L.-Léon Archambault. Hallucination. Article paru dans la « Revue du Monde Invisible », (Paris), 1898-1899, 1, 1899, pp. 443.

ARCHAMBAULTOPERA0001L.-Léon Archambault. Hallucination. Article paru dans la « Revue du Monde Invisible », (Paris), 1898-1899, 1, 1899, pp. 443.

Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original.
 – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

HALLUCINATION

Mme B… est sujette aux hallucinations pendant le sommeil. C’est une personne très nerveuse, très impressionnable, très sensible, un bon sujet au point de vue de suggestion. Elle a eu, au moment de l’incendie de l’Opéra-Comique, une hallucination bien curieuse, bien caractéristique.

Elle est professeur de piano, et avait, parmi ses élèves, il y a quel­ques années, une jeune fille, Mlle L…, alors fiancée. — J’ai vu d’ail­leurs cette jeune fille un jour. — Les parents et la jeune fille devant venir à Paris faire les acquisitions nécessaires. Mme B… leur conseilla d’aller voir jouer Mignon, un des opéras-comiques qu’une mère, même très prude, peut faire entendre à sa fille. —  Ce qui fut dit fut fait.

Or, une nuit —  la nuit de l’incendie de l’Opéra-Comique, Mme B… fut en proie à une hallucination très violente. —  Elle vil tout à coup se dresser devant elle trois cercueils entourés de flammes. Cette apparition fut si vive, si impressionnante, qu’elle se réveilla avec un malaise inexprimable, et le lendemain matin, elle ne put s’empêcher de raconter son rêve au cours de jeunes filles dont elle était chargée.

Or, ceci se passait dans la petite ville de L… en Touraine, et les journaux n’étaient pas encore arrivés. Par le premier courrier, on apprit la nouvelle de l’incendie de l’Opéra-Comique dans la nuit. Le lendemain matin, les journaux donnaient des détails plus étendus et la liste des morts. Parmi cette liste se trouvaient M. et Mme L… ainsi que leur fille Mlle L…, les amis auxquels Mme B.. avait conseillé d’aller voir Mignon. Et Mme B… elle-même avait l’occasion de voir se réaliser son hallucination à l’enterrement de cette malheureuse famille.

Mme B… a eu dans sa jeunesse une autre hallucination. —  Elle a vu dans son sommeil son père étendu sur les dalles de la Morgue, et le lendemain, le commissaire de police venait la prier de venir reconnaître son père qui était mort subitement dans la rue, et avait été transporté à la Morgue. Mme B… m’a raconté cet événement assez dramatique, mais je n’ai pu contrôler et ne le cite que pour mémoire.

Dr L.-Léon Archambault

 (Thérapeutique contemporaine.}

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