Nicolas Vaschide & Henri Piéron. Le rêve prophétique dans les croyances et les traditions des peuples sauvages. In « Bulletin de la Société d’anthropologie de Paris », (Paris), Ve série, tome 2, 1901, pp. 194-205.

Nicolas Vaschide & Henri Piéron. Le rêve prophétique dans les croyances et les traditions des peuples sauvages. In « Bulletin de la Société d’anthropologie de Paris », (Paris), Ve série, tome 2, 1901, pp. 194-205.

 

Nicolas Vaschide (1874-1907). Psychologue d’origine roumaine, élève et proche collaborateur de Alfred Binet. Nous avons retenu parmi plus de dizaines de publications celles sur le sommeil et les rêves :
— Appréciation du temps pendant le sommeil (Résumé des recherches personnelles). in « Intermédiaire des biologistes », (Paris), tome I, 1898, pp. 228 et pp. 419.
— Recherches expérimentales sur les rêves. De la continuité des rêves pendant le sommeil. In « Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’académie des sciences », (Paris), tome cent vingt-neuvième, juillet-décembre 1899, pp. 183-186. [en ligne sur notre site]
— Prophetic Dreams in Greek and Roman Antiquity. Article parut dans la revue anglaise « The Monist », (hiccup), volume XI, january, 1901, pp. 162-194. [en ligne sur notre site]
— Projection du rêve dans la veille. in « Revue de Psychiatrie », (Paris), nouvelle série, 4e série, tome IV,  février 1901, p.38-49.
— La croyance à la valeur prophétique du rêve dans l’Orient antique. Partie 1. Extrait de la « Revue de synthèse historique », (Paris), tome troisième, juillet-août 1901, pp. 151-163.
— De la valeur séméiologique du rêve. In « Revue scientifique », 30 mars et 6 avril 1901.— La valeur du rêve prophétique dans la conception biblique. Article parut dans la « Revue des Traditions Populaires », (Paris), 16e année, tome XVI, n°7, juillet 1901, pp.345-360. [en ligne sur notre site]
— Contribution à la séméiologie du rêve. In « Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris », (Paris), année 1901 Volume 2 Numéro 2 pp. 293-300. [en ligne sur notre site]
— Le rêve prophétique dans la croyance et la philosophie des Arabes. Article paru dans le « Bulletin de la Société d’anthropologie de Paris », (Paris), Ve série, tome 3, 1902, pp. 228-243. [en ligne sur notre site]
— De la valeur prophétique du rêve dans la philosophie et dans les pensées contemporaines. Paris, V. Giard & E. Brière, 1902. 1 vol. in-8°, 40 p.
— (avec Nicolas Vaschide). La Psychologie du Rêve au point de vue médical. Paris, J.-B. Baillière et Fils, 1902. 1 vol. in-8°, 95 p.
— Le Sommeil et les Rêves. Paris, Ernest Flammarion, 1911. 1 vol. Dans la « Bibliothèque de philosophie scientifique ».
— Les théories du rêve et du sommeil. I. La théorie biologique du sommeil de M. Claparède. Extrait de la Revue de Psychiatrie, 1907, n°4. Paris, Octave Doin, 1907. 1 vol. in-8°, pp. 133-144.
— Valeur symptomatique du rêve au point de vue de l’état mental de la veille chez une circulaire. Paris, 1901.

VASCHIDEPIERON0006Henri Louis Charles Piéron, (1881-1964). Psychologue. De 1923 à 1951, Il fut titulaire de la chaire de physiologie des sensations au Collège France.
Parmi ses très nombreux travaux et publications nous avons retenu :
— L’Évolution de la mémoire, Paris, Flammarion, 1910. Bibliothèque de philosophie scientifique.
— Le Problème physiologique du sommeil. Paris, Masson, 1913.
— Le Cerveau et la pensée, Paris, Alcan, 1923. Nouvelle collection scientifique.
— Éléments de psychologie expérimentale, Paris, Vuibert, 1925.
— Psychologie expérimentale, Paris, A. Colin, 1927.
— La Connaissance sensorielle et les problèmes de la vision, Paris, Hermann, 1936.
— (Avec Georges Heuyer) Le Niveau intellectuel des enfants d’âge scolaire (publication de l’Institut national d’études démographiques, 1950.
— Les Problèmes fondamentaux de la psychophysique dans la science actuelle, Paris, Hermann, 1951.
— Vocabulaire de la psychologie (avec la collaboration de l’Association des travailleurs scientifiques), Paris, Presses universitaires de France, 1951.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

[p. 194]

La question du rêve prophétique nous occupe depuis bien des années et l’un de nous (Vaschide) s’est proposé, et il a essayé même de l’étudier expérimentalement depuis bien longtemps. Mais avant de publier le résultat de nos recherches nous avons pensé à faire une mise au point critique de cette question si capitale et si importante dans la mentalité humaine, et dans ce but nous avons passé en revue toute la philosophie et les documents connus, depuis les anciens livres chinois jusqu’aux publications des psychologues modernes. Dans un récent numéro du « The Monist (1) » nous publions un premier article d’un certain nombre sur le point de paraître et nous discutons la question telle qu’elle a été étudiée dans l’antiquité gréco-latine.

