Les récents enseignements psychologiques de Freud. Par Angelo Hesnard. 1923.

HESNARDENSEIGNEMENT0002Angelo Hesnard. Les récents enseignements psychologiques de Freud. Article parut dans la revue « L’encéphale, journal de neurologie et de psychiatrie », (Paris), dix-huitième année, 1923, pp. 525-531.

Pour la biographie et la bibliographie d’Angelo Hesnard nous renvoyons à un de ses articles [en ligne sur notre site] : Ce que la clinique française a retenu de la Psychanalyse, 1935.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original.
 – Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Sauf le croquis, les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

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Les récents enseignements
psychologiques de Freud.

Par A. Hesnard

Dans un ouvrage qui vient de paraître (1), Freud précise ses idées sur la psychologie de l’Inconscient et des tendances, sur la mécanisme du refoulement et sur la constitution de la personnalité.

Au point où elle en est actuellement, sa doctrine, conçue pour la plus grande part en dehors de toute considération anatomo-pathologique ; se présente bien plutôt comme une métaphysique de l’individu que comme une théorie scientifique. Toutefois, étant déduite des résultats de ses analyses cliniques concernant la névrose et la psychose, elle est remplie de conceptions originales, susceptibles d’intéresser au plus haut point la psychiatrie contemporaine.

Nous en donnons ici un exposé (2) résumé, mais fidèle, que nous ne ferons suivre d’aucun commentaire.

I. — Conscient et Inconscient.

On sait que Freud — d’accord en cela avec la majorité des psychologues médecins de l’époque contemporaine — fait de la conscience une simple qualité du Psychique ; cette qualité peut s’ajouter à bien d’autres dans la vie psychique, et, très souvent aussi, faire défaut (3).

Mais il précise que l’Inconscient ne se confond pas, comme on pourrait le croire, avec le Refoulé. Sans doute, tout fait psychique refoulé est devenu ou [p. 526] resté inconscient, mais la réciproque n’est pas vraie : il y a dans le Moi même (Icht), cette instance qui contrôle les processus psychiques élémentaires et qui est la cause première de tout refoulement, quelque chose de foncièrement inconscient : la résistance même — totalement ignorée du sujet, du moins lorsqu’il n’a pas été soumis à l’analyse — qui entrave le jeu de toute pensée émanant des tendances réprimées.

Il est donc juste de substituer à cette antithèse classique du Conscient-Inconscient cette autre antithèse opposant le Moi cohérent au Refoulé par scission des tendances d’avec le Moi cohérent ?

Enfin s’il y a un Moi inconscient (parce que refoulant, il y a aussi un Inconscient non refoulé : le tréfonds de l’eprit, avec sa masse anonyme des tendances ancestrales, dont bon nombre n’avertiront jamais le sujet de leur obscure existence.

II. — Le Moi et le Soi (das Ich und das Es).

La conscience est cette zone de l’esprit toute superficielle qu’on rencontre au premier abord en venant de l’extérieur. Elle est formée, d’une part, des perceptions venues de la réalité sensorielle, et, de l’autre, de la totalité des impressions affectives venues de l’intérieur de l’individu.

Ces dernières, émanées de l’Inconscient, deviennent préconscientes (c’est-à-dire conscientes latentes, susceptibles d’être, quand il le faudra éclairées par la Conscience) par association avec les représentations verbales appropriées, qui sont, elles, des résidus mnésiques. Car peu devenir conscient non seulement ce qui fut jadis une perception, mais tout ce qui, même émané du dedans de l’individu, peut arriver à se transposer en perception en perceptions extérieures. En d’autres termes, il faut, pour qu’une représentation devienne consciente, qu’elle puisse se prolonger dans les systèmes immédiatement voisin du système de perception-connaissance ; et si, au lieu de s’y prolonger simplement, elle s’y introduit complètement, il y a hallucination (4).

Quant aux impressions affectives pures, dérivées de la série plaisir-déplaisir, elles s’expliquent par le degré de résistance opposé par le Moi aux tendances qui cherchent à se réaliser. Si le passage vers le conscient est complètement fermé, celles-ci ne deviennent ps conscientes ; elles donnent au contraire naissance à du plaisir si leur poussée, moins réprimée, devient efficace, et à du déplaisir si leur tension augmente par une répression réactionnelle de la personnalité consciente. Ainsi donc, comme les perceptions extérieures, les apports affectifs ne deviennent conscients qu’autant qu’ils touchent, eux aussi, au système de perception-connaissance.

D’où ce schéma nouveau : le système W ? Bw (perception consciente), système psychique de surface, précède du côté de l’extérieur (5) le système du [p. 527] Préconscient V. Bw, lequel repose sur les résidus mnésiques. Ces deux systèmes forment la structure du Moi, lequel est donc Inconscient en partie.

