François-Gabriel Boisseau. Cauchemar. Extrait de « Nosographie Organique », Tome IV, 1830, article 4154 (pp. 769-770) et article 4183 (pp.831-832.).

François-Gabriel Boisseau. Cauchemar. Extrait de « Nosographie Organique », Tome IV, 1830, article 4154 (pp. 769-770) et article 4183 (pp.831-832.).

 

François-Gabriel Boisseau (1791-1836). Officier de santé des armées, docteur en médecine de la Faculté de Paris.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original.
 – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

(4154). Du Cauchemar. C’est un sentiment de suffocation et de pesanteur douloureuse sur la poitrine, durant le sommeil, avec un vif besoin de changer de position, sans pouvoir y parvenir. L’insomnie, des terreurs, des secousses, des soubresauts des tendons, des crampes, des palpitations douloureuses, des songes effrayans, une sensation pénible dans les membres inférieurs, la colonne vertébrale, la région précordiale, la tête ou plusieurs parties du corps à la fois, précédent, accompagnent ou suivent cet insupportable malaise. Le sujet s’imagine qu’un animal pesant ou féroce, un spectre, un démon, une vieille femme, un homme noir est près de lui, tire les rideaux, saute sur lui, s’assied sur sa poitrine, lui suce les mamelles; il croit entendre le bruit des flammes, celui du vent, d’une tempête. Souvent il s’éveillé assez pour avoir connaissance de son sommeil et chercher à en sortir en raison du malaise qu’il éprouve; il crie, il s’agite, il gémit ; enfin il retombe dans le repos et parfois le lendemain il ne se souvient plus de ce qu’il a éprouvé; ou bien il se réveille tout-à-fait et ressent alors un malaise considérable, une grande fatigue, la sueur ruisselle sur sa tête et sa poitrine, les membres sont tremblans, le cœur palpite, les oreilles tintent, la tête est douloureuse, quelquefois on observe des taches à la peau. L’accès est ordinairement de peu de durée ; s’il en était autrement, un pareil état serait intolérable, et il est fort douteux, sinon tout-à-fait inexact qu’un paroxysme de cette nature ait pu durer trois heures. Il revient quelquefois chaque nuit, le plus souvent de temps en temps, à des époques éloignées, mais irrégulières pour l’ordinaire. J’ai observé un cas de cauchemar pendant la veille ; le sujet croyait voir une vielle hideuse prête à le saisir. Le cauchemar n’est sans doute qu’une hallucination durant le sommeil.

On observe le cauchemar chez les femmes hystériques, chez les hypocondriaques, les hommes timides, et plus encore vers l’âge de treize ans. La fatigue de l’encéphale mêlée de chagrin, les veilles, la présence des vers dans les voies digestives, l’ivresse, l’omission d’une saignée dont on a contracté l’habitude, la rétention d’une évacuation sanguine, la chasteté excessive, la rétention de l’air dans le poumon, le coucher sur le ventre, telles sont les causes les plus ordinaires du cauchemar.

Avec l’âge, le cauchemar diminue ordinairement, pour peu que le sujet évite tout ce qui peut irriter les nerfs, accélérer la circulation et stimuler trop vivement les voies digestives.

A l’ouverture des cadavres, on a trouvé de la sérosité dans l’encéphale, proche le quatrième ventricule. [Ici l’auteur, sans le citer, se réfère à Richard Lower : De Corde – note M.C.].

Daniel Sennert attribuait le cauchemar à l’affection de l’estomac. Il serait difficile de donner un tableau exact d’une maladie qui n’est presque jamais observée par les médecins.

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(4183). Le cauchemar est rendu plus rare par l’éloignement de toutes causes qui le font naître, par un régime plus régulier, le soin de ne point se coucher peu après avoir mangé, de se tenir sur le côté droit et non pas sur le coté gauche, encore moins sur le dos; l’emploi des émissions sanguines s’il offre quelques signes de pléthore; des lavemens purgatifs, si les garde-robes sont rares, quoiqu’il n’y ait pas de signe d’inflammation; des frictions sèches sur la peau. Quand on se trouve témoin du malaise du dormeur, il faut l’éveiller, en lui faisant respirer une odeur pénétrante ou entendre le bruit d’une sonnette, après quoi l’on frotte ses membres avec force. Un bain de pieds chaud pris le soir prévient le retour du cauchemar. Le médecin doit, en outre, s’assurer avec soin de l’état du coeur et des gros vaisseaux, ainsi que de l’estomac, et agir en conséquence: ces notions sont d’ailleurs nécessaires pour ne point insister sur les moyens qui pourraient être nuisibles, et pour ne point négliger ceux dont on peut tirer parti. »


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