Brénier de Montmorand. L’érotomanie chez les mystiques chrétiens. Extrait de la « Revue philosophiques de la France et de l’Étranger », (Paris), LVI, juillet à décembre 1903, pp. 382-393.

Brénier de Montmorand. L’érotomanie chez les mystiques chrétiens. Extrait de la « Revue philosophiques de la France et de l’Étranger », (Paris), LVI, juillet à décembre 1903, pp. 382-393.

Brenier de Montmorand Antoine François Jules Henri Louis Maxime (Vicomte) (1864-1960).
Quelques publications retenues :
Ascétisme et mysticisme. Extrait de la « Revue Philosophique de la France et de l’Etranger », (Paris, 1904, 1, pp. 242-262. [en ligne sur notre site]
— Des mystiques en dehors de l’extase. Revue Philosophique de la France et de l’Etranger, (Paris, 1904, 2, pp. 602-625.
— Les états mystiques. Revue Philosophique de la France et de l’Etranger, (Paris), 1905.
Hystérie et mysticisme. Le cas de Sainte Thérèse. Extrait de la « Revue Philosophique de la France et de l’Etranger », (Paris), trente et unième année, LXI, janvier à juin 1906, pp. 301-308. [en ligne sur notre site]

Pour l’auteur l’extase religieuse est un état cognitif par lequel la connaissance se réalise par des moyens surnaturels et inexplicables rationnellement.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les  images ont été rajoutées par nos soins.

[p. 382]

L’ÉROTOMANIE DES MYSTIQUES CHRÉTIENS

On a porté sur les mystiques chrétiens bien des diagnostics différents. On les a classés tour à tour parmi les cataleptiques, les hystériques, les abouliques, les « simplifiés ». Pour M. J.-H. Leuba, qui, en deux remarquables articles parus ici même (1) étudiait naguère leurs tendances fondamentales, « ce n’est pas de l’hystérie que sort le mysticisme », et il opine que les mystiques ne sont « ni des douteurs, ni des scrupuleux, ni des impulsifs morbides ou des malades à idées fixes ». En revanche, il en fait des « érotomanes a et c’est de ce dernier diagnostic que je me propose de discuter la valeur. Mais d’abord, entendons-nous sur le mot d’érotomanie, qui prête à des interprétations variées.

L’érotomanie, d’après les aliénistes, n’a rien de commun avec la manie érotique. Celle-ci « est une simple variété de la manie aiguë variété dans laquelle l’appareil sexuel est l’objet d’une surexcitation plus marquée en même temps qu’on observe les autres signes caractéristiques de l’affection principale à laquelle elle se rattache. L’excitation sexuelle peut être poussée (dans la manie érotique) jusqu’à ce désordre effroyable qu’on a désigné sous le nom de nymphomanie chez les femmes, de satyriasischez les hommes ». L’érotomanie, continue l’auteur auquel j’emprunte cette description (2) « est à la nymphomanie et au satyriasis ce que les affections vives du cœur, chastes et honnêtes, sont au libertinage effréné ». C’est, suivant la définition d’Esquirol, « une affection chronique, caractérisée par un amour excessif, tantôt pour un objet connu, tantôt pour un objet imaginaire, et dans laquelle les idées sont fixes et dominantes. Dans l’érotomanie, les yeux sont vifs, animés, le regard passionné, les propos tendres, les actions expansives, mais les érotomanes ne sortent jamais des bornes de la décence. Ces malades sont poursuivis, sans trêve ni repos, par les mêmes idées, par les mêmes affections; ils négligent, ils abandonnent, puis ils fuient leurs parents, leurs amis; ils dédaignent la fortune, méprisent les convenances sociales; ils sont capables des actions les plus extraordinaires, les plus difficiles, les plus pénibles, les plus bizarres (3) »..

Marguerite-Marie Alacoque.

Telle est la description classique de l’érotomanie. A vrai dire, [p. 383] l’excitation sensuelle peut, dans cette affection, « être portée au point de lui donner de nombreux points de contact avec la manie érotique ». Et c’est bien de manie érotique que M. le Dr Rouby, dans une étude récente (4), taxe une Marguerite-Marie Alacoque, qu’il qualifie d’érotomane. M. Leuba, lui, prend le mot dans un sens tout spécial : « Érotomanie,dit-it, signifie ici la capacité de satisfaire les besoins sexuels sans l’intervention de l’acte normal ». Il y a, à l’en croire, chez les mystiques, un « débordement d’énergies sexuelles qui, ne trouvant pas leur issue ordinaire, s’égouttent en sourdine », et « produisent ces douleurs ineffables, ces pâmoisons languissantes, ces fureurs brûlantes qui pimentent la vie des saints ». Les mystiques d’ailleurs se rendent mal compte de ce qui se passe en eux et repousseraient comme sacrilège l’idée de la « participation » des « organes condamnés » à leurs délices spirituelles. Cette participation n’en est pas moins certaine. « L’organisme sexuel peut entrer en activité et donner lieu à une jouissance intense sans que le sujet se rende compte de son origine… Toute émotion tendre, toute jouissance tendent, en vertu des relations existant entre les diverses parties du système nerveux, à éveiller les centres sexuels… Elles sont nombreuses, les femmes chez lesquelles une douce activité des centres sexuels ajoute une pointe d’exaltation à la jouissance que leur procure à certains moments un beau paysage, de la musique, une émotion maternelle, etc. Si le voile qui maintient le secret venait à se lever, tant de saintes émotions et de pures joies se trouveraient entachées par la participation des organes sexuels »…

