[Ernest Bosc] E. B. A propos des stigmates. Extrait de la revue « La Curiosité : journal de l’occultisme scientifique », (Paris), onzième année 1903-1904, n°1, jeudi 1eroctobre 1903, colonnes 13-15.

E. B. [Ernest Bosc] A propos des stigmates. Extrait de la revue « La Curiosité : journal de l’occultisme scientifique », (Paris), onzième année 1903-1904, n°1, jeudi 1eroctobre 1903, colonnes 13-15.

 

Ernest Bosc (1837-1913) (pseudonymes : J. Marcus de Vèze, Jean Darlès et Ernest Bosc de Vèze, Gardener, Zacharie, Jean Darlès, etc.) A l’origine architecte, il révéla très vite son intérêt pour l’ésotérisme, l’occultisme, la magie, l’alchimie, etc. Il collabora à de nombreuses revues et fut à l’origine de très nombreuses publications :
Quelques publications :
— Dictionnaire général de l’archéologie et des antiquités chez les divers peuples, 1881.
— Dictionnaire de l’art et de la curiosité, Paris, Firmin-Didot, 1883.
— Addha-Nari, ou L’occultisme dans l’Inde antique, Paris, 1893.
— Dictionnaire d’Orientalisme, d’Occultisme et de Psychologie (ou Dictionnaire des Science Occulte). 2 volumes. Paris, Chamuel, 1896.
— Traité théorique et pratique du haschich, des substances psychique. Paris, L. Chamuel, Éditeur, 1895.
— De l’Opium et de la Morphine, (récupération après abus), Bibliothèque Curiosité, Paris, H. Daragon, 1908.
— Glossaire raisonné de la divination, 1910
— Glossaire raisonné de la Théosophie, du Gnosticisme et de l’Ésotérisme, 1910 – (Jean Darlès).
— Germes de vie de l’astral (de l’espace) : larves, microbes, egrégores, la microbiculture, la magie noire, incubes et succubes, les sorts, Paris, H. Daragon, 1913.
— Yoghisme et Fakirisme Hindou. 1913.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

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A PROPOS DES STIGMATES

Le Dr H. Goudard de la Société des études psychiques de Marseille, a ouvert une enquête sur les stigmates et en publie les résultats dans le Bulletinde la dite société. — La question des stigmates est très complexe et nous ne craignons pas d’avancer que fort peu de personnes peuvent j aujourd’hui en parler en connaissance de cause.

Nous avons vu de véritables savants, qui en traitant cette question, ont commis de graves erreurs. Ainsi, il y a deux ans, nous avons assisté à une conférence du Dr Paul Janet à l’Institut général psychologique (1) et ce que nous avons entendu là est tout à fait curieux. — Le conférencier très-bon orateur, trop bon suivant nous, suait sang et eau pour démontrer que lorsqu’on poursuit la constatation de stigmates chez une hystérique, par exemple, il ne fallait pas quitter celle-ci des yeux, une seule minute, ni de jour, ni de nuit, parce que la personne pouvait à un moment donné se gratter et créer ainsi sur son corps des stigmates factice !… que jamais il n’avait pu voir leur formation sur cette crisiaque, qui avait en elle, toutes les caractéristiques de l’hystérie. Elle se tenait même debout sur la pointe des orteils des heures entières, ce que ne pourrait faire aucune danseuse ; etc., etc., car nous ne pouvons relater tout ce qui a été dit dans cette conférence, où l’orateur a toujours beaucoup parlé autour de la question sans donner une conclusion logique sur son sujet ; de l’éloquence à jet continu, mais pas un traître mot pouvant servir à l’édification et à l’instruction de ses auditeurs, qui cependant ne lui ont pas ménagé leurs applaudissements, le moindre fait reconnu, évident, prouvé aurait bien mieux fait notre [colonne 14] affaire. — Si par exemple, l’orateur avait dit ceci : « Les stigmates peuvent avoir des origines diverses ; ils peuvent être provoqués par exemple, par l’autosuggestion de la personne même chez laquelle, ils se produisent ; ils ne sont d’origine morbide que très-exceptionnellement et très-souvent, dans la plupart des cas même, les stigmates surviennent chez une personne par suite d’une hyperexcitation nerveuse, qui peut avoir des origines diverses, mais principalement par suite d’une grande exaltation religieuse. — Ainsi une nonne sevrée de toute communication avec le monde extérieur, vivant cloîtrée dans son monastère, priant Dieu dans toute la force d’une âme exaltée et d’une ardente foi, cette nonne disons-nous peut en pensant à la Passion de J. C. demander de souffrir les mêmes douleurs que le Christ a subi dans son calvaire, et si cette religieuse désire ardemment porter sur son corps les stigmates caractéristiques de la passion de J. C, cette âme pieuse verra apparaître sur son corps, les stigmates ardemment désirés.

