Edmond Goblot. Le souvenir du rêve. Article paru dans la « Revue philosophique de la France et de l’étranger », (Paris), janvier à juin 1897.

goblotdureve0001Edmond Goblot. Le souvenir du rêve. Article paru dans la « La Revue philosophique de la France et de l’étranger », (Paris), Janvier à juin 1897.

L’article qui lance la controverse entre M. Goulot et celui de L. Dugas sur « Le souvenir du rêve ». [en ligne sur notre site].

Edmond Goglot (1858-1935). Philosophe qui s’intéressa sur le tard à la sociologie. Il soutiendra sa thèse en 1898 : Essai sur la classification des sciences. Comme philosophe il contribua au renouvellement de la théorie de la démonstration. Ses réflexions sur le rêve se résument à seulement trois petits articles, mais qui firent date.
— Le souvenir des rêves. 1896. « Revue Philosophique de la France et de l’Etranger », (Paris), 1896. [en ligne sur notre site]
— Analyse d’un rêve. Article paru dans la « Revue Philosophique de la France et de l’Etranger », (Paris, quarante-septième année, XCIII, 1922, pp. 125-134. [en ligne sur notre site]

Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, mais avons rectifié quelques fautes de composition.
 – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

 

LE SOUVENIR DU RÊVE

Je lis dans un article de M. Dugas : Le sommeil et la célébration inconsciente (Rev. phil., avril 1891, p. 412), [en ligne sur notre site] les lignes suivantes : « Si on admettait, avec M. Goblot, l’hypothèse d’une contiguïté constante du rêve et de la veille (hypothèse, que je rejette, pour ma part, comme contraire aux faits), je dis… etc. »

Si l’on veut bien relire la note que j’ai publiée dans le numéro de septembre 1896, on remarquera que l’hypothèse que j’y ai exposée ne peut nullement être désignée par ces mots : contiguïté constante du rêve et de la veille. Je reconnais formellement que des rêves peuvent se produire à un moment quelconque de la durée du sommeil, sans être suivie de veille, je ne rejette même pas l’opinion cartésienne, difficile à prouver d’ailleurs, qu’il n’y pas de sommeil sans rêve, que le rêve n’est pas Intermittent, mais continu. J’ai seulement suggéré que le rêve dont on se souvient semble s’être toujours produit pen­dant le réveil. Le réveil n’est pas la limite instantanée entre deux états contigus, sommeil et veille ; c’est une période intermédiaire et transitoire, qui a toujours une durée, si courte qu’elle soit, même dans le cas du sommeil artificiel, où elle parait aussi abrégée que pos­sible. Peut-être le souvenir du rêve doit-il toujours être rapporté à cette période.

Ce n’est qu’une hypothèse, mais elle fournit une explication plausible d’un fait dont on n’a jamais rendu compte : l’oubli complet des rêves accompagnés de paroles. J’en ai eu depuis comme une confirmation dans le rait suivant : ma femme endormie rêve tout haut et pousse un cri ; je la réveille ; elle se retourne et se rendort presque aussitôt. Le lendemain matin, elle put me raconter son rêve, et me donner le sens du cri qu’elle avait poussé. Ainsi le rêve accompagné de paroles pourrait lainer un souvenir, quand le réveil a été complet.

Cette hypothèse, M. J. Clavière l’adopte et l’expose en terme heu­reux (Rev. Phil., mai 1897. p. 509), [en ligne sur notre site] M. Dugas la rejette comme « contraire aux faits ». Je lui serais reconnaissant de faire connaître les faits auxquels il fait allusion. Je doute, par avance, qu’ils soient con­cluants, puisque, comme on vient de le voir, il s’est mépris sur le sens même de l’hypothèse. La solution de cette difficulté n’est pas sans importance ; elle intéresse non seulement toutes les recherches sur le sommeil et les rêves, mais aussi celles sur la nature et les conditions de la conscience de la mémoire.

EDMOND GOBLOT.

 

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