I

Le mot « érotomanie », on le voit, est pris, suivant les auteurs, dans des acceptions très diverses. Autant de points de vue auxquels il faut successivement se placer pour apprécier la qualification d’érotomanes donnée aux mystiques chrétiens.

Et d’abord, ces êtres ardents et purs ne sauraient être classés —on n’aura pas de peine à m’en croire —parmi les aliénés atteints de manie érotique.

Quelques-uns d’entre eux se flattent de n’avoir jamais ou presque jamais connu les vexations de la chair. Témoin sainte Thérèse qui, lorsque ses religieuses la consultaient à ce sujet, se récusait, parait-il, faute d’expérience (5). —«  Après avoir vécu quelque temps dans la religion, nous dit l’historien de la Mère Agnès de Jésus (6) (1602-1634), elle [p. 384] expérimenta une fois ce qui arrive aux personnes de son sexe, et qu’elle ignorait entièrement jusqu’alors. Aussitôt qu’elle s’en aperçut, elle se prosterna devant son divin Époux et lui dit : « Ah ! quelles ordures, mon Seigneur ! Ou délivrez-moi de cela, ou faites-moi mourir je ne veux point vivre à cette condition ». Cette prière fervente fut si parfaitement exaucée, que jamais depuis rien de semblable ne lui est arrivé ». —Quant à Marguerite-Marie Alacoque, elle déclare expressément, dans son autobiographie, n’avoir subi d’impressions sensuelles qu’en une seule occasion, un jour que sa supérieure l’avait envoyée tenir devant le Saint-Sacrement la place de Louis XIV : « Mon persécuteur (le démon) ne cessait de m’attaquer de toutes parts, à la réserve de l’impureté, dont mon divin Maître lui avait défendu de me tenter, quoique une fois il me fit souffrir des peines épouvantables, et voici comment. C’est que ma supérieure me dit : « Allez tenir la place de notre roi devant le Saint-Sacrement ». Et y étant, je me sentis si fortement attaquée d’abominables tentations d’impuretés qu’il me semblait être déjà dans l’enfer. Je soutins cette peine plusieurs heures de suite, et elle me dura jusqu’à ce que ma supérieure m’eût levé cette obéissance »…

Réelle ou supposée, partielle ou totale, cette immunité est, à vrai dire, peu commune. Et la plupart des mystiques accusent, au moins au début de leur vie spirituelle, de violentes « tentations d’impureté ». Ces tentations, bien connues des théologiens mystiques, sont rangées par eux au nombre des épreuves purificatrices qui préparent à la haute contemplation. —Ceux-là, dit saint Jean de la Croix (7), qui doivent arriver à l’union d’amour avec Dieu, passent ordinairement « par les plus pénibles tribulations et par des tentations qui se prolongent pendant un temps plus ou moins considérable. Dieu permet à l’ange de Satan, à l’esprit de fornication, de troubler leurs sens par de violentes et abominables révoltes, leur esprit par d’horribles pensées, et leur imagination par de très vives représentations, plus pénibles mille fois que la mort ».

Mais tandis que, perdant toute retenue et tout sentiment de décence, les malheureux atteints de folie érotique obéissent aveuglément aux impulsions irrésistibles qui les entraînent, chez les mystiques la volonté reste entière. Loin de céder aux désirs dont ils sont obsédés parfois, ou de se laisser aller, suivant le conseil d’un Molinos (8), à je ne sais quelle passivité éhontée, on les voit se rouler dans les ronces ou se jeter dans l’eau glacée, ou, pour éteindre en eux le feu de la [p. 385] concupiscence, employer —telle une Angèle de Foligno (9) —des moyens encore plus énergiques. En un mot, ils opposent aux révoltes de la chair une résistance héroïque et persévérante qui exclut absolument la folie (10).

