René Allendy. Conceptions antiques et populaires du rêve.] in « Le rêve et la psychanalyse (René Laforgue (Ed.) », (Paris), 1926, pp. 1- 17.

René Allendy. Conceptions antiques et populaires du rêve.] in « Le rêve et la psychanalyse (René Laforgue (Ed.) », (Paris), 1926, pp. 1- 17.

L’article constitue le chapitre premier de la partie historique.

René-Félix Allendy (1882-1942.). Médecin et homéopathe, il s’intéressa à la psychanalyse dès 1920 et devint psychanalyste après avoir fait son analyse avec René Laforgue. Un des douze fondateurs, à l’initiative René Laforgue et Marie Bonaparte, de la Société psychanalytique de Paris en 1926. Il aura comme patient, entre autres, Antonin Artaud et Anaïs Nin.
Sa thèse de médecine, L’alchimie et la médecine, dénote son intérêt précoce et jamais démenti pour l’occultisme. Nous retiendrons son rapprochement des théories surréaliste et l’ouvrage qu’il écrivit Capitalisme et sexualité, qui semble aujourd’hui de toute actualité. – Quelques autres articles de cet auteur :
— Les Névroses. Extrait de la revue « L’Esprit nouveau », (Paris), n°24, 1924, de 8 pages (non paginée). [en ligne sur notre site].
— Le rêve. Paru dans la revue « L’Esprit nouveau », (Paris), n°25, 1924, non paginée. [en ligne sur notre site].
— La libido. Article parut dans la publication « Le Disque vert », (Paris-Bruxelles), deuxième année, troisième série, numéro spécial « Freud », 1924, pp. 38-43. [en ligne sur notre site]
— La psychanalyse et les sciences anciennes. Les doctrines philosophiques. Article paru dans « l’évolution psychiatrique », (Paris), 1925, pp. 258-276. [en ligne sur notre site]
— Conceptions antiques et populaires du rêve.] Extrait de l’ouvrage « Le rêve et la psychanalyse (René Laforgue (Ed.) », (Paris), 1926, pp. 1- 17. [en ligne sur notre site]
— Les présages du point de vue psychanalytique. Article paru dans l’Evolution psychiatrique, (Paris), Editions Payot, 1927, pp. 229-244. [en ligne sur notre site]
— La psychiatrie de Paracelse. Extrait de l’ « Évolution psychiatrque », (Paris), fascicule 2,1936, pp. 3-16. [en ligne sur notre site]
— Les présages du point de vue psychanalytique. Article paru dans l’Evolution psychiatrique, (Paris), Editions Payot, 1927, pp. 229-244. [en ligne sur notre site]
— Explication d’un rêve. Extrait de la« Revue française de psychanalyse », (Paris), vol. 4, n°4, 1930, pp. 710-714. [en ligne sur notre site]
— La psychiatrie de Paracelse. Extrait de l’ « Évolution psychiatrque », (Paris), fascicule 2,1936, pp. 3-16.  [en ligne sur notre site]
— Mythes et rêves collectifs. Extrait de la revue « Visages du monde – Le rêve dans l’art et la littérature », (Paris), n°63, 15 mars 1939, pp. 51-52.  [en ligne sur notre site]

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Les images ont été rajoute par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

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CONCEPTIONS ANTIQUES ET POPULAIRES
DU RÊVE

 par le D r R. Allendy

Par sa généralité et par son caractère étrange, le rêve devait, dès l’origine, frapper puissamment l’imagination des hommes. Déterminé par des tendances inconscientes, il n’apparaît pas facilement au rêveur comme une production de son propre psychisme, mais celui-ci est tenté d’y voir un apport exogène, la communication d’intelligences divines ou démoniaques. Pour déchiffrer ces mystérieux messages, les hommes primitifs eurent recours dès l’origine à des interprètes spécialement exercés et c’est ainsi que nous voyons les songes partout revêtus d’une apparence occulte.

« Parmi les traditions et les croyances des peuples sauvages, disent Vaschide et Piéron, il n’en est pas de plus universelle que celle qui attribue aux rêves une valeur mystérieuse et extraordinaire (1) ».

Les Zoulous croient que c’est l’itongo(âme de l’ancêtre) qui vient les avertir des dangers courus et ils ont des devins. Ceux-ci possèdent des règles d’interprétation plus ou moins complètes [p. 2] et c’est ainsi qu’ils déduisent quelquefois un pronostic inverse, comme un présage de vie d’un rêve de mort.

Les indigènes de Madagascar cherchent dans le songe les conseils de bons démons. Ils admettent que l’âme reçoit ou fait des visites pendant le sommeil.

Les Groënlandais pensent que l’âme quitte le corps pour aller danser ou chasser, mais qu’elle ne peut visiter que ce qu’elle a vu avec le corps (parce qu’ils ont observé que le rêve est fait de souvenirs).