Cette fois nous avons essuyé de déblayer un terrain aride et peu connu, tâchant seulement d’effleurer la question. Les documents manquent et le peu qui existe est perdu dans un verbiage sociologique qui occuperait inutilement des centaines d’individualités. Nous serons particulièrement reconnaissants à ceux des membres de l’honorable Société, si par hasard la question leur suggérait un intérêt quelconque, de bien vouloir nous éclairer de leurs lumières. Mieux habitués que nous et plus au courant avec les recherches de bibliographie anthropologique, il faut espérer pour nous, qu’ils out eu la chance d’être saisis, ne fût-ce qu’en passant, par la portée philosophique de notre étude, sinon par elle-même.

Nous nous contentons de poser le problème à titre d’un chapitre d’un ensemble de recherches destinées à éclairer la valeur et le crédit scientifique de l’histoire des faits. La question a été agitée depuis les premiers moments d’intelligibilité humaine, et pour le psychologue la philosophie du sauvage est à ce point précieuse à plus d’un titre. Mais à notre connaissance, malgré nos multiples recherches, la question du rêve prophétique dans les croyances et tes traditions des peuples sauvages est une des plus pauvres que présente l’anthropologie (2).

I

Parmi les traditions et les croyances des peuples sauvages, il n’en est pas de plus universelle que celle qui attribue aux rêves une valeur mystérieuse et extraordinaire. [p. 195]

Le rêve est, en effet, un des premiers phénomènes qui aient surpris, qui aient étonné le sauvage, l’homme primitif. Or, l’étonnement est à coup sûr l’origine du premier effort qu’ait fait l’esprit humain pour trouver une explication aux choses de la nature. Le sauvage a donc observé les conditions du sommeil et du rêve, et la nature des événements qui s’y passaient, et il en a tiré un assez grand nombre de conclusions, qui ont presque certainement servi de base, sinon unique, du moins première, à un grand nombre de croyances importantes qui se sont ensuite indéfiniment perpétuées.

Tout d’abord l’image du rêve qui paraît tout aussi réelle que l’image de la veille ; il manque de criterium qui la lui fasse rejeter, et sa croyance en l’objectivité de toute image s’étend à toute la vie rêve. Il y a donc pour lui deux vies distinctes et réelles toutes deux : celle de la veille et celle du sommeil.

Ensuite, remarquant que le corps reste immobile et comme mort pendant le sommeil, sans que sa personnalité soit sensiblement modifiée, il en conclut qu’il est quelque chose de distinct et d’indépendant, dans une certaine mesure, du corps, puisqu’il peut vivre, errer, se déplacer, sans lui.

Il croit donc à l’existence d’une âme séparée, et, comme la mort lui présente l’aspect d’une sorte de long sommeil, il en conclut que l’âme, la personnalité, dont la tendance innée à persévérer dans son être ne peut laisser concevoir la destination, s’en ira voyager hors du corps comme dans le rêve, et ira rejoindre celles des ancêtres qui sont déjà parties autrefois pour le long voyage et qui, confirmation de cette croyance, reviennent parfois visiter les dormeurs.

Cette âme, il se la représente comme une image atténuée et flottante du corps lui-même : car, dans ses rêves, les âmes d’autres hommes endormis viennent aussi le visiter, et il les voit sous leur forme ordinaire, moins nette et plus fugace.

Et cette conception de l’âme se retrouve dans les strophes d’Homère, et jusque dans les croyances du moyen âge, comme la prairie des ancêtres dans les Champs-Etysées des Grecs et le Paradis des modernes.

Enfin deux choses principalement leur font croire à la valeur prophétique des rêves : la première, c’est la supériorité de la vie du sommeil sur celle de la veille, vie qui répond aux premières conceptions de l’idéal : Nul besoin de manger pour vivre, de se fatiguer pour courir ; dans cette vie supérieure, l’âme se rapproche des dieux, avec lesquels elle communique, et aussi avec les âmes des ancêtres. Or, les dieux ou les ancêtres doivent tout savoir, et peuvent l’apprendre à l’âme du dormeur, et l’âme du dormeur, rendue plus lucide, en quelque sorte, parce qu’elle est dégagée des liens du corps, peut avoir l’intuition de ce qui doit arriver. Et c’est encore là une conception qui se conservera longtemps, .

La deuxième des raisons de cette croyance, est la confiance des sauvages en une finalité universelle, fondée sur l’analogie qu’ils font de toute la nature avec leur propre caractère et leurs tendances, Tout, dans [p. 196] leur vie a un but ; or, la vie du rêve n’en a pas en elle-même. Sa fin doit donc être dans l’autre vie, la moins élevée, mais la plus importante, et, comme leur principale préoccupation est toujours tournée vers l’avenir, comme l’esprit des enfants, tandis que les vieillards, les peuples vieux, se tournent vers le passé, et l’histoire ; comme le mystérieux énigme de « de demain » de ses surprises, de ses joies, de ses malheurs, des succès des guerres ou des chasses, les tourmente continuellement, ils pensent bien que c’est pour satisfaire ce besoin impérieux de leur esprit, pour leur faire connaître cet avenir qui les Inquiète, que les âmes des ancêtres viennent converser avec eux, et que leur âme s’élève presque à la hauteur des dieux mêmes et de leur science.

