Un procès en sorcellerie. Andrée Garaude de Noirlieu près de Bressuire, brûlée vive le 21 septembre 1475. Par Henry Gelin.

GELINSORCEMMERIE0000Henri Gelin. Un procès en sorcellerie. Andrée Garaude, de Noirlieu près de Bressuire, brûlée vive le 21 septembre 1475. Article parut dans le « Bulletins et mémoires de la Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres. Procès-verbaux, mémoires, notes et documents », (Niort), 5e année, 1909, pp. 309-325. Et tiré-à-part : Niort, Imprimerie de de Coussillan et Chebrou, 1909. 1 vol. in-8°, 19 p.

François-Henri Gelin, nait à Miseré, commune de Chavagné (Deux-Sèvres), le 20 janvier 1849 et meurt à Niort, le 8 décembre 1923. Formation d’instituteur. Il fait partie de très nombreuses sociétés savantes dont les plus significatives : la Société de statistique, sciences, lettres et arts des Deux-Sèvres (7 novembre 1883) ; de la Commission météorologique des Deux-Sèvres (1887) ; de la membre de la Société des antiquaires de l’Ouest (17 avril 1902) ; membre fondateur de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres (1905), il en est secrétaire (1905-1910), puis vice-président (1911-1918. En 1893, H. Gelin fait partie de la Commission administrative des Musées de Niort qui vient d’être créée ; il en devient vice-président en 1921. Il prend une part active à la conservation de la section d’histoire naturelle.
Botaniste, entomologiste, folkloriste, historien et écrivain politique, Henri Gelin se livre à des recherches dans les diverses branches du savoir humain ; il recueille les contes, les chansons et les légendes de notre province.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et de plusieurs dizaine d’articles.
Ses principaux ouvrages sont :
— Etude sur la formation de la vallée de la Sèvre-Niortaise (1887).
— L’ethnographie poitevine et charentaise à l’Exposition de Niort (1896).
— Françoise d’Aubigné, étude critique (1899).
Les articles qui nous intéressent :
— Légendes de Sorcellerie. Personnes changées en bêtes. Fées et Sorciers. Retour des Galipotes à la forme humaine. Cas de dédoublement de la personnalité. Ligué, Aux bureaux du Pays « Poitevin », 1898. 1 vol. in-8°, 12 p. Dans la Bibliothèque du « Pays Poitevin ». [en ligne sur notre site]
— 
Les noueries d’aiguillette en Poitou.] in « Revue des études rabelaisiennes », (Genève) , tome VIII, 1910, pp. 122-133. Et tiré-à-part : Paris, H. Champion, 1910. 1 vol. in-8°, 14 p. [en ligne sur notre site]
— Les Farfadets. Ligugé, Bibliothèque du « Pays poitevin », 1900, Et tiré-à-part : 1 vol. in-8°, 15 p.
— Fragment d’une incantation de sorcier.
Le Pays poitevin, 1898, p. 8.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article en français. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire des originaux.
 – Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

[p. 309]

UN PROCES EN SORCELLERIE (l)

_________________________________

Andrée GARAUDE, de Noirlieu, près Bressuire,

brûlée vive le 21 septembre 1475. 

La série poitevine des procès en sorcellerie s’ouvre et se clôt par deux procès célèbres, celui de Gilles de Rais, dit Barbe-Bleue, seigneur de Tiffauges et a autres lieux, exécuté en 1440, et celui d’Urbain Grandier, curé de Loudun, brûlé en 1634·.

Au cours des deux siècles compris entre ces deux dates, le Poitou a certainement fourni un contingent respectable dans le chiffre des 50.000 sorciers (2) qui furent brûlés en France à la suite de jugements réguliers : mais nous connaissons bien peu de noms pour notre province. Il se produisait alors, périodiquement, des épidémies de démonomanie, sur le caractère desquelles cette rapide étude historique ne saurait insister. Il y en eut certainement en Poitou aux environs de 1475, de 1564, de 1581, de 1630. Les procès cessèrent à peu près par toute la France à la suite d’instructions adresses par Colbert, en 1682, et qui interdisaient aux juges et tribunaux de [p. 310] toutes juridictions de recevoir ou d’instruire les accusations pour le fait de sorcellerie. Toutefois, si le législateur s’humanise jusqu’à considérer comme de simples malades les névropathes qu’il condamnait jadis à la mort et au feu, le développement contagieux et épidémique des mêmes affections n’a jamais disparu. Il s’en produisit un exemple persistant et tenace, de 1851 à 1861, à Morzines (Savoie), où la contagion d’hystéro-démonopathie ne cessa qu’après que les autorités administratives eurent dispersé temporairement la population. afin d’isoler et de guérir à la fois tous les malades (3). Une autre épidémie du même genre, mais moins grave, sévit en 1881, à Péladran, dans les Côtes-du-Nord (4).