Chez les Océaniens, le rêve est très souvent provoqué parles préoccupations toutes primitives de l’alimentation et s’y rapportent en général. Peut-être est-ce pour cette raison qu’ils donnent des aliments aux morts.

Les Peaux-rouges admettent le rêve prophétique et ceux du Golfe Saint-Laurent racontent qu’une épidémie leur fut annoncée par ce moyen (2). Les Indiens du Nord et les Esquimaux provoquent, par des jeûnes, le rêve prophétique et possèdent une méthode d’interprétation commune à toutes les tribus (3).

Les Chinois conservent une très vieille science d’interprétation des rêves et c’est dans le Livre des dix-mille joyaux (Huon-pao-hien-chou), dont il n’existe malheureusement aucune traduction, que les initiés du pays vont chercher leur instruction à cet égard. Ils y trouvent des présages de santé ou de maladie et nous donnerons plus loin, à propos des cœnesthésies, quelques-unes de leurs principes ; en général, ils se servent d’un code préalable, sorte de Clef des Songes, reposant sur des symboles tels que ceux-ci : rêve d’un bras qui tombe : danger de mort pour un frère ; chute des dents : présage funeste pour la santé.

Nous sommes mieux renseignés sur les idées des Hindous concernant le rêve. Il en est déjà question dans les Upanishads et Jean d’Eraines a pu prétendre que tout le système philosophique de ces derniers, avec la distinction de la vie organique inconsciente et de la vie spirituelle consciente, était tiré [p. 3] de L’étude du rêve (4). L ‘Atharva-Vedà contient beaucoup d’indications sur le rêve et le sommeil. On y trouve des formules magiques à réciter pour éviter le cauchemar (Atharva-Veda VI, 46), de même que les indications sur les présages et le moyen de conjurer les mauvaises influences. Ainsi rêver de nourriture est un présage de disette et il est nécessaire, dans ce cas, de réciter une prière au réveil. On a, d’autres fois, la ressource de se coucher sur l’autre côté ou, si l’on a vu une apparition, de s’essuyer le visage (5). On trouve dans le Kangika Sutra toutes sortes de commentaires sur ces pratiques de l’Atharça-Vedacon cernant le sommeil et les rêves. Ces considérations ont prévalu jusqu’à l’époque actuelle. « Nulle part le rêve n’a joué un rôle aussi important au point de vue de la religion et de la civilisation que dans l’Inde » dit Negelein (6). On trouve dans le Jagadeva toutes sortes de traditions sur le rêve. Certains songes sont considérés comme d’inspiration divine, d’autres comme venant du « ventre ». La conception du rêve comme symptôme médical, à titre d’indice de maladie ou de tempérament, y apparaît nettement. Il est recommandé de distinguer trois catégories de rêves : ceux qui n’ont pas de sens, ceux qui en ont un simple, ceux qui en ont un double. On admet que, pendant le sommeil, l’homme devient purement instinctif et que seul le souffle de vie (prâna) est en cause, ce qui est exprimé d’une façon très poétique par le fait qu’Indra quitte les yeux pour se rendre dans le cœur. On distingue les rêves des tempéraments bilieux, lymphatique et sanguin. Les lymphatiques rêvent d’eau, les bilieux de feu ; et la couleur jouerait, un grand rôle dans le rêve pour indiquer le tempérament. Le rêve du début de la nuit serait le moins important ; au contraire celui qui précède le réveil se réaliserait dans le courant de la journée. Il faut rechercher s’il a une portée générale ou individuelle. [p. 4] Enfin le Jagadeva donne une énumération considérable des présages oniriques tels que celui-ci : rêver qu’on mange du riz au lait sur une feuille de lotus au milieu d’un étang est une promesse de royauté. Toute chose anormale, aurait, en rêve, un sens défavorable, tout particulièrement les pratiques homosexuelles.

Dans l’Orient classique, nous trouvons une histoire du rêve très comparable. C’est d’abord chez les Égyptiens une théorie selon laquelle l’individu est composé de plusieurs âmes différentes : Kale double, bal l’âme animale (inconsciente) et Khou

l’esprit (conscient). Une telle théorie comporte nécessairement une conception particulière du sommeil. D’autre part, les Égyptiens admettent que les dieux peuvent se manifester aux hommes par le moyen des songes et au temps de la Xlle dynastie, le songe est appelé « message de vérité ». (7) On raconte ainsi que Thoutmès IV s’étant endormi aux pieds du sphinx de Giseh, Hermanubis lui apparut en rêve et lui promit la royauté à condition de protéger le sphinx contre le sable du désert. Ptah apparaît en songe au roi Seti et lui prédit la destruction miraculeuse de l’armée assyrienne. On a conservé ainsi plusieurs songes royaux. Il y avait des interprètes de songes professionnels attachés au collèges des prêtres (8). Diodore de Sicile (I, 25) nous apprend qu’on s’endormait dans le temple d’Isis pour y faire des rêves révélant le moyen de recouvrer la santé.

