A propos de rêves prémonitoires et de paramnésie. [Partie 1]. Par C. Vesme. 1901.

Giorgio De Chirico - (1888-1978) La fabrique des rêves.

Giorgio De Chirico – (1888-1978) La fabrique des rêves.

César de Vesme. A propos de rêves prémonitoires et de paramnésie. [Partie 1]. Article parut dans la « Revue des Etudes psychiques », (Paris), 2e série, 1er année, n° VIII-IX-X, Août-Sept.-Oct. 1901, pp. 225-242.

César  BAUDI DE VESME (1862-1938). D’origine italienne il vécut la plus grande partie de sa vie en France, où il mourut. Défendant une philosophie spiritualiste, bilingue bien sûr, il publia de très nombreux articles et un ouvrage reprenant l’ensemble de ceux-ci. Il se spécialisa dans les études du paranormal et du spiritisme. Son principal ouvrage : Histoire du Spiritualisme expérimental. Paris, Jean Meyer, 1928.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, mais avons corrigé quelques fautes de typographie.
– Par commodité nous avons renvoyé les très nombreuses notes de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. . – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

[p. 225]

A propos de rêves prémonitoires

et de paramnésie.

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 I  – L’ORIGINE DES PRÉMONITIONS

Il est fort question de rêves et de paramnésie en ce moment. Nous ayons eu la conférence — pas excessivement originale, en vérité — de M. le Dr Bergson, à l’Institut Psychologique International ; puis l’intéressant article du colonel de Rochas dans les Annales des Sciences Psychiques (N°3 ) ; un article sur « La valeur prophétique du Rêve », par MM. les docteurs Vaschide et Pieron dans la Revue des Revues du 16 juin (1) ; une communication du Professeur Letourneau sur les « Rêves ancestraux » à la Société d’anthropologie de Paris ; enfin d’autres publications que, pour la plupart, nous aurons l’occasion de nommer plus loin.

Les théories exposées par M. Bergson dans sa conférence et par MM. Vaschide et Pieron dans leur article, ne diffèrent guère pour ce qui a trait à la valeur prophétique du rêve. Ils attribuent tous les cas qu’ils exposent (après les avoir diligemment triés à cet effet), à la subconscience du rêveur [p. 226] qui ressent une sensation physique que la conscience normale n’a pas encore perçue, ou qui est hantée par le souvenir d’un fait que la conscience normal n’avait pas perçu, ou qu’elle a ensuite oublié.

C’est l’explication que l’on peut et l’on doit donner, sans aucun doute, à la plupart des rêves prémonitoires.

Et, à ce sujet, nous remarquerons que MM. Vaschide et Pieron commencent par déplorer « les superstitions populaires et, en particulier, la croyance qui attribue au rêve une valeur prophétique ». Or, il est évident que, quand même l’explication des rêves prémonitoires serait exclusivement celle, tout à fait physiologique, que ces auteurs nous ont donnée, les rêves prémonitoires ne seraient pas moins une réalité, et que la superstition, comme dans la plupart des cas, ne serait point du côté du peuple, mais de celui des savants modernes qui nièrent la valeur prophétique des rêves, jusqu’à ce que les progrès des études sur la subconscience leur permirent d’y trouver une explication. Une explication qui, malheureusement, n’est pas la Clef de tous les songes, mais celle d’une partie d’entre eux.

Donc, que les rêves prémonitoires ne puissent s’expliquer que par des sensations et des souvenirs subconscients, ou qu’ils s’expliquent aussi par la télépathie, par la télesthésie et par d’autres phénomènes plus étonnants encore, les rêves prémonitoires existent. C’est là un point qu’il importe de bien établir.

Garnier frères, s.d.. Nombreuses illustrations d'Henri Laurens.

Garnier frères, s.d.. Nombreuses illustrations d’Henri Laurens.

Mais ce qui est surprenant dans le petit ouvrage de MM. Vaschide et Pieron, qui ont pourtant la prétention de passer en revue les principaux jugements de la psychologie contemporaine sur les rêves prophétiques, c’est de voir négliger les faits racontés par les auteurs dont MM. Vaschide et Pieron s’occupent et qui sortent du cadre des explications auxquelles ces messieurs rapportent tous les phénomènes. Par exemple, lorsqu’ils parviennent à parler du livre du Dr Macario, ils s’en tirent en disant :

« Macario, lui, expose un certain nombre de faits classiques ; [p. 227] il donne aussi des exemples des prophéties ou prédictions de toute sorte, selon lui réalisées, et en conclut à une connaissance de l’avenir, avec l’attitude à demi scientifique qui caractérisa plus tard les spirites. »

Or, c’est fort bien de critiquer les spirites, dont l’attitude n’est, la plupart du temps, que médiocrement scientifique. Mais il n’est pas scientifique non plus de supprimer tous les faits qui nous dérangent et qu’on ne trouve pas assez « classiques ». Bien mieux, il est étonnant de voir que MM. Vaschide et Pieron ont tout simplement négligé de consulter les travaux de la Society for Psychical Research, qui a justement la spécialité des phénomènes dont s’occupent les deux auteurs en question, et qui a toujours été régie par des savants d’une renommée parfaitement établie dans la psychologie classique et officielle : les professeurs Henry Sidgwick, William James, etc., etc.

