Marcé L.-F. De la valeur des écrits des aliénés au point de vue de la sémiologie et de la médecine légale. Article paru dans la « Revue d’hygiène publique et de médecine légale », (Paris), 1864.

marceecriture0008L.-F. Marcé. De la valeur des écrits des aliénés au point de vue de la sémiologie et de la médecine légale. Article paru dans la « Revue d’hygiène publique et de médecine légale », (Paris), 1864, pp. 379-408.

Un texte princeps, avant même que l’abbé Jean-Hippolyte Michon n’invente le terme de graphologie en 1872.

Louis-Victor Marcé (1828-1864). Durant sa trop courte carrière il s’est fait vite remarqué par ses travaux.  Reçu premier à l’agrégation dans la province motion de Charcot, Potain et Vulpian,  il assure la responsabilité médicale de la ferme Sainte-Anne dépassa Bicêtre en 1863, il publia  dès 1856, un « Mémoire sur quelques observations de physiologie pathologique tendant à démontrer l’existence d’un principe de coordinateur de l’écriture, et ses rapports avec le principe coordinateur de la parole. » Il donna des cours à l’École pratique de la Faculté de médecine de Paris. Auteur d’un Traité des maladies mentales, il dénonça l’abus des formes de contention, camisoles et entraves.
Quelques publications :
— Des altérations de la sensibilité. Thèse présentée au concours pour l’agrégation (section de médecine et de médecine légale). et soutenue à la Faculté de Médecine de Paris. Paris, J.-B. Baillière et Fils, 1860. 1 vol. in-8°, 111 p.
— Traité de la folie des femmes enceintes, des nouvelles accouchées et des nourrices et considérations médico-légales qui se rattachent à ce sujet. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1858. 1 vol. 13.5/21 [in-8°], VI p., 394 p.
— Traité pratique des maladies mentales. Paris, J.-B. Baillière et Fils, 1862. 1 vol. in-8°, XVI p., 672 p.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original d’époque, mais avons corrigé plusieurs fautes d’impression.
 – Les deux planches insérés dans textes sont celles de l’article original. Elles ont été empruntées à l’exemplaire de la B.I.U., car elles manquent dans notre exemplaire.L’autres image a été rajoutée par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

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DE LA VALEUR DES ÉCRITS DES ALIÉNÉS

AU POINT DE VUE

DE LA SÉMIOLOGIE ET DELA MÉDECINE LÉGALE

par le docteur L. V. Marcé
Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, médecin des aliénés de Bicêtre.
(Avec deux planches.)

Quelques observateurs doués d’une rare perspicacité, par­tant de ce principe : que l’écriture est la vivante image de l’esprit, sont parvenus à force d’attention à deviner, d’après l’inspection de quelques lignes qui leur étaient soumises, le caractère, les dispositions morales et la tournure d’esprit de celui qui les avait tracées. On a sans doute été trop loin en essayant de convertir cette étude en une science exacte et infaillible, et pour mon compte, j’ai éprouvé plus d’une déception [p. 380] en examinant, avec les données généralement reçues, un nombre considérable d’autographes. Mais ce qu’il est impossible de nier, c’est que certaines écritures ont une physio­nomie spéciale qui reflète de la manière la plus frappante les traits les plus saillants du caractère et de l’intelligence.

Si cette proposition est incontestable pour l’homme en santé, à plus forte raison doit-elle être fondée pour certains aliénés dont les convictions profondes, les sentiments très­ accentués, se font nécessairement jour à travers tous les actes de la vie, et communiquent à l’écriture une empreinte directe ct caractéristique.

Ce sont ces modifications de l’écriture et leurs relations avec l’état mental des aliénés, que nous allons tenter de mettre en lumière. Des recherches de ce genre n’ont pas simplement l’attrait de la curiosité ; elles peuvent aboutir à des résultats très-sérieux pour le diagnostic de la folie et sont d’autant plus importantes, au point de vue médico-légal, que les documents écrits constituent, même en l’absence ou après la mort des individus, comme dans les cas de testaments con­testés, une preuve persistante et irrécusable ; mais pour bien les apprécier, il importe de connaître les habitudes normales du sujet, son degré d’éducation, son écriture physiologique ; les résultats obtenus sont d’autant plus nets et plus probants, qu’on a affaire à des malades dont l’éducation est plus complète et plus élevée :  les nuances du style, les fautes d’or­thographe, la configuration vicieuse des lettres perdent sin­gulièrement de leur importance chez ceux qui savent à peine écrire, et qui sont incapables, à l’aide de ce moyen, d’exprimer librement leur pensée. Dans tous les cas d’ailleurs, la compa­raison des documents écrits avant et pendant l’état de mala­die est un moyen de contrôle qui ne doit jamais être négligé et d’où jaillissent de vives lumières.

Que les aliénés soient atteints de manie, de mélancolie, de délire partiel, de démence ou de paralysie générale, leurs [381] écrits doivent être envisagés à deux points de vue différents : 1° comme mode d’expression des idées délirantes ; 2° comme représentation graphique, comme dessin : sous cette dénomi­nation nous comprenons non-seulement le tracé des lettres, mais leur assemblage et le mode d’agencement des mots, des lignes, des pages.

I. — Des écrits des aliénés envisagés comme mode d’expression des idées délirantes.

A ce point de vue, les documents écrits ont une valeur iné­gale : 1° ou ils confirment l’existence d’idées délirantes que dénote chaque jour l’interrogatoire des sujets ; 2° ou ils mettent sur la voie d’un délire que l’examen direct n’avait pu révéler ; 3° ou, enfin, ils sont en contradiction flagrante avec l’état mental réel.

1° Dans le premier cas, les documents écrits n’acquièrent de l’importance qui si le sujet ne peut être interrogé ; autrement ils constituent une preuve accessoire qui ne fait que corrobo­rer les résultats de l’observation directe. Cependant, même alors, les idées délirantes sont parfois exposées avec tant de netteté, d’entrain et d’expansion, qu’il est bien rare qu’on ne trouve pas dans les lettres de ces malades quelque détail curieux, quelque particularité inconnue relative à l’étendue du délire et au mode d’enchaînement des fausses conceptions.

Ce sont les paralytiques à la première période, les sujets légèrement excités, mais surtout les monomaniaques qui, avec une ardeur que rien n’égale, rédigent ces lettres, ces pétitions, ces mémoires volumineux, dans lesquels ils exposent leurs réclamations, leurs griefs, leurs souffrances et la longue série de persécutions dont ils sont l’objet. Dans ces écrits, dont l’aspect varie à l’infini, tout a sa valeur, ainsi que nous le verrons plus tard, depuis l’adresse jusqu’à la signature. Tantôt les malades les adressent aux autorités, aux personnages [p. 382] en vue, aux hommes d’affaires, à tous ceux qu’ils ren­contrent : tantôt, au contraire, ils les cachent au fond de leurs poches, dans la doublure de leurs vêtements, dans la profondeur de leurs armoires, attachant une importance mystérieuse aux faits qu’ils ont révélés et qu’Ils veulent cacher à tous les regards.