Les mœurs de Chaldéens et des Assyriens différaient peu. Jamblique rapporte des pratiques semblables d’incubation médicale à Babylon. Les rois y attachent la même valeur : Assurbanipal est encouragé par un rêve à combattre le roi de Ninive ; Gygès de Lydie décide par un rêve la soumission de son prince au monarque assyrien. Les songes exercent réellement une grande influence sur l’histoire, tout l’Orient du vin e au VIIe siècle avant Jésus-Christ. Un songe annonce à Crésus la mort de son fils, de même la gloire future de Darius, fils d’Hystapë. Sabacon d’Éthiopie, après un règne prospère, se décide à [p. 5] évacuer l’Égypte à la suite d’un songe qui lui rappelle un oracle rendu lors de son avènement au trône. Enfin, à cette période, selon Lenormant (9), la croyance aux songes était devenue une sorte d’épidémie mentale. Boissier a réuni des textes relatifs à ce genre de divination, en écriture cunéiforme, donnant des clefs d’interprétation. Ainsi l’homme qui rêve déporter un char obtiendra les désirs de son cœur ; s’il porte un arc, il aura du butin ; s’il porte du sel, ses paroles lui feront tort : s’il donne du bois, il aura des filles ; s’il taille des pierres, son enfant mourra (10). On a retrouvé également toutes sortes de formules magiques pour conjurer les mauvais rêves. En général, ceux-ci étaient attribués aux démons (11). Hérodote et Pomponius Mela donnent des informations à ce sujet.

Chez les Perses, le Zend Avesta parle du rêve et des visites que les âmes peuvent se faire entre elles. Là, la tradition s’est conservée intacte et le Mémorial des Saintsdu Cheik Ferid Assar (XIIe siècle) est plein de rêves prophétiques. On en trouve également beaucoup dans le Livre des Roisde Fir- Douzi (12).

Les Juifs devaient, naturellement, partager les croyances communes à tout l’Orient antique et les songes jouent un rôle important dans la Bible. Ce sont d’abord les songes proprement prophétiques où Dieu apparaît aux prophètes (tels sont les rêves de Jacob), puis les rêves où Dieu charge un prophète de transmettre ses avertissements à la personne intéressée (Nathan est chargé de dire à David qu’il doit bâtir le Temple (RoisII. VII, 4-17), enfin les rêves individuels, tel celui que Judas Machabée (II. Mac. XV, 12-16) raconte à ses troupes pour leur donner du courage. Dieu considère lui-même

le moyen de parler en songe à ses prophètes comme inférieur à [p. 6] celui de La parole directe à l’état de veille (NombresXII, 5-10). Quelquefois, il délègue des anges à sa place (songes de Saint-Joseph). Il arrivait encore que les prophètes morts allaient converser en songe avec leurs successeurs. Enfin, à ceux qui ne le connaissaient pas et n’auraient pu le reconnaître en songe, Dieu envoyait des rêves allégoriques (rêves du Pharaon, du grand échanson et du pannetier (GenèseXXXVII, 2), ou les rêves de Nabuchodonozor interprétés par Daniel). Seulement, il était très difficile de reconnaître les songes inspirés des autres d’où les imprécations des prophètes contre les « faux songes ». On y voit un essai d’explication psycho-physiologique :

« Comme le songe vient de la multitude des occupations, ainsi la voix des fous sort de la multitude des foules (Eccl. V. 3). »

« Comme, dans la multitude des songes, il y a des vanités, aussi y en a-t-il beaucoup dans la multitude des paroles (Eccl. V. 7). »

« Les divinations de l’erreur, les augures trompeurs et les songes des méchants ne sont que vanité et ne sont que les effets de notre imagination comme des fantaisies des femmes grosses (Eccl. XXXIV, 5-6). »

Vaschide et Piéron, à qui nous devons une excellente étude du rêve dans la Bible, pensent que les Juifs ont beaucoup usé du rêve comme moyen religieux ou politique (13).

Dans le Nouveau Testament, nous retrouvons le rêve prophétique, particulièrement dans l’Évangile de Mathieu : Joseph est averti de sa paternité (51, 20), puis de la nécessité de fuir en Égypte (II, 12-13). La femme de Pilate est informée de l’innocence de Jésus (XXVII, 19).

En raison de cette tradition, les prêtres catholiques ont toujours défendu la possibilité prophétique des rêves et la légitimité de leur interprétation, notamment contre les scholastiques, chez les Grecs que la connaissance du rêve et de son mécanisme paraît avoir été le plus parfaitement approfondie. [p. 7]

A l’origine, la conception du rêve apparaît noyée dans la mythologie pour prendre une forme rationnelle avec les philosophes et devenir très proche de ce que nous en savons aujourd’hui avec Artémidore.