Adoptant, en effet, une notion et un terme de Groddeck (6) Freud propose d’appeler Moi la région de l’esprit qui, comprenant ces deux systèmes, du Préconscient puis de la Perception consciente, de l’être, qu’il appelle le « Soi » (das Es). Le Moi n’enveloppe pas complètement le Soi ; il le surmonte « comme le germe surmonte l’œuf ». Le Refoulé (Vdgt — verdrängt) séparé du Moi seulement par la barrière du Refoulement, peut communiquer avec lui par l’intermédiaire du Soi, dont il faut partie intégrante. Ainsi compris, le Moi est

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La portion du Soi modifiée par l’action immédiate du monde extérieur ; il est comme un prolongement de la différenciation superficielle de l’individu ; il s’efforce de faire porter sur le Soi l’influence de l’extérieur, en substituant le « principe de réalité » au « principe de plaisir », lequel domine entièrement le Soi.

III. — Le Moi et le Sur-Moi (ou Moi idéal) (7).

Freud accorde une importance particulière, au cours du développement infantile, à l’acte mental de l’élection d’un objet sexuel sur le sujet. L’enfant choisi un objet de son amour, puis, quand les nécessités de la vie le séparent de cet objet, il s’en console par le processus psychique de l’identification de soi-même avec cet objet. [p. 528]

Chaque individu d’ailleurs reste soumis, au moins partiellement, à cette lois de l’élection et de sa propre identification ultérieure avec l’objet. Enfants, nous avons d’abord connu, admiré et craint les êtres supérieurs à nous ; puis nous les avons pris en nous. Et c’est le résidu de cette attitude de l’enfant vis-à-vis de ses parents qui explique plus tard chez l’adulte le développement de certaines grandes tendances, comme le sens religieux, la conscience morale et les sentiments sociaux.

Il y a dans ces deux temps, parfois simultanés, d’un même acte psychique, une occasion pour le Moi de dominer les tendances inconscientes ancestrales de les maîtriser ; tout se passe comme si le Moi, prenant lui-même en esprit les traits de l’objet de son premier amour, disait à ‘inconscient : « Tu peux m’aimer. Vois comme je ressemble à l’objet ! » Et ainsi la libido, antérieurement fixée sur un objet extérieur, devient narcissique et se désexualise, et l’on peut dire, par une sorte de sublimation.

La plus importante de ces identifications infantiles est l’identification avec le père qui peut être antérieure à toue élection d’objet. Deux faits en compliquent malheureusement le mécanisme : la triple racine du complexe d’Œdipe, et la bisexualité constitutionnelle de l’individu.

Le rapport (mammaire) du petit garçon avec sa mère détermine une élection d’objet en faveur de celle-ci. En même temps, l’enfant s’empare du père par identification ? Puis, l’amour pour la mère devenant plus fortement sexuel, le père apparaît comme un obstacle, et l’Œdipus-complex prend alors naissance ; le rapport avec le père devient ambivalent, étant fait à la fois d’amour et de haine… Plus tard, on observe une destruction du complexe d’Œdipe ce qui a pour conséquence la renonciation de l’enfant à la prédilection (Objekthesrtzung) pour la mère.

Deux cas sont alors possibles : ou bien il se produit une identification avec la mère ; ou bien apparaît une identification renforcée avec la père. C’est le cas le plus normal pour le garçon ; il permet que la tendresse de l’enfant continue envers la mère, et le garçon en devient plus viril (de même, la petite fille peut s’identifier désormais davantage avec la mère, d’où renforcement normal de sa féminité. Mais il arrive que, renonçant au père, elle s’identifie avec lui, ce qui se produit quand les aptitudes viriles de la fillette sont suffisantes.

L’issue de cette crise œdipienne dépend donc de la force respective de dispositions sexuelles des enfants, garçons ou filles, lesquels sont toujours plus ou moins bisexués psychiquement. On a même l’impression que le cas du « complexe simple » n’est pas leplus fréquent ; le complexe est presque toujours double, positif ou négatif ; Ainsi le garçon n’est pas seulement ambivalent vis-à-vis du père et tendre vis-à-vis de la mère ; mais se montre fémininement tendre envers son père et jaloux hostile vis-à-vis de sa mère.

Chez les névropathes, il faut, pour comprendre le mécanisme œdipien, supposer le complexe à l’état complet. In peut concevoir alors une série très variée de cas : à l’un des pôles de l série, on rencontre le complexe normal positif, à l’autre pôle, le complexe négatif ; et entre les deux, des cas où les deux composantes, masculine et féminine, de chacune des deux tendances, amour et haine s’amalgament en deux combinaisons variées.

