de la Psychiatrie et de la Psychanalyse qui s’est tenu à l’hôpital La Salpêtrière  les 19 et octobre 1984. – Il est paru à l’origine dans les Actes du Colloques édité par Frénésie édition en 1987, avec d’autres communications que nous présenterons en ligne sur notre site prochainement, cette publication étant restée très confidentielle.

 

 

 

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