Dans son livre intitulé Le Fléau .des démons el sorciers, réimprimé à Nyort en 1616 par David du Terroir, J. Bodin, « angevin », raconte (page 6) que « M. d’Aventon, conseiller au parlement et depuis président de Poictiers… fit brûler quatre sorciers tout vifs, à Poictiers, l’an 1564 » ; et il ajoute que ce même conseiller « se plaignoit de ce qu’on avoit envoyé absouls auparavant d’autres sorciers… qui depuis avoient infecté tout le pays » et qui « confessèrent plusieurs homicides par charmes et sorti lèges… »

Le Journal des Le Riche (5) contient diverses notes relatives à des procès en sorcellerie, avec condamnation et brûlement, qui atteignirent, au mois de juillet 1583, six pauvres diables de Saint-Maixent et des environs :

Du 7 juillet 1583. — Deux hommes, l’un d’Exoudun, nommé ou surnommé Mérienne et l’autre de La Mothe Saint-Héray, nommé Bonnault, furent bruslés, au dit lieu de La Mothe Saint- Héray, comme sorciers, par sentence du prévôt des maréchaux de Poitiers ; qui ne voulurent renoncer le diable, ni se convertir [p. 311] à pieu, et furent incontinent morts qu’ils furent jetés au feu.

Du 18 juillet 1583. — Je fus à Boisragon (6), où j’assistai à la prononciation de la sentence de mort donnée par le lieutenant du prévôt des maréchaux de Fontenay, nommé Robin (7), contre Pierre et Jeanne Durant, frère et sœur, gens de labeur, par laquelle ils furent condamnés à estre pendus et étranglés, et ce fait brûlés, et qu’auparavant, ils seraient mis en question extraordinaire, pour entendre leurs complices, au fait de sortilège dont ils étoient accusés, atteints et convaincus. Laquelle sentence fut, ledit jour, exécutée après avoir été, lesdits Durant, sorciers, mis en la torture, où ladite Jeanne ne dit et ne voulut rien dire de ce qu’elle fut interrogée; laquelle ne pleura (8) durant icelle, et disait-on qu’elle avait quelque poudre qui l’empeschoit d’endurer. Et quant au dit Pierre Durant, il reconnut son Dieu et désavoua le diable ; allégua les moyens par lesquels il s’estoit adonné à lui, l’hommage qu’il lui avoit fait, ès sabats où il se trouvoit, les poudres qu’il lui avoit baillé, dont il s’estoit aidé contre ses ennemis et accusa ceux qui estoient allés ou s’estaient présentés au sabbat, et à aucuns il fut confronté. Comme plus amplement appert par le procès-verbal dudit Robin, que j’ai signé, y estant appelé par ledit Robin, qui était venu exprès en cette ville, où il rn’avoit requis, et le procureur du roi, d’y aller.

Du 26 juillet 1583. — Le procès criminel fait par le Iieutenant de cette ville contre Jeanne Pellelart, dite la Riberesse, accusée d’être sorcière, fut mis en délibération avec le Conseil, par l’avis duquel elle fut, ledit jour, condamnée à estre brûlée et auparavant pendue, ce qui fut exécuté .

Des 29 el 30 juillet 1583. — Procès criminel fut fait à Paitrault, pauvre carreleur de souliers, accusé d’estre sorcier par plusieurs personnes, mesmement par des femmes qui se plaignoient d’avoir esté touchées et ensorcelées par lui.

Planches 3. Extraite de Ulrich Molitor. Des Sorcières et des Devineresses. Réimpression - Paris, Emile Nourry, 1926.

Planches 3. Extraite de Ulrich Molitor. Des Sorcières et des Devineresses. Réimpression – Paris, Emile Nourry, 1926.

L’Histoire admirable de la maladie prodigieuse de Pierre Creusé, arrivée en la ville de Niort, opuscule publié en, 1630 (9), relate, avec des détails très circonstanciés, un [p. 312] exemple d’hystérie épileptique sévissant sur un jeune garçon de 13 à 14 ans, et peu différent, quant aux manifestations extérieures de la maladie, des cas de possession diabolique qui amenèrent à Loudun la condamnation d’Urbain Grandier. Pierre Creusé accusa les femmes Morin:

mère et fille, ses voisines, d’avoir jeté sur lui un sort, cause présumée de sa maladie. Un procès intenté par la famille Creusé, et qui fut jugé en 1628 au siège royal de Niort, aboutit à l’acquittement des accusées.

Les dossiers d’instruction de ces différentes affaires n’ont pu être retrouvés. C’est ce qui donne un prix inestimable au procès de la veuve Andrée Garaude, de Noirlieu, condamnée comme sorcière par les juges de la châtellenie de Bressuire, et brûlée vive à Noirlieu, son village, le 21 septembre 1475.

Les pièces du procès de Garaude figurent dans les anciennes Archives du Château de Saint-Loup, récemment acquises par le Conseil général des Deux-Sèvres.

Ce procès est inédit. Il n’a certainement pas eu, parmi les contemporains, un grand retentissement. Il ne s’agit pas, en l’espèce, d’un grand seigneur comme Gilles de Rais (10), ce brillant compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, ruiné par le faste qu’il déploya à la cour de Charles VII, qui tente de récupérer ses trésors disparus par la recherche de ]a pierre philosophale, puis, s’adonnant aux pratiques de la sorcellerie, capture, souille et fait périr 800 enfants dont le sang lui sert à écrire les formules magiques évocatrices des démons. Il n’y est pas question non plus d’un prêtre accusé, comme Grandier, d’avoir pactisé avec le diable pour s’assurer les faveurs des vierges de la ville et des nonnes du couvent (11). Andrée Garaude est une simple bergère. Après la mort de son mari, elle a été dix-huit années domestique, tantôt à Noilieu, tantôt à Poitier. [p. 313]

Poitiers. Ce qui donne à son procès un incontestable intérêt, c’est qu’elle prétend avoir assisté seize fois au sabbat, qu’elle raconte par le menu ce qui s’y passe entre le Diable et les sorcières et qu’elle-même s’est livrée aux pratiques de l’envoûtement.