A côté de ces aliénés, si communs dans les asiles, il faut placer les malades inoffensifs, qui, courant le monde, pour­suivis par des hallucinations ou des idées délirantes, par des prétentions littéraires ou scientifiques associées souvent à de l’affaiblissement intellectuel, rédigent leurs mémoires, leurs recherches, leurs idées, les livrent à l’impression et produisent ainsi des volumes dans lesquels on peut suivre pas à pas, pour peu que l’ouvrage soit de longue haleine, les progrès de la maladie mentale. Ces livres, ces poèmes, ces romans, ces circulaires, que j’ai déjà pu réunir en grand nombre, mais que je n’ose encore énumérer, composeraient une curieuse et étrange bibliothèque pour celui qui aurait la patience de les rechercher. A côté de ceux qui offrent de la suite et de la logique, comme l’ouvrage si connu de l’halluciné Berbiguier, il en est d’autres qui présentent tant d’incohérence, que l’on se demande avec étonnement comment l’auteur a pu mener à bonne fin l’exécution matérielle de l’ouvrage Tél est un livre intitulé : La physiologie réunie à la physique, publié en 1857 ; l’auteur raconte lui-même dans sa préface, comment, atteint d’une première attaque d’aploplexie [sic] en 1826, d’une seconde en 1827, et de plusieurs autres pendant les années suivantes, il resta de 1842 à 1850 incapable de lire, d’écrire ou de dic­ter, et se décida enfin, vers 1856, à écrire en gros caractères, avec des plumes de bois, bientôt même à écrire sans voir, avec un crayon. Or, pendant ces trente années, il ne cessa pas un instant d’étudier, de dicter, de publier une théorie qui se résume ainsi : l’attraction n’est qu’une impulsion. Le tout est développé dans un gros volume, qui, par ses expériences [p. 383] puériles, incomplètes et sans but, par ses répétitions incessantes, ses divagations mêlées à quelques connaissances positives, porte les traces d’une rare ténacité d’idées et en même temps d’un affaiblissement intellectuel qui doit cor­respondre à une grave lésion organique du cerveau.

Ces exemples pourraient être multipliés à l’infini.

2° L’examen des documents écrits prend une valeur sémiologique de premier ordre toutes les fois que l’interro­gatoire des sujets laisse planer quelques doutes sur leur état mental. Certains monomaniaques, mus par un sentiment de défiance, se tiennent en garde contre les questions qu’on leur adresse, connaissent leurs points faibles, les dissimulent, et sont bien vite en éveil et sur la défensive dès qu’ils soupçonnent un ennemi. Tant qu’ils restent calmes, ils peuvent calculer leurs paroles, leurs gestes, leurs actions, et ne donnent que rarement la mesure de leur état mental : en prenant la plume, au contraire, ils cèdent à un besoin d’expansion irréfléchi, et, se croyant à l’abri de toute surveillance, laissent échapper, soit à mots couverts, soit ouvertement, des phrases qui trahissent le fond de leur pensée. Ce n’est en réalité que par la lecture attentive de ces confidences que l’on peut se faire une idée bien exacte de la situation mentale de ces malades, de leur tension d’esprit incessante vers un but ou une idée fixe, de leurs appréciations systématiques, et du lien parfaite­ment logique qui unit entre elles leurs idées en apparence les plus disparates.

Il en est de même pour certains aliénés qui vivent pendant des mois, des années, dans un mutisme absolu, sans qu’un geste, une parole, viennent trahir la nature de leurs préoccupations ; on serait porté à admettre chez eux une suspen­sion presque complète des actes intellectuels, si, de temps à autre, on ne les voyait confier secrètement au papier des conceptions délirantes qui étonnent par leur multiplicité et [p. 384] par la complexité de leurs combinaisons. Une femme de quarante ans, aliénée depuis plusieurs années, après avoir pré­senté au début de la maladie des idées de défiance et de craintes d’empoisonnement, était graduellement arrivée à un tel état d’inertie et de stupeur, que l’on supposait chez elle l’inactivité cérébrale la plus complète. Elle restait toute la journée immobile, indifférente à ce qui se passait autour d’elle, et ne répondant à toutes les questions, à toutes les indi­cations, que par quelques monosyllabes prononcés d’une voix étranglée et inattentive. Mais, chaque matin, elle consacrait un temps assez long à écrire en cachette, et, sur ces feuilles soigneusement dissimulées, je trouvai à mon grand étonne­ment les idées délirantes les plus complexes. Non-seulement elle parlait de ses craintes d’empoisonnement, des persécu­tions dont elle était l’objet, et racontait à sa façon les plus petits incidents de la journée, mais encore elle répondait par écrit à toutes les questions qui lui avaient été adressées pen­dant le jour, et devant lesquelles elle était restée muette. Enfin, elle s’entretenait d’une passion qu’elle avait conçue pour un jeune homme de sa connaissance, et bâtissait à ce sujet les histoires les plus romanesques, que jamais les allures de la malade n’auraient pu faire soupçonner.

Dans les cas où le mutisme se prolonge indéfiniment, le médecin se demande souvent avec inquiétude, si, derrière ce silence obstiné, la folie ne passe pas peu à peu à la démence, et s’il doit affirmer l’incurabilité. Que l’on parvienne à faire écrire le malade, et tous les doutes seront bientôt levés, car quelques lignes suffiront pour faire voir si les idées s’en­chaînent encore avec suite, ou si elles sont tout à fait incohé­rentes ; de même encore, dans les convalescences, quand l’équilibre intellectuel semble se rétablir, quand les idées fausses semblent s’éloigner, faire écrire longuement est un excellent moyen d’exploration qui donne sur l’état mental des notions bien plus exactes qu’une simple conversation. [p. 385]

5° On peut admettre en règle générale que les écrits des aliénés confirment l’existence du délire et même dans quel­ques cas mettent sur la voie de fausses conceptions jusque-là inconnues, Disons toutefois que cette loi subit des exceptions fort curieuses et dignes d’être signalées.

