Vaschide Nicolas et Piéron Henri. La croyance à la valeur prophétique du rêve dans l’Orient antique. Partie 1. Extrait de la « Revue de synthèse historique », (Paris), tome troisième, juillet-août 1901, pp. 151-163.

Vaschide Nicolas et Piéron Henri. La croyance à la valeur prophétique du rêve dans l’Orient antique. Partie 1. Extrait de la « Revue de synthèse historique », (Paris), tome troisième, juillet-août 1901, pp. 151-163.

 

Article paru en deux parties, les deux sont en ligne sur notre site.

Nicolas Vaschide (1874-1907). Psychologue d’origine roumaine, élève et proche collaborateur de Alfred Binet. Nous avons retenu parmi plus de dizaines de publications celles sur le sommeil et les rêves :
— Appréciation du temps pendant le sommeil (Résumé des recherches personnelles). in « Intermédiaire des biologistes », (Paris), tome I, 1898, pp. 228 et pp. 419.
— Recherches expérimentales sur les rêves. De la continuité des rêves pendant le sommeil. In « Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’académie des sciences », (Paris), tome cent vingt-neuvième, juillet-décembre 1899, pp. 183-186. [en ligne sur notre site]
— Prophetic Dreams in Greek and Roman Antiquity. Article parut dans la revue anglaise « The Monist », (hiccup), volume XI, january, 1901, pp. 162-194. [en ligne sur notre site]
— Projection du rêve dans la veille. in « Revue de Psychiatrie », (Paris), nouvelle série, 4e série, tome IV,  février 1901, p.38-49.
— La croyance à la valeur prophétique du rêve dans l’Orient antique. Partie 1. Extrait de la « Revue de synthèse historique », (Paris), tome troisième, juillet-août 1901, pp. 151-163.
— De la valeur séméiologique du rêve. In « Revue scientifique », 30 mars et 6 avril 1901.
— Le rêve prophétique dans les croyances et les traditions des peuples sauvages. In « Bulletin de la Société d’anthropologie de Paris », (Paris), Ve série, tome 2, 1901, pp. 194-205.
— La valeur du rêve prophétique dans la conception biblique. Article parut dans la « Revue des Traditions Populaires », (Paris), 16e année, tome XVI, n°7, juillet 1901, pp.345-360. [en ligne sur notre site]
— Contribution à la séméiologie du rêve. In « Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris », (Paris), année 1901 Volume 2 Numéro 2 pp. 293-300. [en ligne sur notre site]
— Le rêve prophétique dans la croyance et la philosophie des Arabes. Article paru dans le « Bulletin de la Société d’anthropologie de Paris », (Paris), Ve série, tome 3, 1902, pp. 228-243. [en ligne sur notre site]
— De la valeur prophétique du rêve dans la philosophie et dans les pensées contemporaines. Paris, V. Giard & E. Brière, 1902. 1 vol. in-8°, 40 p.
— (avec Nicolas Vaschide). La Psychologie du Rêve au point de vue médical. Paris, J.-B. Baillière et Fils, 1902. 1 vol. in-8°, 95 p.
— Le Sommeil et les Rêves. Paris, Ernest Flammarion, 1911. 1 vol. Dans la « Bibliothèque de philosophie scientifique ».
— Les théories du rêve et du sommeil. I. La théorie biologique du sommeil de M. Claparède. Extrait de la Revue de Psychiatrie, 1907, n°4. Paris, Octave Doin, 1907. 1 vol. in-8°, pp. 133-144.
— Valeur symptomatique du rêve au point de vue de l’état mental de la veille chez une circulaire. Paris, 1901.

VASCHIDEPIERON0006Henri Louis Charles Piéron, (1881-1964). Psychologue. De 1923 à 1951, Il fut titulaire de la chaire de physiologie des sensations au Collège France.
Parmi ses très nombreux travaux et publications nous avons retenu :
— L’Évolution de la mémoire, Paris, Flammarion, 1910. Bibliothèque de philosophie scientifique.
— Le Problème physiologique du sommeil. Paris, Masson, 1913.
— Le Cerveau et la pensée, Paris, Alcan, 1923. Nouvelle collection scientifique.
— Éléments de psychologie expérimentale, Paris, Vuibert, 1925.
— Psychologie expérimentale, Paris, A. Colin, 1927.
— La Connaissance sensorielle et les problèmes de la vision, Paris, Hermann, 1936.
— (Avec Georges Heuyer) Le Niveau intellectuel des enfants d’âge scolaire (publication de l’Institut national d’études démographiques, 1950.
— Les Problèmes fondamentaux de la psychophysique dans la science actuelle, Paris, Hermann, 1951.
— Vocabulaire de la psychologie (avec la collaboration de l’Association des travailleurs scientifiques), Paris, Presses universitaires de France, 1951.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