II

Si les mystiques ne sont pas atteints de manie érotique, sont-ils du moins des érotomanes, au sens que donne au mot M. Leuba ? Vivant, pour la plupart, dans la continence absolue, ils prétendent, affirme-t-il en substance, annuler en eux la « guenille » : ils ont fait ce rêve généreux de s’affranchir des lois naturelles. Mais la nature ne perd jamais ses droits ; elle se venge de qui la brave. Leurs énergies sexuelles, violemment comprimées, trouvent, malgré tout, un exutoire, et « pimentent » leurs jouissances en apparence les plus éthérées. De fait et sans parler des « tentations d’impureté » dont il a été question plus haut les mystiques se plaignent en général d’être sujets, au moins dans les commencements, à de vives émotions sexuelles. Ces émotions correspondent chez eux aux joies de la dévotion sensible, à des « douceurs », à des « consolations » qu’ils s’interdisent de rechercher, qu’ils redoutent même et qu’ils fuient comme entachées d’imperfection et contraires à la « chasteté spirituelle ». Dieu, d’après saint Jean de la Croix (11), ne les donne aux âmes « qu’en vue de leur faiblesse et de leur répugnance pour la nourriture forte et substantielle des souffrances et de la croix de son Fils ». Mais laissons-le nous dire lui-même quel en peut être le fâcheux retentissement sur les sens :

Dans les exercices spirituels, dans la fréquentation des sacrements de Pénitence et d’eucharistie. ou lorsque l’esprit est profondément recueilli dans l’oraison, souvent il arrive que la partie sensible éprouve des mouvements désordonnés, indépendants de la volonté. Ces sensations tout à fait involontaires. procèdent d’une des trois causes suivantes.
La première se rencontre parfois chez quelques personnes, douées d’une complexion délicate et tendre, dont l’attrait naturel se porte vers les choses spirituelles. L’esprit et les sens aiment à jouir ; c’est pourquoi chaque partie de l’homme est excitée au plaisir selon sa nature et s’y délecte à sa manière. La partie supérieure est portée à goûter Dieu et à en jouir spirituellement ; mais de son côté la sensualité, qui est la partie inférieure, y trouve une jouissance et une délectation sensible, incapable qu’elle est d’en apprécier ou d’en éprouver d’autres. Il n’est pas rare que l’esprit soit recueilli en oraison avec [p. 386] Dieu, tandis que les sens. malgré la résistance et les angoisses de t’âme, ressentent passivement les rébellions et les émotions de la chair. Comme ces deux parties composent un même tout, d’ordinaire elles participent ensemble à ce que l’une des deux reçoit. Selon la maxime du Philosophe, tout ce que l’on reçoit, on le reçoit selon son mode d’être. Au début de la vie intérieure et même dans la voie du progrès, la sensualité n’étant pas encore bien réglée, prend part à sa manière aux douceurs spirituelles dont t’âme est comblée et y apporte comme elle l’imperfection qui lui est propre (12).

On ne saurait mieux expliquer comment et par quel mécanisme le corps s’associe aux jouissances spirituelles. Ces jouissances, qui se traduisent souvent chez les mystiques par des soupirs, des larmes, des cris, des palpitations de cœur, des ardeurs qui les embrasent au point que l’on doive recourir à des réfrigérants pour en tempérer la, vivacité (13), ont parfois sur leur organisme une répercussion encore plus intense et plus nettement localisée. Saint Bonaventure (14) parle sans ambages de ceux-là qui carnalis delectationis pruritu fœdanur. Et qui in spiritualibus affectionnibus carnalis fluxus liquore maculantur. Et c’est à des accidents du même genre que fait allusion sainte Thérèse lorsqu’elle écrit à son frère Laurent (15) :

Quant a ces tribulations que vous éprouvez à la suite de l’oraison, n’en faites aucun cas. Pour moi, je n’ai jamais rien senti de pareil, parce que Dieu par sa bonté m’a toujours délivrée de ces passions; mais je pense que cela doit venir du plaisir excessif dont l’âme est affectée, lequel se répand au dehors. Cela passera, avec la grâce de Dieu, pourvu que vous n’en fassiez point de cas…

Et, quelques semaines plus tard :

Quant à cette émotion des sens, je vous ai dit ce qu’il y avait à faire. Je trouve que cela est indifférent à l’oraison, et que le mieux est de n’y faire aucune attention Je me souviens d’avoir entendu dire à un grand théologien qu’un homme l’était venu trouver un jour extrêmement affligé de ce que, chaque jour qu’il communiait, il souffrait quelque chose de plus pénible encore que cette émotion dont vous vous plaignez. On lui avait ordonné pour cette raison de ne communier qu’une fois l’année, seulement pour satisfaire au commandement. Le théologien reconnut la cause de la faiblesse de cet homme, lui conseilla de n’en faire aucun cas et de communier tous les huit jours; et depuis ce temps, cet homme, débarrassé de ses craintes, fut aussi délivré du reste. Que cela ne vous inquiète donc en aucune manière.