Et, encore aujourd’hui, combien de gens vous diront, si on leur déclare que leurs rêves ne révèlent rien au sujet de l’avenir : Alors qu’est-­ce que cela veut dire ? — Qu’est-ce que cela veut dire, c’est-à-dire, de quelle utilité seraient les rêves, s’ils n’étaient point des révélations supérieures de ce qui doit arriver. C’est le raisonnement même des sauvages.

Les traditions relatives aux rêves sont donc capitales dans l’histoire des origines des croyances, et elles nous permettent de prouver une fois de plus que la croyance est toujours antérieure aux faits sur lesquels elle semble s’appuyer : que c’est la croyance qui crée, qui établit les faits, et qui les démontre, et que ces faits n’ont pu que réagir postérieurement sur la croyance, au jour où elle a été discutée.

C’est pour des raisons tontes primitives et toutes abstraites, que les sauvages, c’est-à-dire que tous les hommes, ont cru, à l’origine, que le rêve avait une valeur prophétique.

Chez eux aussi, on ne recueille point de faits relatifs à cette croyance, parce qu’elle n’est pas discutée, tant qu’elle ne sera pas discutée, — du moins. — Là où les faits, qui prétendent fonder la croyance, apparaissent, c’est que la croyance est menacée et qu’elle a besoin de se défendre.

Le détail des traditions observées prouvera suffisamment la complète réalité des idées que nous avons exposées au début de cette étude, idées qui sont partagées par Spencer, Tylor, Lubbeek, Lafitau, et données par eux dans des ouvrages que nous citons plus loin.

II

C’est chez les sauvages indigènes de toutes les parties du monde, une identité presque complète dans les croyances relatives aux rêves.

C’est dans Spencer (3), Tylor (4), et Lubbock (5) que se trouvent le plus grand nombre de renseignements à ce sujet.

Dans toute l’Afrique on croit que les rêves sont des révélations, non [p. 197] des Dieux, mais des ancêtres morts, et c’est là-dessus par exempte que les Manganjas fonderont leur croyance à la vie future.

Les Zoulous croient que c’est l’« itongo », l’âme de l’ancêtre, qui vient les avertir des dangers qu’ils courent. Ils ont d’ailleurs des devins, des voyants de profession, qu’ils appellent « maisons des rêves ».

Comme les Maoris, à cause d’erreurs fréquentes dans l’accomplissement des prévisions, ils interprètent les songes dans un sens inverse, et rêver de mort sera signe de vie, rêver de mariage, signe de mort (6).

Les Gourbans de l’Afrique occidentale, les nègres de la Guinée méridionale regardent les rêves comme des visites d’âmes décédées dont ils suivent, éveillés, avertissements et révélations reçues en songe (7).

À Madagascar, les habitants ont le plus grand respect pour les songes qu’ils regardent comme des conseils de leurs bons démons (8) et, à Ceylan, les veddahs croient aux esprits parce que leurs parents morts reviennent les visiter en songe (9).

En Amérique, on retrouve encore les croyances à la venue des morts dans les rêves.

Une indienne de la Colombie anglaise, envoie chercher le sorcier pour chasser les morts qui, chaque nuit, venaient troubler son sommeil (10).

Dans le nord-ouest, les sauvages instituent des cérémonies religieuses chaque fois qu’il a été vu un fantôme, et cela leur arrive constamment dans leurs rêves (11).

Indépendamment des visites qu’elle reçoit, l’âme va aussi en faire, et se mettre à la recherche de ce qui lui plait (11).

Les anciens peuples des Incas croyaient que, ne pouvant dormir, l’âme sortait du corps dans le sommeil pour errer ça et là (12).

Pour les Groënlandais, elle quitte le corps la nuit, et va danser ou chasser (13).

Pour certaines peuplades, il y a deux âmes, et, pendant que l’une d’elles reste avec le corps, l’autre le quitte et vs se promener, d’après Scooloraft.

Les Karens croient que l’âme ne peut aller visiter que ce qu’elle a déjà vu avec le corps (14) ; ce qui montre qu’ils avaient observé que les rêves ne sont bâtis que sur des souvenirs.

Comme les autres, ces peuples ont des règles spéciales d’interprétation de leurs rêves. [p. 198]

Pour les Kamtschadales, rêver de poux ou de chiens annonce l’arrivée de voyageurs russes (16).

L’âme des Troqueras, à demi aveugle le jour est douée la nuit d’une vue perçante. C’est aux voyages de l’âme hors du corps que sont attribués les rêves, dont plusieurs sont, d’autre part, inspirés par le Ciel divin, Dieu ami des hommes (17).