[p. 151]

LA
CROYANCE A LA VALEUR PROPHÉTIQUE DU RÊVE
DANS L’ORIENT ANTIQUE

Cette étude est un chapitre nouveau d’un travail auquel nous avons consacré déjà un certain nombre de mémoires (1). Nous nous proposons d’établir une documentation précise, et aussi complète que possible, de la croyance relative à la valeur prophétique des rêves. Cette documentation n’a évidemment pas une valeur intrinsèque, mais elle a un rôle préalable qui nous paraît absolument nécessaire. D’autres parlent de la croyance et de son lyrisme en lyriques eux-mêmes. A leurs conclusions nous voulons opposer celles qu’avec la prudence de l’esprit scientifique nous aurons pu dégager des faits précis.

Ce que nous voulons donc faire c’est, dans le domaine présenté par une croyance spéciale et bien délimitée, étudier tous les facteurs de son apparition, de son évolution, de sa dissolution et de ses rénovations plus ou moins brusques. Pour cela, nous ne devons rien négliger. Notre analyse sera psychologique, elle ne négligera pas les éléments actuels, plus maniables, qui sont à notre portée ; elle sera aussi sociologique, elle cherchera les enseignements de l’histoire qui peuvent paraître moins complets souvent, mais sur [p. 152] lesquels rien ne peut plus agir et qui apportent la certitude du passé qui est et ne peut pas ne pas être ce qu’il est.

L’étude fragmentaire que nous donnerons ici concerne les peuples les plus connus de l’Orient. Nous avons à dessein laissé de côté l’Inde et la Chine, de même que les Arabes, dont nous devons nous occuper à part.

Nous envisagerons successivement, dans les grandes lignes, l’Égypte ancienne, la Chaldée, la Perse et l’Égypte alexandrine sous l’influence chrétienne.

Nous avons taché de réunir tous les documents qu’après des recherches longues et minutieuses nous avons pu trouver. Mais il serait puéril de prétendre être jamais absolument complet, étant données les difficultés de toute espèce que l’on rencontre. Aussi serions-nous reconnaissants aux savants qui nous signaleraient nos inévitables lacunes, et nous aideraient à les combler. — Nous allions presque nous excuser tout à l’heure d’offrir ici trop de documents ; nous nous excusons maintenant de ne pas en donner peut­ être assez.

I.

L’Égypte et la Chaldée ont été généralement considérées comme le berceau de la croyance à la valeur prophétique des rêves. La Bible, que nous étudions d’autre part, fournit des documents sur l’ancienneté de cette croyance.

C’est ainsi que Joseph interpréta les rêves du Pharaon (2), après que les devins habituels de la cour eurent échoué ; il y avait donc là des interprètes attitrés chargés de trouver le sens prophétique des songes du roi. Ce sont ces interprètes et devins que les prêtres juifs, jaloux de leur vogue, condamnèrent ct pourchassèrent avec la dernière âpreté. Leurs prédictions avaient le tort en effet de paraître se réaliser quelquefois, et, comme ils s’inspiraient des idoles, elles étaient un danger pour le culte de Jéhovah ; Jérémie élève souvent la voix contre ces faux prophètes, et ces « songeurs » qui faisaient métier d’avoir pour les autres des songes révélateurs. Moïse commande de les mettre à mort : « Mais ou fera mourir ce [p. 153] prophète-là ou ce songeur de songes, parce qu’il a parler de révolte contre l’Éternel votre Dieu (3). » Nous voyons aussi l’Éternel parler contre le peuple de ceux qui passent la nuit dans les sépulcres et les temples des idoles, très probablement pour avoir des songes (4).

Le roi Nabuchodonosor aussi, le roi de Babylone, quand il eut ses fameux songes, appela tous les interprètes de sa capitale par un édit, pour connaître ce qu’ils signifiaient : « Alors vinrent les magiciens, les astrologues, les Chaldéens et les devins et je récitai le songe devant eux : mais ils ne purent point m’en donner l’interprétation (5). » Le fait que le livre de Daniel reproduit bien ce qu’était réellement la cour de Nabuchodonosor, à ce point de vue particulièrement, comme on a pu le voir par d’autres documents, est, aux yeux de Lenormant (6), un argument très probant en faveur de son authenticité. Il y a d’ailleurs dans le texte détruit des versions araméennes intercalées, et certaines gloses marginales ont aussi passé dans le texte. C’est ainsi que pour son premier rêve qu’il avait oublié, le roi fit venir les magiciens, les astrologues, les enchanteurs et les Chaldéens. « Et les Chaldéens parlèrent au roi. » Alors se trouve le texte syriaque, qui n’est qu’une glose intercalée : « Que le roi vive éternellement ! Dis le songe à tes serviteurs et nous en donnerons l’explication » (7).