Sainte Thérèse elle-même a beau se croire exempte de telles « passions », elle n’est peut-être pas sans les avoir inconsciemment éprouvées. « Nous ne sommes pas des anges, nous avons un corps (16) », a-t-elle dit quelque part ; et cette « agonie délicieuse », ce « suave martyre », cet étonnant mélange de plaisir et de douleur qu’elle décrit plus d’une [p. 387] fois (17), semblent bien, comme le veut M. Leuba, correspondre chez elle à quelque énervement physique. Dans l’oraison de quiétude, elle l’avoue formellement, le corps participe à un très haut degré —sientese  grandisimo deleyte en el cuerpo—aux « inexprimables délices » dont son âme est enivrée (18). Et il est encore question de sensations physiques dans l’épisode bien connu de la « transverbération » (19) :

J’apercevais près de moi, du côté gauche, un ange à figure corporelle. !t n’était point grand, mais petit et très beau. Je voyais dans les mains de cet ange un long dard qui était d’or, et dont la pointe en fer avait à l’extrémité un peu de feu. De temps en temps, il le plongeait au travers de mon cœur, et renfonçait jusqu’aux entrailles; en le retirant, il semblait me les emporter avec ce dard, et me laissait tout embrasée d’amour de Dieu. La douleur de cette blessure était si vive, qu’elle m’arrachait ces faibles soupirs dont je parlais naguère mais cet indicible martyre me faisait goûter en même temps les plus suaves délices ; aussi je ne pouvais ni en désirer la fin, ni trouver de bonheur hors de Dieu. Ce n’est pas une souffrance corporelle, mais toute spirituelle, quoique le corps ne laisse pas d’y participer, et même grandement. (Aunque no dexa de participar el cuerpo algo, y aun harto.)

La distinction que fait ici la sainte, avec sa précision ordinaire, entre la blessure des entrailleset celle du cœur, distinction sur laquelle elle insiste (20), ne laisse pas d’être significative.

Marguerite-Marie Alacoque, dans son autobiographie, accuse des sensations analogues :

Étant donc revêtue de notre saint habit, mon divin Maitre me dit voir que c’était là le temps de nos fiançailles. Ensuite il me fit comprendre qu’àla façon des amants les plus passionnés, il me ferait goûté pendant ce temps ce qu’il y avait de plus doux dans la suavité des caresses de son amour. En effet, elles furent si excessives,qu’elles me mettaient souvent toute hors de moi-même et me rendaient incapable de pouvoir agir ».

Et ailleurs

Il me fut dit : « Laisse-moi faire chaque chose en son temps, car je veux que tu sois maintenant le jouet de mon amour, qui se veut jouer de toi selon son bon plaisir, comme les enfants font de leurs poupées. Il faut que tu sois ainsi abandonnée, sans vues ni résistances, me laissant contenter à tes dépens, mais tu n’y perdras rien » (21)… [p. 388]

Sans aller, comme M. le D » Rouby, jusqu’à, parler à ce propos, ce qui serait fort excessif, d’hallucinations. du sens génital (22), il est permis de penser que le corps ne restait pas plus étranger chez une Marguerite-Marie que chez une sainte Thérèse, par exemple, aux jouissances de l’âme.

III

Le langage des mystiques, dont je viens de donner quelques échantillons, est pour confirmer, au moins en apparence, le diagnostic de M. Leuba. Ce langage est celui de l’amour, et de l’amour le plus passionné.

Un amour qui a Dieu pour objet; Dieu, lequel est lui-même amour, et que la Bible appelle un feu dévorant (23), Dieu, ce « calme, rougeoyant et immuable incendie (24) où ils aspirent à se consumer, atomes incandescents engloutis dans l’infinie « fournaise » (25).

Mais ce ne sont pas des esprits abstraits que les mystiques. Il leur faut un Dieu plus accessible, plus « sensible au cœur » que l’Être en soi, le Dieu transcendant des philosophes aussi est-ce au Verbe revêtu de notre humanité, à Jésus-Christ, que vont plus spécialement leurs hommages.

Jésus, dans leur vocabulaire, est le fiancé, l’époux céleste, vers qui leurs « bras intérieurs sont continuellement tendus (26) il est le saint [p. 389] et agréable amant « qui, par ses doux larcins, leur vole et enlève leur cœur et avec lequel ils échangent des paroles si vives et pressantes qu’il est impossible de les répéter (26) ». —Il est plus que l’Amant, il est l’Amour. « Je vous envoie mon cœur, pour le donner à notre tout Amour, écrira la mère Agnès de Langeac à M. Olier (27). Dites hardiment à notre tout Aimant que je l’aime, ou que je meure. Quel moyen de vivre sans aimer ? »—« Allons ensemble dans la solitude, mon cher Amour, s’écrira une autre mystique afin que je vous embrasse et que je vous baise à souhait. » — II est l’aigle, le vautour, béant qui a faim des âmes : « Manger et être mangé ! Unité ! Unité ! J’ose affirmer que, si vous ouvrez seulement un peu la bouche, Jésus-Christ va vous dévorer, et vous fondrez, vous fondrez, et vous coulerez dans l’Unité (28) ». —Il est encore —car les mystiques, au vocabulaire des amants, adjoignent celui des mères et des nourrices —il est encore le divin nourricier. Saint François de Sales (29) qui nous montre le Sauveur pendant aux mamelles a de sa mère et « pressant doucement le sacré chicheron de son tétin virginal », nous le montre après cela qui donne «  le très aimable sein de son divin amour à l’âme dévote, la tire toute à soi, la ramasse… puis, bruslant d’amour… la joint, la presse et cole sur ses lèvres de suavité et sur ses délicieuses mamelles ».