Garaude s’est donnée au Diable pour une cause d’apparence futile. On 1ui avait, raconte-t-elle, tué tous ses oisons. Fort courroucée, elle appela le Diable à son secours, et celui-ci apparut aussitôt sous la forme d’un chien noir lui demandant de quoi elle était marrie et s’offrant à la venger. Elle n’accepta pas d’abord, mais le Diable revint. à la charge trois semaines plus tard, promettant de la rendre impavide, de lui faire beaucoup de bien, de lui donner vengeance de ses ennemis en lui permettant de faire à son gré mourir bêtes et gens. Comme elle résistait de nouveau, il la battit fort, disant que si elle ne consentait à aller au sabbat, « il lui romprait le col ». Elle accorda d’y aller. Dès le lendemain, après l’heure de minuit, le diable vint la quérir en sa maison, sous les apparences d’un homme vêtu de noir, et l’emporta à l’Ormeau de la Caruelle, où se tenait ledit sabbat. C’est, d’ailleurs, à ce premier voyage seulement que « Sathanas » en personne prit le soin de la transporter : les autres fois, elle allait et s’en retournait montée sur le traditionnel balai, qu’elle oignait préalablement d’un onguent roux « que le diable lui avait baillé en une boeste. Il l’avait également gratifiée d’une petite statuette ou « vœu de cire », dont elle usa à maintes reprises, après toutefois qu’il eùt été baptisé et bénit par un prêtre, messire Jehan des Echaubrognes, rencontré dès sa première séance sabbatique à l’Ormeau de la Caruelle. Elle nomme les diverses personnes qu’elle y a vues : c’étaient, avec le prêtre Jehan des Echaubrognes, Jehan Pilet, laboureur, la femme Bretonneau, de Nueil, deux femmes des Aubiers, dont l’une « a nom Catherine» et l’autre est femme de Jean Seguyneau ; une, venue de Boesse, est sœur de Jehan Thomas ; elle n’a pas gardé dans sa mémoire les [p. 314] autres noms. A certain sabbat, elle a vu jusqu’à trente à quarante personnes.

Nous sommes, on le voit, très éloignés du chiffre de trois. à quatre mille signalé pour certains sabbats de Provence ou des pays basques. (12)

Interrogée sur ce qui se passe au sabbat, elle dit que le diable y assiste sous la forme d’un homme vêtu de noir, qu’il danse avec tous pendant deux heures, après quoi les assistants le baisent au derrière ; puis il a la compagnie charnelle de toutes les femmes ; elle a vu « comme il montait sur lesdites femmes pour avoir la compagnie charnelle » ; elle-même l’a connu charnellement, « comme les autres femmes » étant au sabbat, et elle dit que « sa nature est froide ». (13). Elle ajoute qu’à chaque sabbat le Diable recommande à tous de « despiter Dieu et Notre-Dame ».

« Le jour de Pasques dernier elle fut à la table de l’autier de Noirlieu, sa paroisse, pour recevoir corpus domini », bien qu’elle ne se fût point confessée : mais au lieu de déglutir l’hostie, elle la retourna en sa main et la porta ensuite sur un fumier, « ainsi que le diable lui avoit ordonné faire ». Quatre jours après, toujours sur l’injonction du diable, elle retira l’hostie du fumier, l’emporta dans sa maison et la mit au feu, mais « ne brûla ‘point et s’en yssit par la cheminée ». Elle s’est livrée à des actes d’impiété grossière, s’accusant d’avoir depuis qu’elle a commencé d’aller au sabbat et toujours par commandement du Diable, « pissé trois fois au bénitier [p. 315] et fait deux fois sa grosse matière en la nef de l’église de Noirlieu ».

Quant aux maléfices dont elle a usé pour sa vengeance, voici ce qu’elle raconte : Un valet du seigneur de Noirlieu, nommé Jehan Dedaut, avait eu « débat » avec elle. Pour faire « mal et déplaisir » audit Dedaut, elle plaça le vœu de cire que le diable lui avait baillé sous « l’huis de la chambre qu’il occupait ». Celui-ci marcha sur le vœu, « et incontinent, mal lui prit », tellement qu’il ne pouvait ni travailler, ni boire, ni manger. Et comme il se plaignait qu’elle lui eût jeté un sort, elle consentit à le guérir en le frictionnant d’eau tiède après l’avoir fait dépouiller de ses vêtements, et dit en le lavant que c’est le diable qui peut ainsi le soulager.

La chienne d’un de ses voisins, Jehan Thoru, lui avait « causé dommage ». Elle jeta des « poudres rousses », données par le diable, sur le pelage de ladite chienne, qui fut malade pendant deux mois, « et à la parfin mourut ».