Lafitau, dans un ouvrage très intéressant (18), en pèse longuement les croyances des Indiens de l’Amérique du Nord relatives aux rêves, ce qui est rare, surtout dans les livres de voyageurs français. Là, la foi aux rêves prend une extension invraisemblable et engage une tribu entière par le rêve d’un seul de ses membres : et les sauvages en profitent souvent pour obtenir ce qu’ils veulent,

« Un sauvage, choqué de ce qu’on avait donné le jour à un esclave dans sa cabane, contre son inclination, en conserva pour lui une haine mortelle qu’il couva pendant plusieurs années. Enfin, ne pouvant plus dissimuler, il dit qu’il avait rêvé qu’il mangeait de la chair humaine, et peu après, il déclara que c’était de la chair de l’esclave en question. On chercha vainement à éluder ce songe barbare : on fit plusieurs hommes de pâte qu’on fit cuire dans les cendres : il les rejeta ; on n’omit rien pour le faire changer de pensée ; il ne se rendit point, el il fallut faire casser la tête de l’esclave. »

Voici un exemple où la condescendance aux désirs d’un rêveur alla plus loin encore :

« Un ancien missionnaire raconte qu’un sauvage ayant rêvé que le bonheur de sa vie était attaché à la possession d’une femme, mariée à l’un des plus considérables du village où il demeurait, il lui fit faire la même proposition qu’Hortensius eut le courage de faire autrefois lui-­même à Caton d’Utique. Le mari et la femme vivaient dans une grande union et s’aimaient beaucoup. La séparation fut rude à l’un et à l’autre. Cependant ils n’osèrent refuser, ils se séparèrent donc. La femme prit un nouvel engagement, et, le mari abandonné ayant été prié de se pourvoir ailleurs, il le fit par complaisance, et pour ôter tout soupçon qu’il pensât encore à sa première épouse, il la reprit néanmoins après la mort de celui qui les avait désunis, laquelle arriva peu de temps après. »

Les résultats d’une pareille croyance peuvent devenir assez comiques : « Un sauvage, ayant vu à un Français, qui était esclave par union, une couverture assez bonne, rêva tout aussitôt et la lui demanda. Le Français, qui n’était pas sot, la donna de bonne grâce, comptant bien avoir sa revanche. Peu de jours après, il alla dans sa cabane de son homme et, ayant aperçu une belle robe de bœuf illinois, il feignit d’y avoir rêvé ; le [p. 199] sauvage la lui livra sans se faire prier. Cette obstination de réveil dura quelque temps, le sauvage revînt toujours, et le français le parodiant, sans se méprendre dans l’objet de son rêve. Enfin le sauvage s’ennuya le premier. Il alla trouver le Français et le fil convenir qu’ils ne rêveraient plus à rien qui pût appartenir à l’un ou à l’autre. Le français consentit et perdit plus que le sauvage à ce traité. »

Étant donné cette confiance aveugle et absolue dans les prédictions du rêve, on cherche à éluder celles qui sont défavorables, en feignant leur réalisation :

« Un sauvage, ayant rêvé qu’il était fait prisonnier par les ennemis, voulut que ses amis vérifiassent le songe en le surprenant comme un ennemi de guerre, et en le traitant en esclave. Il se laissa fort bien brûler assez longtemps, et crut éluder ainsi la prédiction d’un songe si funeste. »

Cependant, on trouve parmi ces sauvages si crédules le germe, le rudiment d’une science de la divination par les songes, comme il s’en développera une chez les Grecs, ce qui est déjà un progrès de l’esprit critique :

« Ce n’est qu’après que l’âme a été préparée par les épreuves des initiations, par la retraite, par le jeûne, par la continence, qu’elle est propre à recevoir ces connaissances sublimes si intéressantes dont la vie dépend. Ce n’est qu’après, que, détachée de la matière et des sens, où les plaisirs et les besoins du corps la tenaient comme ensevelie, qu’ayant acquis une vue plus perçante, et que, s’étant approchée des esprits, elle découvre par leurs moyens cette chose essentielle que les sauvages nomment leur Otaron. Cet Otaron qui leur est montré dans un de ces songes mystérieux, consiste dans la première bagatelle qui aura passé dans leur imagination déréglée par le sommeil ou altérée par un long jeûne. Un calumet, un couteau, une peau d’ours, en un mot, quelque chose que ce puisse être, c’est à l’Otkon, c’est-à-dire l’Esprit, non pas qu’ils croient que ce soit réellement un esprit ; mais plutôt, c’en est le symbole, le signe du pacte, ou le terme de l’union morale qui existe entre leur âme et ce génie qui s’attache à eux, par qui ils doivent tout connaître et tout opérer. »

III

Les sauvages du golfe de Saint-Laurent auraient eu un rêve prophétique réellement accompli. Le voici :