Il faut par exemple, chez les sujets atteints de délire partiel, bien distinguer les mémoires, les confidences qu’ils écrivent pour eux-mêmes, des réclamations qu’ils adressent à leur famille et à l’autorité pour demander leur sortie. Si dans les premiers ils s’épanchent à leur aise, dans les autres, pour peu qu’ils soient calmes et que le délire soit limité, ils se main­tiennent admirablement, et leurs lettres irréprochables, ont causé plus d’une méprise et plus d’une fausse démarche. Le contraste qui existe alors entre les écrits et l’état intellectuel, s’explique sans peine par l’étude très-limitée du délire, et, dans les cas de folie raisonnante, par l’empire que la volonté peut exercer momentanément ; mais il est des circonstances dans lesquelles cette anomalie cause un légitime étonnement :

J’ai donné des soins à une malade monomaniaque, rem­plie d’idées fausses et de sentiments déraisonnables, prenant en aversion sans motif telle ou telle personne de sa famille, osant à peine changer son linge de peur de se ruiner, dont les lettres étaient parfaites même dans les plus mauvais moments, et ne pouvaient donner le moindre soupçon d’un état mala­dif. M. Moreau (1) a observé un jeune homme dont les discours étaient empreints de l’exagération et de l’incohé­rence propres à l’excitation maniaque, et qui écrivait des lettres pleines de sens dans lesquelles les idées s’enchaînaient et s’associaient de la manière la plus irréprochable. Et, à ce propos, M. Moreau remarque avec juste raison que chez la plupart des déments, le désordre des facultés se montre bien plus grand quand ils écrivent que quand ils parlent, tandis que le contraire a lieu chez les maniaques. [p. 386]

M. Brierre de Boismont (2) dit avoir donné des soins à un littérateur qui offrait les symptômes les plus prononcées de la paralysie générale, monomanie ambitieuse, discours incohérent, tremblement des membres, etc. Malgré ces symptômes, il put écrire jusqu’au dernier moment des lettres raisonnables et dont les caractères étaient nettement tracés, quoi qu’il manquât souvent de force pour retenir les objets. Le même auteur rapporte l’histoire d’un ecclésiastique qui bégayait sans cesse et offrait une monomanie orgueilleuse au plus haut degré ; jusque dans les derniers temps de sa vie, il écrivait encore des lettres et des petits traités de morale qui ne présentait aucun vestige de sa police.

En résumé, dans l’immense majorité des cas, les documents écrits provenant d’aliénés confirme ou même révèle à eux seul l’existence du délire ; mais un écrit parfaitement raisonnable ne prouve pas toujours la non-existence de la police.

Ces anomalies bizarres, ce singulier mélange de raison et de folie se retrouve d’une manière éclatante dans les journaux littéraires (The New-Moon, the York star, the Opal) qui  sont rédigés et imprimées par les malades eux-mêmes dans les murs de plusieurs asiles d’aliénés d’Angleterre (3). Là se trouvent des œuvres étranges, des discours d’une inégalité choquante ; au milieu de pensées folles, on voit poindre des phrases éloquentes, des aperçus admirables, et plus d’un littérateur n’a pas désigné extraire de ses écrits des pages entières pleines d’intérêt. Quelques morceaux politiques surtout, par l’originalité du rythme, par leurs accents passionnés, le fini de leurs descriptions, charment et étonnent à la fois.  Un malade, John Clare, qui les résonnaient dès qu’il abordait [p. 387] la prose, s’est élevé dans des élégies tendres et mélancoliques à une rare perfection de style et aux pensées les plus choisies,

Je suis loin d’ailleurs de partager l’enthousiasme que cer­tains médecins ont témoigné pour ce genre de distraction ; il est certain que, pour beaucoup d’aliénés, l’attention et les efforts intellectuels que nécessite une œuvre qu’ils savent destinée à la publicité, nuisent à la guérison et donnent une nouvelle impulsion aux idées délirantes que le repos d’esprit aurait calmées et assoupies ; mais il s’agit seulement ici de constater des résultats psychologiques, en faisant toutes réserves quant à la valeur du moyen thérapeutique.

II. — Des écrits des aliénés envisagés comme représentation graphique.

Envisagée au point de vue de la forme et du dessin des lettres, au point de vue de l’agencement et de la régularité des lignes, l’écriture offre, chez les aliénés, des variations caractéristiques, et souvent on doit lui attribuer la même importance qu’au mode d’articulation des sons dans l’expres­sion des idées à l’aide de la parole : il peut exister un embarras dans l’écriture, de même qu’il existe un embarras dans la parole, et ces deux ordres de symptômes peuvent être lé­gitimement assimilés.

On comprend sans peine que l’état de calme ou d’excitation du sujet, que la rapidité ou la lenteur avec laquelle se succèdent les idées délirantes, que la faiblesse extrême de l’intelligence, et surtout l’état de la motilité, comme dans la paralysie générale, exercent une sensible influence sur la pureté et la netteté du dessin des lettres, sur la disposition régulière des lignes ; nous en fournirons bientôt la preuve. Il faut avoir soin toutefois, pour éviter des résultats entachés d’erreur, de tenir compte de toutes les conditions de toutes les particularités capables d’influer sur l’écriture ; ainsi, l’état de [p. 388] la vue, l’attitude du malade, certaines habitudes bizarres. J’ai eu longtemps sous les yeux un sujet en démence, qui con­serva pendant plus de six ans, avec une ténacité incroyable et à tout instant de la journée, l’habitude de renverser forte­ment le cou en arrière, en marchant, en mangeant, en lisant. En écrivant, il conservait la même attitude, et ne pouvait suivre sur le papier la marche de sa plume ; aussi, dans ses lettres, les lignes étaient enchevêtrées de la manière la plus bizarre, les mots chevauchaient les uns sur les autres, sans qu’il fut possible d’attribuer une valeur spéciale à ces irrégularités qui tenaient uniquement à l’absence de la vue.

III. — Des écrits des aliénés envisagés dans chaque forme de folie.

Les courtes généralités que nous venons d’exposer, s’appli­quent indifféremment à tous les cas de folie. Entrons main­tenant dans une étude plus spéciale, et voyons quelle influence chaque forme d’aliénation mentale exerce sur la nature et l’aspect des documents écrits.

Manie et mélancolie. Dans la manie, dans la mélancolie, les malades n’écrivent guère que dans la période prodromi­que, ou, plus tard, lorsque les symptômes ont déjà perdu de leur acuité. L’écriture suppose en effet, d’un côté, un certain effort d’attention ; d’un autre, une dose d’activité incompa­tibles avec l’excitation maniaque ou la dépression mélanco­lique poussées jusqu’à leurs dernières limites.