Il y eut donc, à ce qu’il semble, au temps où la Chaldée prédominait, vers les VIe et VIIe siècles, une véritable épidémie de ccs augures et devins comme au moment de l’invasion de Rome par la Grèce (8).

Et dès cette époque reculée, il y eut dans les contrées orientales non seulement la croyance à la valeur prophétique des rêves qu’on retrouve chez tous les peuples sauvages (9), mais évidemment des [p. 154] rites, des règles d’interprétation, tous les premiers éléments de l’Onéirocritique et qui malheureusement nous sont totalement inconnus.

II.

C’est très probablement d’Égypte que cet art passa en Grèce, au milieu d’un grand nombre d’infiltrations de toute espèce. La religion et la philosophie grecques ont subi une influence égyptienne très considérable au point de paraître même en dériver.

Pythagore étudia la philosophie hermétique (10) et vint apporter en Grèce des traditions qui se perpétuèrent à travers les siècles. Nous chercherons le rôle qu’il a pu jouer dans la formation des clefs des songes dans des études spéciales sur leur constitution et leur genèse. Aussi n’insisterons-nous pas ici sur ce point.

L’ensemble des rites égyptiens, ainsi transplantés dans un sol nouveau, s’y développèrent puissamment, à ce point que les temples d’incubation, destinés à favoriser l’éclosion des songes prophétiques au moyen de la provocation, par des procédés spéciaux, d’un état mental favorable, et consacrés à telle ou telle divinité, paraissent avoir été institués par la Grèce. C’est du moins l’opinion de M. Bouché-Leclercq (11). Et en effet Hérodote ne semble pas avoir connu l’incubation dans son voyage en Égypte, et ce n’est que du temps de Diodore que les Égyptiens en parlèrent ; ils s’y complurent d’ailleurs et ne tardèrent pas à en attribuer l’invention à Isis, s’appropriant ce raffinement religieux de la divination par les songes. C’est pendant l’Alexandrinisme, cette période de fusion de l’Égypte et de la Grèce que ces temples furent le plus en vogue dans les deux pays. Il y a, à cette époque, un véritable confluent de traditions. La croyance proprement dite à la valeur du rêve était, dans les deux courants, aussi originale, mais la civilisation égyptienne permit de trouver des preuves plus anciennes de son existence : c’est ainsi que le songe est appelé, dans un texte de la douzième dynastie, le « message de vérité » (12). Mais l’art de [p. 155] l’interprétation des songes était venu d’Égypte en Grèce et revenait alors en Égypte avec une vogue nouvelle. Aussi sa force fut considérablement accrue, Et en particulier les temples virent affluer les consultants. Isis, à qui, comme nous l’avons dit, les Égyptiens attribuaient tout l’honneur de cette invention, eut tout naturellement une grande renommée qui provoqua les louanges enthousiastes de Diodore :

« Les Égyptiens disent encore qu’Isis donne aux hommes qui en sont dignes (13), pendant le sommeil, d’utiles avis, se manifestant partout comme une divinité bienfaisante au milieu des besoins de la vie. Ils allèguent en preuve de ces assertions, non pas comme les Grecs de vains contes, mais des faits réels (14), et prétendent que presque toute la terre habitable fournit un témoignage universel de cette vérité par les honneurs qu’on rend à la déesse en reconnaissance de ses apparitions et des guérisons qu’elle opère. Elle se montre particulièrement aux malades pendant le sommeil, leur indique des remèdes, et ceux qui obéissent à ses conseils recouvrent la santé contre toute attente. Plusieurs dont la guérison était regardée par les médecins comme désespérée à cause des difficultés que présentait le traitement de leurs maladies, ont été sauvés de cette manière, et d’autres qui étaient tout à fait privés de la vue ou de l’usage de quelques parties du corps, en se réfugiant pour ainsi dire dans les bras de la déesse, ont été rendus à la jouissance de toutes leurs facultés (15).  »

On peut remarquer que la déesse donnait plutôt des conseils que des avertissements, et encore à ceux qui en étaient dignes. C’était le plus facile et le moins compromettant pour les artifices des prêtres, et d’ailleurs c’est la forme toute naturelle que prenait l’état d’esprit du dormeur. On sait que les opinions qui vous viennent en rêve tendent à être attribuées à quelque personnage autre que vous, personnage qui, dans ce cas, se trouvait être, et cela n’a rien d’étonnant, la divinité même qu’on avait invoquée. Si nous considérons d’autre part les guérisons qui résultaient de cette médecine d’incubation dont nous avons déjà parlé à propos de l’Antiquité gréco-latine, nous pouvons les rapprocher des miracles analogues du Christ, de ceux des martyrs, plus récemment encore de ceux de Lourdes, par exemple. [p. 156]