Ravisseur céleste ou divin nourricier, Jésus blesse les âmes et les jette en des langueurs ineffables. Lucrèce a dit quelque part la torture des amants qui ne peuvent, quoi qu’ils veuillent, arriver à se confondre avec l’objet aimé :

Affigunt avide corpus, junguntque salivas
Oris et aspirant pressantes dentibus ora :
Necquicquam.

Cette torture, les mystiques l’ont subie et exprimée dans toute sa force. « Je me meurs de ne pas mourir —queMuero porque no muetero », y soupirait sainte Thérèse (30) ; la mère Françoise Fournier (1592-1675) déclare que Dieu a allumé dans son âme de si violents désirs (31) de lui être unie que ce qu’elle souffre surpasse incomparablement « les tourments des roues, les gibets et toutes les douleurs que tous les hommes [p. 390]

ont jamais souffertesé » (32). —« Qui pourrait descrire, dit saint François de Sales (33) les langueurs amoureuses des saintes Catherines de Sienne ou de Gennes, ou de sainte Angèle de Foligny,ou de sainte Christine, ou de saint Bernard, ou de-saint François ? Et quant à ce dernier, sa vie ne fut autre chose que larmes, soupirs, plaintes, langueurs, définements, pasmoisons amoureuses (34). »

A force de poursuivre l’identification avec l’objet aimé, les mystiques parfois y arrivent, et c’est alors l’« écoulement », la « liquéfaction » de l’âme en Dieu, comme le dit encore saint François de Sales « comme un baume fondu, qui n’a plus de fermeté ni de solidité, elle se laisse aller et escouler en ce qu’elle aime elle ne se jette pas par manière d’eslancement, ni elle ne se serre pas p.ar manière d’union mais elle se va doucement coulant, comme une chose fluide et liquide, dedans la Divinité qu’elle ayme » (35). Parfois, pour exprimer cette union intime, leurs comparaisons prennent une tournure nettement conjugale. Mme Guyon, dans sa vie, écrite par elle-même (36), raconte qu’en un songe mystérieux l’Époux la mena dans une chambre à deux lits. Elle demande pour qui ces deux lits. Il lui est répondu : « Il y en a un pour ma Mère, et l’autre pour vous, mon Épouse ». « O Seigneur, si j’osais, s’écrie Bossuet à ce propos (36),je vous demanderais un séraphin avec le plus brûlant de ses charbons, pour purifier mes lèvres souillées par ce récit ». Il se fût montré moins prompt à se scandaliser, s’il se fût rappelé telles strophes du Cantique spirituel, où saint Jean de la Croix parle exactement comme Mme Guyon (37). Lui-même, d’ailleurs, lui si sévère pour les témérités de langage, pousse, à l’occasion, aussi loin que possible, la hardiesse des métaphores à Dieu veut, ma fille, écrira-t-il à Mme Cornuau, que vous vous donniez en proie à son amour, et que cet amour vous dévore. Je vous permets les plus violents transports de l’amour, vous dussent-ils mener à la mort, et toutes les fureurs de la jalousie, vous dussent-elles être une espèce d’enfer »… Et encore, parlant de la communion « Dérobez, absorbez, engloutissez, que puis-je vous dire autre chose ? Saoulez-vous de ce pain divin pour assouvir votre faim pressante »… [p. 391]

Je pourrais multiplier ces citations. Mais j’en ai assez dit, je pense, pour qu’on soit édifié sur le caractère nettement érotique du langage employé par les mystiques chrétiens. On aurait tort, du reste, de conclure, en ce qui les concerne, de l’érotisme verbal à l’érotomanie et ce, pour deux raisons principales.

D’abord, ils ne pouvaients’exprimer autrement qu’ils ne l’ont fait. Divin ou humain, l’amour n’a qu’une langue, et même il n’a qu’un mot si éthérées qu’en soient les aspirations, elles ne sauraient se formuler que dans les termes qui s’appliquent aux affections charnelles. Remarquons en outre que les mystiques devaient se faire d’autant moins scrupule d’employer le langage de l’amour, qu’ils trouvaient ce langage employé d’avance et proposé, pour ainsi dire, à leur imitation, dans un livre sacré pour eux, dans un livre de la Bible, le Cantique desCantiques. — Je n’ai pas à examiner ici la question de savoir si, ni dans quelle mesure, l’on doit faire état du sens allégorique attribué à un poème qui apparaît en lui-même, non comme érotico-mystique, mais comme purement et simplement érotique. Je me borne à constater que l’exégèse allégorique du Cantiquecommença aux environs du siècle, et que dès le IIIe, Origène l’expliqua en entier allégoriquement, comme étant l’épithalame de l’Église avec son céleste Époux, le Verbe incarné. Cette interprétation traditionnelle était pour mettre, et mit en effet les mystiques très à l’aise leurs effusions amoureuses ne sont, la plupart du temps, que la paraphrase du texte sacre.

