Documents complémentaires sur les possédés dans l’art. par Henry Meige. 1894.

Pour faire suite à l’article de Paul Richer et Henry Meige, Documents inédits sur les démoniaques dans l’art, publié ici même. [voir article]

Pour des raisons pratiques la note de bas de page de l’article original a été reportée en fin d’article.

Documents complémentaires
sur les possédés dans l’art
par
Henry MEIGE 

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Voici encore quelques figurations de possédés, qui viennent grossir la longue série des images de ce genre signalées antérieurement par Charcot et Paul Richer, et auxquelles nous avons déjà ajouté nous-même d’assez nombreux documents (1).
Bien que ces images aient entre elles de nombreuses ressemblances et que leur accumulation puisse entrainer quelque monotonie, il est intéressant cependant de les faire connaître, ne fût-ce qu’à titre documentaire.
Au musée d’Augsbourg se trouvent deux possédés. L’un, peint par Bartholomoeus Zeithblom, a été signalé, il y a déjà longtemps, par M. Pierre Marie, et commenté par Charcot et Paul Richer (Les démoniaques dans l’Art, p. 22).
L’autre de Hans Holbein le Vieux. Il figure à la partie supérieure du volet gauche du triptyque sur bois dont le panneau central représente la Transfiguration du Christ (N°55) (Pl. IX)
La scène est inspirée par la guérison du jeune « lunatique » que son père présenta à Jésus, en disant :
« Seigneur, ayez pitié de mon fils, qui est satanique, et qui souffre cruellement ; car il tombe souvent dans le feu et souvent dans l’eau. Je l’ai [p. 320] présenté à vos disciples, mais ils n’ont pu le guérir… Et, Jésus ayant menacé le démon, il sortit de l’enfant, lequel fur guéri au même instant. » (Mathieu, XVII, 14 et 16).

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Jésus, suivi de saint Pierre, de saint Jacques et d’autres disciples, s’approche du malade en faisant de la main droite un geste rituel de conjuration. Dans le fond, on voit le père de l’enfant, entouré de plusieurs personnages. A l’arrière plan, les murailles et les tours d’une grande ville.
Le malade est représenté debout, soutenu par un assistant et en proie à une crise nerveuse. Selon la tradition il est enchaîné ; – dans le cas présent par le pied et par la main gauche ; ses jambes sont nues, il n’a sur le corps qu’une mauvaise tunique. Le principal intérêt de cette figuration réside dans la façon dont l’artiste a rendu les grimaces du visage : la bouche est déformée par un rictus convulsif qui laisse voir les dents ; les yeux sont fortement ouverts et convulsés vers le bas. La main gauche est également intéressante avec ses doigts écartés et crispés. Quant au bras droit, il est en rotation forcée en dedans, malgré les efforts du personnage qui le maintient. Les pieds eux-mêmes semblent violemment contorsionnés. De la tête hérissée de ce jeune lunatique s’échappe un diable grimaçant.
Vraisemblablement l’artiste s’est inspiré de quelques hystériques dont il avait pu voir les convulsions. Mais, si l’on s’en rapporte au texte évangélique, on peut se demander si le « lunatique qui tombait dans le feu ou dans l’eau », n’était pas plutôt atteint de mal comitial. De telles chutes appartiennent surtout à l’épilepsie.
La gravure reproduite planche LXI représente la Guérison du Possédé de Gérasa. Celui ci est à la fois conforme à la tradition et au réalisme. Il fait un superbe « arc de cercle », quelque peu fantaisiste assurément au point de vue de l’anatomie des formes, mais reproduisant assez bien une attitude que l’on observe dans les grandes attaques d’hystérie. Ce possédé est nu, et porte au pied droit une chaîne brisée, selon les conventions de l’iconographie religieuse. Plusieurs diablotins s’échappant de la bouche dans un nuage de fumée. Près de lui, se tiennent Jésus et ses disciples ; et l’on voit les pourceaux dans lesquels le diables se sont réfugiés se précipiter vers la mer. Cette gravure, que j’ai trouvée isolée, est extraite, selon toute vraisemblance, d’un Nouveau Testament illustré.

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Il en est de même de la figure 1 qui représente également la guérison d’un possédé par le Christ. La malade soutenu par deux hommes, se renverse en arrière ; un diable s’échappe de sa bouche dans un nuage de fumée ; au poignet droit, il porte l’attache de ses fers.

(1)Voy. Nouv. Iconographie de la Salpêtrière : n°1, 4, 5 , 1894. – n°2, 1895. – n°2, 1896. – n°1, 1901 ?

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