Toutes les religions, tous les cultes, toutes les croyances ont eu leurs légendes et leurs phénomènes miraculeux ; la manière de les envisager et de les interpréter ne peut changer avec le culte, avec la religion ; elle doit rester universellement scientifique. Aussi ne faut-il pas s’étonner si en laissant de côté les amplifications et les inventions populaires, les artifices, les simulations, les tromperies plus ou moins conscientes des sectateurs du culte, qui rendent compte d’un grand nombre de faits, on fait toujours appel pour les autres au même ordre de phénomènes, tels que l’hystérie et les antres maladies nerveuses. Nous n’insisterons pas sur la remarque courante, devenue banale, de l’importance des éléments suggestifs dans la thérapeutique médicale. Et nous ne ferons que noter que presque toutes les maladies miraculeusement guéries sont des cécités, des surdités, des paralysies, et cela de tout temps. Or le nombre de cécités, des surdités, des paralysies psychiques et hystériques est assez considérable pour fournir un très sérieux contingent de guérisons de ce genre.

Or les prêtres égyptiens n’étaient pas ignorants de bien des pratiques destinées à agir sur l’imagination des malades dans la veille ou dans le sommeil, et ils devaient s’entendre à provoquer des rêves curatifs (16). Cependant il y avait des échecs difficiles à dissimuler ; on savait alors subtilement les expliquer. Ou ils étaient dus à l’impiété du consultant, ou bien le dieu agissait en mauvais plaisant et jouait des tours souvent mortels aux malheureux qui venaient le consulter avec confiance, C’est ainsi qu’Artémidore (17) cite un assez grand nombre de faits de ce genre, du temple de Sérapis, dont les oracles toujours bien ambigus donnaient lieu, en tout cas, aux artifices d’interprétation les plus compliqués. Et pourtant c’était là un temple très vénéra : « II y a à Sérapis, dit Strabon, un temple très vénéré, et qui procure des guérisons, au point que les gens même les plus instruits y croient et vont là eux­ mêmes chercher les songes, soit pour eux, soit pour d’autres (18) ».

Ces temples s’étaient d’ailleurs répandus partout. En Cilicie, Plutarque (19) cite le temple Mepsus où l’on recevait des oracles en [p. 157] songe ; un préfet de Cilicie y consulta la divinité : on envoyait des lettres qui vous étaient rendues sans paraître avoir été ouvertes ; et cependant il y avait une réponse ; et sa célébrité dépassait celle du temple de Dionysios cité par Pausanias (20).

A côté de l’incubation dans les temples, celle qui consistait à aller dormir sur les tombeaux nous a paru être d’origine purement égyptienne. Elle conserva une très grande vogue : « Ceux qui dorment sur les tombeaux sont les plus sûrs devins » (21), dit un proverbe alexandrin.

Indépendamment des données fournies par ces sortes de cultes, d’autres documents montrent bien la vivacité de la croyance à la valeur prophétique des rêves.

La littérature romanesque est pleine d’éléments magiques, surtout pendant l’époque ptolémaïque où le peuple était fier de ses traditions et de ses sorciers. C’est ainsi qu’on trouve dans les contes des documents sur cette croyance.

Dans un conte (22) qui fait intervenir un magicien qui vécut sous la XVIIIe dynastie, Satni-Khâmois, nous voyons sa femme, la princesse Mahît-Ouàskhî, désolée de ne pas avoir d’enfants : un premier rêve lui enseignait à elle-même le moyen d’exaucer ses souhaits, et bientôt un second rêve révélait à son mari que le fils qu’elle avait conçu s’appellerait Si-Osiri, et qu’il accomplirait des merveilles sans nombre dans la terre d’Égypte. Et de fait l’enfant devint maître en la science des enchantements.

Ces rêves relatifs à des naissances d’enfants, nous les avons trouvés déjà très nombreux en Grèce ; nous les retrouverons bientôt dans ce qui concerne l’Égypte chrétienne et les moines égyptiens, et enfin dans toute l’histoire de cette croyance.

Et les termes sont presque toujours les mêmes :

« Un jour que Satni s’affligeait plus que de coutume, sa femme Mahît-Ouàskhî se rendit au temple et, après avoir imploré le dieu, elle se coucha et s’assoupit. Il lui sembla que quelqu’un lui parlait dans son sommeil : « Es-tu pas Mahît-Ouàskhî, la femme de Satni, qui dors dans le temple [p. 158] pour recevoir le remède des mains du Dieu ? Quand le lendemain matin sera venu, va-t’en à l’entrée de la citerne (Maspero traduirait : lieux d’aisance) de Satni, et tu y trouveras un plant de coloquinte qui y pousse. La coloquinte que tu y rencontreras, détache-la avec ses feuilles ; tu en fabriqueras un remède que ru donneras à ton mari, puis tu te coucheras avec lui et tu concevras la nuit même. » Tout se passa ainsi qu’il avait été annoncé. Dès que les signes de la grossesse se manifestèrent, Satni se réjouit fort : il lia une amulette au bras de sa femme et récita un grimoire sur elle afin de la soustraire aux influences malignes. Or une nuit qu’il dormait, il eut un songe à son tour. Il rêva qu’on lui parlait, disant : « Mahît-Ouàskhî a conçu de toi. Le petit enfant dont elle accouchera, tu le nommeras Senasiris, et nombreux seront les miracles qu’il accomplira en la terre d’Égypte. » Ainsi fut fait (23). »