Ce texte, beaucoup d’entre eux notamment saint Bernard et sainte Thérèse l’ont directement commenté ; et ils s’évertuent à en faire ressortir la signification mystérieuse… Osculetur me osculo oris sui ; qui meliora sunt ubera tua vino ; « qu’il me baise d’un baiser de sa bouche ; tes mamelles sont meilleures que le vin » tel est le premier verset du Cantique, un de ceux que sainte Thérèse a étudiés de plus près. « Il doit y avoir, déclare-t-elle, de grandes choses, de profonds mystères dans ces paroles » ; elle avoue tout d’abord qu’elle ne les comprend pas ; mais « c’est pour elle un grand bonheur de ne pas comprendre », car « c’est bien moins par les choses que notre faible entendement croit pouvoir entendre ici-bas, que par celles qui sont absolument au-dessus de lui, que notre âme s’élève vers Dieu (38). — Et elle en arrive, en spiritualisant le sens littéral du texte, à des commentaires du genre de celui-ci, qui choque le bon sens et le goût : « Lorsque ce très riche Époux veut communiquer aux âmes de plus grands trésors, et leur faire sentir plus intimement son amour, il se les unit d’une manière si étroite, qu’elles sont comme une personne que l’excès du bonheur et de la joie fait défaillir ; il leur semble alors qu’elles sont suspendues en ces bras divins, collées à ce divin côté, à ces mamelles divines elles ne savent que jouir, sustentées [p. 392] qu’elles sont par ce lait divin dont leur Époux les nourrit » (39), etc. Ce n’est pas que sainte Thérèse ne se rende compte que le langage du poème sacré, fût-il interprété allégoriquement, est pour étonner et pourrait prêter au scandale. « Il vous semblera peut-être, dit-elle, s’adressant à ses religieuses, que ces paroles du Cantique auraient pu être dites d’un autre style » (40). Ailleurs, elle reconnaît que la comparaison avec un mariage de l’union entre Dieu et les âmes a quelque chose de »grossier » (41) et saint Jean de la Croix déclare, lui aussi, ce genre de comparaisons « étrange ». Mais l’un et l’autre affirment —et tous les mystiques souscriraient à cette affirmation — qu’ils n’en trouvent pas d’autres dans le langage humain pour exprimer ce qu’ils sentent.

Qui pourra jamais écrire ce que l’esprit divin fait entendre aux âmes éprises d’amour dans lesquelles il repose » Quel langage pourra jamais exprimer les sentiments qu’il leur donne, les désirs qu’il leur suggèr ? Certes, nul ne le peut; pas même les âmes en qui se produisent ces effets de la grâce. Voilà pourquoi elles essaient d’indiquer par des figures, des comparaisons, des similitudes quelque chose de ce qu’elles ressentent. Quand on lit ces comparaisons sans avoir la simplicité de l’esprit d’amour et l’intelligence de la doctrine qu’elles renferment, on s’expose à les prendre pour des extravagances, au lieu d’y voir l’expression de la plus haute raison. C’est ce qui se voit dans les divins Cantiques de Salomon et en d’autres livres de l’Écriture, où le Saint-Esprit, ne trouvant dans le langage humain rien qui lui réponde à l’abondance de sa pensée, nous parle des plus profonds mystères par des figures et des comparaisons qui semblent étranges (42)…

IV

L’on aurait tort, je le répète, d’attribuer à l’érotisme verbal des mystiques chrétiens —particulièrement à celui des mystiques catholiques orthodoxes — une trop grande importance symptomatique. Ils n’en doivent pas moins être considérés comme des érotomanes, au sens que donne au mot M. Leuba. J’accepte en effet sa thèse, mais sous la réserve des observations suivantes, qui en restreignent singulièrement la portée.

