Lang. De la folie spirite. Extrait de l’ouvrage « Sermons sur le spiritisme prêchés à la cathédrale de Metz les 27, 28 et 29 mai 1863

Lang. De la folie spirite. Extrait de l’ouvrage « Sermons sur le spiritisme prêchés à la cathédrale de Metz les 27, 28 et 29 mai 1863, par le R. P. Letierce de la Congrégation de Jésus réfutés par un spirite de Metz précédé de considération sur la folie spirite », Paris et Metz, Didier et Cie, & Véronnais 1863, pp. 11-26.

 

Article en réponse à l’article du médecin Philibert Burlet. Du spiritisme considéré comme cause d’aliénation mentale.] in « Gazette médicale de Lyon », (Lyon), 1862 [en ligne sur notre site

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’ouvrage. – Les images sont celles de l’article original. — Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

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DE LA FOLIE SPIRITE.

Un des arguments les plus puissants que nos adversaires aient trouvés jusqu’à ce jour contre le Spiritisme, — et Dieu sait s’ils sont habiles à en chercher, — un de ceux qu’ils croient sans réplique, qui doit infailliblement, à leur avis, nous écraser, nous et notre doctrine, c’est celui qu’ils tirent du danger des études spirites pour la raison humaine. Il est donc nécessaire de combattre leurs insinuations en discutant d’abord leurs chiffres, et en examinant ensuite par le raisonnement direct quelle peut et doit être l’influence du Spiritisme sur notre raison.

Nous allons étudier successivement les trois questions suivantes : [p. 12]

Les cas de folie produite par le Spiritisme sont-ils aussi nombreux que le prétendent certaines personnes ?

Le Spiritisme étudié d’une manière intelligente peut-il conduire à la folie ?

Enfin ne peut-il-pas, dans beaucoup de cas, préserver certains esprits faibles du danger de la démence ?

Nous ne prendrons pas un à un, pour les discuter, les chiffres de nos adversaires, pour examiner quel degré de confiance on doit leur accorder ; ce serait un travail de statistique qui ne manquerait pas sans doute d’une certaine utilité, mais dont l’examen pourrait-être trop fastidieux pour nos lecteurs. Nous pouvons au moins donner une idée de la bonne foi de certains détracteurs de notre théorie, en montrant quelques exemples de ce que leur imagination est capable d’enfanter.

A propos d’une attaque de ce genre dirigée contre nous, nous écrivions dernièrement au Courrier de la Moselle, à Metz, la lettre suivante, que nous reproduisons en entier.

Metz, Je 1 Avril 1863.

« Monsieur le Rédacteur,

« Quelques lignes du Courrier de la Moselle, du jeudi , 2 avril, qui me tombe sous la main, m’inspirent la [p.13] réponse suivante, que je vous prie d’insérer dans votre plus prochain numéro. — Voici ces lignes :

« Dans une seuls des maisons de santé des environs de Lyon, on compte quarante personne, atteinte, d’aliénation mentale pour cause de Spiritisme. »

« Nous ne répondrions jamais à ces prétendues statistiques, émises dans un but évident d’attaque contre le Spiritisme, persuadés que nous sommes qu’elles produisent un effet tout contraire à celui qu’on en attend, si nous ne craignions que notre silence ne passât aux yeux de quelques personnes pour une adhésion.

« Une première question : Ce chiffre est-il exact ? Un simple zéro de plus n’échappe-t-il pas quelquefois, par hasard, à la plume des correspondants du Courrier de Lyon ? Je le crains bien, et ce qui tend à le prouver, c’est un article dans le même sens, extrait par la Gironde de Bordeaux, et par la Presse, du Salut Public de Lyon, et où M. Burlet, interne d’hôpital, s’étend avec complaisance sur six cas de folie spirite observés dans un des hôpitaux de cette ville. S’il y avait quarante aliénés spirites dans une seule maison, M. Burlet, dans la même ville, se ferait-il un argument, qu’il croit sans réplique de ces six cas isolés ? Je ne le crois pas. Ceci posé, laissons les chiffres de côté , et répondons, en peu de mots , au [p. 14] fond même de ces attaques, qui est celui-ci : Le spiritisme est une puissante cause de folie.