Maurice Garçon. La Vie Execrable de Guillemette Babin, Sorciere. Paris - H. Piazza, 1926.

Maurice Garçon. La Vie Execrable de Guillemette Babin, Sorciere. Paris – H. Piazza, 1926.

Un vicaire de Noirlieu, messire Loys, avait voulu –

elle n’indique pas le mobile de cet acte – « rompre l’huis » de sa maison. Etant au sabbat, en compagnie d’une nommée Jehanne Thoine, de Boesse, elle emprunta de celle-ci un vœu de cire, qu’un moine noir avait bénit et elle le plaça à l’entrée d’un verger par où passait souvent ledit vicaire. Au bout de quelques jours, messire Loys fut pris d’un mal indéfinissable, qui se prolongea durant des mois. Ce fut encore la sorcière Garaude qui le délivra de ce mal, à l’aide de deux ablutions d’eau froide. Elle n’a pas vu depuis longtemps ce jeune prêtre, mais elle sait bien qu’il est guéri, parce qu’elle a enlevé volontairement le vœu de l’endroit où elle l’avait placé, et elle ajoute que s’il y fût demeuré, le prêtre serait mort infailliblement « par longueur de maladie ».

Pendant qu’elle était à Poitiers, à la maison de Me Jehan

Leconte, le frère de ce dernier, Micheau Leconte, [p. 316] la railla et l’appela « vieille ». Ce dont elle eût tel courroux qu’elle confectionna aussitôt une figure de cire. Avec une aiguille elle piqua « ce vœu » jusqu’au cœur, puis elle le plaça à l’entrée de la chambre à coucher de Micheau Leconte. Micheau fut pris incontinent d’un mal « qui lui espoignait par tout le corps » et qui dura deux ans. Le vœu ne fut pas enlevé et ledit Micheau mourut, « le diable ayant voulu, dit Garaude, qu’il en fut ainsi ».

Interrogée à l’une des audiences « si le diable l’a signée en aucune partie de son corps, et s’il signe tous ceux qui vont au sabbat » elle répond affirmativement, disant qu’elle a été signée « en l’épaule senestre » ; ce qui fut vérifié séance tenante et reconnu exact, sans doute – car tel était le procédé usuel – à l’aide d’aiguilles enfoncées dans sa chair et qui ne provoquèrent aucun signe de douleur.

Hâtons-nous d’ajouter que l’existence de ces signes ou points analgésiques, que la science médicale constate dans les cas d’hystérie, prouve que la sorcière de Noirlieu, comme la plupart de celles que les tribunaux condamnaient au feu, n’était qu’une malheureuse névropathe, dont l’esprit détraqué transposait en réalités les imaginations de son cerveau malade et les rêves libidineux de ses nuits agitées.

Au cours de son interrogatoire, on lui appliqua une seule fois la question, ce que le procès-verbal exprime en disant qu’elle « fut couchée sur la table et tirée ». Ceci se passa après qu’elle eut affirmé avoir usé de maléfices à l’endroit du seigneur de Noirlieu. Ce dernier avait battu son fils. Pour se venger elle avait répandu sur ses mains – sans qu’il s’en doutât – le diabolique onguent roux des sabbats, ce qui le rendit fort malade et lui laissa « les mains toutes croches ».

A la fin de la sixième audience, le 15 septembre 1475, André de Conzay , sénéchal de Bressuire, prononça la sentence suivante :

« Après mur avis et délibération, le nom de Dieu à ce [p. 317] premièrement appelé, nous avons condamné et condamnons Andrée Garaude souffrir peine de mort et estre brûlée. »

Cette sentence fut exécutée le 21 du même mois. Et, afin que rien ne manquât à la relation ce curieux procès, les Registres de la sénéchaussée de Bressuire nous apprennent que, pour la dépense faite aux prisons de Bressuire par « Andrée Garaude et sa codétenue », la femme Comte, il a été versé 53 sous 4 deniers, à raison de 10 deniers par jour. Un autre article du registre établit qu’il fut dépensé en tout 5 sols, le jour de l’exécution de Garaude, tant pour les « charretiers qui menèrent le bois pour la brûler, que pour le soufre, et pour les beaux pères (Cordeliers) qui la conduisirent à l’estèpe », – c’est-à-dire au léger échafaud qui exhaussait le bûcher et la patiente, afin de rendre le spectacle plus facilement accessible aux regards de la foule et d’accroitre ainsi la puissance d’exemplarité du supplice.

GELIN.

[p. 318]

Annexe

Arch. dép. des Deux-Sèvres. — Chartrier de Saint-Loup. –

1702. reg. papier.

Grandes assises de la Chatellenie de Bressuire

1475.

Fait par nous, Jehan Vignerot, chastellain de Bersuyre, es presence de noble home Jehan Hervet, cappitainc de Bersuyre, Me Jehan Gaillart, procureur dud. lieu de Bersuyre, Guillaume Boedin, rccepveur dud. lieu, Simon de Jennoillac et Estienne Bernier, greffiers dud. lieu de Bersuyre, Regnault, Hervet et

Anthoyne Nepveu et Pierre Philippe, sergent général dud. lieu
de Bersuyre, le quart jour de aoust mil quatre cent soixante-quinze.