Pour Hésiode, les songes sont fils de la Nuit et frère du Sommeil (Théog. 211). Pour Homère, ce sont des figures aériennes qui prennent toutes espèces de formes. Ce sont encore des fantômes des morts venus de la porte des Champs- Élysées, au delà de l’Océan, comme Patrocle qui apparaît à Achille.

Ce sont encore des dieux ou des déesses, comme Athéné apparaissant à Nausicaa sous forme d’une compagne

Les rêves ordinaires sont des figures formées aux confins du monde. Ovide (Metam. XI. 633) reprenant une très vieille tradition grecque, dit qu’ils habitent, au pays des Cimmériens, le palais du Sommeil leur père, et que parmi eux, Morphée prend les formes humaines, Kélos ou Phobétor les formes animales et Phantasios copie la nature inanimée. Euridipe dit que « les songes aux ailes noires sont les fils de la Terre puissante ». Les Pythagoriciens les appellent fils de la Nuit messagers de la Lumière (14). Hermès devient leur conducteur. Les Grecs ont reconnu l’influence des facteurs psychologiques et physiologiques sur la formation des rêves. Homère dit qu’il

faut attacher plus d’importance aux songes du matin [Odyssée IV ; 84). Théocrite répète ce principe et ajoute que les songes d’après les repas abondants sont suspects (Idyl. XIV. I) Pour Apulée les repas abondants causent les songes tristes. Pythagore,qui attachait la plus grande importance aux rêves, défendait tout particulièrement les fèves, interdisait de se coucher sur le dos ou sur le côté droit, pensant que le foie était le miroir des images révélatrices. On prétendait que le printemps était la saison la plus favorable à la netteté des rêves ; on recommandait de placer une branche de laurier près de la tête pour purifier les songes et on arriva même à fabriquer des talismans pour obtenir des songes heureux. [p. 8]

Bouché-Leclerc a consacré une étude très importante à cette question (15). On y trouve toutes sortes de renseignements sur l’incubation que les Grecs pratiquaient à la manière des peuples de l’Orient. Plutarque, Pausanias parlent de cette coutume de s’endormir dans un temple pour y obtenir en songe une révélation soit sur la conduite à tenir (comme les magistrats de Sparte dormant dans le temple de Pasiphaé) soit sur la diététique à suivre au point de vue médical. On faisait un sacrifice et on s’étendait sur une peau (derma) d’où l’étymologie du mot dormir selon Vossius.

L’interprétation des rêves faisait l’objet d’une science spéciale dans laquelle excellaient particulièrement les devins de Telmesse en Carie et les Galéotes de Sicile. Homère (v. 149). Il parle d’un interprète de songes. Il raconte (Od. XX. 88) le rêve de Pénélope voyant son époux reposer à ses côtés avec l’apparence qu’il avait lors de son départ pour Ilion et indique que cette vision présageait une réalité future. Il était naturellement difficile de ne pas être trompé par les rêves et c’est pourquoi l’Odyssée (XlX. 560) parle de deux portes, de corne et d’ivoire, par lesquelles passent les songes : l’ivoire, έλέφας, se rapporte à l’idée de tromper (έλεφαίρεθαι) tandis que la corne, ϰέρας, se rapporte à l’idée de réaliser (ϰραίνειν). Telle est du moins, l’interprétation de Baur dans sa Symbolik. Hierophile distingue les songes envoyés par les dieux, et ceux qui viennent de l’âme elle-même (pouvant également contenir un élément prophétique), enfin les songes mixtes, appelés du dehors par un désir ou une préoccupation intérieure (songes érotiques par exemple).

Les Grecs ont cherché à se faire une conception philosophique du rêve, à côté de l’aspect mythologique ou divinatoire de la question. Ils ont noté la valeur individuelle du rêve. « Autant les hommes deviennent différents, dit Empédocle (fragment 108), autant il se présente à eux des pensées différentes ensonge. » Heraclite dit de même (frag. 95 : « Ceux qui veillent [p. 9] ont un monde commun mais ceux qui dorment se détournent chacun dans son monde particulier ». Cet auteur a essayé une théorie du sommeil et du rêve. « Héraclite est d’avis, dit Sextus Empiricus, que ce qui nous entoure est rationnel et doué de conscience. Selon lui, quand nous aspirons cette raison divine par la respiration nous devenons des êtres raisonnables. Dans le sommeil nous oublions, mais à notre réveil, nous redevenons conscients. Car dans le sommeil, quand les ouvertures des sons se ferment, l’esprit qui est en nous est coupé du contact avec ce qui nous entoure et seule est conservée notre relation avec lui par la respiration, comme une sorte de racine, de laquelle le reste peut sortir de nouveau et quand il est ainsi séparé, il perd la faculté de mémoire qu’il avait auparavant. Mais quand nous nous éveillons, il regarde à travers les ouvertures des sens comme à travers des fenêtres et, se réunissant à l’esprit qui l’entoure, il reprend la faculté de raison ».