Dans l’excitation maniaque simple ou associée à quelque autre forme de folie, les lignes divergentes, à peine remplies, irrégulières en longueur, sont largement écartées les unes de autres et constituées par des lettres incomplètes souvent dans leur tracé, mais dessinées avec fermeté et hardiesse, et mêlées de barres, de lignes d’une grandeur exagérée. L’écriture a été faite à la hâte et son aspect révèle la rapidité de la plume qui l’a tracée. [p. 389]

Quant aux pensées délirantes ainsi exprimées, elles sont multiples et s’enchaînent avec une rapidité qui va jusqu’à l’incohérence. On observe alors sur une large échelle le mécanisme intime de l’association vicieuse des idées ; un mot, une consonnance amènent un autre mot, une nouvelle idée, tantôt deux idées voisines ont entre elles quelques connexions, mais la seconde s’éloigne du but et ne vient plus concourir à l’ensemble du raisonnement ; tantôt deux pensées se suivent sans l’intermédiaire d’aucun lien logique.

Quand l’agitation n’est pas assez vive pour aller jusqu’à l’incohérence, elle se retrouve dans les documents écrits en signes moins accentués, mais non moins réels. C’est ainsi que dans la convalescence de la manie, alors qu’il reste seulement de la loquacité et un besoin inaccoutumé d’expansion, les malades écrivent des lettres d’une longueur démesurée, pleines d’enfantillages, de redites et d’inconséquences, et offrant le même cachet de bavardage que l’on retrouve dans la conversation. Le corps de l’écriture ne présente, dans ces cas, aucune modification appréciable.

Chez les sujets dont la surexcitation intellectuelle, au lieu d’être diffuse et de s’éparpiller sur une foule d’objets, se groupe autour d’une passion ou d’une idée prédominante, il peut arriver que le style s’élève à un éclat inaccoutumé, que les pensées, les sentiments soient exprimés avec un entraînement, une éloquence que ne comporte pas le niveau intellectuel des malades, et qui s’évanouissent dès que la convalescence devient plus complète et plus sérieuse. C’est ainsi que j’ai vu une jeune femme, d’un esprit cultivé, mais d’une intelligence ordinaire, écrire à son mari, pendant le cours d’un accès maniaque avec prédominance d’idées de jalousie, des lettres qui, par leur éloquence, par leur style passionné et énergique, pouvaient être placées hardiment auprès des pages les plus brûlantes de la nouvelle Héloïse. Une fois l’accès passé, les lettres redevinrent simples et [p. 390] modestes, et jamais, en les comparant aux autres, on n’eût cru qu’elles provenaient de la même plume.

Les malades écrivent rarement pendant le cours de la dé­ pression mélancolique ; on voit cependant quelques sujets muets, immobiles, prendre la plume lorsqu’on met à leur portée les objets nécessaires, et tracer quelques phrases brè­ves, peu détaillées, souvent incomplètes, dans lesquelles se trouvent des traces des idées mélancoliques qui les obsèdent, bien qu’ils ne les expriment pas par la parole. Si la stupeur devient moins accentuée et laisse à l’esprit une certaine activité, les malades écrivent plus volontiers et indiquent alors en phrases brèves, hachées, les pensées anxieuses qui les dominent.

Quant au tracé des lettres, il se ressent d’une façon notable de l’incertitude, de la lenteur et même du tremblement qui accompagnent les mouvements des mélancoliques, pour peu que la dépression soit accusée ; quand la lenteur et l’hésita­tion dominent, les caractères sont généralement petits, mal dessinés, et, autour de chacun d’eux, on voit des signes irré­guliers, des pattes de mouches, formées par la plume qui erre incertaine sur le papier avant d’arriver à tracer compléte­ment une lettre. Quand, au contraire, il y a tremblement des mains, ce tremblement se reflète dans les jambages, dans les lignes droites, dans tous les traits un peu étendus, qui offrent le long de leur parcours plusieurs sinuosités ; mais ces sinuosités sont arrondies, tandis que chez les paralytiques, ainsi que nous le verrons plus tard, elles sont constituées par des coudes, par des angles saillants, dus à un changement brusque de direction.

J’ai sous les yeux un volumineux journal écrit par un malade atteint de folie circulaire et en proie à des périodes alternatives d’excitation et de dépression ; or, à la seule in­spection de l’écriture, il m’est facile de distinguer avec certi­tude pendant quelle période une page a été écrite ; dans le [p. 391] stade d’excitation, l’écriture est ferme, élancée, par rapide ; dans le stade mélancolique, elle est moins inclinée, dessinée avec moins de hardiesse, et les jambages, un peu plus long, présente des sinuosités caractéristiques. Le même sujet, habile dessinateur pendant la période d’excitation, ne pouvait tracer, lorsqu’il était déprimé, que des lignes lourdes, sans netteté, sans cachet artistique.

C’est particulièrement chez les monomaniaques que les documents écrits sont utiles pour bien mettre en lumière toute l’étendue et toutes les particularités de la maladie., Les sujets atteints de délire de persécution sont, de tous les aliénés, ceux qui traînent le plus volontiers après eux ces volumineux manuscrit précieusement enfoui dans les replis de leurs vêtements, et dans lesquelles ils racontent avec 1000 détails,  avec mille redites, les machinations dont ils sont la victime, ainsi que d’interminables histoires sur les allures, les gestes, les paroles de leurs ennemis cachés. Tous ces écrits présentent entre eux de grandes analogies de forts : même enchaînement d’idées délirantes, mêmes tournures de phrases, même désignations vagues est souvent bizarres envers ce qu’ils accusent, que souvent ils ne peuvent nommer.

Les hypocondriaques confient volontiers au papier le long récit de leurs souffrances.

On envoie qui, incapables de travailler, anéantis, retrouve des forces pour inscrire le jour par jour, heure par heure, les sensations qu’ils éprouvent ; pour peu que ces sujets aient reçu de l’instruction, rien n’égale la minutie ingénieuse et la subtilité de leurs descriptions ; ils trouvent des mots pour rendre compte des nuances les plus insaisissables, et, au milieu de leurs expressions souvent contradictoires, s’élève parfois un style imagé et énergique, à une véritable éloquence.

Quand la monomanie remonte à une époque peu éloignée, il peut se faire qu’à part l’expression des fausses conceptions, l’écriture en elle-même ne présente rien d’anormal ; mais à la [p. 392] longue, on voit se développer des bizarreries, des singularités qui frappent singulièrement l’attention.

Les uns inventent des mots qui correspondent à une idée délirante ou à une sensation morbide : X… se disait presti­digé, lorsque, la nuit, il avait éprouvé des sensations halluci­natoires.