GELINSORCEMMERIE0002

 

Andrée Garaude, verve de feu Jehan Brandeau, aagée de LVI ans ou environ, detenue prisonnière es prisons de Bersuyre pour certain cas de sortillège dont elle est accusée, dit et confesse voluntairement qu’elle est native du bourg de Noirlieu, où elle a toujours demouré fors par l’espace de deux ans finiz à la Toussaint dernière passée qu’elle a demouré en la ville de Poictiers à la maison de Me Jehan Leconte.

Dit qu’il [y] a quatre ans ou environ elle est audit lieu de Noirlieu à sa maison où elle demoure et est vefve et femme seule et dit qu’il [y] a XVIII ans ou environ quelle est vefve.

Parce qu’elle estoit fort courroucée elle appella le Deable à son secours et ayde et dit que incontinent le deable vint à elle en espèce d’un chien noir, environ basses vespres ; et demanda à elle quy parle qu’elle avoit et de quoy elle estoit marrie, laquelle luy répondit qu’elle estoit marrie de ce qu’on avoit thué tous ses oysons. Et lors le deable luy dit qu’il l’en vengeroit bien sy elle vouloit, mais elle luy dit qu’elle ne le vouloit pas. Et ensuite ledit deable, qui se nomoit Sathanas, dit à elle qui parle [p. 319] que sy elle le vouloit bien qu’il luy feroit beaucoup de biens et n’auroit jamais peour. Et otant s’en alla et la layssa ester.

Dit que puys après environ troys sepmaines ledit deable se rendit à elle qui parle en figure d’un chien comme devant àl la maison d’elle quy parle, environ lad. heure de basses vespres et luy demanda si elle vouloit point avoir de vengence de personnes quy fusse et que, si elle vouloit, qu’il feroit mourir et bestes et gens : mais elle dit qu’elle luy dit qu’elle ne vouloit pojnt de vengence, et lors le deable la batit et luy dit qu’il convenoit qu’elle allast au sabat avecques les autres, autrement qu’il lui romperait le col, et dit qu’elle se accorda d’y aller.

Dit que le lendemain ensuite ledit deable se rendit à elle de nuyt dès deux ou troys heures avant jour et la porta à l’omeau de la Caruelle, où tennoit ledit sabat, et estoit en la figure d’un home noir quant il la porta audit sabat.

Demandé a elle quy parle quy estoient ceulx qui estoient audit sabat et sils estoient gueres de gens ;

Dit qu’ils n’estoient que dix personnes dont il y avoit ung prebstre quy se nomoit messire Jeban, autrement ne sait son sournon et est devers Eschaubroignes, autrement ne le cognoit. Et-aussi y avoir ung autre home quy est du bourg de Nueil, nommé Jehan Pilet, et est laboureur et le sourplus estoit femes qui estoient tant dudit bourg de Nueil des Aubiers que de Boesses.

Demandé à elle quy parle sy elle cognoit lesdites femes ;

Dit qu’elle cognoit bien les dites femes dont il n’en y a qu’une de Nueil nomée Jehanne, feme de Jehan Bretinneau, de Nueil et deux des Aulbiers dont l’une a nom Caterine, qui est mariée, mais ne seet le nom de son mary et l’autre a nom Jeanne, feme de Jean Seguynneau, et celle de Boesses a nom Jehanne, sœur de Jehan Thomas. Et des autres elle n’est de présent regords des noms. – .

Dit qu’elle a este audit lieu de Noirlieu audit sabbat par avant qu’elle s’en allast demourer à Poictiers par cinq fois, et tant comme elle a demouré aud. lieu de Poictiers y a esté par six fois, et depuis qu’elle est venue dudit lieu de Poictiers audit lieu de Noirlieu par cinq foys ; et dit qu’à chacune foys quelle allait audit sabbat elle montoit sur ung balays qui la portoit audit sabbat et la raportoit, et dit que à chacune fois qu’clic alloit aud. sabbat qu’elle oignait le balays sur quoy elle montoit de [p. 320] ung onguent roux que le deable luy avait baillé en une boeste.

Dit aussi que led. deable son maistre luy fit faire ung petit veu de cire dès le commencement qu’elle fut aud, sabbat, et le porta aud. sabbat et fut illec baptisé par le prebstre dont dessus elle a parIé et imposé ung nom estrange dont elle n’est de présent records, .

Dit quelle heut debbat a ung nommé Jehan Dedaut, vallet du seigneur de Noirlieu et luy dist quelle l’en paieroit bien.

Dit que pour faire mal et déplaisir aud. Dedaut elle porta ledit veu en la chambre où se tenait ledit Dedaut a la maison dud. seigneur de Noirlieu et le mist à l’uys de lad. chambre, à terre, la où passait ledit. Dedaut ; et dit que ledit Dedaut marcha sur ledit veu et incontinent mal luy prist tellement qu’il ne pouvoit rien faire, ni boyre, ni manger que bien peu, et puet avoir quelle bailla ledit veu audit Dedaut XV jours ou environ ; et après que ledit Dedaut eut passé sur ledit veu elle le prist et le ousta et l’a encores par devers elle.