Et d’abord, sa définition de l’érotomanie est trop large et trop peu précise pour rester caractéristique. S’il était vrai qu’en vertu des relations existant entre les différentes parties du système nerveux, toute émotion tendre éveillât les centres sexuels ; s’il était vrai que l’organisme sexuel eût sa part dans les plus chastes épanchements de l’amour maternel ou de l’amour filial, et jusque dans les joies que nous donnent la nature et l’art, la qualification d’érotomanes ne devrait pas être réservée aux mystiques elle s’appliquerait à tous les hommes, [p. 393] par cela seul qu’ils ont un corps. J’ajoute que, pour rester humaines et ne pas échapper à la loi commune, qui mêle, à ce que prétend M. Leuba, l’organisme sexuel à toutes nos jouissances, les jouissances mystiques ne m’en apparaîtraient ni moins hautes ni moins pures. Ces jouissances, d’ailleurs M. Leuba semble l’oublier ne sont, dans la vie des mystiques, toute d’abnégation, de sacrifice, qu’un épisode transitoire et préliminaire. Elles font bientôt place à des « aridités », a des « sécheresses », à des souffrances physiques et morales « intolérables » (43), indéfiniment prolongées et tout à fait incompatibles, au moins dans la plupart des cas, avec les émotions sensuelles. En outre, la continence absolue où ils vivent, les mortifications de toute sorte auxquelles ils se livrent, produisent à la longue leur effet. Peu à peu, leurs inquiétudes génitales s’apaisent ; leur organisme sexuel, privé de tout exercice, finit par s’atrophier; et ils en viennent à l’état de ce sage de l’Inde védique, dont le nom signifiait, d’après Burnouf : ού τόσπέρμα είς την ϰεφάλην άνέξη…

J’inclinerais même à penser que, chez quelques-uns d’entre eux, fort rares il est vrai, l’organisme sexuel n’a jamais fonctionné. On remarque, parmi les individus anormaux, un groupe spécial, celui des cérébraux antérieurs ou psychiques, —ainsi l’a baptisé Magnan . Chez les cérébraux antérieurs, dit-il, la moelle n’agit point, l’instinct de la génération est aboli. Le cérébral antérieur « reste cantonné en pleine région frontale, dans le domaine de l’idéation. II n’a pour son idole que de chastes et respectueux hommages… C’est l’amour sans désirs vénériens, en dehors de toute préoccupation charnelle »… Il en est, parmi les mystiques, ou, plus généralement, parmi les saints — un Louis de Gonzague, par exemple, peut-être même une sainte Thérèse, dont le cas reste douteux — qui répondent à cette description. Ceux-là, du reste, sont encore des érotomanes, des érotomanes dans le sens le plus étroit, le plus précis du mot et même ils réalisent le type absolu de l’ « érotomane extatique », défini par Esquirol.

B. DE MONTMORAND.

Notes

(1) Livraisons de juillet et de novembre 1902.

(2) Dagonet, Traité des maladies mentales.

(3) Ibid. p. 390.

(4) Revue de l’Hypnotisme, novembre 1902.

(5) Boll, n° 1265.—Cf. Deuxième lettre au P. Rodrigue Alvarez(Lettes, éd. Bouix. l, p. 365) : « Jamais, à l’occasion de ce qui a rapport à son esprit, dit la sainte en parlant d’elle-même, il n’y a rien en elle qui ne fut totalement pur et chaste… Elle demeure dans un oubli absolu de son corps ; elle n’y pense seulement pas, elle est tout entière occupée de Dieu ».

(6) Vie par .M. de Lantages, édition revue par l’abbé Lucot, II, p. 76.

(7) La Nuit obscure, liv. I, ch. XIV: cf. saint Thomas, Expos. in II Epist. ad Cor., c. XII, 1. 3.

(8) Prop 47. « Cum hujusmodi violentiae occurrunt, sinere oportet ut Satanas operetur, nullam adhibendo industriam nullumque proprium conatum, sec) permanere debet homo in suo nihilo; et etiamsi sequantur pollutiones et actus obsceni propriis manibus, et etiam pejora, non opus est seipsum inquietare”. Ibid. Prop 41, 42.

(9) Fr. Arnaldus, Vita B. Angelæ. « In locis verecundis est tantus ignis quod consuevi apponere ignem materialem ad extinguendum alium ignem concupiscentiæ ».

(10) Il va de soi que je ne comprends pas parmi les mystiques « telle religieuse hallucinée, nymphomane et dipsomane dont Magnan, dans ses Leçons cliniques(T. I,, p. 129), a raconté la déplorable histoire, pas plus que je n’admets qu’il y ait rien de commun entre le mysticisme et cette forme du détire de la persécution ou du délire ambitieux, qu’on appelle le « détire mystique ».

(11) Montée du Carmel, t. II ch. XXI.

(12) La Nuit obscure, 1. I, ch. IV.

(13) Ribet, La Mystique divine, t. p. 258. — II, p. 464.

(14) Cf. Meynard, Théologie mystique, p. 181.

(15) Lettres, Ed. Bouix, II, p. 178, 192.

(16) Vie., ch. XXII.

(17) Vie, ch. XV, XX, XXIX ; Château intérieur, 6° dem., ch. II.

(18) Chemin de la Perfection, ch. XXXII.

(19) Vie, ch. XXIX.

(20) Cf. même chapitre, quelques lignes plus haut : « L’âme ne doit point à ses efforts cette blessure qu’elle ressent de l’absence de son Dieu ; elle lui est faite par une flèche que de temps en temps on lui enfonce au plus vif des entrailleset qui lui traverse le cœur » —A la vérité, dans sa première lettre au P. Rodrigue Alvarez (Lettre, I, p. 349), lettre dans laquelle elle emploie une fois de plus la comparaison de la flèche, la sainte déclare, non sans se contredire, que cette blessure délicieuse n’est pas « dans les sens ».