Dans ce même conte se trouve un exemple d’Incubation : dans une lutte du Pharaon dite des sorciers éthiopiens, il lui arriva de recevoir désagréablement cinq cents coups de bâton miraculeux. Un scribe de renom, Horus, fils de Panashi, entra alors au temple d’Hermopolis supplier Thot de lui apprendre à conjurer le charme ; et Thot lui apparut en songe et lui indiqua l’endroit où il avait caché le plus puissant de ses grimoires, ce qui permit à Horus de préparer la vengeance du Pharaon.

Un autre bel exemple de la force de la croyance est donné par un Grec du second siècle, appelé Ptolémée, et attaché au Serapion de Memphis : se trouvant en proie à des difficultés de toute espèce, il nota avec soin les songes qui le visitèrent, lui et tous ses parents intéressés à ses affaires, et il les rangea par jour et par mois. D’après le petit nombre de ceux qui nous restent, ils sont, semble-t-il, incohérents, et dénués de tout intérêt (24).

Enfin la littérature nous fournit encore des données.

Au premier siècle, Dion Chrysostôme recommandait à la dévotion des Alexandrins le dieu dont la bonté se manifeste chaque jour par des oracles et par des songes (25),

Porphyre, philosophe néo-platonicien du troisième siècle, né à Tyr, déclare qu’en dormant « nous acquérons souvent par les songes la connaissance de l’avenir ». Il parle d’ailleurs des [p. 159] procédés employés dans les temples d’incubation, tels que les fumigations et les invocations (26). L’opuscule où il en parle traite des Mystères et a été réuni à l’ouvrage de Jamblique le Syrien, son disciple, sur le même sujet ; on suppose d’ailleurs que ce dernier ouvrage n’est pas de la main de Jamblique lui-même mais d’un de ses disciples. Il parle des songes et de la divination par leur intermédiaire (27). La cause principale de cette divination est en nous, mais il y a aussi une cause extérieure secondaire. Quand la cause secondaire agit seule, c’est que l’événement ne dépendra que des autres : mais quand les deux causes concourent ensemble, c’est que nous y participerons aussi. Cependant, quand les songes viennent de causes extérieures, ou de notre imagination, ils sont humains et se trompent souvent ; mais ceux qui arrivent le matin entre le sommeil et la veille apportent les avertissements des dieux aussi clairement que ce qu’on voit dans le jour (28)

Enfin nous voyons au quinzième siècle l’Alexandrin Damascius (29) répéter d’Isidore dont il raconte la vie, et qui vécut au cinquième siècle, qu’il eut souvent des songes prémonitoires. Il est vrai qu’en aucun de ces différents endroits il ne donne le moindre détail. Mais cela suffit pour montrer la continuation jusque-là de cette croyance toujours vivace.

Les philosophes néo-platoniciens ne faisaient, en défendant le rôle du songe, que répéter une tradition chère à Platon, et les mages, dans leur courant parallèle, suivaient les croyances des anciens sorciers égyptiens : ainsi Simon le Mage, contemporain de Philon, eut de nombreux disciples qui « attribuaient de l’importance aux songes, y ajoutaient foi, en faisant naître à leur gré, et obligeaient les esprits de l’ordre le moins élevé à leur obéir (30) ». Tout conspirait donc à fortifier la croyance à la valeur prophétique des rêves. [p. 160]

III.

Nous avons vu se développer le courant égyptien jusqu’à la fin de l’Alexandrinisme à partir des données bibliques qui nous renseignèrent aussi sur la Chaldée.

Mais pour ce pays nous avons des documents assez nombreux qui nous montrent pleinement le rôle de la croyance à la valeur du rêve. Il y a en effet un certain nombre de tablettes et d’inscriptions traduites. Il y en a malheureusement un grand nombre qui resteraient encore à traduire ainsi que des papyrus égyptiens, et nous avouons être absolument incapables de combler nous-mêmes cette lacune. Tout récemment M. Thureau-Dangin , attaché an musée du Louvre, traduisit une inscription où le souverain chaldéen, Goudéa, raconte un songe que les dieux lui ont suggéré pour l’avertir dc construire un temple. Gondéa aperçoit diverses figures énigmatiques ; un guerrier de haute taille flanqué de deux lions, une femme tenant à la main une tablette à écrire, un homme portant le plan d’une construction, etc. Il faut dire d’ailleurs qu’il voulait construire ce temple mais il voulait aussi recevoir des ordres divins précis, et c’est pour cela qu’il fait tirer des données précises du songe, trop vague à son gré.