Les autres, parlant plusieurs idiomes, arrivent à se compo­ser une langue mixte, formée de la réunion de plusieurs mots étrangers les uns aux autres, et le plus souvent inintelligibles.

Leuret avait déjà remarqué que les monomaniaques, dans leurs lettres, soulignaient un grand nombre de mots fort insignifiants par eux-mêmes, et j’ai vérifié bien souvent l’exactitude de cette assertion. Quelques-uns ont une ortho­graphe et une ponctuation à part. M. Morel (4) rapporte un exemple curieux d’accentuation bizarre et inexplicable chez un monomaniaque.

Un aliéné, obsédé d’hallucinations religieuses et se croyant possédé du démon, avait l’habitude de faire précéder toutes ses lettres et tous ses billets d’un calvaire tracé à la plume, orné de symboles religieux et de trois points disposés en triangle ; il soulignait exactement tous les mots ayant trait, même indirectement, aux choses religieuses, et faisait suivre sa signature d’emblèmes analogues. Au bout de trois années d’un état fort grave, la situation du malade s’améliora considérablement, et je n’hésitai pas à affirmer la guérison le jour où je reçus une lettre dont le style avait perdu toute allure mystique et où manquaient totalement les emblèmes accou­tumés. Depuis plusieurs années, la santé est restée excellente à tous égards.

Dans mon service de Bicêtre se trouve depuis longtemps un monomaniaque, ancien bibliothécaire, homme jadis plein de savoir, mais dont l’esprit commence à s’affaiblir. Il y a [p. 393] plusieurs

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mois, X… se procura une vingtaine de feuilles de papier et écrivit ce qu’il appelle son poëme. Mais au lieu de superposer, comme de coutume, les feuilles en les numéro­tant, il les colla l’une au-dessus de l’autre et forma ainsi une bande de papier de plus de cinq mètres de long qu’il faut dé­rouler pour arriver à la fin du travail. L’œuvre elle-même est un mélange presque toujours incohérent de vers grecs, de vers latins et de vers français, les uns dus au malade lui­ même, les autres empruntés à divers poëtes ; la ponctuation et l’accentuation sont pleines de bizarreries, les syllabes d’un même mot sont séparées par des traits d’union et des signes inconnus ; la versification est bizarre, beaucoup d’expressions sont nouvelles et créées pour la circonstance, et cependant, au milieu de cette œuvre incohérente se trouvent des traces nombreuses de l’instruction très-réelle du sujet (voy. pl. 1, fig. 1).

Un autre monomaniaque, qui attachait au nombre, trois une importance mystérieuse et surnaturelle, n’écrivait jamais sans répéter trois fois chaque lettre, chaque accent. Il en résultait des mots et des phrases incompréhensibles pour quiconque n’avait pas saisi du premier coup d’œil la clef de ces bizarreries,

Que la démence soit consécutive à une forme chronique de la folie ou qu’on l’envisage comme élément essentiel de la paralysie générale, elle se traduit au fond dans les documents écrits par des caractères communs : incohérence et expression incomplète des idées, désordre et irrégularité de l’écriture. Cependant, au point de vue qui nous occupe, il existe entre ces deux formes d’affaiblissement intellectuel des nuances bien accusées ; jamais, par exemple dans la démence simple, l’altération des mots, la destruction de l’écriture n’arrivent au degré qu’elles atteignent dans la paralysie générale. Ces nuances noys autorisent à indiquer tout d’abord les sigues [p. 394] tirés de l’écriture qui caractérise les approches de la démence chez un sujet non paralytique.

Un des premiers symptômes, c’est, dans quelques cas, la brièveté extrême des écrits. Il n’y a pas encore d’incohérence, mais les idées, et même les idées délirantes, font défaut. Le cercle intellectuel se circonscrit de plus en plus, et les lettres en arrivent à se composer de formules naïves, de deux ou trois phrases banales, raisonnables par elles-mêmes, mais n’étant nullement rapport avec les sentiments que devraient éprouver les malades s’ils avaient conscience de leur situation. On dirait avoir sous les yeux une de ces lettres écrites aux époques solennelles par un enfant peu intelligent. La démence augmente, plus les écrits deviennent insignifiants sans cesser toutefois d’être compréhensibles.

Chez d’autres malades, il y a de bonne heure de la cohérence alors même que les conversations ont encore quelque suite, et c’est toujours un mauvais signe, dans les cas douteux, de voir un individu à avoir moins de netteté dans les idées en écrivant en parlant : loin de diriger les forces intellectuelles, comme il arrive chez les sujets simplement excités, l’attention ne fait que rendre plus sensible leur impuissance et leur faiblesse.

Cette incohérence offre des degrés variables : quand la démence est encore légère, les premières lignes, les premières pages écrites par les malades sont quelquefois irréprochables, mais ce n’est que vers la fin de la lettre, que l’esprit, promptement fatigué, arrive à une confusion qui contraste avec la netteté du début. J’ai rencontré un bon nombre d’exemples de cette particularité qui pourrait induire en erreur un lecteur inattentif.

Chez d’autres, une idée pour une série d’idées, vestiges du désir primitive, domine tout un écrit ; mais au lieu d’être exprimé d’une manière ferme et nette, elle revient sans cesse [p. 394] sous la plume, entourée de divagations et se présentant toujours sous la même formule. Loin de s’enchaîner avec logique, les raisonnements roulent avec monotonie dans le même cer­cle, et cependant quelques souvenirs précis, quelques notions justes se trouvent encore au milieu de tant de désordre.

Dans quelques cas assez rares, la phrase, au point de vue grammatical, est bien construite ; les articles, les verbes, les substantifs sont placés régulièrement, mais leur ensemble ne constitue aucune idée ; ce sont des mots et rien au delà. Enfin, au dernier degré, l’incohérence est telle que les mots eux-mêmes semblent assemblés sans aucune règle ; le ma­lade écrit une première phrase intelligible, puis, oubliant son idée première, il laisse les mots s’enchaîner l’un à l’autre, tantôt par une simple consonnance, tantôt par une simili­tude lointaine dans le sens et dans la forme, tantôt enfin au hasard. Les déments qui connaissent plusieurs langues, mêlent volontiers des mots anglais, français, latins, grecs, derrière lesquels il est impossible de saisir une intention.