« Leur pays étant affligé d’une maladie très dangereuse et pestilentielle qui en avait mis déjà plusieurs au tombeau, quelques vieillards, de ceux qui étaient les meilleurs, les plus sages et les plus considérables s’endormirent tous, accablés de langueur et de chagrin. Ce fut dans ce sommeil plein d’amertume qu’un homme bon par excellence leur apparut avec une croix à la main, qui leur dit de prendre bon courage, de s’en retourner chez eux, de faire des croix semblables à celle qu’on leur montrait et de les présenter aux chefs des familles, les assurant que, s’ils [p. 200] les recevaient avec estime, ils y trouveraient le remède à tous leurs maux. Comme les sauvages sont crédules aux songes jusqu’à la superstition, ils ne négligèrent pas celui-ci. Aussi ces bons vieillards retournèrent aux cabanes d’où ils étaient partis le jour précédent. Ils firent une assemblée générale de tout ce qui restait d’une nation mourante, et tous ensemble conclurent d’un commun accord que l’on recevrait avec honneur le sacré signe de la croix qu’on leur présentait du ciel pour être la fin de leurs misères et le commencement de leur bonheur, comme il arriva en effet, puisque la maladie cessa et que tous les affligés qui portèrent la croix furent guéris miraculeusement (20).

La genèse du rêve repose assez clairement dans des leçons de missionnaires. Quant à l’accomplissement, il est permis d’en douter un peu, étant donné la nature de celui qui rapporte le fait.

IV

Les croyances océaniennes ne diffèrent point des autres :

Les Tagals de Liyon refusent d’éveiller l’homme qui dort, parce que son âme est absente (21).

Aux îles Fidji, on considère comme possible que l’âme d’un homme endormi aille troubler le sommeil d’un autre (22).

Pour les Néo-Zélandais l’âme va, pendant le sommeil, causer avec des amis dans le séjour des morts (23).

Voici une légende de l’Archipel Indien (24) :

« Radja-Ketchel-Bessar, roi de l’Archipel Indien, régnait depuis un certain temps, lorsqu’une nuit il rêve qu’il était en présence du glorieux prophète de Dieu, sur qui soit le salut ! Et le prophète lui disait : « Récire les paroles du témoignage. » Et Radja·Ketchel fit ce qu’ordonnait le prophète. — « Que ton nom soit, sultan Mohammed » dit le prophète. « Demain, au moment de l’Asr, arrivera un navire de Djedda, dont 108 hommes descendront pour prier sur le rivage de Malacca, suis bien toutes leurs prescriptions. » — « Oui, seigneur, répondit le roi, j’obéirai à votre parole » et le prophète disparut. Le jour venu, le roi s’éveilla. Il sentit sur son corps une odeur de nard, et vit qu’il portait les marques de la circoncision. Il fit connaître son rêve au Bandbura. « Si votre rêve n’est pas une illusion, dit celui-ci, quel en est le signe ? » « Le signe, dit le prince, c’est que je me trouve comme si j’avais été circoncis. De plus, le prophète m’a dit : « Aujourd’hui, à l’Asr, il arrivera un navire de Djedda dont les gens descendront pour prier sur le rivage, suis toutes leurs [p. 201] prescriptions. » (Le Bandhara fut surpris : « Vraiment, dit-il, s’il arrive un navire à l’heure dite, c’est que votre rêve est une vérité. S’il n’en arrive point, c’est que Satan aura troublé votre raison ». Or, à l’heure de l’Asr, il arriva un navire de Djedda qui jeta l’ancre. Le maître descendit à terre, et fit sa prière. « C’est exactement comme dans mon rêve, dit le roi au Bandhara et aux grands. »

La croyance à la réalité du rêve est absolue, même pour les cauchemars amenés par leurs fréquentes indigestions, dues à leur insatiable gloutonnerie : ils croient alors, en Australie, que c’est le grand Koin, qui les emporte et les étouffe ; tout suffoquant, alors, ils veulent crier et ne peuvent pas (25).

Enfin, ils ne doutent pas de l’accomplissement de prévisions qu’ils tirent de leurs rêves.

Un membre d’une tribu australienne ayant rêvé de hibou, ce qui présageait l’attaque d’une autre tribu, celle-ci se décida à émigrer (26).

V

Les données fournies par l’ethnologie sur l’état mental des peuples encore grossiers, vis-à-vis du rêve, ne différeraient pas beaucoup de celles que donnerait la psychologie enfantine, si elle s’occupait des croyances des enfants relatives aux rêves, avant que l’influence de l’éducation se soit fait sentir,

Donc, ainsi, que nous l’avons dit, nous trouvons chez les sauvages une croyance primitive et absolue à la valeur prophétique du rêve, dérivée de tendances inhérentes à la nature des esprits jeunes, et parallèles à d’autres croyances, de même origine et qui se développent aussi à travers les âges, pour acquérir d’ailleurs une place plus importante encore et plus solide,

Et il se produit une pénétration réciproque du rêve et de la réalité qui a encore une conséquence dont nous n’avons pas parlé, et qui est cependant très importante, le développement des tendances superstitieuses. C’est ce qu’a très bien compris Tylor :

« L’habitude qu’ont tous les nègres de raconter leurs rêves en provoque chez eux la fréquence : il en résulte que pendant leur sommeil, ils ont presque autant de rapports avec les morts qu’ils en ont pendant la veille avec les vivants. C’est là, sans doute, une des causes de leurs tendances superstitieuses excessives. Leur imagination est tellement surexcitée qu’ils peuvent à peine distinguer entre le rêve et la pensée, entre le réel et l’imaginaire ; aussi se figurent-ils involontairement la vérité, et prétendent-ils voir des choses qui n’ont jamais existé (27). » [p. 202]

Il nous sera donc permis de conclure que la croyance à la valeur prophétique du rêve inhérente aux premières manifestations de l’esprit humain, est un des facteurs importants de l’état mental des peuples, à l’origine, et même dans la suite des temps (28).