Dit que huy à huyt jours ledit Dedaut se rendit par devers elle quy parle à la Brousse Moreau ou elle estoit, parce qu’il avoit suspeçon contre elle qu’elle luy eust fait le mal qu’il avoit et qu’elle l’eust ensorcelé; lequel Dedaut lad. qui parle fit despoiller, sauf sa chemise qu’elle luy fit despoiller jusque sur la teste et puys frotta la paume l’eschine et le lava le corps d’eau tiède et dit qu’il est guery, et Iuy dit en le lavent que le deable le peust guerir.

Dit que le mercredy avant Pasques dernier passé le sabbat tint aud. homeau et estoient de XXX à XL personnes audit sabbat, qu’elle ne scauroit autrement nommer.

Dit aussi que le jour de Pasques dernier passé elle fut à la tablede l’autier de Noirlieu, dont elle est de paroisse connue elle dit, pour recevoir corpus domini, jasoyt ce qu’elle ne se fust point confessée, mais dit qu’elle ne receut point corpus domini; et quand le chappelain luy eust mis en la bouche, elle le retourna en sa main et le porta sur ung feumier, ainsi que le deable luy avoit ordonné faire.

Dit que quand elle et autres sont aud. sabbat que le deable les fait danccr et y demoure bien par l’espace de deux heures, puys après le baisent on darière, et est en la forme d’un home vestu de noir et a la compaignie charnelle des femmes estant aud. sabbat. Et a veu comme ledit deable montoit sur lesd. femes [p. 321] pour avoir la compaignie charnelle, et l’a cogneu charnellement, comme les autres femes estant aud. sabbat. Dit que la nature dudit deale est froide.

Faille le VIIe jour dudit moys, l’an susdit, par nous Jehan Gailiart, procureur, en la présence de noble home Jehan Hervet, cappitaine, Guillaume Boedin, receveur, Estienne Bernier, greffier, Jehan Bery, sr de la Touschotière, Pierre Philippe, André Briençays et Guyart de la Grange, sergents généraux. ‘

Lad. Andrée Garande dit et confesse voluntairement, sans aucune figure de geynne, que les choses par elle dessus confessées sont véritables et contiennent vérité.

Dit oultre que quatre jours après ce qu’elle eut mis corpus domini au fumier, que le deable lui commanda qu’elle l’alast ouster et le brulast, et dit qu’elle alla aud. fumier et y trouva corpus domini entier, comme elle l’avait mis, et le porta à sa maison pour le brùler ; et quant elle fut en sa maison le myst au feu et ne brusla point, et vit come corpus dni se lieva contre mont et s’en yssit par la cheminée. Et ne scet qu’il devint.

 

Dit aussi qu’ung nommé Jehan Thoru, qui estait son voisin aud. lieu de Noirlieu, avait une chienne qui lui avait fait damage, dont elle fut courroucée, et led. deable luy bailla des pouldres rousses qu’elle mist sur lad. chienne, et fut malade environ deux moys, et à la parfin .lad. chienne mourut pour les pouldres qu’elle avait mis sur lad. chienne.

Dit qu’ung prebstre nommé messire Lays, duquel elle ne scet le sournon, qui lors estait vicayre de Noirlieu, avait voulu rompre l’uys de la dite confessante. Et en haynne de ce, dit qu’elle emprunta ung veu de cire de une nomée Jehanne Thoine de Boesses, qui avait esté au sabbat comme elle, et prist led. veu et le mist à l’entrée d’un verger estant audit lieu de Noirlieu, où passa redit prebstre, ct quand il eut passé par dessus led. vœu tantoust mal le prinst et fust malade en viron deux moys.

Dit que ledit prebstre se rendit a elle audit lieu de la Brousse Moreau et s’en vint avecques elle et André Briençays et Guyart de la Grange, sergent dudit lieu de Bersuyre, jusques au prieuré de Bois Bremault, et fit faire ung grand feu et fit despoiller ledit prebstre en chemise et le lava tout le corps d’eau froide et luy, [p. 322] dit qu’il serait tantost guerry, mais qu’il convenoit qu’il fust encore lavé une fois.

Dit que quand le mal fut prins audit prebstre que incontinent elle osta ledit veu du lieu ou elle l’avoit mis et le rendit à lad. Thoine qui lui avoit baillé.

Dit que led. prebstre est guerry et le scet bien. Enquise lad. qui parle si elle n’eust levé ledit veu du lieu où elle l’avoit mis et qu’il y fust demouré si led. prebstre à la fin par langueur de maladie fust mort ;

Dit qu’elle seet bien que si elle n’eust lievé ledit veu que ledit prebstre à la fin fust mort de langueur à l’occasion dudit ; mais dit qu’elle sait bien que led. prebstre est guerry parce qu’elle lieva led. veu, et dit que ung moine noir, duquel elle ne scet le nom et est devers Eschaubroignes, avoit baptisé le veu duquel elle fit malade ledit prebstre.