Chez les déments très-calmes, on voit quelquefois le tracé des lettres contraster par sa régularité avec l’incohérence des idées ; mais ce fait est rare, et le plus souvent ce chaos intel­lectuel réagit sur l’aspect de l’écriture. La marge est irrégu­lière; les lignes obliques, tortueuses, dépourvues de parallélisme, consistent parfois en deux ou trois mots jetés an hasard au milieu d’une feuille de papier ; au lieu d’être superposées, elles se croisent et s’enchevêtrent de la façon la plus bizarre. Un dément mélancolique voulant écrire une lettre à son fils ; après avoir mis la première ligne au bas de la page, avait écrit les suivantes en remontant ; puis, redescendant la même page, avait intercalé de nouvelles lignes entre les précé­dentes, de manière à former un ensemble presque inextri­cable. Chez d’autres, les mots sont disposés en colonnes et entremêlés de signes inconnus.

Tout, dans ces documents, indique la faiblesse et le [p. 396] désordre de l’esprit ; l’adresse et la signature manquent souvent ; la lettre se termine et recommence cinq ou six fois ; le papier est sale, chiffonné, taché d’encre et a été ramassé au hasard. S’agit-il d’une pièce légale, on voit manquer les précautions les plus élémentaires que doit connaître tout homme ayant quelque connaissance des affaires, ainsi la date et même la signature. S’agit-il de quelque écho lointain d’anciennes pré­tentions poétiques, chez un individu adonné aux choses littéraires, les vers pêchent, non-seulement par la faiblesse et l’incohérence des idées, mais encore par la rime et par la me­sure qui en arrivent à des proportions souvent grotesques.

En traitant de l’écriture dans la paralysie général nous aurons à indiquer plus d’une particularité qui, logiquement, se rattache à l’élément démence, mais qui, dans la pratique, doit être placé à part, comme ayant une valeur spéciale au point de vue du diagnostic ; ainsi, l’omission des syllabes et des mots, la transformation de l’écriture qui en arrive pro­gressivement à des signes sans valeur, à des croix, à des barres. Contentons-nous pour le moment des caractères que nous venons d’indiquer et qui s’appliquent plus particulière­ment à la démence simple.

5° C’est principalement dans le cours de la paralysie générale que l’étude des documents écrits donnent des résultats curieux et accentués. En présence des symptômes si positifs fournis par l’interrogatoire direct et l’inspection clinique, l’examen de l’écriture est sans doute un point bien secon­daire ; mais lorsqu’il s’agit de se créer une opinion sur l’état mental d’un individu qui a succombé laissant des lettres, des notes, un testament, c’est par les pièces écrites que le méde­cin légiste doit s’éclairer, c’est là qu’il doit chercher les élé­ments de sa conviction.

Trois ordres de signes, intimement mêlés et associés, se retrouvent dans les écrits des sujets atteints de paralysie générale ; 1° les uns correspondent au délire ambitieux ; [p. 397] 2° les autres à la démence ; 3° les derniers, enfin, indiquent l’altération de la motilité.

1° Le délire ambitieux se traduit par ces phrases variées à l’infini dans lesquelles ils exaltent de toutes façons leur for­tune, leurs qualités, leur puissance, et répètent toutes les nuances et toutes les excentricités du langage parlé. Ici, ce sont des lettres familières adressées aux autorités, aux per­sonnages connus, aux souverains qu’ils traitent d’égal à égal et auxquels ils adressent leurs réclamations et leurs projets ; la signature est précédée de la particule et de titres nobiliaires, et suivie de qualifications pompeuses : ils signent un tel, comte, duc, baron, colonel, général, prince de l’Empire, maréchal honoraire, le messie, enfin Dieu sur la terre. Un malade que j’ai soigné, signait X… philosophe, psychologue, être mystérieux et indéchiffrable, abstracteur de quintes­sence, le plus grand philosophe des temps modernes ; là, non contents de tous ces titres, ils changent de nom pour en prendre un autre plus en rapport avec leurs idées délirantes. J’ai eu longtemps dans mon service un paralytique du nom de Labbé qui niait s’appeler ainsi et signait Almire Le Roi ou Henri V les lettres où il demandait instamment à être réuni à son épouse la princesse d’Angleterre,

Un autre, qui était vivement préoccupé de ses richesses, écrivait incessament la liste des millions dont il pouvait dispo­ser, et arrivait à exprimer son total par cinq ou six chiffres suivis de trois pages entières de zéros.

Sans révéler des idées ambitieuses aussi nettement accu­sées, les écrits des paralytiques peuvent être remarquables par un style emphatique, fleuri et prétentieusement littéraire qui contraste avec leur manière d’écrire pendant l’état de santé. Leurs phrases sont mêlées de témoignages naïfs de satisfaction béate à travers lesquels perce à chaque instant la plus haute opinion de leurs qualités personnelles, et j’ai souvent constaté ces nuances alors même que la conversation [p. 398] des sujets était loin de les indiquer nettement, D’autres, enfin, abandonnent franchement la prose pour la poésie, et, pleins d’enthousiasme pour leur talent, adressent à droite et à gauche des sonnets, des épures, des odes, composent des tra­gédies, adoptent tous les genres, et alignent sous leur plume d’interminables séries de vers.

2° Des symptômes non douteux de démence se surajoutent presque toujours dès le début au délire ambitieux. Nous ne saurions insister ici sur l’incohérence des idées, sans répéter tout ce que nous avons dit à propos de la démence simple ; n’oublions pas seulement qu’il importe d’obtenir un écrit suffisamment long, l’incohérence pouvant ne devenir mani­feste qu’au bout de plusieurs lignes, de plusieurs pages, Ces malades emploient volontiers des formules niaises et enfan­tines ; ils abandonnent leurs lettres sans les terminer, oublient la signature, la date et l’adresse, ou bien, n’ayant plus conscience du temps ni des événements écoulés, inscrivent des dates fausses et adressent leurs lettres à des personnes qui n’existent plus ; tout le monde a noté chez eux les fautes d’ortographe inusitées, les mots omis, les syllabes et les lettres oubliées ou répétées, le manque de construction grammaticale chez les sujets qui ont reçu l’éducation la plus soignée.

Certains mots restent incomplets , et les lettres qui manquent, sont remplacées par des barres ou des signes sans valeur. En examinant les malades au moment où ils écrivent ces passages, on les voit s’arrêter, indécis, incertains, et ne sachant comment en finir.

J’en ai vu qui, commençant une lettre adressée à un parent ou à un ami, oubliaient au bout de quatre ou cinq lignes à qui ils avaient affaire, et finissaient en s’adressant à une autre personne, à leur femme par exemple. Dans d’autres cas, les malades copient ce qu’ils ont sous les yeux, sans s’en douter pour ainsi dire, et donnent ces pages comme l’expression de leurs propres recherches ou de leurs idées. Un pharmacien, [p. 399] ayant présenté au début de sa maladie du délire ambitieux, me remettait de temps à autre de volumineux manuscrits auxquels il attachait une importance capitale, et qui m’annonçait comme le résultat de nombreux travaux de laboratoire ; or, en les examinant, on voyait qu’il avait copié textuellement, et avec un grand soin, un ouvrage de chimie qu’il avait sous la main. Plus tard, le même malade, voulant répondre à une personne de sa famille, combien exactement le corps de la lettre qui lui était parvenue, après avoir changé la première ligne, et il plaça sa signature ; j’appris qu’ayant voulu faire sa réponse avec la lettre sous les yeux, il s’était laissé aller à la copier sans s’en apercevoir.

