Eugène Gelma & Georges Lerat. Un cas d’hallucinations psycho-motrices chez une paralytique générale présentant un délire de démonopathie interne. Par Eugène Gelma & Georges Lerat.

Eugène Gelma & Georges Lerat. Un cas d’hallucinations psycho-motrices chez une paralytique générale présentant un délire de démonopathie interne. Article de la « Revue de psychiatrie », (Paris), 5e série, 12e année, tome XII, n°1, janvier 1908, pp. 440-446.

 

Eugène Gelma (1885-1953) à partir des années 1920, les travaux du professeur Eugène Gelma, titulaire de la chaire de psychiatrie de la faculté de médecine de Strasbourg, ses travaux important sur les attentats à la pudeur sur les jeunes enfants. Gelma est un des premiers à développer une réflexion théorique sur le consentement des victimes et les manœuvres de séduction auxquelles elles ont pu se livrer. Dans un article des Annales de médecine légale qui ne passe pas inaperçu, sur « l’état mental des petites filles plaignantes dans les affaires d’attentats à la pudeur », Eugène Gelma centre son propos sur le consentement fréquent des victimes et même la séduction qu’elles ont pu exercer sur leur agresseur, voire la provocation qu’il a eu à subir de leur part. Le consentement, affirme Gelma, est le fait d’enfants de 10 ou 11 ans, parfois moins, déjà initiées et à qui l’attentat n’a rien appris. Quelques publications :

— État mental des petites filles plaignantes dans les affaires d’attentats à la pudeur », Annales de Médecine légale, de criminologie et de police scientifique, 3e année, 1923, p. 124- 125.
— L’altération du sens moral dans la période qui précède l’éclosion de troubles psychiques d’évolution cyclique. Travaux de la Clinique Psychiatrique de la Faculté de Médecine de Strasbourg], (Strasbourg), volume III, 1924.
Le rêve et les maladies de l’esprit. Article paru dans « La Revue hebdomadaire », (Paris), n°38, 37e année, 1928, pp. 437-459. [en ligne sur notre site]
— Une description ancienne de mutisme.] in « Paris médical : la semaine du clinicien », (Paris), n°86, partie non médicale, 1932, pp.  237-241.
— Au sujet du délire. Extrait du « Journal de psychologie normale et pathologiques », (Paris), XXXVe année, 1938, pp. 287-298.  [en ligne sur notre site]
— L’agoraphobie. Paris, 1944.
— Simulation et Hystérie L’accident hystérique, d’appartenance exclusivement psychiatrique, a la valeur morbide de n’importe quel processus psychopathie. Extrait des Annales médico-psychologiques, XII, 1950. XII, pp. 129-272.
— Pages de psychiatrie de l’histoire : La psychopathie mélancolique du père Surin, exorciste de l’Affaire des Diables de Loudon. Un cas de « paraphrénie dépressive ». Extrait des Cahiers de Psychiatrie de Strasbourg, 1952. [en ligne sur notre site]

Georges Lerat. Contribution à l’étude statistique de la psychose périodique. Thèse de médecine de la faculté de médecine de Paris. Paris, 1909. 1 vol. in-8°, 53 p. L’auteur tente de confirmer ou d’infirmer l’idée de kraepelin selon laquelle tous les cas de manie et de mélancolie, exception faire des cas de manie ou de mélancolie symptomatique, sont des manifestations diverses d’une même entité : la folie maniaco-dépressive ou la psychose périodique

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article en français. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire des originaux, mais avons rectifié plusieurs fautes de composition.
 – Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

[p. 440]

OBSERVATIONS

UN CAS D’HALLUCINATIONS PSYCHO-MOTRICES CHEZ
UNE PARALYTIQUE GÉNÉRALE PRÉSENATNT UN
DÉLIRE DE DÉMONOPATHIE INTENE.

Par

Eugène Gelma et Georges Lerat
Internes des Asiles de la Seine

On ne nie plus actuellement les hallucinations dans la paralysie générale : leur fréquence seule est diversement interprétée (Ducosté (1). Quelques uns attribuent les troubles psycho-sensoriels à des causes surajoutées : pour les uns, la dégénérescence, pour d’autres, l’intoxication, l’alcoolisme, mais la plupart donnent comme origine l’affection elle-même.