La plupart des philosophes ont pensé, comme les Pythagoriciens, que le rêve pouvait être un précieux moyen de connaissance. Anaxagore (frag. 34) disait qu’il y a deux façons de se renseigner sur la mort, car elle est « comme le temps qui précède la naissance et comme le sommeil ». Epiménide racontait que ses maîtres étaient le sommeil profond et le rêve.

Hippocrate avait pensé utiliser le rêve au point de vue médical et a composé un traité, malheureusement perdu. Sa théorie était que le sommeil atteint seulement le corps ; l’âme veille toujours et perçoit sans les organes des sens avec une délicatesse extrême car, n’étant plus obligée de prêter son concours au corps endormi, elle s’appartient davantage et pense avec une puissance extraordinaire. Galien reprit cette façon de voir et pensa à utiliser les cœnesthesies qui se traduisent en rêve.

« Nimirum anima, quanto non vacat sensibus externis, profondius sentit ea quae ad corporis dispositionem pertinent. »

Platon, dans le Timée et dans la République, (lib. IX) applique sa théorie des trois âmes et montre la rupture de la synergie entre le conscient et l’inconscient.

Aristote nous a laissé un traité du sommeil et des songes[p. 10] très remarquable au point de vue philosophique. Il définit le sommeil comme l’abolition de la sensation (les végétaux, insensibles, ne dorment ni ne veillent) : il cherche à en donner une explication physiologique d’après l’évaporation du sang et la concentration thermique. Quant au rêve, ce n’est pas la sensibilité, abolie pendant le sommeil, qui nous le lait percevoir : il y a dans le rêve autre chose que le rêve lui-même et la pensée agit indépendamment et au delà de ce qui lui est alors présenté :

A l’état de veille, les mouvements psychologiques disparaissent devant la sensation ; pendant le rêve, ils deviennent beaucoup plus clairs et produisent les hallucinations d’autant mieux que le principe supérieur qui juge est à peu près réduit à l’impuissance. Le rêve est donc une sorte d’image qui se produit durant le sommeil, provenant des débris de sensations laissés dans les organes. Aristote n’admet guère le caractère divinatoire du rêve. « Il est presque aussi difficile, dit-il, de dédaigner que d’admettre la divination qu’on prétend tirer des rêves ». Comment admettre que les songes nous soient envoyés par la divinité puisque les hommes les plus vulgaires en ont ? On ne peut considérer les rêves que comme les causes de certains phénomènes ou comme de simples coïncidences ou comme des signes. Le rêve peut être la cause de l’événement car, de même que la pensée de la veille agit sur le cours du rêve, de même, inversement, certains sentiments qui nous ont vivement agités pendant notre sommeil ne peuvent-ils pas mettre notre volonté dans telle ou telle direction ? D’autre part, le rêve peut être le signe de l’événement. Les maladies sont précédées de mouvements insolites dans notre organisation, lesquels sont imperceptibles à l’état de veille, masquées par des impressions plus vives. Au contraire, pendant le sommeil ils sont sentis énergiquement (un petit bruit dans l’oreille devient un coup de tonnerre ; une petite cuisson devient un brasier ardent). Enfin, la plupart du temps, les rêves ne sont que de pures coïncidences. Les gens qui ont beaucoup de rêves finissent par en avoir qui se réalisent : la plupart des rêves prophétiques ne se réalisent pas. Les gens qui expliquent les songes ne font [p. 11] que saisir les ressemblances par leur habileté, comme on reconstruirait un objet réfléchi dans l’eau trouble en le déduisant des signes qui offrent le plus de ressemblances.

Cependant l’antiquité nous a laissé des recueils de rêves mystérieux et l’opinion générale était qu’un profit véritable pouvait être tiré de l’interprétation des songes. On peut consulter à ce sujet Plutarque (16) et, chez les Romains, Ciceron (De divinatione). Au IIe siècle de notre ère Artémidore composa un traité d’Onirocritique en cinq volumes qui constitue une véritable encyclopédie de la question et dans lequel on trouve les vues les plus pénétrantes qui aient jamais été exprimées avant la période contemporaine.

Artémidore se place sur le terrain purement empirique. Il distingue les rêves, ένυπνια, sans valeur prophétique et les songes ὂνειροι, ayant une valeur divinatoire. Il estime que les songes de l’âme viennent des désirs et des craintes qui l’agitent (I-I). Le songe est donc l’œuvre de l’âme, l’œuvre du dormeur et n’est pas envoyé par quelqu’un du dehors (IV-50) de telle sorte qu’on n’aura jamais de vision concernant les choses dont on ne s’est pas occupé (1-2). Il existe des songes théorématiques, représentant directement l’événement qui doit arriver et d’autres allégoriques. Pour ceux-là, l’interprétation est extrêmement complexe. Ainsi les parties du corps peuvent représenter des personnes différentes : la tête se rapporte au père, le pied à l’esclave, la main droite à la mère, au fils, à l’ami, au frère, la main gauche à l’épouse, la fille, la sœur, etc. Il faut tenir compte de l’emblème représenté. Si un potier rêve qu’il bat sa mère, il faut comprendre qu’il pétrit la terre. Aristide, malade, rêve qu’il est habillé de blanc, dans son vêtement de jurisconsulte, mais c’est le linceul qui est signifié.