(21) Vie et Œuvres de la Bse Marguerite-Marie Alacoque, publication du monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, t. II.

(22) Les textes cités par le Dr Rouby, avec l’évident parti pris de les interpréter dans le sens de sa thèse, sont, pour la plupart, inexacts, ou démentis par le contexte. « Les hallucinations du sens génital, dira-t-il par exemple, se produisaient surtoutlorsque Marie Alacoque était dans une position possible pour accomplir l’acte vénérienet ne se produisaient pas lorsque la position était gênante : « La face contre terre ou à genoux, dit-elle, c’est la position que je prenais toujours autant que mes occupations et ma faiblesse me le permettaient ; ce gand Dieu ne me laissait point de repos dans une posture moins respectueuse ; de sorte que je n’osais m’asseoir lorsque j’étais seule »…
Or, le sens du texte réel est exclusif, on va le voir, de toute hallucination génitale : « Cela (cette sensation de la présence de Dieu) imprima en moi un si profond anéantissement, que je me sentis d’abord comme tombée et anéantie dans l’abime de mon néant, d’où je n’ai pu sortir depuis, par respect et hommage à cette grandeur infinie, devant laquelle j’aurais toujours voulu être la face prosternée contre terre ou à genoux ; ce que j’ai fait depuis; autant que les ouvrages et ma faiblesse l’ont pu permettre. Car il ne me laissait point de repos dans une posture moins respectueuse, et je n’osais m’asseoir que lorsque j’étais en présence de quelqu’un.

Elle s’explique encore plus clairement quelques pages plus loin : « Il (son bon ange) ne pouvait souffrir la moindre immodestie ou manquement de respect en la présence de mon souverain Maître, devant lequel je le voyais prosterné contre terre, et il voulait que je fisse de même » … etc. Cf. Lettre au P. Robin. Œuvrest. II, p. 273.

(23) Deut., IV, 24.

(24) Ruysbroeck.

(25) Marguerite-Marie.

(26) Vie de la Mère Marie de l’Incarnation, d’après Dom Claude Martin, son fils, par l’abbé Chapot, I, p. 91-93. —Cf. Marguerite-Marie, Œuvres, I, p. 62.

(27) Ib. —Cette contemporaine des précieuses est bien de son temps, et le texte que je viens de citer rappelle étrangement — je m’excuse de ce rapprochement irrespectueux l’impromptu de Mascarille :

Oh ! oh ! je n’y prenais pas garde;
Tandis que sans songer à mal, je vous regarde,
Votre œil en tapinois me dérobe mon cœur
Au voleur ! Au voleur ! Au voleur ! Au voleur !

(28) Vie, par M. de Lantages, édition revue par l’abbé Lucot, t. II, p. 137, 301-303.

(29) La Mère Marie de l’Incarnation.

(30) Huysbroeck. traduction Hello.

(31) Traité de l’Amour de Dieu, T. III, ch. VIII ; I. VII, ch. I; cf. I;. VI, ch. IX. Tous les mystiques ont des comparaisons analogues.

(32) La vie de la Mère Françoise Fournier, Paris, 1685.

(33) Traité de l’Amour de Dieu, I. VI, ch. XV.

(34) La Mère Marie de l’Incarnation a de « véritables pâmoisons sur l’objet aimé », pâmoisons suivies d’un grand affaiblissement du corps (Vie, I, p. 91).

(34) Traité de l’Amour de Dieu, I. VI, ch. XII.

(35) 2° partie, ch. XVI.

(36) Relation sur le quiétisme, IIe section.

(37) Str. XII. —« Dieu appelle ici l’âme sa couronne, son épouse, l’allégresse de son cœur : il la porte dans ses bras et se conduit avec elle comme le fait un véritable Époux dans la chambre nuptiale ». —Str. XXIV : « Après avoir parlé de l’entrevue dans laquelle l’Épouse et le Bien-Aimé se donnent délicieusement l’un à l’autre, il nous reste à dire quel est le lit où reposent les deux Époux, et où t’âme jouit désormais d’une manière plus durable des charmes de celui qu’elle aime ».

(38) Fragments du livre le Cantique des Cantiques, ch. I, IV.

(39) Ce texte —on le remarquera — en rappelle un, cité plus haut, de saint François de Sales, lequel s’est évidemment inspiré de sainte Thérèse.

(40) Fragment, ch. I.

(41) Château, 5e dem., ch. IV.

(42) Cantique spirituel, Prologue.

(43) Sainte Thérèse. Chemin de la Perfection. ch. XIX.

(44) Leçons cliniques sur les maladies mentales, t. I, p. 327. —p. 52.

 

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