Discussion.

M. ATGIER. — J’ai connu une famille dont le père avait eu des rêves représentant des évènements qui s’étaient réalisés dans la suite : le jour où il cessa d’avoir ces rêves, sa fille en eût à son tour qui se réalisèrent : ce don ne dura que quelques années à cette personne, dès qu’elle cessa d’avoir ces rêves sa sœur cadette, les eut à son tour pendant quelques années, dans cette troisième observation seulement il me fut permis de reconnaître personnellement qu’il y avait un certain mélange de rêve prophétique et de télépathie tout à la fois, attendu que la réalisation du rêve eut lieu en même temps que le rêve lui-même, mais ne fut annoncée et surtout connue que peu après.

Je n’entrerai pas dans le détail de ces observations qui ont été publiées in-extenso dans l’Echo du merveilleux, n°31 du 15 avril 1898. Je me borne à faire remarquer ici : 1° cette succession dans le don du rêve prophétique et télépathique chez trois membres d’une même famille ; 2° la difficulté de pouvoir faire des observations aussi rigoureuses en pareilles circonstances, des observations physiques médicales ou naturelles et 3° enfin, le peu de connaissances exactes que nous avons encore actuellement de ces faits bien qu’à vrai dire nous commencions à y voir réellement un peu plus clair aujourd’hui qu’autrefois depuis les progrès de la psychologie et de l’hypnologie.

M. LEJEUNE. — I. – M. Vaschide, qui étudie d’après les traditions des populations sauvages l’influence que le rêve a eu sur la conception d’une âme et d’une autre vie, par conséquent sur le développement des idées religieuses qui se sont continuées parmi les populations civilisées, prétend qu’un des traits de cette autre vie, c’est que l’on n’a pas besoin de manger.

Or, les préoccupations de la vie réelle forment le fonds des rêves, et comme celle de la nourriture est prépondérante dans la vie sauvage, je suis à peu près certain que l’écho de ce besoin de manger doit se retrouver dans le rêve des peuples sauvages.

Une autre preuve que le besoin de nourriture n’est pas étranger à la [p. 203] vie de l’au-delà, c’est que presque partout, dans les rites funéraires, nous voyons qu’on dépose dans les tombeaux des aliments, que certaines mères vont verser sur la tombe de leurs enfants quelques gouttes de leur lait que les petites statuettes des tombeaux d’Égypte sont chargées de répondre à l’appel pour le labourage, les semailles et la moisson de l’autre vie, que les armes de guerre et de chasse, déposées dans les tombeaux, sont là pour permettre au défunt de continuer sa vie de guerre et de chasse et à quoi bon la chasse si ce n’est pour se procurer du gibier.

En général l’autre vie est considérée comme la reproduction plus ou moins exacte de la vie terrestre avec tous ses dangers, ses besoins et ses aspirations.

Est-ce que les dieux eux-mêmes ne se nourrissent pas de nectar, d’ambroisie et de la chair ou de la fumée des victimes brûlées ?

L’idée d’un paradis où l’on vit sans manger a été répandue par des prêtres relativement modernes qui, sur la terre, ne sont pas insensibles aux douceurs de la science si spirituellement décrite par Brillat Savarin.

La croyance aux rêves prophétiques est encore si répandue, qu’elle a même été défendue dans une séance de notre Société, M. Manouvrier nous disait qu’un auteur anglais en avait relevé un grand nombre qui, soumis à la critique, ont été reconnus comme ne reposant sur rien de sérieux, sauf deux ou trois, qui étaient encore très contestables. Cette critique mériterait d’être répandue chez les civilisés, qui voient trop souvent encore un avertissement dans les songes et qui achètent toujours les petits livres en donnant la clef.

Je crois qu’on peut les expliquer tous de façon très naturelle, toujours par cette même raison, que les préoccupations de l’esprit se continuent pendant le sommeil et sont la source la plus fréquente de nos rêves.

Supposons qu’une mère voie son fils unique partir pour une guerre ou pour une colonie dont le climat est meurtrier, son amour maternel lui fera penser constamment aux dangers que court son fils, elle rêvera qu’il est tué ou qu’il meurt de maladie. Si son fils revient, ses rêves seront vite oubliés, mais s’il est tué ou meurt de la fièvre, aussitôt un rapprochement se fera dans son esprit, elle pensera que ce qu’elle a vu dans son rêve était un présage du malheur qui lui est arrivé. En réalité, ce n’est que la mise en action par son cerveau anémié de la crainte qu’elle éprouve constamment à l’état de veille.