En attribuant au Spiritisme tous les cas d’aliénation mentale observés sur ses adeptes, nos adversaires me font assez l’effet de joueurs qui, perdant à côté d’une personne, attribuent à l’influence de cette personne , leur mauvaise fortune. Il en est à peu près de même , ici. Parce que le Spiritisme et la folie coexistent parfois, celle-ci est-elle nécessairement la conséquence de celui-là ?

« Mais ces aliénés n’étaient pas seulement spirites, ils étaient aussi commerçants, médecins ou avocats ; ils étaient savants, artistes ou littérateurs ; mariés, pères de famille ou amoureux. Pourquoi ne pas attribuer aussi bien leur folie aux soucis de leurs professions, aux préoccupations de leurs œuvres, à leurs affections souvent déçues ? Et vous partirez de là pour défendre aux gens d’être avocats, artistes, ou pères de famille, parce qu’ils auraient ainsi moins de chance d’être aliénés.

Mais dites-vous, puisque le Spiritisme n’est pas nécessaire à l’humanité, pourquoi ajouter cette cause de folie à toutes celles trop nombreuses déjà qui existaient auparavant ? C’est vrai : mais ne peut-on pas se passer aussi de poésie ? Et, parce que Le Tasse est mort [p. 15] fou à l’hôpital, et que Galilée, ce qui ne vaut guère mieux, a expié par une injuste persécution le crime d’avoir eu trop de génie, faut-il proscrire le culte de la poésie et l’étude des sciences dont l’humanité peut bien à la rigueur se dispenser ? Sans compter les cas de folie produite par les sermons sur l’enfer, ou autres du même genre, que personne ne s’avise d’interdire.

Le Spiritisme peut être une cause déterminante de folie : pourquoi ne le reconnaitrions-nous pas ? Il a cela de commun avec toutes les idées et les sentiments qui peuvent absorber le cœur ou l’esprit humain, au point d’être plus forts que la raison. Mais ce que nous , contestons, se sont les chiffres d’abord, et ensuite les déductions qu’on prétend en tirer. Le peu d’espace dont nous disposons nous empêche de réfuter à notre aise ces déductions. Pour terminer cette réponse, déjà trop longue, notons seulement en passant que beaucoup de cercles spirites sont fréquentés et plusieurs présidés par des médecins, qui valent bien parfois comme juges de cette question, les correspondants des journaux de Lyon, fussent-ils internes d’hôpitaux. A vos lecteurs de juger. »

Voilà comment nous avons cru devoir répondre, autant que nous le permettait le peu d’étendue d’une lettre, à ces attaques dont le Spiritisme est chaque jour l’objet. [p. 16]

Cette lettre contient en germe tous les arguments que nous nous sommes proposé de développer contre la folie spirite, excepté le dernier , difficile à exposer si brièvement sans l’appuyer de preuves, et dont nous parlerons tout à l’heure.

Elle suffit, je crois, pour édifier nos lecteurs sur l’exagération des chiffres de nos adversaires. Cette exagération chez eux est souvent involontaire; beaucoup, j’en. conviens, sont de bonne foi, ils se trompent seulement parce qu’ils jugent avec des opinions préconçues. On est si naturellement porté à apprécier une chose à son point de vue propre, à expliquer le même fait par des considérations de nature très-différente, souvent même radicalement opposée, suivant les influences externes ou internes qui agissent sur nous, sans sortir pour cela , ou sans croire sortir du moins de la vérité ! C’est ainsi, par exemple, que dans la guerre, un soldat ne voit que de la gloire à conquérir, un artiste des tableaux à peindre , un propriétaire des impôts à payer, un lâche des dangers qu’il redoute, un chirurgien des membres à amputer, sans qu’aucun d’eux puisse, malgré lui, y trouver autre chose.

De même nos adversaires acharnés, les spiritophobes, si je puis m’exprimer ainsi, voient partout J’influence funeste du Spiritisme, préoccupés qu’ils sont de leurs idées antérieures, comme un fermier qui croirait avoir [p. 17] un renard dans sa basse-cour serait disposé à lui attribuer la disparition de toutes les poules qu’il plairait à un voleur adroit de lui enlever.