En suivant cette méthode, admirablement simple et commode, de n’accepter comme des faits authentiques que ceux-là qui s’adaptent à l’explication que nous préférons, nous nous faisons forts de prouver que l’hypothèse physiologique de MM. Vaschide et Pieron, (dont pourtant nous reconnaissons nous-mêmes la justesse, dans la plupart des cas) est absolument fausse. Qu’est-ce qu’on ne prouverait donc pas au moyen de ces systèmes ?

Mais prenons un exemple qui ne soit pas de la catégorie de ceux rapportés par MM. Vaschide et Pieron, et tout leur échafaudage s’écroulera. J’en choisis, dans le nombre, un qui a au moins le mérite d’être court. Il est reproduit dans L’Inconnu de M. Flammarion (page 518).

J’étais en pension à Niort ; j’avais quinze ou seize ans, et une nuit j’eus un singulier songe. Il me sembla d’être à Saint-Maixent (ville que je ne connaissais que de nom) avec mon maître de pension, sur une petite place, auprès d’un puits, en face duquel était une pharmacie, et de voir venir à nous une dame de la localité, que je reconnus pour l’avoir vue une seule fois à Niort, dans la maison où j’étais. Cette dame, en nous abordant, nous parla [p. 228] d’affaires que je trouvai si extraordinaires que, dès le matin, j’en fis part au patron (on appelait ainsi le chef de l’institution). Celui-ci, très étonné, me fit répéter cette conversation. Quelques jours après, ayant eu affaire à Saint-Maixent, il m’emmena avec lui. A peine arrivés, nous nous trouvâmes sur la place que j’avais vue en songe, et nous vîmes venir à nous la dame en question, qui eut avec mon patron la conversation telle que je l’avais racontée, absolument mot à mot.

GROUSSARD,
Curé de Sainte-Radegondc (Charente-Inférieure).

Voilà, par exemple, un rêve où les sensations et les souvenirs subconscients n’ont évidemment rien à faire.

Je m’attends à une objection. On dira que ce rêve et d’autres du même caractère supernormal ne paraissent si inexplicables que parce qu’on a oublié de relater quelques, détails qui pourraient bien expliquer l’énigme.

Mais en réalité, l’on ne voit pas trop quel détail peut expliquer un fait semblable — une prévision si exacte du lieu et de l’événement.

Par contre, bien des rêves prémonitoires qui ont une origine supernormale ne nous paraissent dus à une sensation ou à un souvenir subconscient ; que parce qu’il est très rare qu’avec un peu d’ingéniosité l’on ne parvienne pas à imaginer quelque rapport entre le rêve en question et quelque souvenir ou sensation de là subconscience — même si ce rapport n’existait pas en réalité. C’est à tel point, qu’un jour où je discutais justement à ce sujet avec l’un de mes amis, qui soutenait l’avis contraire, je l’engageai à inventer l’argument d’un rêve prémonitoire qui ne pût pas recevoir l’explication de la subconscience. Il dût en imaginer trois ou quatre avant de parvenir à en trouver un auquel on ne pût absolument pas appliquer cette explication. N’est-il donc pas raisonnable de supposer que bien des rêves que nous expliquons par la subconscience du rêveur peuvent avoir, en réalité, une toute autre origine ?

Je n’attache pas à cette observation une importance exagérée. Je sais bien que, quoi qu’il en soit, nous ne devons [p. 229] point aller en pourchassant des hypothèses supernormales pour des phénomènes qui peuvent recevoir une explication normale.

Seulement, il faut que cette explication soit normale, soit pas seulement de nom, mais de fait. Et elle n’est pas normale de fait lorsqu’elle est vraiment tirée avec les dents, coûte que coûte, pourvu de ne pas laisser de la place à une explication d’un caractère différent.

Or, je crois que plusieurs des exemples cités par MM. Vaschide et Pieron bénéficient justement, de ces explications « quand même » Un seul exemple, Elie Reclus (2) nous parle d’un paysan de l’Engadine qui habitait avec sa femme et leur garçonnet une maisonnette chétive. Certaine nuit, l’enfant se réveilla : « Maman ! maman ! un homme blanc m’a crié : — alerte ! décampez, ou la maison vous tombera dessus ! — Dors, mon enfant, dors, et nous ferons venir maçons et charpentiers, dors ! — L’enfant se recouche, mais bientôt il crie de nouveau. La mère le rassure encore ; il se remet à hurler : « Mère, saute et cours ! L’homme blanc fait toujours signe à la fenêtre ! » Et lui-même de filer. Après lui la mère, puis le père s’élancèrent au dehors. Il n’était que temps : la masure s’effondrait.