Dit que durant ce qu’elle estoit demourée aund. lieu de Poictiers à la maison de Me Jehan Leconte, Micheau Leconte, frère dudit Me Jehan, alla à la maison dudit Me Jehan et appela la-dite confessante vieille, dont il luy desplut fort, à l’occasion de quoy, ainsi qu’elle alloit faire le lit dudit Micheau à la maison dudit Me Jehan, elle mist un veu de cire qu’elle avait fait comme devant, à l’entrée de la porte de la chambre où devoit coucher ledit Micheau afin qu’il passast par dessus, lequel après ce passa par dessus ledit veu, et deux ou troys jours après fut malade et avoit une maladie qui luy espoignoit par tout le corps ; et a heu deux ans à ce temps d’esté qu’elle mist ledit veu au lieu où ledit Micheau passa par dessus.

Enquise si despuys elle a ousté ledit veu du lieu où elle l’avoit mis, et si elle l’avoit mis affin de le faire mourir ;

Dit que le deable lui avoit baillé ledit veu et lui avoit commandé faire mourir ledit Micheau Leconte et dit que, en ententian de faire mourir ledit Micheau, elle mist ledit veu au lieu où elle le mit, lequel depuys n’a esté hosté.

 

Fait le VIlIe jour dud. mois d’aoust.

 

Lad, Andrée Garaude, prisonnière susdite, dit et confesse voluntairement, sans aucune figure de geynne, que les choses par elle dessus confessées en ses confessions susdites sont veritables et persiste en icelles. [p. 323]

Interrogée si le deable l’a signée en aucune partie de son corps et s’il signe tous ceulx quy vont audit sabbat, dit que le deable signe de sa main tous ceulx qui vont aud. sabbat et l’a signée en l’espaulle senestre ou ledit signe est encore aparant (ainsi que avons veu et visité en la presence des dessusdits),

 

Fait par nous Jehan Vignerot, chastelain,… le XVIIIe jour d’aoust.

 

Lad. Andrée Garaude, prisonnière susd., dit et confesse voluntairement, sans aucune figure de geynne, que les dites éhoses par elle dessus confessées sont véritables ct persiste en icelles sauf qu’elle dit qu’il a XVII ans ou environ qu’une feme de Nueil, nommée Jehanne Seguinelle, Iuy aprinst premièrement a aller aud. sabbat et depuys y a esté par chacun an cincq fois : et dit quelle a demouré tant aud. lieu de Poictiers que a Oirveau savoir est à Poictiers chez led. Leconte ung esté, à l’abbaye de Notre Dame de Lasselle ung an, et à la maison des Legerets derny an. .

Dit qu’elle a este l’espace de neuf ou dix ans sans estre confessée et sans aller à la table de l’autier.

Dit que le deable ne vint point par devers elle en la figure qu’elle a dessus desposé et ne fut pas la manière comme elle aprist a aller aud. sabbat, mais fut la feme quelle a dessus nomée quy luy aprinst a y aller, laquelle puys ung an est morte.

Dit que jamais elle ne fit mourir personne, fors led. Micheau Leconte, et quelle a confesée lavoir fait mourir et que au moien du veu quelle mist soubs le seuil de luys de la chambre où led. Micheau devoit coucher à la maison dud. Me Jehan, lequel veu elle mit en entention de faire mourir led. Micheau.

Sabbat_de_sorcières - Gravure Date 1909 Source Jugend Auteur Anonyme.

Sabbat_de_sorcières – Gravure Date 1909 Source Jugend Auteur Anonyme.

Du 21 août.

…. Dit qu’elle avait baillé le terme aud. Micheau Leconte à mourir jusques a deux ans ou environ et quelle avoit picqué ledit veu jusques acueur pour faire mourir led. Leconte.

Dit que dix ans a ou environ. le sgr de Noirlieu avait batu le fils de la dite confessante, qui en fut fort desplaysante. En haynne de ce et pour avoir vengence dud. seigneur de Noirlieu, dit que ung jour après elle alla à la maison dud. Seigneur [p. 324] de Noirlieu et s’aproucha dud. seigneur de Noirlieu, luy mist des onguents roux sur l’une de ses mains, lesquels onguents le deable avait baillé à lad. Confessante ; et tantoust led. Seigneur de Noirlieu fut malade a l’occasion desd. onguents, a les mains toutes croches ; et dit que led. seigneur. de Noirlieu n’aperçut aucunement qu’elle luy eust mis lesd. onguents sur les mains.

Après lesquelles choses dessus confessées lad. Garaude a esté couchée sur la table et tirée.

Et après laschée, et a dit que quand elle alloit au sabbat qu’à chacune fois le deable la cognoissoit charnellement, comme les autres, et luy commandoit despiter Dieu et Notre-Dame.

Dit qu’e depuys qu’elle a commencé a aller au sabbat elle apissé troys fois au benistier et fait deux fois sa grosse matière en la nef de l’église dudit lieu de Noirlieu, et le faisoit par commandement du deable.

Fait par nous, chastellain susdit, es presences desdits cappitaine, procureur et greffier dud. lieu de Bersuyre et es prèsence de Guillaume Blanc, Pierre Soteau, Guillaume Gorin, prevost dudit lieu de Bersuyre, de Pierre Philipe et André Briençays sergents dud. lieu de Bersuyre et de Colas Guiton, geolier, le XXVIIIe jour d’aoust, l’an susdit.