Et puis, à propos d’une question palpitante d’intérêt et d’actualité comme celle-ci, exécuter une charge à fond de train sur les partisans de l’idée nouvelle, est souvent une si belle occasion de briller et de déployer ses talents ! M. Burlet pouvait-il trouver une thèse neuve dans l’étude des cas de folie par ambition, par amour, etc. ? Non ; tout le monde en avait parlé avant lui. Au contraire, il prend six cas de folie qu’il explique par le Spiritisme , il les analyse longuement et complaisamment, et voilà un service éminent rendu à la science et à l’humanité ! On a vu des gens se faire un nom pour moins que cela.

Au moins M. Burlet et le Courrier de Lyon mettent-ils la société à l’abri de nos accès d’aliénation mentale ; tous les fous spirites, ils les enferment aux petites maisons ; sachons-leur gré de leur modération, tandis que tant d’autres de nos adversaires déclarent que le Spiritisme lui-même est une démence, qu’il faut être au moins fou, si l’on n’est imbécile pour en accepter la croyance : ce n’est pas tout à fait le delirium tremens, mais peu s’en faut. Au moins avoueront-ils que ces fous ne sont pas très-nuisibles aux gens raisonnables, en passant leur temps à s’instruire sur les plus hautes [p.18] questions de morale et de philosophie, à prêcher la charité, l’abnégation de soi-marne et le dévouement aux autres. De plus ils ne partagent pas la manie ordinaire des autres fous, de vouloir forcer tout le monde à accepter leur idée dominante ; la propagande n’est pas à l’ordre du Jour parmi eux, ce qui renverse en passant l’accusation que quelques-uns leur lancent de vouloir fonder une religion nouvelle ; ils poursuivent leurs modestes et laborieux travaux dans des réunions presque toujours intimes, sans s’occuper des railleries ou des injures dont on les poursuit ; non-seulement ils n’attaquent jamais les premiers leurs adversaires, mais ils dédaignent souvent de répondre à leurs véhémentes satires, de sorte qu’on ne peut même pas dire toujours de nous :

Le Spirite est fort méchant,
Quand on l’attaque il se défend !

Est-ce là le type général du fou ?

Si cet argument de la folie spirite a été surtout répété avec persistance dans ces derniers temps, le motif en est bien simple. La doctrine nouvelle fait chaque jour des progrès effrayants, tels qu’il faudrait des chiffres pour en donner une idée, et ceci, malgré tout ce qu’on a pu imaginer pour la combattre ; aussi, à bout de ressources, nos adversaires s’accrochent-ils avec empressement à cette dernière branche, si faible qu’elle soit, [p. 19] croyant effrayer les personnes timorées, en montrant des dangers pour leur raison : voilà le secret de ces étonnantes statistiques.

Ne soyons pourtant pas trop absolus dans nos déclarations. Nous l’avons dit précédemment, le Spiritisme peut être une cause de folie ; mais ce qu’il est facile de démontrer, c’est qu’il n’en est pas ainsi pour les personnes qui l’étudient avec intelligence.

Toute manifestation spirite, surtout quand elle est accompagnée de phénomènes matériels , surpasse, · au premier abord, la raison du vulgaire et effraie notre imagination ; il en a été ainsi pour la plupart des· adeptes actuels du Spiritisme: il n’est donné qu’aux intelligences d’élite de pressentir la vérité sans étude préalable. Pour ces intelligences, de quelque manière qu’elles soient initiées à la doctrine nouvelle, cette initiation ne présente aucun danger. Habitué à ne jamais affirmer ou nier sans contrôle, à ne s’étonner d’un fait qu’après en avoir cherché la cause, l’homme vraiment sage ne niera pas avant d’avoir vu, ne sera point effrayé après ; avant d’accepter le fait dont il est témoin, il examinera si une semblable manifestation est compatible avec la nature da l’âme humaine, et, reconnaissant qu’elle est pour ainsi dire dans son essence, non-seulement il croira à ce qu’il aura vu, mais , de déduction en déduction , il devinera infailliblement le reste. Quel danger peut-il y [p. 20] avoir là pour la raison ? Est-on menacé d’aller à Bicêtre, parce qu’on déduit des conséquences exactes d’un principe vrai par des arguments philosophiques de l’ordre le plus élevé ? Voilà pour le croyant, pour l’homme qui devient un adepte fervent de cette doctrine. Pour celui qui ne croit pas après avoir vu, qui accueille avec un sourire de dédain et de mépris les faits en présence desquels il se trouve, quand. il n’y ajoute pas de plus une accusation de charlatanisme et de jonglerie, pour celui-ci, dis-je, le danger est bien moindre encore. La troisième classe enfin est celle des curieux qui, indifférents à tout, veulent simplement voir pour avoir vu ; ceux-ci n’ont garde de s’effrayer, ne cherchent à se rendre compte de rien, et oublient le lendemain cette prétendue envie de s’instruire qu’ils avaient la veille; on reconnaîtra avec moi que ceux-là fournissent à M. Burlet peu de cas à étudier.