Voici le texte où il raconte son songe :

« Au milieu de mon songe, un homme grand comme le ciel,
grand comme la terre,
sur la tête de qui était une tiare divine,
à côté de qui était l’oiseau divin Sin Gig,
au pied de qui était un ouragan,
à la droite et à la gauche de qui était un lion couché,
m’a ordonné de construire sa maison.
Je ne l’ai pas reconnu,
une lumière brilla avec force,
une femme… qui était-elle ? qui était-elle ?
.    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .   .    .    .
elle tenait à la main le calame sacré,
elle portait la tablette de la bonne étoile des cieux.
.    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .   .    .    . (32) »

Il obtint de la déesse Nina l’explication de son songe, et sur son conseil présente un char attelé d’un ânon à son dieu Hin-Chirson, qui, après avoir reçu ces offrandes, lui révèle le plan de son temple.

Il y a un excellent chapitre de Lenormant (33) sur les songes chez les Chaldéens que nous allons mettre très largement à contribution. Il signale un ouvrage antique, dont une copie d’Assourbanipal fut déposée à la bibliothèque de Ninive : or plusieurs tablettes énumèrent des songes avec leur signification. Mais une seule a été publiée (34). Voici quelques hypothèses qui en sont extraites : « Si un homme en songe — voit un mâle —… voit un corps de chien… voit un corps d’ours avec les pieds d’un (le nom est détruit).., voit un corps de chien avec les pieds d’un (le nom est détruit)…, voit le dieu Nin-Kiotu frapper de mort… voit des ourques mortes,… voit un homme pisser sur lui… etc. » La prédiction n’est pas indiquée, mais ce devrait être un mauvais signe, car après il y a une prière au soleil, « dissipateur des songes funestes », pour échapper aux présages,

Nous avons vu que chez les Grecs il y avait aussi des procédés de purification pour échapper aux présages des songes, et dans l’Electre de Sophocle la servante Chrysothemis raconte au soleil le rêve funeste de Clytemnestre (35).

La table des matières de ce livre contenait I4 présages terrestres et 11 célestes. Les 13e et 14e semblent désigner des songes :

« Un songe de grande lumière, le pays en feu ;
Un songe de grande lumière, le pays en flammes. »
« Une ourque (umaumu) avec les oiseaux du ciel… »

Lenormant suppose qu’il y avait des tables d’observations dressées pour recueillir les coïncidences. Bien que la Chaldée ait été un pays d’observations astronomiques, et que les Chaldéens aient pu avoir une méthode scientifique, nous ne croyons guère à cette méthode baconienne dans la formation de règles d’interprétation des songes. Cela serait contraire à tout ce que l’on peut observer par ailleurs, comme nous le montrerons eu étudiant les clefs des [p. 162] songes. Il signale aussi des rapports d’influence possible citez les Étrusques.

Nous avons déjà vu par la Bible qu’il y avait à Babylone des interprètes de songes (36). L’Assyrie, qui imita la Chaldée, se peuple aussi de voyants (Sabru) favorisés par les dieux de songes prophétiques, provoqués à l’aide d’artifices, très probablement (37).

Dans l’Épopée, Izdhnbar est toujours accompagné de son voyant, Ea-Bani (38) qu’il a délivré et qui lui explique ses nombreux songes, mais il le perd et en est désolé, Etant atteint de maladie, les dieux, ayant pitié de lui, lui envoient un songe, sur la foi duquel il part pour aller consulter Khosis-Atra, et lui demander le secret de sa guérison.

Le règne d’Assourbanipal semble avoir été souvent influencé par les rêves : c’est ainsi qu’avant de combattre Te-Oumman qu’il défit d’ailleurs complètement, ce roi invoqua Istar qui apparut à un voyant ; elle était souriante et dit : « Va en avant pour jouir du butin, l’espace est ouvert devant toi ; je marcherai moi aussi (39). »

Gygès eut un rêve qui amena sa soumission à Assourbanipal. Le dieu Assur lui apparut en effet à lui-nième et lui dit : « Prends le joug d’Assourbanipal, roi d’Assyrie, chéri d’Assur, le roi des dieux, le seigneur de l’univers ; rends hommage à sa royauté et soumets­ toi à sa domination ». Un envoyé lydien vient raconter ce songe à Assourbanipal qui eut grand peine à le comprendre, car il n’y avait pas à la cour d’interprète lydien (40).