Eh bien, on acceptera plus ou moins exclusivement l’hypothèse toute naturelle, que l’enfant, en dormant, ait entendu les craquements avant-coureurs de l’effondrement, selon que nos opinions nous porteront à croire qu’il peut, ou qu’il ne peut pas y avoir une autre explication. Mais ladite hypothèse, fondée sur la répercussion de sensations physiques, ne pourra pas être mise de cote par personne.

Passons maintenant au vieux et fameux songe de la princesse de Conti. Nous le relatons avec les mêmes mots que MM. Vaschide et Pieron :

Une nuit la princesse de Conti vit en songe Un appartement de [p. 230] son palais prêt à s’écrouler et ses enfants qui y couchaient sur le point d’être ensevelis sous les ruines. L’image affreuse qui s’était présentée à son imagination remua son cœur et tout son sang ; elle frémit, et dans sa frayeur elle fut réveillée en sursaut et appela quelques femmes qui dormaient dans sa garde-robe.

Elles vinrent recevoir les ordres de leur maîtresse, elle leur dit sa vision, et qu’elle voulait absolument qu’on lui apportât ses enfants. Ses femmes lui résistèrent en citant l’ancien proverbe que tout songe est mensonge. La princesse commanda qu’on allât les quérir. La gouvernante et les nourrices firent semblant d’obéir, puis revinrent sur leurs pas dire que les jeunes princes dormaient tranquillement et que ce serait un meurtre de troubler leur repos.

La princesse, voyant leur obstination et peut-être leur tromperie, demanda fièrement sa robe de chambre. Il n’y eut plus moyen de reculer. On alla chercher les jeunes princes qui furent à peine dans la chambre de leur mère que leur appartement s’écroula.

On remarquera tout de suite qu’il ne s’agit pas ici de l’appartement de la personne qui rêve, c’est-à-dire de la princesse de Conti, mais de l’appartement des enfants, appartement qui devait être assez éloigné de celui de la mère, sans quoi celle-ci n’aurait pas mis tarit de façons à passer d’une chambre dans l’autre pour prendre ses fils. Donc, plus de bruits avant-coureurs de l’effondrement. Et il faudra se résigner à faire rire son public en supposant que la princesse de Conti avait remarqué que l’appartement des enfants menaçait de s’écrouler ; mais que cette constatation, qui décelait en elle de si remarquables talents d’architecte, était restée cachée dans sa subconscience, pour ne se réveiller tout à coup — voyez donc quel drôle de hasard ! — que juste au moment où la catastrophe allait se produire. Voilà dans quel excès de crédulité il nous faut tomber, quand nous voulons être par trop incrédules.

MM. Vaschide et Pieron nous disent que l’on peut rapprocher le rêve de la princesse de Conti de celui du paysan de l’Engaine. Oui, les deux rêves se ressemblent, en effet, mais comme une bouteille de Champagne vide ressemble à une [p. 231] pleine : c’est à peu près la même chose… mais c’est tout à fait différent.

Wilhelm List ~ “On Angels’ Wings”.

Wilhelm List ~ “On Angels’ Wings”.

Et l’on croira d’autant plus facilement que le songe de la princesse de Conti est dû à des causes supernormales, si on le compare à bien d’autres rêves, ainsi qu’à celui du bon curé de Sainte-Radegonde, que nous avons reproduit plus haut, où à d’autres événements tout aussi merveilleux, comme celui que nous allons traduire d’une vieille publication spirite italienne : Annali dello Spiritismo (décembre 1867), dirigée alors par le Dr V. Scarpa, un homme intelligent, sérieux et fort instruit, qui vit encore et que je connais personnellement. Voilà le récit :