Il faut se mettre à la place du rêveur pour comprendre à quoi chaque allégorie peut se rapporter à son point de vue spécial. Artémidore conseille donc de tenir compte, dans l’interprétation, de la nature, de la loi, de la coutume, de la [p. 12] profession, du nom et du temps (I. 3 ; IV, 2). Le même rêve signifie donc des choses différentes selon la personnalité du rêveur. Rêver d’être mis en croix pour quelqu’un qui doit s’embarquer, signifie qu’il sera porté par le bois du navire, pour un pauvre qu’il sera élevé au-dessus de sa condition, pour un esclave qu’il retrouvera la liberté dont la croix est le symbole (II, 53). Il faut encore tenir compte des circonstances qui, pour la même personne, font varier le sens du rêve.

Un homme rêve trois fois qu’il a perdu son nez : la première fois, il perd sa situation de parfumeur ; la seconde fois, il est calomnié et montré du doigt comme s’il avait un visage déformé ; la troisième fois, il meurt et va ressembler à une tête de mort (la camarde) (IV, 27).

En général, quand le songe est compliqué, il faut en interpréter séparément les parties (IV, 35). Il faut tenir compte non seulement de l’événement mais du sentiment affectif qui l’accompagne I. 12). Il faut enfin rechercher les assonances, particulièrement pour les noms des personnages qu’on voit en rêve. Ici, Artémidore cite différents exemples (IV, 24).

Pour bien connaître les connaissances des anciens sur les rêves, il faudrait encore consulter Astrampsychos, (17) Synésius, (Des songes) et Macrobe. Ce dernier a écrit le Commentaire sur le Songe de Scipion. Il raconte d’abord comment Scipion vit en songe son aïeul Scipion l’Africain qui l’encouragea à bien mériter delà patrie, puis aperçut les étoiles, le système planétaire, neuf cercles, neuf globes, entendit la musique des sphères, vit la terre en détail et comprit que l’âme est la seule réalité : Ensuite Macrobe indique que les visions du sommeil sont de cinq catégories différentes : les rêves (où l’on éprouve les mêmes impressions qu’à l’état de veille et dans lesquels on ne saurait découvrir aucun sens profitable), les spectres (sortes d’hallucinations survenant à la phase intermédiaire entre la veille et le sommeil et également dépourvus de valeur), les oracles (quand un personnage important se manifeste pour nous instruire de [p. 13] quelque chose), les visions (où se présentent à nous des scènes qui se réaliseront plus tard, les songes (communications symboliques, plus ou moins obscures et nécessitant une interprétation). Les prédictions, menaces, avis reçus en songe ont un sens équivoque lorsqu’il s’agit d’adversités. Lorsqu’il s’agit de simples avis, nous pouvons détourner de nous le malheur par de la prudence ou par des offrandes aux dieux. Souvent, celui à qui les dieux envoient un avis l’interprète mal, tel Agamemnon qui, averti de rassembler ses forces pour s’assurer la victoire, crut qu’il devait engager un combat et se fit battre.

Macrobe fait suivre ces considérations de longs développements sur l’âme et la cosmogonie qui sont sans intérêt pour nous. Tout ce qu’il dit du rêve est en grande partie extrait des deux premiers chapitres d’Artémidore.

Les diverses théories et croyances de l’antiquité classique, concernant les rêves, par les néo-platoniciens et les alexandrins, furent transmises aux Arabes. Les uns s’attachaient surtout au côté divinatoire du rêve comme Jamblique qui voulait y voir un colloque avec une intelligence supérieure, à la manière de Pythagore ; les autres envisageaient la question du côté rationnel et positif de la même façon que Philon le Juif cherchant dans la juste évaluation du présent la vision toute positive de l’avenir qui en découle.

Les Arabes eux-mêmes ne purent rien ajouter à ces théories mais obscurcirent d’un plus grand nombre de superstitions les données précédentes.

Mahomet consacra la valeur prophétique des songes en prétendant recevoir de Dieu, par une vision nocturne, sa charge de prophète. Une autre fois, il rêva qu’il entrait dans le temple de La Mecque avec ses compagnons et y accomplissait toutes sortes de cérémonies religieuses. Il en déduisit qu’il serait bientôt, comme il le désirait, maître de La Mecque. C’était Abou-Bekr qui interprétait généralement les songes du prophète.