Cette dernière doctrine a une réelle importance. Il n’est pas, en effet, indifférent de constater des hallucinations dans une maladie aussi bien délimitée que la démence paralytique et dont les lésions sont aussi bien connues ; et il n’est pas interdit de penser que la pensée générale puisse éclairer la pathogénie d’autres syndrome psychosiques où l’anatomie pathologique ne vient pas encore expliquer les données de l’observation.

Les troubles psycho-sensoriels, « les convulsions de la sensibilité, » comme les appelle Joffroy (2), sont du, comme vraisemblablement l’épilepsie, à des lésions anatomiques. La plupart des aliénistes admettent la théorie corticale de l’hallucination, dont la cause très probable serait l’excitation automatique d’un centre de projection psycho-sensoriel Tamburini (3).

Comment ce centre est-il actionné ? Tantôt c’est la prédisposition originelle, une malformation congénitale qui crée l’hyper-excitabilité constitutionnelle d’un centre, tantôt c’est une lésion circonscrite, une tumeur, un processus d’encéphalite qui le rend « hallucinogène ». La lésions constituée est le plus souvent aiguillonnée par l’intoxication. On admet actuellement que la plupart des psychoses hallucinatoires sont en rapport avec la toxi-infection. Sérieux et Mignot (4) ont pu ainsi signaler une [p. 441] malade qui avait des hallucinations auditives très actives dues vraisemblablement à la présence de kystes hydatiques développés symétriquement dans la région de la première temporale, au voisinage de la zone rolandique et au pole frontal. Pierre Marie au cours de la discussion engagée au sujet de cette observation à la Société de Neurologie, a émis l’hypothèse que les troubles étaient dus, non seulement aux lésions constatées, mais encore aux toxines sécrétées par l’échinocoque.

L’intérêt qu’offre l’étude des troubles psycho-sensoriels quant à leur symptomatologie est donc doublée par la constatation dans certains cas de lésions encéphaliques circonscrites ou diffuses dont ils sont vraisemblablement solidaires.

A ce point de vue, les hallucinations psycho-motrices chez les paralytiques généraux méritent d’être soulignés : elle ont déjà été étudiées par plusieurs auteurs.

Miquel (5) (1880), le premier à notre connaissance, signale chez une malade des troubles pouvant être considérés comme des hallucinations psycho-motrices, mais c’est surtout Girma (6) qui dans sa thèse en donne trois observations. Henry (7) (1896) en rapporte deux cas ; Leroy (8) (1899) en rapporte un cas accompagné dune autopsie du plus grand intérêt sur lequel nous reviendrons dans un instant. Rieu (9) dans sa thèse, Trenel (10) à la Société Médico-Psychlologique, A. Marie et Buvat exposant exposent des faits cliniques intéressants. Mais c’est surtout Sérieux (11) qui, depuis1894, a publié à plusieurs reprises des observations avec autopsie. Dans un cas, Sérieux a constaté sur l’hémisphère gauche au pied de la 3e frontale, à l’extrémité inférieure de la frontale et de la pariétale ascendante, l’extrémité antérieure des1er et 2me frontales, des adhérences légères. Des lésions, topographiquement identiques que l’autre hémisphère, étaient également assez peu accusées pour que les centres ne fussent pas détruits.

Dans un autre cas, Leroy a vu aussi sur l’hémisphère gauche les lésions prédominantes dans la région de la 2me et de la 3me frontale et à l’extrémité inférieure de la pariétale ascendante. [p. 442]

Les malades dont ces autopsies avaient été faites, avaient eu des hallucinations motrices verbales dont la pathogénie est singulièrement éclaircie par ces constations anatomiques ? Joffroy (13) a montré que les centres spéciaux de la sensibilité musculaires, d’où relèvent les hallucinations psycho-motrices sont topographiquement bien voisins des centres moteurs. Or les centres de la sensibilité musculaire ont une mémoire spéciale qui emmagasine les images motrices, et c’est à leur activité automatique qu’est du la perception des mouvements ; quelquefois même l’excitation est assez forte pour se propager au centre moteur et par là déterminer un mouvement perçu ou non (Séglas).

De même, dans certains cas, l’excitation peut se propager à d’autres centres moteurs comme ceux de l’articulation des mouvements de la bouche et des lèvres ; à ce propos, Sérieux dans l’observation dont nous avons paré, a noté que son malade avait en même temps des hallucinations psycho-motrices, des contractions spasmodiques des muscles masticateurs.