Mais toujours le résultat général de la phase sexuelle œdipienne est de [p. 528] laisser dans le Moi un dépôt, consistant en l’établissement de ces deux identifications en quelque sorte conciliées entre elles, et qui constitue un Moi idéal ou Sur-moi, opposé au reste de la personnalité, au Moi ordinaire ; Moi idéal qui représente l’éducation parentale, et qu’on peut dire l’héritier du complexe d’Œdipe.

Un tel dépôt n’est pas seulement un résidu affectif inerte ; il est une somme d’énergie active, équivalent à une simulation permanente : « Voilà comme tu dois être (comme ton père) ! » ou une interdiction : « Tu ne dois pas être comme lui ni faire ce qu’il fait ; il est des choses qui lui sont réservées ! » — Car le Moi idéal s’est efforcé de refouler le complexe œdipien, et c’est même à cet effort qu’il doit d’avoir pris naissance. Le Moi infantile, ayant reconnu (dans le père) l’obstacle à ses désirs, s’est fortifié par le refoulement en transportant sur lui-même cet obstacle, , en empruntant en quelque sorte la force paternelle — acte difficile et décisif. Le Sur-moi conserve le caractère du père et plus le refoulement (par la morale, la religion, etc.) a été rapide, plus le Sur-moi sera plus tard sévère envers le Moi (sous la force d’une conscience morale, qui n’est parfois qu’un sentiment inconscient de la faute).

IV. — Les deux espèces d’instinct.

Il y a deux espèces d’instincts. D’un côté les instincts sexuels, plus bruyants que les autres ; ce sont des instincts de vie par excellence, de conservation de l’espèce et par suite de l’individu ; de l’autre, les instincts de mort, essentiellement silencieux, qui tendent à rétablir l’équilibre dérangé par la vie (8). De la lutte de ces deux espèces d’instinct opposés, ou de leur rencontre avec effet de compromis, résultent les péripéties de l’existence. Un exemple de mélange de ce deux instincts opposés est la composante sadiste de l’instinct sexuel ; un exemple de leur dissociation radicale et brusque est la crise épileptique ; dans le domaine des perversions, la prédominance de de l’instinct contraire à la perpétuation de l’espèce amènera par exemple la régression de la libido ) la phase sadistique anale.

C’est cette dualité fondamentale de l’instinct qui explique l’ambivalence constante des névroses et des psychoses. Ainsi le mécanisme du délire de persécution, qui offre l’exemple frappant de la transformation inconsciente d’une attraction homosexuelle en haine pour l’objet (pris alors pour un persécuteur), repose sur cette genèse : Apparition primitive d’énergie hostile avec sentiment de rivalité impossible à satisfaire ; puis par économie vitale, adaptation amoureuse à l’objet — cette nouvelle tendance ayant plus de chance d’être satisfaite ; — puis, enfin, par refoulement, haine morbide.

Maos d’où vient cette énergie, émanée du Es ; qui peut ainsi se déplacer en augmentant la charge émotive de tel ou tel instinct partiel ? Sans doute des réserves de la Libido narcissique, c’est-à-dire de l’Eros désexualisé et sublimé ; [p. 530] tout le travail de la pensée qui en résulte est ainsi le résultat de l’instinct érotique sublimé. Le rôle du Moi est avant tout de sublimer la sexualité autant qu’il le peut, en se faisant lui-même l’objet de la Libido. Ce qui élargit la compréhension du Narcissisme.

V. — Les sujétions (Abhäbgigkeiten) du Moi.

Les premières identifications qui se substituent (lors de la formation du Moi) aux érections érotiques émanées du Es, prennent vite une importance considérable sous la forme du Sur-moi, trace de l’identification maternelle primitive et héritier du complexe d’Œdipe. Conservant le caractère qu’il avait à son origine, en tant que complexe paternel, celui-ci reste toute la vie l’impératif catégorique qu’il était à la période infantile.

C’est dans l’intensité anormale de cette tyrannie du Sur-moi qu’il faut chercher l’explication de la plupart des névroses graves ; surtout de celles qui résistent à la psychoanalyse, le sujet déclare que la cure ne lui vaut rien, ne voulant pas renoncer à un sentiment profondément enraciné de culpabilité. Dans la névrose d’obsession, ce sentiment parle haut, mais le Moi proteste, nie la faute, invoque l’aide du médecin ; le conflit provient de ce que le Moi ne sait pas ce qui influence le Sur-moi : c’est-à-dire habituellement des impulsions infantiles. — Dans la mélancolie, le moi s’avoue coupable, se soumet à la punition ; il ne s’agit plus alors d’impulsions honteuses, mais d’un objet qui provoque la colère du Sur-moi et qui a passé dans le Moi par identification. Dans l’hystérie le Moi, plus avisé, retourne contre le Sur-moi l’arme même de celui-ci, en écartant jusqu’au matériel même (les impressions corporelles) auquel se rapporte le reproche initial. Cette influence sourde du Sur-moi explique encore bien d’autres choses ; jusqu’à certains crimes au moyen desquels le futur criminel, tourmenté par un remords inconscient, se soulage en s’assignant un motif justifié, actuel et réel, à son sentiment de faute.