…Dans les premiers jours de l’année 1863, M. Vincent Sassaroli alla vivre à Sartéano, commune de 6.000 habitants. Comme il existait en ce pays une bonne musique composée de 34 individus, M. Joseph Frontini, qui la présidait, l’invita à se charger de sa direction, jusqu’à ce qu’un changement se produisit dans les affaires politiques qui l’avaient contraint à s’expatrier, et qu’il pût alors rentrer chez lui (3).
Sassaroli accepta l’offre qui lui était faite, et il fut aussitôt présenté à ce corps de musique dans la salle où l’on faisait les études, au troisième étage d’une maison appartenant au chanoine Dom Bacherini. Il y resta naturellement pendant tout le temps que durèrent, ce jour-là, les exercices ; mais, aussitôt ceux-ci terminés, et en présence de toute la Société, il dit à M. Frontini que l’appartement où ils se trouvaient devait s’effondrer, avec le restant de l’édifice, depuis les mansardes jusqu’au rez-de-chaussée : il ajouta qu’il lui semblait déjà voir les débris de la maison ensevelir et écraser tous les assistants et lui-même.
A ces mots, tous se regardèrent ébahis, en se demandant si le nouveau directeur plaisantait ou s’il était devenu fou ; mais M. Sassaroli, imperturbable, insista en ajoutant l’indication exacte du jour et de l’heure où la catastrophe devait se produire. A la suite de ces derniers mots, les assistants ne doutèrent plus un instant que le malheureux n’eût la tête ébranlée. On se retira en ricanant. [p. 232]
Naturellement, cette drôle d’histoire se répandit aussitôt dans tout le pays, et partout on en rit aux éclats. Alors, M. Frontini, en voyant que M. Sassaroli était devenu la risée de tout le monde, et toujours persuadé que son idée fixe devait l’entraîner tout droit à la folie, fit tous ses efforts pour le ramener à la raison. D’accord avec le chanoine Joseph Bacherini, il fit soigneusement examiner l’édifice en question, depuis le toit jusqu’aux fondements, par des experts-architectes, lesquels déclarèrent que la maison ne présentait pas le moindre indice de détériorement. Fort de ce jugement, il le rapporta à M. Sassaroli, en lui conseillant de ne plus insister sur sa folle prédiction, en lui souhaitant de vivre autant que la solide construction dont il s’agissait.
Peine perdue, M. Sassaroli répondit qu’il ne pouvait pas agréer le souhait, sans quoi il n’aurait plus eu que quatre jours à vivre
Une pareille obstination ne servit qu’à aggraver les soupçons de folie du « maestro » ; ce qui fait qu’on commença à avoir l’œil sur lui et à le faire surveiller, de crainte que, d’un moment à l’autre, il ne commît quelque énormité.
Dans les cafés, dans les familles, l’on ne parlait que de cette bouffonnerie qui égayait tout le pays..
La grande journée arriva enfin. Le soir, comme c’était justement l’un des jours fixés pour les études, les musiciens se réunirent comme d’habitude dans la salle et, en attendant le directeur, ils passaient leur temps à se moquer de lui. M. Sassaroli ne tarda pas à arriver, mais ne voulant absolument pas entendre parler de travail ce soir-là, et tout agité parce que l’heure de la catastrophe s’approchait, il fit tant et si bien, avec les bonnes manières et même avec les violences, qu’il obligea tous les assistants à sortir de la salle et à s’en aller. En descendant l’escalier, qui posait sur des voûtes massives, M. Sassaroli, qui précédait les autres, ne cessait de leur, répéter : « Doucement ! marchez doucement, je vous en supplie ! le poids de nous tous pourrait hâter la chute ! »
L’on peut s’imaginer les plaisanteries, les éclats de rire de ces trente-quatre personnes, lesquelles, persuadées de suivre un fou et de jouer une farce bien drôle, descendaient l’une après l’autre la longue rangée de marches ! Enfin, ils sortirent dans la rue et s’en allèrent ; — mais ils ne revinrent plus là, car, quelque temps après, et précisément à l’heure annoncée par le médium, la maison s’écroula de fond en comble. [p. 233]
Chacun peut se figurer l’impression qu’un tel événement a produit dans le pays…

Le rapport, d’où nous avons tiré ce récit abrégé, a été écrit par M. Joseph Frontini, dont le père, Louis, président de la Municipalité, a été le premier à aller féliciter M. Sassaroli, le jour suivant celui de la catastrophe. Il s’achève par la mention de quelques autres faits merveilleux opérés par le même médium — entre autres la prédiction de la mort de M. Hector Borselli, notaire à Sartéano, prédiction qui s’accomplit sans une seule seconde d’erreur.
Voilà, à présent, quelques témoignages à l’appui du récit ci-dessus :

« J’atteste que la chute d’une maison où devait se réunir ce soir-là la Société Philharmonique, est réellement arrivée ; les musiciens ont eu la vie sauve grâce à M. Sassaroli, qui les a empêchés de s’arrêter là. Ma famille et moi nous pouvons l’affirmer plus que tout autre, puisque, quand cet édifice est-tombé, M. Sassaroli logeait chez nous ; en l’entendant toujours parler de la chute prochaine de cette maison, nous avions fini par le croire fou, et nous ne le perdions pas de vue de crainte qu’il n’eût quelque accès de démence furieuse.
« J’ai bien dû changer d’avis lorsque je me rendis moi-même dans sa chambre pour lui annoncer qu’au milieu de l’étonnement de tout le pays, sa prophétie s’était entièrement réalisée, sans l’erreur d’une minute, — ce à quoi il répondit froidement que cela ne pouvait pas manquer, puisque les jugements de Dieu sont infaillibles.
« Nous sommes toujours prêts à attester ce qui précède devant quelque autorité que ce soit.
« Sartéano, 14 novembre 1866. •

« ANNGELO CHIERICI,
« lequel signe aussi pour toute la famille. »

« Je soussigné, gardien du Théâtre de Sartéano, j’atteste que, dans les premiers jours de 1865, M. Vincent Sassaroli vint me trouver dans ma loge, à l’intérieur du théâtre, pour me dire, qu’étant tout à fait sûr que la maison de feu M. V. Bacherini allait [p. 234] s’écrouler, il avait déjà prié M, le chevalier Orlando Fanelli, président de la Commission du théâtre, de lui accorder la permission de se servir d’une salle qui était dans le théâtre, pour donner des leçons de musique et pour y composer des partitions dont la Société Philharmonique avait besoin. Je me souviens aussi que les membres de la dite Société, qui se réunissait dans le théâtre, parlaient sans cesse de cette prédiction, en jugeant que M. Sassaroli n’était point un prophète, mais un fou;; cependant il furent tous frappés d’horreur lorsqu’ils virent que tout cela était réellement arrivé. Les héritiers de M. Bacherini font actuellement rebâtir une partie de la maison écroulée.