Les excitations périphériques, par exemples des troubles gastro-intestinaux, peuvent d’ailleurs jouer un rôle plus ou moins important et réveiller l’hyperexcitation des centres de la sensibilité musculaire.

La présence d’hallucinations psycho-motrices chez les paralytiques généraux peut donner aux troubles mentaux une allure spéciale, surtout si l’affaiblissement intellectuel n’est pas très avancé. Elles peuvent être l’origine des idées délirantes à forme dépressive, importantes à considérer au point de vue des réactions qu’elles peuvent déterminer.

C’est ainsi que nous avons observé dans le service de M. Dupain, à l’asile de Vaucluse, une paralytique générale présentant des hallucinations psycho-motrices avec idées de possession démoniaque intérieure.

Paralysie générale diagnostiquée depuis un an et demi. Deux internements, 1907-1908. Rémission dans l’intervalle. Début bruyant par idées délirantes de grandeur et de richesse. . Hallucinations psycho-motrices. Apparition d’un délire systématisé léger. Signes physiques caractéristiques cyto- et albuminodiagnostic positifs.

Huss…, 52 ans, emballeuse dans une chocolaterie, entre à l’asile de Vaucluse, dans le service de M. Dupain, le 22 juillet 1908. C’est son second internement. Les troubles cérébraux sont en effet déjà anciens et le diagnostic de paralysie générale fut déjà porté dès l’année dernière lors de sa première séquestration à l’Asile de Ville-Evard. [p. 443]

Antécédents héréditaires. – La mère est morte à 43 ans d’une affection abdominale dont nous ignorons la nature.
Le père, un viveur, s’st mis à boire dès la mort de sa femme et s’est pendu.
Antécédents personnels. – Scrofuleuse dans l’enfance, elle fut réglée à 11 ans. Les règles étaient régulières : mariée à 28 ans, elle n’a pas fait de fausses couches – elle n’a jamais eu d’enfant. Elle n’a élevé que les enfants de son mari.
Les antécédents pathologiques se résument à peu de chose : elle a eu la grippe et fièvre typhoïde. Elle nie la syphilis, nous n’en avons trouvé aucune trace. Son mari, interrogé ç ce sujet, la nie également pour son propre compte : faut-il attacher une importance à ce fait que deux enfants de la première femme sont venus morts-né ?
Quant à l’alcoolisme, si la malade nous a renseignés d’une manière peu précise sur les habitues, le mari, par contre, est moins réticent et que sa femme s’est mise à boire surtout depuis 1905 et que son alcoolisme se traduisait par de l’insomnie, de l’agitation nocturne et que son sommeil était peuplé de rêves pathognomoniques.

Histoire de l’affection. – Le mari n’aurait peut-être pas attaché d’importance considérable à ces manifestations de l’alcoolisme chronique, si Mme Huss… n’avait pas présenté tout d’un coup des idées de grandeur dont le caractère absurde ne faisait aucun doute : elle se voyait extrêmement riche, elle avait des millions, etc. Puis, un soir, elle eut des hallucinations, des illusions. La nuit il lui semblait voir dans sa chambre des personnes qu’elle connaissait et ses troubles psycho-moteurs se traduisirent par une agitation tellement grande que le mari n’hésita pas à la faire interner.

Le 23 avril 1907, M. Legras constate chez elle de l’affaiblissement intellectuel, des idées délirantes de richesse : son mari est très riche, il va la conduite à l’Opéra ; elle a gagné 10.000 francs comme comme ouvrière chocolaterie. Elle ne sait pas cependant où elle se trouve ; complètement désorientée, elle présente en outre une inégalité pupillaire, une hésitation de la parole qui ne laissent aucun doute sur les causes de l’affaiblissement intellectuel.

Le 24 avril 1907, elle entre à Ville-Evrard dans le service de M. Kéraval, où le diagnostic de paralysie générale est aussitôt porté. Son état est même assez grave, puisqu’il motive l’alitement dès l’entrée.