La tradition arabe a conservé une série de songes prophétiques se rapportant à Mahomet. Ainsi Osman, avant d’être [p. 14]étranglé par les janissaires, rêva que son chameau se dérobait sous lui, en allant à La Mecque, ne lui laissant que la bride dans la main, symbole de l’empire qui allait lui échapper.

Les Mille et une Nuitsnous donnent une idée des conceptions populaires du songe, mais c’est à Macoudi de Bagdad (Xe siècle) que nous devons le meilleur traité savant. Il distingue les rêves accidentels et ceux qui s’imposent. Les songes viennent en partie de Dieu, en partie de Satan. Le rêveur aurait, cependant, un rôle actif. « On croit, dit Macoudi, que l’homme doué de la faculté de percevoir, sort du corps à l’état de sommeil et peut alors contempler le monde et ses mystères. » Il fait intervenir les facteurs physiologiques : « L’opinion de la généralité des médecins est que les songes sont engendrés par les humeurs fondamentales du corps et que chacun rêve selon son tempérament et sa force. » Aussi les médecins utilisaient-ils le rêve. Eben Abi Assaibiah cite, comme sources de la science médicale : l’inspiration divine, les songes, le hasard, l’observation et l’instinct. Il semble bien qu’il existait chez les Arabes, des interprètes professionnels et que l’oniromancie constituait une science autonome (18).

Les connaissances et traditions concernant le rêve, en Europe, au moyen-âge, ont été fortement influencées par l’apport des Arabes, mais aussi sans doute par les vestiges de la science antique qui pouvaient être rapportés par les moines, par le contact oriental des Croisades, enfin par l’infiltration de la philosophie hermétique. Des traditions autochtones, nous ne savons pas grand’chose d’original. Il est certain que, chez les Celtes avait dû se conserver la croyance au caractère mystérieux et prophétique du rêve que nous savons avoir existé chez les anciens Gaulois. Chez les Germains, le mot qui désigne le rêve s’apparente à l’idée de ravissement (dream, traum, drom) ou le sommeil à l’idée de planer (schweben). Les rêves viennent des dieux ou des démons et sont comparés par eux à des oiseaux. Ils y attachaient une grande importance dans [p. 15] certaines circonstances (rêve de la nuit de noces, du jour de l’an, etc.) et le rêve joue un rôle important dans la mythologie germanique, tel le rêve de Krimhild dans les Niebelungen (19).

Chez les Scandinaves, nous devons consulter les Eddas et les Sagaset nous apprenons qu’une grande importance est également accordée aux rêves mais surtout aux prophéties directes. Il n’existe pas d’interprètes professionnels mais certaines personnes spécialement douées qui n’obéissent d’ailleurs qu’à l’inspiration et non à des règles établies. Il faudrait également consulter le Kalevala pour les traditions finnoises.

Quoi qu’il en soit d’ailleurs de ces croyances locales, à peu près identiques à ce qui existe partout, la connaissance scientifique du rêve se reconstitua dès le moyen-âge, en Europe, à partir des sources que nous avons indiquées et l’Église confirma la valeur mystérieuse et prophétique du rêve tout en restreignant un peu sa fréquence. Il faut attendre la Renaissance pour voir se formuler les théories du sommeil et du rêve. En réalité, ces théories ne sont qu’une réédition plus ou moins complète des théories antiques. Les Hermétistes ne se distinguent que par leur conception très nette des différents plans de conscience (âme instinctive, âme supérieure) et par leur théorie de l’analogie universelle avec tout le côté occulte qu’elle comporte : magie, astrologie, science des symboles et des présages. Il est bien évident, qu’ils devaient s’intéresser beaucoup aux rêves. Les Alchimistes, sous leur vocabulaire emprunté à la chimie, enseignaient les grands principes hermétiques et on peut trouver dans leurs traités, sous un symbolisme savant, un exposé très complet des rapports du conscient et de l’inconscient. Nous nous réservons de publier un jour une monographie à ce sujet. La question, envisagée du point de vue hermétique, est fort bien résumée par Cornélius Agrippa.