Tous les songes dits prophétiques peuvent être ramenés à cet exemple. Quand on vient dire que c’est au moment précis du rêve que le fait s’est produit et que par suite c’était bien un avertissement d’en haut, ce n’est qu’une pure coïncidence. Le fait se serait-il passé avant ou après que la personne disposée par son éducation ou la tournure propre de son esprit à voir dans le rêve un avertissement, n’en conclurait pas moins à une communication du défunt au vivant.

Les exemples cités par M. Vaschide mettent en relief ce fait que la prévision contenue dans le songe exerce une sorte de suggestion sur celui qui doit la réaliser et qu’il y là, pour l’accomplissement de l’événement [p. 204] prédit une nouvelle chance de réalisation, qui vient corroborer l’opinion des croyants.

On a coutume de rire au Palais de justice de cette note de procureur qui aurait porté dans ses honoraires : tant pour avoir songé le mal à l’affaire ; je ne sais pas si le fait est exact, mais tout le monde connaît l’insomnie que cause une grave préoccupation comme la recherche d’un problème ou le désir de gagner un procès, on en rêvera aussi quand le sommeil sera enfin venu et qui sait si, dans cet état de pensée, qui n’est plus distraite par les choses extérieures, ne trouvera pas la solution si ardemment cherchée.

J’ai entendu dire à M. de Milloué qu’il n’avait pas trouvé dans l’Inde, en Chine ou au Thibet, où l’astrologie et la divination sont en si grand honneur, de texte attribuant aux songes un rôle prophétique. Mais on sait quelle importance a été donnée à ces songes dans les légendes des Sémites et des Indo-Européens et quel parti en ont tiré les auteurs tragiques. Il est certain que les rêves ont inspiré certains littérateurs comme Edgar Poe, exemple, dont les œuvres ressemblent souvent à des cauchemars.

M. LETOURNEAU a appelé l’attention de notre société sur la question de savoir s’il n’y aurait pas une sorte d’hérédité des rêves, parce que des enfants ou petits-enfants ont eu des songes qu’avaient eus leur père ou grand’père, sans qu’ils n’en aient jamais parlé entre eux.

Bien souvent notre savant professeur de sociologie a montré que dans le développement des sociétés et des religions, les mêmes conditions de vie et les mêmes besoins de l’humanité ont amené les hommes à des conceptions absolument comparables de la famille, de la propriété, du droit et des croyances. M. Schrader insistait dernièrement sur ce fait remarquable que les Chaldéens et les Aztèques, si distantes les uns des autres dans le temps et sur la planète, ayant eu à lutter contre les mêmes obstacles, avaient imaginé les deux religions qui sont peut-être les plus comparables par leurs dieux terribles et leur culte féroce et sanguinaire.

Or, le père et le fils vivent à une même époque, dans un même milieu, ils auront peut-être la même profession, et, l’éducation aidant, il y aura beaucoup de chances pour que leurs besoins et leurs idées se ressemblent et les mêmes préoccupations devront assez naturellement amener les mêmes rêves, sans que l’on puisse justement les attribuer à une hérédité directe.

Considérez-vous comme un rêve héréditaire, cet exemple qui m’est personnel ? J’apprenais difficilement mes leçons quand j’étais collégien et j’avais bien soin de les voir le soir, car j’avais remarqué qu’il se faisait pendant la nuit un certain travail qui me facilitait cette tâche au réveil. Malgré mes efforts, je savais rarement bien ces leçons du jour. Mais elles étaient cependant entrées dans ma mémoire, car, lorsque je les revoyais trois mois après, je n’éprouvais plus de difficultés et j’avais toujours un prix de récitation. Malgré le temps qui s’est écoulé depuis cette époque, il m’arrive encore assez souvent de rêver que je ne saurai pas mes leçons, tant cette préoccupation a laissé de trace dans mon cerveau. Or, j’ai un [p. 205] fils qui a hérité de moi cette lenteur de la mémoire et qui éprouve aussi le secours efficace du travail qui s’opère pendant le sommeil et la facilité relative de la révision de ces leçons au bout de plusieurs mois. Lui aussi rêve et rêvera probablement longtemps qu’il ne sait pas ses leçons. Cependant on ne peut dire qu’il s’agit là d’un rêve héréditaire, bien qu’il soit absolument semblable et tout le monde jugera avec raison que l’effort personnel de l’enfant est suffisant pour expliquer l’identité du rêve sans que l’influence du père y entre pour autre chose qu’une disposition analogue des éléments du cerveau.

Je ne doute pas que les fils aient souvent des rêves qu’ont eus leur père, sans que ceux-ci, les ayant oubliés, puissent en faire le rapprochement. Le rêve ne laisse, en général, que peu d’impression sur l’homme bien portant à son réveil, un esprit bien équilibré n’y attache aucune importance et l’oublie rapidement, à moins qu’il n’en fasse une étude spéciale. Ce n’est donc que dans des circonstances très exceptionnelles, le plus souvent à cause de sa bizarrerie, qu’il laissera une trace durable dans le souvenir du père qui, à l’occasion, pourra en parler dans la conversation. Il est d’observation courante que le rêve rappelle souvent ce dont on a entendu parler et alors rien n’est plus naturel que le fils ait un rêve semblable à celui de son père. Celui-ci, s’il en a conservé un souvenir précis, pourra se tromper en croyant n’en avoir jamais parlé à son fils, ou le récit qu’il en aura fait pourra avoir été transmis par un tiers et l’enquête présenterait souvent beaucoup de difficulté et peu de certitude.