A l’asile, son état s’améliore, peut-être sous l’influence de l’alitement et de l’hygiène, et quinze jours après l’entrée, M. Kéraval écrit : « Améliorée au point de vue général, persistance atténuée des signes physiques du côté de la parole et des muscles de la face, pupilles larges et peu mobiles, idées de richesse, de grandeur absurdes, conscience du temps. »

Cet état va s’améliorer de plus en plus et une rémission semble [p. 444] même se produire, puisque la malade peut sortir sur la demande du mari le 9 mars 1908, après un séjour de 11 mois à Ville-Evrard. En ce moment en effet, les idées délirantes de grandeur avaient disparu et la malade semblait guérie quad le mari s’aperçut à son attitude, à ses gestes, à la manière dont elle se vétissait que de nouveaux troubles cérébraux étaient apparus. D’ailleurs Mme Huss… déclara bientôt à son mari qu’elle avait une diablesse dans le ventre qui lui causait toutes sortes de désagréments et de souffrances, ce qui le détermina à la placer de nouveau dans un asile, et, à Ste-Anne. M. Simon rédigea un certificat immédiat ainsi conçu : « Est atteinte de paralysie générale avec conscience très incomplète de sa situation, idées de persécution, un diable roucoule, dit-elle, dans son ventre, et la ronge ; hésitation de la parole et inégalité pupillaire, contusion de la parie abdominale. »
Elle arrive à Vaucluse le 28 juillet 1908 dans le service de M. Dupain.

Etat actuel. – La malade est déprimée et triste ; elle n’est pas désorientée, elle sait parfaitement bien où elle se trouve. Elle est venue, dit-elle, à Vaucluse pour se faire guérir du diable qu’elle a dans le corps et elle espère que les médecins de l’asile parviendront à l’en débarrasser.

C’est depuis son séjour à Ville-Evrard qu’elle s’est aperçue de la présence d’une personne dans son ventre et elle croit d’ailleurs bien se rappeler les circonstances dans lesquelles ces phénomènes sont apparus. C’est un matin, en se réveillant, qu’elle a senti dans son corps les premiers mouvements. Sans doute, c’est dans la nuit que le démon a du entrer en elle, et par la bouche, – c’est probable, lui a-t-on dit – mais en toute cas, elle n’a pas senti le diable entrer en elle. Et elle se rappelle qu’au mois de septembre, une personne assise sur un banc de la cour du 3e quartier de Ville-Evrard s’est dressée tout à coup devant elle et lui a dit : Je suis le diable. A coup sûr, c’était la diablesse en question, n’avait-elle pas d’ailleurs « une tête plate, une sale tête, avec une huppe sur front ! » C’était soi-disant une malade de l’asile de Ville-Evrard et qui portait le même habillement que moi ». En réalité cette prétendue malade est entrée dans mon ventre la nuit du 8 octobre 1907 et n’était autre chose que ce démon qui la torture depuis si longtemps. Les tourments sont insupportables, la diablesse remue perpétuellement dans son ventre, elle remonte dans sa poitrine et jusque dans sa gorge, ce qui lii donne des bouffées de chaleur dans la tête et dans les yeux.

Dans son estomac, le démon lui mange sa nourriture, lui provoque des indigestions ; il lui retient ses matières dans le corps et ses vents ; elle ne peut donc pas aller à la selle, ce qui la rend bien souffrante.

Ses bras sont alourdis, elle n’est pas maîtresse de ses mouvements, puisque la diablesse tantôt les arrête, tantôt les provoque parfois, elle se sent poussée à marcher.

Ce qui lui est surtout bien pénible, c’est que la diablesse va [p. 445] dans ses parties génitales, elle en ressent des brûlures. Tout lui brûle, surtout les yeux, et la malade ne dort pas, de peur d’avoir les yeux crevés.

Jamais sa persécutrice ne lui a parlé, elle entend seulement une voix intérieure, une espèce de roucoulement, d’ailleurs la diablesse a une façon particulière de lui causer, et quand Mme Huss… l’interpelle en disant : « Tu vas partir bientôt, saleté, etc. » elle sent aussitôt une brûlure.

Jamais cette diablesse ne lui faisait remuer la langue, jamais la malade n’était obligée de prononcer des paroles, ni d’écrire malgré elle.

Par contre, elle trouve toujours un mauvais goût et une mauvaise odeur à ses aliments, et c’est la diablesse qui doit en être cause.

La malade réagit à ses persécutions. Dans la cour du quartier, elle se promène avec un bandeau protecteur sur les yeux, et, dès qu’elle voit le médecin, elle se précipite vers lui en le suppliant de lui conserver sa vue en danger, et manifeste le désir d’en finir avec la vie, si on ne la débarrasse pas.

