Dumontpallier. De la suggestion à l’état de veille. Extrait des « Comptes rendus hebdomadaires des séances et mémoires de de société de biologie », (Paris), 35e de la collection, 1883, pp. 539-540.

Dumontpallier. De la suggestion à l’état de veille. Extrait des « Comptes rendus hebdomadaires des séances et mémoires de de société de biologie », (Paris), 35e de la collection, 1883, pp. 539-540.

 

La première publication de Dumontpallier, qui initie la polémique sur l’hypnose et la suggestion avec Charles Féré, Paul Richer, Paul Magnin, et biens  d’autres, entre l’École de Nancy (Bernheim) et celle de Paris (Charcot). et quelques autres. Voir les autres textes sur notre site.

Victor Alphonse Amédée Dumontpallier (1826-1899]. Médecin il se spécialise en gynécologie et est nommé chef de clinique à l’Hôtel-Dieu (1861-1863), où il enseigne à partir de 1886, puis médecin des hôpitaux en 1866 et il prend la direction d’un service à l’Hôpital de la Pitié. Il se spécialise dans l »étude de l’hypnose et devient un des fondateurs Société d’hypnologie français. Il collabore à la « Revue de l’hypnotisme », et préside en 1899 le premier congrès international de l’hypnotisme tenu à l’Hôtel-Dieu à Paris.

[p. 539]

DE LA SUGGESTION A L’ÉTAT DE VEILLE,
par M. le Dr DUMONTPALLIER.

A l’occasion de ces phénomènes nerveux, M. Dumontpallier rappelle l’intéressante communication du professeur Bernheim, de Nancy, au dernier congrès scientifique de Rouen, sur la suggestion à l’état de veille, et il expose les résultats qu’il a observés à l’hôpital de la Pitié sur une malade hystérique en état de veille : après avoir constaté l’analgésie et l’amyosthénie du côté gauche sur cette malade, il lui a suggéré l’idée que c’est du côté droit qu’existent l’analgésie et l’amyosthénie, la malade se refuse à croire qu’il en est ainsi et, à son grand étonnement, la malade ne sent plus les piqûres du côté droit et ne donne qu’une force de un à deux kilogrammes du côté droit au dynanomètre, tandis que du côté gauche la main donne 15 kilogrammes de force et sent très bien les piqûres. Séance tenante, on persuade à la même malade qu’elle s’est trompée et que c’est bien du côté droit qu’elle sent la piqûre et qu’elle a le plus de force. Ce qui est immédiatement constaté.

Il ressort de cette double expérience que, chez une hystérique non prévenue et en état de veille, nous avons pu par la suggestion déterminer en quelques minutes le transfert de la [p. 540] sensibilité à la douleur et de la force musculaire du côté droit au côté gauche, puis du côté gauche au côté droit. Notons que chez cette malade les troubles de la sensibilité et de la motilité étant alternes croisés pour les membres supérieurs et inférieurs, les résultats de la double expérience ci-dessus rapportée ont été en accord complet avec les modifications alternes croisées de la sensibilité et de la motilité. Nous ignorons, continue M. Dumontpallier, comment d’autres expérimentateurs expliqueront ces phénomènes en apparence si extraordinaires de la suggestion à l’état de veille, mais pour nous il nous semble qu’ils peuvent être expliqués en accordant à l’idée suggérée une action analogue à celle des agents physiques qui déterminent la sensibilité, la motilité et les actes psychiques.

Les agents physiques, par l’intermédiaire du système nerveux périphérique, déterminent l’activité des centres psychomoteurs et psycho-sensitif ; de même l’idée suggérée, par l’intermédiaire du système nerveux auditif, détermine l’activité psychique intellectuelle, laquelle activité se manifeste par des actes psycho-moteurs ou psycho-sensitifs des deux côtés du corps ou d’un seul côté, et cette activité peut être transférée par les commissures cérébrales d’un hémisphère cérébral à l’hémisphère cérébral du côté opposé.

Dans l’état de veille, la suggestion est substituée après une lutte très appréciable à la perception première du sujet.

Cette lutte se traduit par une résistance d’abord absolue, de laquelle succèdent l’hésitation, puis enfin l’acceptation de l’idée suggérée, imposée, laquelle se manifeste par des phénomènes sensitivo-moteurs en rapport avec l’idée suggérée.

 

 

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