C’est même là, l’origine la plus ordinaire des stigmates ; maintenant comment expliquer le fait, les uns l’attribuent au miracle, et les autres à un acte de simple autosuggestion.

Nous ne discuterons pas l’acte miraculeux, il peut être ou ne pas être, nous n’en savons rien et ne voulons en rien savoir ici ; l’autosuggestion, nous pouvons au contraire garantir que par elle, des stigmates peuvent apparaître sur le corps humain ; il faudrait ne pas connaître un mot de magie pour mettre le fait en doute.

Peut-on maintenant faire naître les stigmates, par grattage, succion ou tout autre moyen mécanique ; ceci est également incontestable, mais dans ce cas, il y a truc, fraude et tromperie ! et cette simulation est reconnaissable pour un œil tant soit peu exercé.

Peut-on également créer des stigmates par rapports, transferts, par greffe pour ainsi dire, évidemment oui, mais ce sont là encore des moyens frauduleux !… car la caractéristique des stigmates, c’est de venir au jour, d’apparaître, sans avoir usé d’aucun moyen détourné, c’est à dire qu’ils doivent être produit naturellement. — Tout le monde sait qu’en suçant le sein, le mamelon d’un jeune homme ou d’une fille vierge, de nature Androgyne en suçant plus ou moins de temps pendant quelque jour un sein dépourvu de lait, on peut amener un courant galactique. Ceci ne constitue pas des stigmates, mais si nous rapportons le fait, c’est pour bien faire comprendre à nos lecteurs la production de stigmates artificiels et sans avoir à nous embarquer pour cela dans des explications physiologiques qui n’ont rien à voir dans la question, comme là fait par exemple, Alfred Maury quand il prétend que chez la femme la stigmatisation n’est qu’une dérivation des fonctions périodiques, [colonne 15] c’est là une grande erreur, que nous pourrions démontrer en fournissant des preuves nombreuses à l’appui ; nous nous bornerons à donner seulement les suivantes : il y a des stigmatisés de tout âge et de tout sexe ; et que Delici di Giovanni par exemple, n’eût des stigmates que de 74 à 81 ans. Célestine Fenouil au contraire, reçu les stigmates avant d’être pubère. C’est de cette même Célestine Fenouil dont notre ami le regretté Dr d’Auvergne parle dans les Annales de Dermatologie (1877) et qui nous apprend « qu’elle avait l’anneau mystique dès son enfance et avant d’avoir reçu les stigmates. » (2) bien qu’elle les ait reçu très jeune.

Il y a aussi les stigmates psychiques qui bien qu’invisibles à l’œil physique existent sur le corps humain et peuvent y exercer des ravages ou apporter des troubles considérables dans l’économie humaine ; quelque formes de stigmates, psychiques vivent sur le corps de l’homme à la façon de parasites, comme de véritables chancres, comme un cancer ; etc., etc. ; mais nous n’insisterons pas d’avantage aujourd’hui sur ce sujet, quitte à y revenir, si quelques-uns de nos lecteurs le désirent en nous adressant quelques questions à ce sujet.

Notes

(1) Disons en passant que l’Institut général psychologique fondé il y a quelques années pour l’étude des questions purement psychiques, a complètement dévié de son but originel ; ainsi cette année 1903 nous avons assisté à une conférence de M. d’Arsonval un leader de l’Institut général psychologique qui y a traité fort bien, nous le reconnaissons volontiers de l’action de l’électricité sur les êtres vivants ; mais cette question n’y a été traité exclusivement qu’au point de vue physique et physiologique et nullement psychologique et cependant, c’était le côté de beaucoup le plus intéressant ; mais voilà il fallait savoir ou vouloir e traiter !

(2) Cette notice et le résumé des articles de journaux parus lors de l’apparition de cet ouvrage.

 

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