Notre malade présente, à côté de cela, des idées très vagues de persécution : ses belles-filles se conduisent mal, ont des amants, découchent er veulent se débarrasser d’elle, d’où son premier internement à Ville-Evrard, dû surtout à la malveillance de ses enfants. Mais ces idées délirantes sont fugaces, mobiles et peu précises. D’ailleurs, des renseignements fournis par le mari montrèrent le non fondé des accusations.

La mémoire de Mme Huss… est légèrement affaiblie, elle donne au sujet de sa vie et de ses parents, des renseignements inexacts sur certains points. A l’affaiblissement intellectuel peu avancé, mais certain, viennent s’ajouter des signes physiques, comme l’embarras, l’hésitation de la parole, l’achoppement syllabique évident aux mots d’épreuve, un tremblement de la langue et des mains, une écriture tremblée à caractères irréguliers, une inégalité pupillaire avec paresse des réflexes, et, enfin, une lymphocytose discrète, mais réelle, vient confirmer le diagnostic de démence paralytique.

L’histoire de cette malade est intéressante à plus d’un titre ; le délire qu’elle exprime est assez particulier ; si l’on observe ses idées de possession, surtout dans les délires systématisés progressifs, nous ne croyons pas que le délire de démonopathie interne ait été signalé fréquemment dans la paralysie générale, affection dont les modalités cliniques sont pourtant si nombreuses.

Mais ce qui l’impose encore à notre attention, ce sont la cohérence et la stabilité du délire. Sans doute, on peut observer dans la démence paralytique des idées délirantes plus ou moins systématisées, mais elles sont dans ce cas entachées de mobilité, de contradictions, d’incohérences. [p. 446]

Chez notre malade, l’affaiblissement intellectuel est peu accentuée, la mémoire n’est que légèrement affaiblie, aussi le diagnostic de paralysie générale n’a-t-il pas été porté, en raison des caractères de son délire actuel, mais seulement en raison des signes physiques importants que nous avons constatés et des commémoratifs.

A la ténacité de ce délire, se lie l’invariabilité du ton émotionnel et nous devons par conséquent, souligner cet état continu de dépression et d’angoisse profonde dans lequel vit depuis un an notre malade : sans cesse elle pleure, se lamente, supplie qu’on la guérisse ou qu’on la défende, et à plusieurs reprises menace de se suicider si on l’abandonne à sa situation intolérable.

Or, s’il existe une forme mélancolique, hypocondriaque, bien définie de la paralysie générale, dans la grande majorité des cas on y retrouve une mutabilité caractéristique de l’affectivité.

Il nous emble bien difficile, dans le cas que nous signalons, de savoir s’il faut attribuer la priorité au délire ou aux hallucinations psycho-motrices.

Qu’il y ait ou non d’une façon habituelle un rapport de cause à effet entre les hallucinations et les idées délirantes, il ne nous paraît pas invraisemblable qu’ici, les idées de possession aient eu leur cause dans les troubles psycho-sensoriels qui sont apparues dès le début du délire.

Il est possible que les hallucinations psycho-motrices soient en relation avec des troubles périphériques, des troubles gastro-intestinaux par exemple. Selon plus de probabilité, elles ont une r-origine centrale et sont dues aux lésions corticales de la paralysie générale.

 

NOTES

(1) Decosté. – Revue Générale sur les hallucinations dans la paralysie générale. – Encéphale 1907, p. 158.

(2) Joffroy. – Leçon d’ouverture du cours de clinique mentale. 1893.

(3) Tamburini. – Revue scientifique, 1881.

(4) Sérieux et Mignot. – Surdité corticale avec paralexie et hallucinations de l’ouïe dues à des kystes hydatiques du cerveau. Soc. Neur. 10 janvier 1901.

(5) Miquel. – Die prog. Paralyse des Irren. Berlin 1880.

(6) Germa. – Les hall. dans la paralysie générale. Thèse Paris, 1880/

(7) Henry. – Du délire de négation (syndrome de Cotard) dans la paralysie générale. Thèse de Paris, 1896.

(8) Leroy. – Arch. Neurol. 1899.

(9) Rieu. – Des hall. psycho-motrices dans la paralysie générale. Th. Paris 1900.

(10) Trenel. – Hall. psycho-motrices et spiritisme dans un cas de P. G. Annales médico-psychologiques 1901. Tome 1, p. 460.

(11) Sérieux. –Hallucinations motrices cérébrales dans la paralysie générale. Gazette hebdomadaire de méd. et de chirurgie, 1898.

(12) Joffroy. – Loco citato.

 

 

 

 

 

 

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