Porquoi le Sur-moi s’exprime-t-il ainsi surtout sous la forme d’in sentiment de culpabilité ? C’est que la nature veut que le Sur-moi ne soit pas là, comme on pourrait le croire, pour neutraliser l’agression sexuelle de l’individu, mais pour la détourner simplement ; or, il ne saurait le faire que contre le sujet. Plus l’homme retient son exigence érotique, plus son Moi idéal devient agressif. Le Moi, misérable, est pris entre les exigences d’un Es brutal, amoral, et les reproches d’un Sur-moi vengeur, hypermoral, dont l’agressivité — empruntée à la sexualité insatisfaite — peut, comme dans la mélancolie, devenir paradoxalement une source d’impulsions auto-destructives.

Le Moi a sans doute une tâche magnifique ; par ses relations avec le système perceptif, il ordonne dans le temps les processus psychiques et les soumet à la réalité ; intercalant les processus de pensée dans le Réflexe, il diffère les détentes motrices. Mais sa royauté est plus formelle qu’effective. S’enrichissant sans cesse des expériences du dehors, il doit aussi lutter contre un autre milieu extérieur à lui (quoique intérieur à l’organisme) : Le Es, lequel penêtre en lui, soit directement (dangereusement parfois quand il le fait au [p. 531hasard, ou d’une façon bienfaisante quand il le fait par la psychoanalyse), soi par l’intermédiaire du Sur-moi.

Etre limité, livré ainsi au triple assaut du monde extérieur de la Libido du Soi et de la rigueur, du Sur-moi, le Moi connaît donc trois sortes d’angoisses. Au cours de celles-ci, il essaye d’assouplir le Es en l’accommodant au réel et en le rationalisant ; en même temps, impartial envers les deux espèces d’instincts, il aide d’un côté les tendances mortelles à dominer l Libido par des identifications et des sublimations, et, de l’autre, il se charge lui-même de la Libido « car il veut être aimé et vivre ». Mais son opportunisme, indice de sa faiblesse foncière, en fait parfois une victime de l’Idéal, dernier rempart de la sexualité universelle au sein même de la personnalité humaine.

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NOTES

(1) Freud. Le Moi et le Soi (Das Icht und das Es). Internat. Psychoanal. Verlag., Leipzig, Vienne et Zurich, 1923.

(2) D’après une traduction de M. O. Hesnard, agrégé de l’Université, docteur es lettres, à qui nous adressons ici notre affectueux remerciement.

(3) Freud rappelle qu’il n’est pas vrai de dire que les processus psychiques deviennent supérieurs au fur et à mesure qu’ils s’écartent de l’Inconscient vers le Conscient. D’un côté certains actes psychiques extrêmement complexes s’effectuent dans l’inconscience de l’automatisme ; de l’autre, l’étude des névroses démontre chez certains sujets la nature totalement inconsciente des forces morales (comme le remords ou le sentiment de faute) ; certaines parties culminantes du Moi peuvent donc être inconscientes.

(4) Freud fait ici remarquer que les origines sensorielles du Préconscient sont avant tout d’ordre auditif et non visuel ; et que nous prenons surtout conscience de nous-mêmes sous la forme d’images entendues puis répétées plutôt que d’images quelconques ; d’où l’importance, dans la psychose, des hallucinations de l’ouïe et du langage intérieur.

(5) Seules sont figurées les impressions sensorielles acoustiques, plus importantes que les autres.

(6) G. Groddeck. Le livre du Cela (Das Buch vom Es). Internat. Psychoan. Verlag., 1923. Nous traduisons le pronom neutre allemand Es par le ùpt français Soi, déjà employé dans un sens analogue par L. Daudet (Le Monde des Imahes).

(7) Ce paragraphe est extrait d’une communication au Congrès de Besançon : Dr Hesnard. L’histoire et de rôle du complexe d’Œdipe d’après les récents enseignements de Freud.

(8) Freud rappelle à ce sujet le « principe de constance » vital de Fechner : la vie serait un glissement dans la mort ; mais l’Eros, par les besoins sexuels, provoque constamment de nouvelles tensions de cette énergie défaillante. La mort de certains animaux inférieurs après le coït serait un exemple du rôle de l’instinct de mort, auquel l’instinct sexuel laisse le champ libre après avoir traversé l’être d’un seul coup.

 

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