Cornélius Agrippa, dans sa Philosophie Occulte (I-LIX) consacre un chapitre à l’interprétation des songes. Il met à part les fantômeset les insomnies « qui sont chose vaine et où il [p. 16] n’y a point de divination, mais qui viennent des veilles, des fatigues et du trouble du corps ». Il explique que ce sont là des résidus de la pensée de veille. « J’appelle songe, dit-il, ce qui est causé par l’influence des corps célestes dans l’esprit fantastique, l’esprit et le corps se portant bien. Les astrologues apprennent à l’interpréter, dans le traité de leurs questions ; mais la règle qu’ils en donnent n’est pas suffisante parce que ces sortes de songes viennent de différentes manières à différentes personnes suivant les différentes qualités de l’esprit fantasmique et sa disposition. C’est pourquoi il ne faut pas se faire une règle générale d’expliquer ou interpréter également tous les songes de chacun des hommes, mais selon l’opinion de Synesius, suivant que les accidents sont les mêmes dans les mêmes choses et semblables dans de semblables choses. » Il met donc en garde contre l’interprétation générale et préconise l’interprétation personnelle, à la manière d’Artémidore. On sent qu’il a une vague idée de ce que valent à ce point de vue, les associations d’idées. « Ainsi, quand on a vu plusieurs fois la même chose ou semblable chose et que l’on s’est imprimé le même sentiment ou un semblable, une passion, une fortune, une action, un succès, comme dit Aristote, la mémoire se fortifie par le sens ; de la mémoire qu’on a souvent retenue vient la connaissance ; de plusieurs connaissances qu’on a acquises peu à peu s’accumulent l’art et la science : il faut procéder de la même manière pour les songes. C’est pourquoi Synesius veut qu’un chacun observe ses songes et leur suite, savoir : ce que l’on a vu, quels effets ils ont eus; et ces sortes de règles, savoir : de bien se ressouvenir, imprimer dans sa mémoire ce que l’on a vu, les accidents, les songes et les veilles, et en les observant bien par ces sortes de règles réitérées, les rassembler plusieurs fois dans soi-même et les accumuler ; il vient à un chacun de cet assemblage et de cette accumulation une certaine méthode ou un art de deviner. »

Au XVIe siècle, Pierre Le Loyer, dans son Discours des Spectres, Visions, Apparitions d’esprits, parle longuement du rêve et du sommeil et il y voit une possibilité pour l’âme de [p. 17] fonctionner plus pleinement : « Certainement, c’est alors qu’elle peut plus librement ratiociner à son aise quand le corps qui est sa prison, ne la retient trop enserrée des soins et affaires journalières ». Plus tard, le cardinal Bona attribue les songes à l’imagination quand ils ne sont ni des visions divines ni des visions diaboliques.

Parmi les auteurs les plus notoires de la période moderne, il

faut citer, au XVIIIe siècle, Sprengel, dans son Histoire pragmatique de la médecine (l’âme dans le rêve, dégagée des impressions environnantes, est abandonnée à son activité propre et primitive), Cabanis, pour qui le rêve est compatible avec l’exercice de la volonté et du raisonnement, Boerhaave, qui essaie de tout expliquer par des conceptions matérialistes, Darwin pour qui le rêve est la suspension de toute puissance volitive, de toute conscience de la réalité, Formey (20) qui exclut du rêve la réflexion et qui pose en principe que « s’il y a des vides apparents dans la suite de nos idées, il n’y a pourtant aucune interruption réelle », Dugald-Stewart qui refuse à l’esprit l’exercice de toutes les facultés dont il jouit à l’état de veille, le songe ne dépendant que des seules lois d’association à l’exclusion des facultés supérieures.

Nous en arrivons ainsi à la période des recherches contemporaines. Celles-ci ont porté surtout sur les conditions physiologiques et psychologiques du rêve jusqu’à ce que Freud en montre la signification et en dégage une méthode d’interprétation.

Notes

(1)Vaschide et Piéron, le Rêve prophétique dans les croyances et les traditions des peuples sauvages.[en lige sur notre site]

(2) Lafiteau, Mœurs de sauvages américains.P

(3) Clodd, Myths and Dreams.

(4) Jean d’Eraines, Le rêve, son influence sur le développement psychologique de l’humanité, son rôle dans la formation des religions. Paris, 1919.

(5) Vicror Henry, La magie dans l’Inde antique.

(6) Negelein, Traumscheussel des Jagaddeva, 1912.

(7) Cf. Masrpéro, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique.

(8) Naville, La religion des anciens Égyptiens.

(9) Lenormant, La divination chez les Chaldéens. Paris, 1875.

(10) Boissier, Textes relatifs à la divination assyro-babilonienne. Paris, 1906.

(11) Alf-Lehmann, Aberglauben und Zauberei.

(12) Cf. Vaschide et Piéron, La croyance à la valeur prophétique du rêve dans L’Orient antique. [en lige sur notre site]

(13) Vaschide et Piéron, Valeur du rêve prophétique dans la conception biblique. [en lige sur notre site]

(14) Plutarque, Ser. Num. vind. 221.

(15) Bouché-Leclerc. Histoire de la divination dans l’Antiquité. Paris, 1879, 4 vol.

(16) Cf. Plutarque Trad. Betoland. T. I. p. 197, 380 ; T. III, p. 460,  T. IV p. 82.

(17) Oraculorum décades. CIII. Edit. Hercher, 1863.

(18) Cf. Vaschide et Piéron, Le rêve prophétique dans la philosophie des Arabeset Leclerc, Histoire de la médecine arabe, 3 vol., 1876.

(19) J. Grimm, Mythologie allemande.

(20) Formey, Mélanges philosophiques du sommeil, 1754. [en lige sur notre site]

 

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