Enfin, quelques-uns, pour toute réponse, répètent indéfiniment la même ligue, tandis que d’autres, préoccupés d’une idée délirante ou incapable de varier leur formule, copie textuellement dix, quinze et vingt fois la même lettre, qu’ils adressent à tous leurs parents, à tous les amis.  Un paralytique que j’ai longtemps soigné à Bicêtre, frappé de l’idée qu’on lui avait volé une forte somme d’argent, écrivait chaque jour, aux diverses personnes de sa connaissance, une dizaine de lettres contenant mot à mot les mêmes réclamations et les mêmes plaintes, qui est essayé par tous les moyens imaginables de faire parvenir au dehors.

Ceux qui connaissent plusieurs langues, ont souvent un mélange bizarre de termes empruntés à divers idiomes. Quant aux étrangers transportés en France, je les ai vu souvent oublier leur langue maternelle que personne ne parlait autour de, et l’oublier en quelques mois au point de ne plus pouvoir  comprendre leurs compatriotes qui venaient les voir ; réduits au dernier terme de la démence, c’est en français seulement qu’il cherchait à parler et à écrire ; sans aucun doute l’habitude d’entendre toujours parler un seul et même idiome était la cause de ce singulier résultat de l’affaiblissement intellectuel. [p. 400]

3° Aux troubles de la motilité chez les paralytiques cor­respondent les altérations de l’écriture proprement dite : le tracé des lettres doit nécessairement se ressentir de tremblement, du manque de coordination et de la faiblesse de la contractilité musculaire : ajoutons que l’usure plus ou moins complète des facultés intellectuelles joue également un rôle important dans l’altération progressive qui atteint l’écriture dans son aspect et sa forme de convention,

Au début de la paralysie générale, quand les troubles de la motilité sont peu accusés, l’écriture peut conserver pendant longtemps-ses caractères normaux ; l’énonciation des idées délirantes, les syllabes et les mots omis, les fautes d’ortho­graphe, contrastent alors avec l’aspect régulier des lignes. Un peu plus tard, l’écriture devient lourde, moins élancée, et quelquefois aussi grosse que l’écriture d’un écolier qui com­mence, elle est faite à main posée et dénote lenteur scru­puleuse. Je n’ai rencontré cette variété que chez les sujets très-calmes et remarquables par les soins minutieux, par les procédés méthodiques qu’ils apportent dans leur toilette, leurs gestes, leurs repas, et leurs habitudes. (Voy. pl. 1, fig. 2 et 2 bis.)

A mesure que la démence et les troubles musculaires se prononcent, l’écriture s’altère davantage ; les lettres sont mal tracées, il n’y a plus de parallélisme dans les lignes qui, diri­gées obliquement ou en zig-zags, n’offrent aucune marge régulière. Il y a des ratures incessantes, le papier est mal­ propre et souillé de taches d’encre. La même lettre offre sous ce rapport des différences qui m’ont frappé : tandis que les premières lignes sont exactement parallèles et nettement tra­cées, la suite de la lettre devient progressivement confuse, mal écrite, irrégulière, et le tout se termine par un véritable barbouillage, preuve nouvelle de la facilité avec laquelle l’at­tention et l’intelligence se fatiguent chez les sujets en démence, qu’il s’agisse d’enchaîner des idées ou seulement [p. 401] de tracer des caractères suivant une forme convenue à l’avance.

Telles sont les particularités que présente l’écriture envisagée dans son ensemble ; si maintenant nous portons notre attention sur les jambages et les contours qui constituent les lettres de chaque mot, nous sommes frappé de l’existence d’un tremblement que l’on retrouve dans tous les traits de plume un peu prolongés,

Ce tremblement, qui, au point de vue du diagnostic, a une valeur considérable, se traduit par de petits zig-zags réunis les uns aux autres sous des angles aigus, que l’on rencontre principalement sur le trajet des jambages un peu longs ; ainsi, dans les p, les l, les b ; le paraphe de la signature, qui exige que la main soit lancée par un effort plus énergique, le pré­sente souvent alors que les lettres les plus petites n’en offrent aucune trace.

Ce tremblement peut coexister avec une écriture encore symétrique et régulière ; souvent il est permanent, mais quel­quefois aussi il varie d’un jour à l’autre ; j’ai vu des lettres d’un même individu, écrites à peu d’heures d’intervalles, présenter les unes une écriture tremblée, les autres des traits nets et fermes, Le degré d’agitation des malades, une mau­vaise nuit, un froid plus intense, toutes les causes en un mot qui, chez les paralytiques, influent sur l’état de la motilité, expliquent parfaitement ces différences.

Existe-t-il une relation constante, au point de vue de l’in­tensité, entre le tremblement de l’écriture et l’embarras de la parole ? Il faut à cet égard faire quelques distinctions.

Lorsque la paralysie générale suit lentement son cours, offrant dans ses symptômes une aggravation progressive, toutes les parties du système musculaire ne sont pas au même moment également frappées ; la démarche peut être encore solide quand déjà l’embarras de la parole est très-prononcé, et les bras peuvent conserver plus d’énergie que les membres [p. 402] inférieurs. De même aussi, certains malades peuvent écrire alors même que l’articulation des mots est à peu près impos­sible ; j’ai observé ce dernier fait chez un paralytique de Bicêtre, qui, chaque fois qu’il voulait parler, était pris d’un tel tremblement des lèvres, de la langue et de tous les muscles de la face, qu’il ne pouvait prononcer un seul mot. Or, la plume à la main, il exprimait nettement et sans tremblement manifeste toutes ses pensées. Rappelons en passant qu’à l’au­topsie on trouva chez cet homme des adhérences très-pronon­cées mais exclusivement limitées à la pointe des lobes anté­rieurs.

