Dimitry Stefanowsky. Les images mentales pendant le sommeil. Extrait des « Archives d’anthropologie criminelle de criminologie et de psychologie normale et pathologique », (Paris), VIII, 1893, pp. 323-326.

Dimitry Stefanowsky. Les images mentales pendant le sommeil. Extrait des « Archives d’anthropologie criminelle de criminologie et de psychologie normale et pathologique », (Paris), VIII, 1893, pp. 323-326.

 

Dimitry Stefanowsky (magistrat russe auto-proclamé psychologue amateur).
La passivisme. Archives de l’Anthropologie criminelle, (Paris), 7 année, 1892, pp. 294-298.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Les images on été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

[p. 323]

LES IMAGES MENTALES DANS LE SOMMEIL

I

L’étude des images mentales, inaugurée par MM. Taine et Galton, a fait de grands progrès surtout pour la théorie du langage intérieur, grâce à l’ingénieuse classification des types sensoriels établie par Charcot. Cette étude conduit à reconnaître plusieurs types : moteur, auditif, visuel, suivant le groupe d’images qui prédomine chez chaque individu. Il existe d’ailleurs un type neutre, indifférent, qui est certainement le plus répandu et le plus difficile à étudier. C’est en vain, par exemple que je m’efforçais longtemps à définir le type auquel j’appartiens moi-même. Les images auditives et motrices jouent en effet un grand rôle dans la fonction du langage ; les images visuelles verbales au contraire, n’y ont qu’une minime valeur et exclusivement pour les personnes qui savent lire. Les descriptions des types sensoriels abondent en exemples de peintres, de musiciens, de joueurs aux échecs, etc. qui n’ont rien à démêler avec le langage proprement dit. (V . Ballet. Le langage intérieur. — Binet. La psychologie du raisonnement. — Saint-Paul. Essais sur le langage intérieur, etc.).

Ceci démontre qu’il faut revenir à l’étude des images mentales dans toute leur étendue ; et c’est seulement cette étude, un peu négligée aujourd’hui, qui peut nous fournir une base solide pour construire notre formule psychique, une formule individuelle qui doit être nécessairement différente chez chacun de nous.

J’ai essayé d’analyser tous, mes rêves, pendant un espace de trente-sept jours de suite : après les avoir notés au matin, je les laissais de côté. Les circonstances m’ont empêché de continuer ces observations. Cependant je dispose déjà d’une quantité suffi-sante de notes qui me permettent de faire quelques conclusions intéressantes. [p. 324]

Dans le nombre total des cent cinq rêves, j’ai distingué sept cent quarante-quatre images mentales. Cette analyse était bien difficile ; parfois il m’était presque impossible de préciser ces images et de les détacher comme unités simples et élémentaires. Aussi dois-je prier les lecteurs de regarder cette étude comme un premier essai d’une analyse quantitative de notre activité psychique dans le sommeil.

M. D…S

Images visuelles 367 49 %
Images motrices 192 26 %
Images auditives 151 20 %
Images tactiles 25 5 %
Images olfactives 4 5 %
Images gustatives 2 5 %
Images des sens organiques 2 5 %

 

Pour contrôler mes analyses j’ai prié une personne de ma connaissance, Mme Z… de me confier les notes sur ses rêves, qu’elle faisait aussi pendant seize jours de suite. Le petit nombre de cent dix-neuf images a cependant complètement confirmé que les proportions des différentes images sont restées chez elle presque les mêmes que chez moi.

Mme …Z

Images visuelles 59 50 %
Images motrices 27 22,5 %
Images auditives 28 23,5 %
Images tactiles 2 4 %
Images gustatives 3 4 %

 

On voit ainsi que les images visuelles constituent une moitié de notre activité psychique pendant le sommeil ; l’autre moitié est partagée presque également entre les images motrices et auditives tandis que les images des sensations inférieures n’occupent qu’une vingtième partie de cette activité. [p. 325]

II

Quant aux images du langage intérieur, elles sont assez faiblement représentées dans ma liste, pas cent quatre-vingt-sept.

Images verbales motrices :

(mouvement laryngo-buccal) 85 45 %
Images verbales auditives 84 45 %
Images visuelles (lecture) 15 8 %
Images motrices de la main (écriture) 3 2 %

 

Il devient évident que les images visuelles verbales occupent chez moi seulement une douzième partie dans le complexus du langage et le reste est divisé également entre les images motrices et auditives. Les images de l’écriture n’y jouent au contraire, presque aucun rôle.

Ces résultats ont sans doute une signification toute personnelle; cependant il est curieux de savoir que le type indifférent, auquel j’appartiens, est constitué par des images motrices et auditives; quant aux images visuelles, elles n’y ont qu’une valeur secondaire ce qui était â prévoir, a priori.

III

Je dois mentionner qu’en matière de sentiment et de raisonnement, les rêves de Mme Z… et les miens sont beaucoup plus différents. Tandis que j’ai compté dans mes notes quarante-neuf raisonnements et trente-cinq émotions, les notes de Mme Z… ne m’ont fourni que vingt émotions et seulement quatre raisonnements. C’est à dire que le côté émotif de ses songes occupe quatre-vingt-trois pour cent, et le côté idéal dix-sept pour cent, pendant que pour moi la proportion est de quarante-deux pour cent et cinquante-huit pour cent. — Les espèces d’émotions sont chez nous aussi très différentes. [p. 326]

 

M. D. … S… Mme Z…

 

Plaisir

2

Mécontentement

8

Étonnement

6

6

Peur

7

7

Commisération

3

Doute

4

Colère

1

3

Mépris

1

Émotion érotique (amour)

3

Tendresse

1

Repentir

1

Honte

2

Dimitry Stefanowsky

 

 

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