Au lieu de cela, supposons un homme en même temps d’une nature sensible, d’un cerveau faible, d’une intelligence bornée, qualités qui se trouvent réunies assez souvent ; qu’on fasse tout à coup assister cet homme, qui n’a aucune notion de la nature de l’âme, à des manifestations spirites plus ou moins frappantes, on comprend que la surprise de la première impression soit mélangée d’effroi, que son imagination, vivement excitée, l’entraîne bien loin au delà des limites du vrai, et que sa raison même en reçoive des atteintes. Mais [p. 21] outre que ce cas est très-rare, il ne se présente que par l’imprudence des gens qui veulent s’élever du premier coup aux applications les plus ardues d’une science dont ils ignorent les éléments. S’ils avaient lu avant de voir, s’ils avaient cherché à comprendre avant de connaître , la possibilité des manifestations leur aurait clairement apparu, la communication des âmes des morts avec celles des vivants leur eût semblé un phénomène naturel auquel leur esprit eût pu assigner des limites raisonnables. C’est pour cela qu’aux personnes qui veulent s’instruire sur la doctrine spirite , nous conseillerons toujours d’étudier d’abord, et de demander des faits après; nous dirons même que celui à qui il faut un fait matériel pour se créer une croyance, ne sera jamais un vrai spirite : le fait ne doit jamais être pour lui qu’une vérification, un sujet d’instruction et d’étude, mais non une preuve nécessaire.

Qu’y-a-t-il d’étonnant à ce qu’un ignorant ne doive pas, ne puisse pas entrer de plein pied dans les manifestations d’outre-tombe ? A un enfant qui balbutie à peine, cherchera-t-on à dévoiler les arcanes de la science ? Le médecin qui fait à un aveugle l’opération de la cataracte le mettra-t-il immédiatement après sa guérison, en présence d’une lumière éblouissante et ne lui ménagera-t-il pas bien plutôt cette lumière par degrés successifs ?

Mais ce n’est pas tout. Pour les personnes qui la [p. 22] comprennent comme elle devrait toujours être comprise, l’étude de la doctrine spirite, loin de présenter des dangers pour la raison, servira souvent à la préserver de mille causes pernicieuses qui pourrait l’ébranler. Quelles sent en effet les influences qui déterminent le plus souvent chez l’homme l’aliénation mentale ?

Ces influences sont de deux sortes : internes ou externes. Les premières, comme l’indique leur nom, existent dans l’individu lui-même, indépendamment des objets qui l’entourent ; elles tiennent soit à la constitution physique, soit une tension constante de son esprit absorbé par une idée fixe, comme, par exemple, un savant par la recherche de son problème. Les autres, — et ce sont les cas les plus fréquents, — prennent leur source dans des faits matériels à l’action desquels il ne peut échapper. C’est le chagrin que nous causent nos affections déçues ou brisées par la mort, ou, dans un ordre d’idées moins élevé, nos intérêts matériels fortement compromis, la mauvaise fortune semblant s’acharner à poursuivre un homme, l’honneur d’un négociant atteint par une banqueroute qu’il n’a pu éviter. Le désespoir qui naît de ces infortunes, surtout quand elles frappent à l’improviste, est souvent assez violent pour ébranler le cerveau et produire la folie, avant que le temps ait pu l’adoucir. C’est lei que le ;vrai spirite pulse dans les idées dont il est imbu, la résignation nécessaire pour supporter ses maux ; c’est ici que sa croyance aux esprits est un préservatif puissant contre [p. 23] la folie, ou même le suicide. Ce ne sont pas de minces consolations, des formules ou des préceptes plus ou moins usés que lui fournit notre doctrine ; non, elle lui permet de trouver en lui-même Ill force de résister à l’adversité. Le Spiritisme dit en effet à l’homme :