Ayant la révolte du père d’Assourbanipal, un voyant avait eu un songe : « Voilà ce que prépare le dieu Sin à ceux qui complotent le mal contre Assourbanipal, roi d’Assyrie ; la bataille est préparée, une mort mauvaise les attend : avec la pointe de l’épée, la flamme du feu, la famine et le jugement de Nergal.je détruirai leurs vies (41). »

Enfin dans sa guerre contre Oummanaldas, roi d’Etam, Istar envoya un songe à son armée (42) : « Moi je marche devant Assourbanipal, dit-il, le roi que mes mains ont formé. » [p. 163]

Tous ces rêves, quand ils n’étaient point des conseils ou des ordres, paraissent avoir été des promesses de victoire des voyants ; et il est bien évident que ces espèces de fonctionnaires étaient faits pour annoncer des événements heureux et des victoires ; ils ne se seraient pas bien trouvés de présager du malheur. Et, si leurs promesses ne se réalisaient pas, on devait les oublier bien vite.

L’importance attribuée aux rêves se manifeste jusque chez les Éthiopiens, dans leurs rapports avec l’Égypte.

Le prince éthiopien Ta-Nout-Amen raconte dans une stèle comment ce fut un rêve qui le poussa à conquérir l’Égypte. Il vit deux serpents, l’un à gauche, l’autre à droite. Un interprète lui dit alors : « Tu possèdes les pays du Midi ; soumets les pays du Nord : que les diadèmes des deux régions aillent sur ta tête, afin que tu aies le pays dans sa longueur et dans sa largeur (43). »

Il faut avouer que c’est l’interprète, plus que le songe, qui fut responsable de l’influence désastreuse qu’eut ce rêve sur l’Egypte.

Voici un rêve au contraire qui amena l’évacuation de l’Egypte. Notons qu’il n’y a pas eu de voyant intermédiaire. C’est le roi éthiopien Sabacon (Maspéro rétablit Taharqnon) qui évacua l’Égypte à la suite d’un songe lui rappelant l’oracle de Napata, et laissa le gouvernement du pars au prêtre Settros (44).

Enfin le roi Tanite Séti fut engagé à tenir tête au roi d’Assyrie Sennachérib par une vision nocturne de Ehtah de Memphis qui annonça la destruction miraculeuse de l’année assyrienne. Il en éleva une statue commémorative (45).

Celte destruction de l’année de Sennachérib est l’apportée dans la Bible comme ayant eu lieu en Judée, sur la prière d’Ezéchias el la prophétie d’Isaïe, par le ministère d’un ange du Seigneur qui tua la nuit 185.000 hommes de l’armée du roi (46).

N. VASCHIDE
Chef des travaux psychologiques
à l’École des Hautes Études
H. PIÉRON
Préparateur
à l’École des Hautes Études

 

 

 

 

Notes

(1) Vaschide and H. Piéron, The Prophetic Dreams in Greek and Roman Antiquity, The Monist, January, 1901. p. 161-194. [en ligne sur notre site]La valeur prophétique du rêve dans la conception biblique, Revue des Traditions populaires, juillet 1901, p, 345-361. [en ligne sur notre site]La valeur prophétique du rêve d’après la psychologie contemporaine, Revue des Revues, 15 juin 1901, p. 630-645. — Le rêve prophétique dans les croyances et les traditions des peuples sauvages. Communc. à la Société d’anthropologie 7 mars 1901. [en ligne sur notre site]

(2) La Bible, Genèse, ch. XLI. Ed. Marten, Paris, Smith, 1827, p. 32.

(3) Bible. Deutéronome, ch. XIII, § 5, p. 149 ; cf. encore Id. Jérémie. ch. XXVII, § 9, 10, ch. XXXII, § 32 ; Id. Isaïe, ch. XIX, § 3, 4, ch. LXV, § 7 ; Id. Deutéronome, ch. XII, § 2, p. 12 ; Id. Zacharie, ch. X, § 2.

(4) Bible. Isaïe, ch. LXV, § 4 ; éd. Le Maistre de Sacy, 1776, T. III, p. 85.
(5) Id. Daniel, ch, IV, § 7 ; id., p. 313 .

(6) Lenormant, La divination et la science des présages chez les Chaldéens, Paris, 1875, appendice, p. 169-177.

(7) Bible, Daniel, ch. II, § 4 : id., p. 303.

(8) N. Vaschide et H. Piéron, The Prophetic Dreams in Greek and Roman Antiquity, The Monist. January, 1901, p. 161-195.

(9) N. Vaschide et H. Piéron, La valeur prophétique des rêves dans les croyances et les traditions des peuples orcauvages, communication à la Société d’Anthropologie du 7 mars 1901.

(10) Pernety, Les Fables égyptiennes et grecques dévoilées et réduites au même principe, Paris, in-12, 1786, T. I, 1. 1, introduction, p. 218.