Lad. Andrée Garaude, prisonnière susd., après les confessions dessus desclarées par elles dictes voluntairement, sans aucune figure de geynne, à elle aujourd’hui leues en la presence des dessusd., persiste en icelles et dit voluntairement qu’elles contiennent vérité ainsi qu’elles sont corrigées en la quarte confession par elle faite touchant le commencement d’estre allée aud. sabbat, qu’elle dit estre en la manière déclarée par ladite quarte confession ; et tout le sourplus confesse estre véritable par la manière dessus déclaré et qu’il est contenu en chacun article et dit qu’autres choses elle n’a fait, fors les choses par elle dessus confessées, et plus n’en dit. .

Vignerot, Gaillart, procureur, pour avoir esté présent ;

Bernier, pour avoir esté présent.

[p. 325]

Fait par nous Pierre Roigné le jeune, commis de monseigneur le séneschal de Bersuyre, le Ve jour de septembre l’an mil cccc LXXV en la présence desdits cappitaines, procureur, et greffier susdits.

Lad. Andrée, prisonnière susdite, a esté ammenée hors la prison ou belovart dud. chasteau et ès présences des dessus dit luy a este leue sa confession de mot à mot, laquelle elle a affirmé par serment contenir vérité.

Roigné, Gaillart, Boedin, Bernier.

André de Conzay licencié en lois, senneschal de Bersuyre etc. à tous ceulx qui ces présentes verront, salut. Veu par nous les proces, confession et charges de Andrée Garaude, détenue es prison dud. Bersuyre, eu sur ce meur advis et délibération, le nom de Dieu à ce premièrement appelé, nous avons condampné et condampnons lad. Garaude souffrir paine de mort et estre bruslée ; et avons confiqué et confisquons tous et chacun ses biens meubles, et iceux biens avons desclaré et desclarons estre et appartenir par confiscation a mondit seigneur de Bersuyre. Et donnons en mandement à tous et chacun les sergents de mondit seigneur de mettre les présentes à execution deue et que à eulx en ce faisant soit obey et entendu diligement leur donner conseil, confort et ayde par les subjets et autres officiers de mond. seigneur si mestier est et requis en sont donnés le XVe jour de septembre, l’an mil quatre cent soixante et quinze.

de Conzay.

Aujourd’hui XXIe jour de septembre, l’an susdit, la sentence susdite a esté mise à execution et a esté lad. Garaude bruslée, et avant icelle exécution a deschargé lesd. femes et Pillet dessus nommés en sa première confession.

GELINSORCEMMERIE0001 5sabbat) "Volo delle Streghe". Due miniature a bordo foglio dal poema storico "Le Champion des Dames" di Martin Le France (Normandia 1410 - 1461), manoscritto nel 1451.

GELINSORCEMMERIE0001 5sabbat) « Volo delle Streghe ». Due miniature a bordo foglio dal poema storico « Le Champion des Dames » di Martin Le France (Normandia 1410 – 1461), manoscritto nel 1451.

NOTES

(1) Lecture de cette étude a été donnée à la séance de la Soc. Hist. et

Scientif. du 4 octobre 1905.

(2) D’après Michelet, La Sorcière.

(3) V. Relations sur une épidémie d’hystéro-démonopathie en 1861, par

le Dr A. Constans ; Paris, Delahaye, 1863.

(4) V. La Sorcellerie. — Ses rapports avec les sciences biologiques, par le Dr J. Regnault ; Paris, Alcan, I897 ; page 124.

(5) Journal de Guillaume et de Michel Le Riche, avocats à Saint-Maixent, p. 378, 379 et 380 de l’édition donnée en 1846 par La Fontenelle de Vaudoré.

(6) Boisragon, aujourd’hui village de la commune de Breloux.

(7) Nicolas Rapin. d’après La Fontenelle.

(8) Cette insensibilité physique était considérée comme une. des preuves de la réalité de la possession.

(9) A Niort, sans nom d’auteur ni d’imprimeur.

(10) V. Gilles de Rais, Maréchal de France, dit Barbe-Bleue (1404-t440).

par l’abbé Eugène Bossard, Paris, chez Champion, 1886.

(11) V., entre autres ouvrages, l’Essai médico-historique sur les possédées de Loudun, remarquable, thèse médicale soutenue en 1839 par le docteur Ch. Sauzé, de L Mothe Saint-Héray.

(12) Michelet, La Sorcière.

(13) Il ne faut voir, sous la précision apparente de ces détails, qu’une application de celle facilité des simples d’esprit, des névropathes surtout, à « voir, comme dit George Sand, avec les yeux du corps les fantômes de leur esprit ». Bodin raconte (loc. cit.) qu’il a assisté au procès de Jehanne Harvilier, native de Verberie, près Compiègne, condamnée à mort comme sorcière, le 31 avril 1578. Au cours de l’interrogatoire, elle déclara « que le Diable se présentait à elle quand elle voulait…., éperonné, botté, ayant une espée au côté, et son cheval à la porte, que personne ne voyait qu’elle ; et si avoit quelques fois copulation avecques elle, sans que son mary, couché auprès d’elle, l’aperceust. » Ce sont là, bien caractérisées de simples hallucinations d’hystérique.

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