« Ton esprit, créé par Dieu avec un pressentiment assez vague d’abord de bonheur qui l’attend, et au bien qu’il faut faire pour le conquérir, a besoin  pour arriver à l’état de perfection auquel le Créateur l’a destiné, de supporter une série d’épreuves dont chacune est un pas de plus vers ce degré de perfection. Ces épreuves, Dieu te les impose dans la vie actuelle, soit comme châtiment de fautes commises dans une autre existence, soit simplement comme moyen de perfectionnement de ton âme. Dans les deux cas, tu dois les supporter sans murmurer, et de plus, sans désespérer de la bonté divine, car tu sais qu’elles ne sont que passagère, que c’est un acheminement vers un bonheur peut-être très-prochain.

Voilà ce que nous dit la doctrine spirite, voilà les idées dont l’adepte fervent ne se départ jamais, le bouclier salutaire qu’il oppose à l’adversité. Il la supportera avec résignation, souvent même avec joie, en songeant au bonheur qui l’attend, comme les martyrs chantent les louanges de Dieu dans les supplices, en appelant la mort qui les délivre de leurs maux et les [p. 24] conduit dans le sein de l’Éternel. Les traits de l’infortune s’émoussent contre une telle cuirasse. Comment alors le malheur qui nous frappe pourrait-il agir sur nous au point d’ébranler notre raison ?

Cette résignation suffit pour les maux purement matériels ; mais pour les chagrins causés par la perte d’une personne aimée, le Spiritisme fournit encore une plus puissante consolation, non-seulement en enseignant qu’il ne faut pas pleurer trop l’ami, le parent mort après avoir accompli sa mission sur la terre, mais en nous disant qu’il n’est pas entièrement perdu pour nous. En effet son âme, dégagée des liens de la matière, sera heureuse de venir communiquer avec nous, et de se rappeler l’affection qui nous liait dans ce monde ; elle nous dira elle-même de ne pas maudire la mort qui l’a délivrée de ses entraves, nous aidera de ses conseils, sera sans cesse avec nous pour nous assister dans les circonstances difficiles, nous engagera enfin à attendre avec patience que Dieu nous rappelle à notre tour. Je le répète, avec de pareilles idées, une affection brisée peut-elle nous frapper assez pour produire la folie ? Non, et là où les consolations même de la religion sont impuissantes, l’action du Spiritisme sera souvent assez efficace pour éviter cet anéantissement de la raison qu’on l’accuse aujourd’hui de produire si souvent. Mais il faut pour cela que les communications d’outre-tombe ne soient pas un simple objet de curiosité ou d’étude ; il ne [p. 25] suffit pas pour être un vrai spirite de faire tourner des tables, ou même de croire aux esprits ; il faut encore être bien pénétré des hautes vérités morales que nous enseignent ces esprits, et qui, en nous préservant de l’orgueil dans la prospérité, nous rendent si forts dans les mauvais jours.

Que conclure de tout ce qui précède ? Parmi les gens qui nous poursuivent sans cesse de sarcasmes ou d’injures, rarement de preuves ou de faits, il est des détracteurs systématiques ; d’autres se laissent séduire, malgré eux, par des raisonnements souvent spécieux ; le plus grand nombre enfin, s’il faut l’avouer, font partie de cette catégorie si connue des moutons obéissants : ils attaquent les spirites pour faire comme les autres. Ceux-ci, le temps seul pourra les ranger à notre avis . Aux deuxièmes nous disons : Étudiez sérieusement et jugez par vous-mêmes ; vous pourrez ensuite nous condamner. Si les premiers nous accusent de charlatanisme, nous leur demanderons combien de nos frères se sont enrichis ou élevés par le Spiritisme, ou ont tiré seulement quelque profit du temps qu’ils consacrent à cette étude. S’ils nous déclarent fous, ou quelque chose de mieux, eh bien, ma foi, consolons-nous de la perte de notre raison en répétant avec l’Évangile :

Bienheureux les pauvres d’esprit. [p. 26]

Je crains seulement, à la façon dont se passent les choses, que s’ils veulent nous enfermer tous, il n’y ait bientôt en France plus de fous que de gens raisonnables pour se moquer d’eux ; qui sait alors si les rôles ne seront pas retournée, et si les moutons ne changeront pas de direction ?

 

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