(11) Bouché-Leclercq, Histoire de la divination dans l’Antiquité, T. Ill, p. 384.

(12) « Apou-ma », cf. Maspero apud Records of past. Il.

(13) Nous avons ajouté les mots omis par la traduction citée.

(14)

(15) Diodore, I, 25, trad. Miot, 1834, T. I, p. 47-48.

(16) C’est un moyen que l’on emploie quelquefois aujourd’hui pour faire disparaître les accidents hystériques. Cf. N. Vaschide et H. Pièron, La valeur séméiologique du rêve. Revue scientifique. 30 mars et 6 avril 1901.

(17) Artérnidore, Onéirocriticon, II, 37, 39 ;  V, 26, 61, 89, 92, 93, 94.

(18) Strabon, éd. Didot. 1843, p. 680, ligne 27 sq

(19) Platarque, De Defectu Oraculorum, éd, Didot. Moralia. T.1. XIV, p. 521,et s.q.

(20) Pausanias, X, 55.

(21) « Οί έν δλμω ϰοιμηθένες έπθειαστιωτατοί είοιν. » Œuvres de Plutarque, éd. Didot, T. V, Pseudo-plutarchea-Proverbia Alexandrinorum, CXIV, p. 171.

(22) FI. Griffith, Stories of the high Priests of Memphis ; the Selin of Herodotus and Demotic Tales of Khamnas, Oxford at the Clarendon Press, 1900 ; cf. et Maspero, Un nouveau conte égyptien. Feuilleton du journal des Débats, 20 mars 1901, et Contes relatifs aux grands-prêtres. Journal des Savants, août 1901, p. 473, n° 4.

(23) Maspero, Journal des Savants, p. 475. Maspero signale un autre exemple d’incubation suivie de naissance d’enfant dans une stèle hiéroglyphique de l’époque d’Auguste, dont le texte est dans : Erisse, Monuments, cl. XXVI bis ; Lepsius, Austraht, cl. XVI, et Scharpe, Egyptian Inscriptions, 1re série, cl. IV.

(24) Leemanns. Papyrus C, (Sept songes), Se trouve n° 50-51.

(25) Dio Chrysostomus, XXXII.

(26) « άτμοί ϰαί έπίϰλησι »

(27) Jamblichi Chalcidensis, De Mysteriis Liber. Praemititur epistola Porphitrii ad Anebonem .Ægyptum codem argumente, Oxonii, 1678.

(28) L. cit., III, ch. XXIlI, p. 150, De somniis divinatione per eu. Ejus causa extra nos.

(29) L. cit. III, ch. II. p. 60-61.De cariis divinationis speciebus. Divina somuia qualia sunt. In iiis maxime vis vaticinandi inest.

(30) Damascius. Vita Isidori, 10, 11, 12, 25, 254. éd. Didot,

(31) Amélineau, Le gnosticisme égyptien. Thèse Fac. des Lettres de Paris, Leroux, in-4°, 1887, p. 49.

(32) J. Thureau-Dangin, Le songe de Gondéa. Comptes rendu de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, Picard, in-8°, janvier-février 1901, p. 112 sq. Col IV, de 14 à 25. P. 118-119.

(33) Lenormant, La divination et la science des présages chez les Chaldéens, in-8°, Paris, 1875, ch. VIII, Les songes el leur interprétation, p. 127-150.

(34) W. A. l. Ill, 56, 2.

(35) N. Vaschide et H. Piéron, The Prophetic Dreams, etc., The Monist. Jan., 1901, p. 171.

(36) Cr. encore, Babylon, apud Phot. Bibloth., Cod. 94, p. 75, éd. Bekker. Voir aussi La valeur prophétique du rêve dans la conception biblique, Revue des Traditions populaires, juillet 1901, p, 345-361.

(37) A. Maury, La magie et l’astrologie, p. 423-429.
(38) G. Smith, Assyrian discoveries, p. 161.

(39), G. Smith, History of Assourbanipal, p. 129, 137. Cf.W. A. T. III, 32, , I, 16, 83.

(40) G. Smith, p. 64, 66-73, 75 ; cf. W. A. T. III, 19, I, 6, 23-30, I, 89-97.

(41) G. Smith, p. 155 sq.

(42) G. Smith, p. 222 sq.

(43) Mariette, Revue archéologique, nouv. série, T. Xll, p. 169. — Catalogue du musée de Boulucq, n° 918. — Maspero, Revue archéologique, nouv. série, T. XVII, p.329, 339.

(44) Maspéro, Histoire ancienne des peuples de l’Orient. 4e éd., 1886. In-12, Hachette, p. 459 ; cf. Hérodote II, 139, 152, et Diodore de Sicile, l, 65.
(45) Hérodote, Il, 441.

(46) Bible, Rois, II, ch. XIX, § 35 : Isaï, ch. XXXVII, § 36.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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