Ill. — Comme contribution à l’étude du rêve, il est une remarque que beaucoup de personnes ont pu raire et qui justifierait cette théorie : que le sommeil est produit par la rétraction des éléments nerveux, cessant plus ou moins de communiquer entre eux, c’est qu’il est très ordinaire que, dans le rêve, on cherche à atteindre un but, qui fuit sans cesse et que l’on n’atteint jamais.

Une observation que j’ai faite est celle-ci, je ne sais si elle a déjà été constatée : me réveillant après avoir rêvé, je me retourne et je cherche à me rappeler mon rêve, sans y parvenir ; m’étant remis ensuite du côté sur lequel j’avais rêvé, la mémoire de ce rêve m’est revenue. Il est probable que le rétablissement des organes dans la position qu’ils occupaient au moment du rêve avait facilité le retour de la même communication nerveuse.

Enfin le désordre, la confusion, le mélange, la contradiction, le fouillis et l’enchevêtrement inextricable des images, des souvenirs, des idées, qui forment la caractéristique des rêves, peuvent s’expliquer aussi par l’état de repos des cellules nerveuses, qui sont des centres d’association et qui ont pour fonction de coordonner les impressions des sens.

Notes

(1) N. VASCHIDE et H. PIERON. Prophetic Dreams in Greek and Roman Antiquity The Monist, XI, n· 2, 1901, pp. 161-195. [en ligne sur notre site]

(2) Les documents peuvent être signalés à M. N. VASCHIDE, chef des Travaux du Laboratoire de Psychologie-Expérimentale de l’Ecole des Hautes-Etudes, 56, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris, et nous remercions d’avance nos collègues pour leur bienveillants conseils. N. V.

(3) SPENCER. Principes de Sociologie. Tome 1. ch. 10, p. 106, 209. – Trad.

Cazelles, l890.

(4) TYLOR. Tome I, p. 145-149 — p. 512-515. — Trad. Brunet, Reinwald, 1876.

(5) JOHN LUBBOCK. Les Origines de la Civilisation. — Ch. V. p.  214. Trad. Barbier. 3e Edit. Paris, G. Baillière, 1881.

(6) CALLAWAY. Religion of Amazuln. p. 228, 236, 241, 260. 316.

(7) BURTON. Abookuta. Vol. 1. p. 204.

(8) The adventures of Robert Drury, p. 171, 176, 272.

(9) BAILEY. Trans. Etfn. Soc. Nlle série. Vol. Il. p. 301.

(10) WAGNE. Brit. Columbia. p. 261.

(11) SPROAT. Scenes and Studies of savage life. Tome l, ch. VII, p. 144 et p. 172.

(12) WAITZ. Vol, III, p, 195.

(13) GARCILASSO DE LA VEGA. Histoire des Inca, in-16, 1701, Amsterdam.

(14) CRANZ. Groenland, p. 257.

(15) MASON. Karens, p. 199.

(16) STELLER, Kamtschakta, p. 279.

(17) J. N. HOWITT. The Iroquois concept of the seut.

(18) Journal of American folk-lore. Tome VIII, 1895, p. 107, 116.
Analyse par Marillier — Revue de l’Histoire des Religions, 1896, tome 33, p. 126.

(19) LATIFAU. Mœurs des sauvages américains. Vol I. Causes et origines de la magie, p. 354, 430.

(20) PERE CHRETIEN LE CLERC. Relation de la Gaspini. Ch. 9 et 10.

(21) BASTIAN. Mensch., vol. Il, p, 319.

(22) WILLIAMS. Fidji. Vol. I, p. 142.

(23) TAYLOR. New Zoaland, p. 104, 184, 333.

(24) Légendes et Traditions historiques de l’Archipel Indien. Trad. du malais par Marcel Devic. Paris, 1878, p. 123.

(25) Trans. of Ethn. Soc., vol. VI, p. 210.

(26) OLFIELD. Trans. of Ethn. Soc., vol. VII, p. 241.

(27) TYLOR. La Civilisation primitive. T. I., p. 215. Et encore : WILSON.Western Africar, p. 210, 336. — ELLIS. Polyn. Res., vol I. I, p. 896. — J. B. MÜLLER, Amer. p. 287. — BUCHANAN, Mysore, dans Piskestos.

(28) Depuis que nous avons fait cette communication, nous avons trouvé un certain nombre d’autres documents et nous comptons revenir bientôt dans d’autres publications sur ce sujet si capital dans la mentalité humaine. Nous complèterons alors notre bibliographie si sommaire et nous tâcherons de mettre au point « la psychologie du rêve dans la vie psycho-sociale des sauvages ». (21 juillet 1901).

 

 

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