« FRANÇOIS GIANNINI »

« Le soussigné Pierre Canestrelli, en même temps que toute sa famille, déclare qu’ils habitaient dans une maison à eux, contiguë à celle appartenant à M. Vincent Bacherini (qui cessa de vivre quelques jours après la chute de sa maison). Ayant entendu plusieurs fois de M. Vincent Sassaroli que cette grande construction devait s’écrouler à une date qu’il précisait, je ne pus y croire ; au contraire je me figurais qu’il était fou et je le plaignis.
« Le soir que M. Sassaroli avait fixé comme date de l’événement, ma famille et moi nous vîmes d’une fenêtre de notre habitation M. Sassaroli qui faisait descendre avec précaution de la maison de M. Bacherini les membres de la Société Philharmonique, qui s’étaient réunis là, en riant, comme d’habitude. Mais quelques heures après nous fûmes étonnés parce que ce qui avait été prophétisé se réalisa à l’heure exacte, sans l’erreur d’une seconde. Comme notre maison était, ainsi que nous l’avons dit, voisine de celle de M. Bacherini, dans ce moment terrible nous crûmes que notre habitation allait être entraînée dans la chute de l’autre, et que nous serions morts dans le désastre, Lorsque le danger fut passé, je me souvins alors que M. Sassaroli m’avait dit d’être tranquille, qu’aucune autre maison ne serait tombée…
« Nous sommes toujours prêts à confirmer les faits ci-dessus, que des milliers de personnes pourraient attester à leur tour. Nous ajouterons d’avoir été présents à la mort du notaire Hector Borselli et de connaître d’autre cas de décès qui avaient été prophétisés par M. Sassaroli et qui se sont réalisés avec la [p. 235] même exactitude du premier. Ce sont des faits absolument incontestables.

« PIERRE MARIE CANESTRELLI,
« FRANCOIS CANESTRELLI ;
« qui signe aussi pour toute la famille. »

Naturellement, si j’ai choisi ce cas de prémonition entre autres, c’est surtout à cause de son rapport avec les deux qui précèdent. Mais j’en aurais pu citer bien d’autres, tous aussi bien documentés et d’une date plus rapprochée de nous.
Avec cela, je suis prêt à reconnaître que la prémonition n’est pas un phénomène prouvé d’une façon si sûre, si indéniable que le sont les phénomènes de télépathie et de médiumnité pour tous ceux qui se sont donné la peine de les étudier. Mais puisqu’il y a d’aussi nombreux et respectables témoignages en sa faveur, il est tout naturel qu’on fasse rentrer dans ses rangs les cas tels que celui de la princesse de Conti, plutôt que de leur trouver une explication si invraisemblable, si insuffisante qu’elle n’explique rien du tout. Et qui sait ? on ne sera même plus si sûr que ce sont seulement les craquements avant-coureurs de l’écroulement, qui ont fait paraître le petit bonhomme blanc à la fenêtre de la chaumière du paysan, dont nous a entretenu Elie Reclus….
Comment Sassaroli avait-il perçu sa prémonition ? On a négligé de nous l’apprendre — peut-être lui-même n’aurait-il pas su le dire. C’était peut-être un rêve ; c’était peut-être une de ces intuitions à l’état de veille qui, tout autant que les rêves, tirent leur origine des abîmes de la subconscience, et qu’on appelle pressentiments.
C’est là un point que nous ne contestons pas. Seulement, nous ne sautons pas à pieds joints tous les cas qui ne rentrent pas dans le cadre des explications que nous acceptons à l’exclusion de certaines autres. Nous ne pensons pas les connaître toutes — nous croyons même que nous tous — les savants de l’Ecole des Hautes-Etudes y compris — nous ne savons qu’effroyablement peu, en comparaison de ce qui [p. 236] nous reste à apprendre. Les rêves dont MM. Vaschide et Pieron nous ont parlé, paraissent prodigieux, quand on n’avait pas encore une idée aussi étendue qu’à présent de ce qu’est la subconscience. Ceux que ces messieurs ne peuvent pas expliquer, s’expliqueront probablement un jour, eux aussi. Plusieurs s’expliquent déjà par la télépathie et la télesthésie. Le Dr Ermacora a publié il y a quelques années une fort intéressante étude sur la possibilité des théories rationnelles de la prémonition, dont la traduction française a paru dans la première livraison des Annales des Sciences Psychiques, 1899. Les hypothèses auxquelles il avait recours pour expliquer les prémonitions les plus étonnantes ne me satisfont pas complètement ; n’importe, on en trouvera de meilleures ; quand même on n’en trouvât point, ce ne serait point là un motif pour contester les faits.

Merci à Stephen Ellcock.

Merci à Stephen Ellcock.

II — LES « RÊVES ANCESTRAUX ».

Par exemple, pour un certain ordre de songes, n’avons nous pas vu le Professeur Letourneau — un homme qui ne peut certainement pas être soupçonné de sympathie pour le surnaturel, qu’il a toujours flétri, surtout dans sa Sociologie d’après l’Ethnographie — imaginer l’hypothèse des rêves ancestraux ? (4) Sa monographie présente même un tel intérêt pour les « études psychiques », ainsi que nous le montrerons plus loin, que nous croyons utile d’en rapporter ici les passages les plus saillants.

Avant d’aborder le sujet même de cette communication, j’ai, besoin de rappeler que, semblable en cela à tous les phénomènes de conscience, le rêve se rattache à la propriété fondamentale que possèdent les cellules nerveuses, celle de garder la trace des actes, fonctionnels dont elles sont le siège, de s’en imprégner.
On sait que, chez les animaux supérieurs et chez les hommes, cette imprégnation est tantôt consciente, tantôt inconsciente… [p. 237]
Il est pourtant une catégorie de rêves, qui ne se relient point directement à des sensations ou impressions antérieurement éprouvées pendant l’état de veille. J’entends parler des rêves n’ayant aucun rapport avec la vie de tous les jours, mais ne leur cédant en rien en apparente réalité, tout en étant d’habitude mieux coordonnés, à ce point qu’ils constituent parfois de véritables représentations scéniques. Habituellement plus rares que les rêves évidemment mnémoniques, ces rêves singuliers sont très fréquents chez certaines personnes et n’ont avec la vie réelle aucune relation appréciable. C’est de ce genre de rêves, que je proposerai tout à l’heure une explication nouvelle. Très ordinaires chez moi, ils me préoccupent depuis longtemps, Mais avant d’arriver à mes conclusions, j’ai besoin d’emprunter à l’histoire de la folie et des hallucinations, certains traits, qui leur sont communs avec les rêves.
Des hallucinations je rappellerai seulement, que, psychologiquement, elles sont identiques aux images du rêve ; elles constituent un délire des sensations, les rêves d’un homme éveillé; elles se produisent alors que la revivification mnémonique est si forte qu’elle fait irruption même durant l’état de veille. Comme les rêves, les hallucinations reflètent souvent les images mentales, habituelles au sujet halluciné ; mais, fréquemment aussi, comme l’a remarqué Brierre de Boismont (5) elles sont des évocations de souvenirs beaucoup plus anciens, de sensations, d’impressions, n’existant plus dans le cerveau qu’à l’état de dépôt latent, auquel une excitation physique ou mentale donne la vivacité des sensations actuelles. Mais ce dépôt latent a encore un autre caractère : il est héréditairement transmissible. L’aliéniste, que je viens de citer, signale en effet cette hérédité des hallucinations, chez les monomanes hallucinés, et dit avoir vu lui-même deux cas d’hallucinations simples, ainsi transmises héréditairement (6). Mais, bien souvent, et le fait ne se peut malheureusement contester, les causes les plus ordinaires des hallucinations, les maladies mentales, se transmettent par hérédité, souvent même en revêtant un type morbide identique et en apparaissant au même âge.
Il est donc hors de doute qu’un certain arrangement moléculaire [p. 238] anormal, une empreinte spéciale, accidentelle mais profonde, peut passer d’un père ou d’un ancêtre au descendant, séjourner, à l’état latent et pendant nombre d’années, dans le cerveau de l’héritier ; puis, sous l’influence d’une cause appropriée, se revivifier inopinément. Mais une hérédité identique a été aussi constatée pour les rêves et, récemment, un physiologiste italien, Gianelli, en a observé plusieurs cas, C’est notamment la vision obsédante en rêve d’une grande figure noire, aux yeux étincelants, Un homme en avait été tourmenté après une grande peur et son fils en souffrit, comme lui, à l’âge de 16 ans, après une fièvre typhoïde, qui réveilla une empreinte héritée, mais jusqu’alors à l’état latent, etc., etc.
Nos cellules mentales renferment et gardent ainsi, à l’état de simples possibilités, nombre d’empreintes, qui peuvent rester muettes ou se revivifier tout à coup suivant les circonstances. Durant l’état de veille, le fait est fréquent pour nos souvenirs personnels ; durant le sommeil, les réminiscences prennent la forme du rêve. A. Maury a cité quelques exemples de ces curieuses réminiscences. Deux surtout sont intéressants. Le premier cas se rapporte à un individu, qui, sur le point de partir pour Montbrison ou plutôt pour une localité voisine, visitée par lui dans son enfance 25 années auparavant, est transporté, en rêve, au but de son voyage projeté et y rencontre un inconnu, se présentant à lui comme un ami de son père. Or, en réalité, la rencontre eut lieu, quelques jours plus tard et dans l’endroit rêvé (7). Le second rêve est analogue. Maury, déjà vieux, voit en rêve le village de Trilport près Meaux. Il y rencontre, toujours en rêve, un homme en uniforme, qui l’aborde et se nomme ; mais Maury ne connaît pas son nom. Réveillé, le rêveur apprend d’une vieille domestique, que l’homme du rêve est un ancien garde du port, qui a connu son père, alors ingénieur et dirigeant à Trilport les travaux d’un pont. A. Maury n’hésite pas à voir dans ces deux rêves de simples réminiscences infantiles, mais sans le prouver. On peut donc se demander, s’il ne s’agit point plutôt des souvenirs héréditairement transmis.
La banale explication, qui attribue tous les faits de ce genre à des réminiscences infantiles, ne saurait pourtant s’appliquer à un autre groupe de faits analogues. Il n’est pas rare, par exemple, que des personnes en voyage reconnaissent tout à coup, comme déjà [p. 239] vus, des lieux où certainement elles ne sont jamais allées ; mais qui leur sont néanmoins assez familiers pour qu’elles s’y dirigent, s’y retrouvent, comme chez elles. Un fait de ce genre m’a été rapporté en détail par une personne absolument digne de foi…
J’avais besoin de passer en revue tous les faits, que je viens d’énumérer, pour arriver à l’objet même de ma communication et rendre au moins plausible une idée, que personne, je crois, n’a encore émise, et que je résume comme suit : Certains événements, extérieurs ou psychiques, ayant profondément impressionné une personne, peuvent graver dans, son cerveau une empreinte assez profonde pour qu’il en résulte une orientation moléculaire tellement stable qu’elle se transmet à tel ou tel de ses descendants au même titre que le caractère, les aptitudes, les maladies mentales, etc. Il s’agît alors, non plus de réminiscences infantiles, mais de souvenirs ancestraux, capables de revivification. De là proviendraient non seulement la reconnaissance fortuite de lieux, qu’on n’a jamais vus, mais surtout toute une catégorie de rêves particuliers, admirablement coordonnés, où nous assistons, comme à un spectacle, à des aventures, qui ne sauraient être dés souvenirs ; puisqu’elles n’ont pas la moindre relation avec notre vie individuelle.
En elle-même, cette hypothèse n’a certainement rien d’inadmissible ; mais, comme elle n’a pas été émise encore, il est difficile de lui donner pour base les faits d’observation précise qui en feraient une vérité constatée. On peut, cependant, s’appuyer sur de telles preuves, ne fût-ce que sur les rêves hérités, cités par M. Gianelli ; seulement ces rêves sont trop simples ; ils ont plutôt le caractère d’hallucinations que celui de rêves complets. Comme exemple de ces derniers, je ne connais que le rêve extrêmement curieux publié jadis par Abercrombie (8) et qui a été souvent cité dans les ouvrages traitant de pathologie mentale (9). Il s’agit d’un propriétaire écossais poursuivi en justice et sur le point d’être ruiné par une revendication des arrérages accumulés d’une dime au profit d’une noble famille. La personne à qui s’adressait la réclamation était convaincue que la dîme en question avait été, il y avait bien longtemps, rachetée par son père; mais elle n’en pouvait fournir la preuve. [p. 240] Or, dans un rêve, le père, mort depuis plusieurs années, apparut à son fils, et lui raconta toutes les circonstances du paiement fait par lui, en présence d’un sollicitor dont il lui dit le nom et qui avait conservé les titres relatant la transaction. Mais cet homme de loi, alors très âgé, avait complètement oublié l’affaire en question. L’intéressé parvint cependant à la lui rappeler, en lui citant des incidents relatifs au change d’une pièce d’or du Portugal et dont son rêve l’avait instruit. En conséquence, les titres nécessaires furent retrouvés, produits et le procès gagné.
Ce fait serait probant ; malheureusement il n’est pas rapporté avec toute la précision, tous les détails nécessaires. Mais il en doit exister d’analogues, et peut-être ce petit travail nous vaudra-t-il de les connaître. Je le publie surtout dans ce but…
Il est donc très admissible que le souvenir détaillé de faits, d’événements qui ont fortement impressionné une personne, laisse dans son cerveau une empreinte indélébile, héréditairement transmissible à ses descendants, et pouvant chez eux se revivifier pendant le rêve, alors que l’éclipsé temporaire du moi individuel laisse dans la conscience le champ libre à toutes les traces, latentes d’origine ancestrale. Ce sous-sol psychique de la conscience peut même receler d’autres virtualités que celles du rêve. On pourrait relier à de pareilles origines le changement, parfois si complet, du caractère, qui se produit souvent au moment de la mort, ainsi que le fait jusqu’ici inexpliqué des enfants prodiges, même certains délires ou certains genres de folie. En définitive, tous ces faits singuliers et inexpliqués rentreraient dans une proportion générale, que Maudsley a formulé ainsi : « Tout ce que les aïeux d’un homme ont senti, pensé et fait, influe certainement, n’en eût-il rien su, sur ce qu’il sera disposé à sentir, à penser et à faire. Cet homme a hérité de circonvolutions prêtes à reprendre, à certaines époques de sa vie, le même genre d’activité qu’elles ont rempli chez ses ancêtres. »

Letourneau n’a pas été excessivement heureux dans le choix des exemples qu’il a cité. Surtout le premier des deux qu’il a extrait de l’ouvrage d’A. Maury n’a rien à faire avec l’atavisme. Le père de l’individu dont il s’agit ne savait évidemment pas que son fils aurait fait telle rencontre, dans l’endroit rêvé, etc., et ne pouvait pas transmettre cette connaissance a [p. 241] son fils, Ce cas est plutôt à rapprocher de celui du curé de Sainte-Radegonde, que nous avons relaté plus haut.
Quant au fameux cas raconté par Abercrombie, pour que l’on puisse lui appliquer l’hypothèse chère à M. Letourneau, il faudrait tout au moins savoir si le père du propriétaire écossais dont il est question n’avait pas racheté la dîme avant la naissance de son fils, sans quoi il n’aurait pu lui transmettre par hérédité physiologique la connaissance de ce fait.
Il faut dire, en outre, que l’on connaît toute une série de cas semblables, qui ne sont pas passés entre père et fils —et alors, par analogie, l’on est porté à croire que, même dans le cas de l’Ecossais d’Abercrombie, le phénomène a eu d’autres origines. De ces cas, j’en pourrais citer à moi seul au moins deux douzaines. M. Letourneau en trouvera un à la page 571 de la traduction française d’Animisme et Spiritisme d’A. Aksakoff. Il ne s’agit pas d’un rêve, mais bien de réponses obtenues typtologiquement, dans une séance spirite. Toutefois M. Letourneau n’ignore probablement pas que, selon les physiologistes, les communications médianimiques tirent elles aussi leur origine de la subconscience du médium.
Mais l’hypothèse du prof. Letourneau présente surtout de l’intérêt pour les personnes qui cultivent les « sciences psychiques » à cause de l’explication (plus ou moins admissible, selon les cas) qu’elle présente pour éclaircir certains faits que les spirites expliquent en supposant une existence antérieure du médium (réincarnation). D’autres catégories de faits, tels que les communications médianimiques obtenues par la médiumnité de tout petits enfants, et les médiums parlant des langues qui leur sont inconnues (10), peuvent trouver une explication vaille que vaille dans l’hypothèse de M. Letourneau. L’Inconscient au moyen duquel le fameux Dr Hartmann a tâché d’expliquer les phénomènes dits spirites n’est lui-même qu’une amplification du système imaginé par le savant secrétaire de la Société d’Anthropologie de Paris.
Cette hypothèse n’est donc pas tout à fait nouvelle, Elle l’est même si peu, que voilà ce que nous trouvons dans l’article Le Rêve que M. de Rochas a publié dernièrement :

Je me bornerai à mentionner ce que l’on a appelé les rêves rétrospectifs ou ataviques parce que, ne correspondant en rien aux actions et aux instincts du rêveur, ils le plongent « dans les périodes depuis longtemps passées de développement de la conscience générale de son espèce. »

C’est par ces retours de conscience dans « ce qui a été senti et vécu par quelqu’un de nos aïeux plus ou moins proches », que Mme de Manacéine explique encore ce que Walter Scott a désigné sous le nom de sentiment de la préexistence et qui consiste en ceci, qu’un milieu insolite, que nous apercevons pour la première fois de notre existence, nous paraît tout à coup bien connu et même familier.

Nous voilà donc, avec cela, parvenus à la question de la paramnésie dont s’est occupé notre excellent collaborateur, M. E. Bozzano, dans un article paru dans les derniers fascicules de cette Revue. Et comme cet article a soulevé quelques discussions dans la presse spécialiste, il nous sera permis d’en dire deux mots.

(A suivre)                                                                                                                                                                C. VESME.

Giorgio De Chirico - (1888-1978) La fabrique des rêves.

Giorgio De Chirico – (1888-1978) La fabrique des rêves.

(l) Cet article peut être regardé comme un complément de l’autre intitulé : « De la valeur sémiologique du rêve » que les mêmes auteurs ont fait paraitre dans la Revue scientifique (Mars1901). Nous recevons aujourd’hui même La Psychologie du rêve, par Vaschide et Pieron Baillière, édit., Paris

(2) Les rêves et les songes prophétiques, — Humanité nouvelle, avril 1900, p. 350-360.

(3) M. Sassaroli était né dans les Etats de l’Eglise. — N. de la R.

(4) Bulletin de la Société d’Anthropologie de Paris, 1900, Fasc. 5.

(5) Hallucinations, 581.

(6) Brierre de Boismont. Loc. cit., 410-411.

(7) A. Maury. Sommeil et rêve, 117-118.

(8) Inquiries concerning the intellectual powers, etc. — London, 1841.

(9) Notamment dans le livre de Brierre de Boismont, intitulé : Hallucinations, p. 235.

(10) AKSAKOFF, Animisme et Spiritisme, chap. III, par. 5 et 6.

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