Mais lorsque dans le cours de la maladie, il survient des congestions cérébrales ou de simples états congestifs qui augmentent momentanément l’embarras de la parole, le tremblement des membres et le désordre des idées, toutes les parties de l’encéphale se trouvant alors affectées, il existe entre les troubles de l’écriture et les troubles de la parole une corrélation nécessaire. J’en ai observé un exemple très-curieux dans mon service de Bicêtre, chez un artiste dramatique âgé de trente-cinq ans, qui, au début d’une paralysie générale, arriva à l’hôpital la figure rouge, la conjonctive injectée, le regard égaré ; lorsqu’il parlait, on le voyait s’arrêter au milieu d’une phrase, chercher ses mots, faire des efforts considé­rables pour articuler, répéter incessamment les mêmes syl­labes. Et de même, la plume en main, il traçait la première lettre des mots, et au lieu d’aller plus loin, il la reproduisait un grand nombre de lois, bégayant en écrivant comme il bégayait en parlant. Au bout de quelques jours, l’étal congestif disparut et le malade parla et écrivit couramment, mais il conserva un peu d’embarras dans la parole et un léger trem­blement dans l’écriture.

A mesure que la paralysie générale marche vers sa troisième période, l’écriture devient de plus en plus méconnaissable. Quand la démence est portée au plus haut degré, quand les [p. 403] mouvements ont perdu toute précision, ce ne sont plus des lignes et des lettres qui se forment sous la plume des sujets, ce sont des caractères indéchiffrables, des bâtons, des croix, des signes sans valeur, des barbouillages sans nom qu’ils tracent avec une persévérance et une attention rares et par lesquels ils croient exprimer leurs pensées ; on les entend lire et dé­clamer avec emphase ces prétendus écrits qu’ils aiment à dis­tribuer à tout venant et auxquels ils attachent une importance de premier ordre. (Voy. pl. 1, fig. 3.)

J’ai donné pendant plusieurs années des soins à un Anglais, dément et paralytique, dont la principale occupation consistait à copier el à recopier chaque jour, pendant plu­sieurs heures les mêmes pages, les mêmes lignes et les mêmes mots ; c’était habituellement une longue liste de noms et d’adresses qu’il avait prise dans un annuaire ; deux années durant, il continua assidûment le même travail et l’on put suivre l’altération progressive de son écriture qui, d’abord très-nette, très-exactement tracée, devint peu à peu tremblante, confuse, illisible et aboutit enfin à des bâtons et à des jambages dans lesquels il était impossible de reconnaître la forme d’une lettre (pl. 2, fig. 1 et 1 bis). Un vieillard de Bicêtre, tombé dans une profonde démence, voulant écrire à sa fille pour lui demander divers objets, remplissait des feuilles entières de barbouillages indéchiffrables, et s’irri­tait vivement qu’on ne lui envoyât pas les objets qu’il avait énumérés et décrits avec tant de précision. (Voy. pl. 2, fig. 2.)

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IV. — Des écrits des aliénés envisagés au point de vue des applications médico-légales.

Toutes les particularités que nous venons de mentionner, sont curieuses au point de vue de la symptomatologie de la folie. Envisagées au point de la médecine légale, elles ont un côté utile qui a peut-être été trop négligé jusqu’ici. Les [p. 404] antécédents du sujet, son interrogatoire, ‘les récits des té­ moins sont bien évidemment les sources premières où le médecin doit chercher les éléments de sa conviction ; mais que ces documents viennent à faire défaut ou à être incom­plets, et alors, pour un œil exercé, l’examen des écrits acquiert une valeur inaccoutumée et peut à lui seul fortifier une conviction douteuse. Citons quelques exemples dans lesquels nous verrons l’application pratique des résultats généraux indiqués dans le cours de ces recherches.

I. — Esquirol (5) fut appelé comme expert à examiner le testament d’un monomaniaque en proie à des idées de persé­cution, qui s’était suicidé. Dans ce testament, le malade expo­sait les persécutions dont il était l’objet de la part de sa famille, et instituait divers légataires ; puis, dans des codi­cilles séparés les uns des autres par un certain intervalle de temps, il révoquait successivement les legs qu’il avait faits à ses amis, accusant ces derniers de s’être laissé corrompre par ses persécuteurs. Si M. Z…, dit Esquirol, s’était borné à son testament, pourrait-ou dire que dans sa rédaction se trouve la preuve de sa folie ? Il déclare à la vérité que ses frère, sœurs, etc., sont devenus ses ennemis, et qu’il se tue pour se soustraire à leurs persécutions. Mais ces accusations pouvaient être fondées ; les inimitiés de famille sont-elles si rares ? Ces accusations pouvaient avoir été écrites pour se justifier d’avoir fait passer en d’autres mains les biens qui revenaient à ses héritiers directs. Si done on n’avait égard qu’au testament, la folie ne serait peut-être pas suffisamment prouvée ; mais si on compare le testament aux codicilles qui le suivent, il Ile reste plus aucun doute… qui ne voit évidemment ici la marche ordinaire des aliénations mentales ? Le cercle des affections du testateur, le nombre de ses amis diminue, et celui de ses ennemis s’agrandit à mesure que la maladie mentale fait [p. 405] des progrès, jusqu’à ce qu’elle soit arrivée à sa dernière période.

Il. — M. Londe (6) analysant avec soin les mémoires et le testament laissés par M. Simon L…, démontra de la manière la plus péremptoire que ces écrits portaient l’empreinte d’un délire de persécution très-complexe, et fit reconnaître par le tribunal que le testateur était aliéné au moment où il avait rédigé ses dernières volontés.

III. — Un homme d’une grande lucidité d’esprit, de facul­tés intellectuelles plus qu’ordinaires, d’une aptitude aux affaires qui avait été l’instrument d’une fortune colossale, rédige un testament dans lequel on trouve des mots passés, des phrases mal construites et embrouillées, de graves omis­sions. L’acte n’avait pas été fait sur papier timbré, et les deux doubles n’étaient pas conformes, toutes circonstances fort graves chez un homme d’une exactitude scrupuleuse. L’en­quête démontre d’une manière évidente que le testateur, au moment où il écrivait ses volontés, était dans la première période de la paralysie générale (7).

IV. — Un ancien avocat (8) fait un testament dans lequel les codicilles sont énoncés d’une manière bizarre, tantôt à la marge, tantôt dans le corps de la page ; les sommes indiquées sont écrites tantôt en toutes lettres, tantôt en chiffres seule­ment, quelquefois mi-partie en lettres et en chiffres ; la signa­ture est intercalée au milieu même des mots qui composent la date et les codicilles ne sont pas signés. Toutes ces omissions et ces bizarreries, de la part d’un homme habitué aux lois et aux affaires, dénotaient un état de démence incomplète que tous les autres renseignements confirmèrent pleinement.

V. — Le testament de M. L…, homme instruit et d’une [p. 406] certaine position, fut annulé pour cause de démence (9). On y trouvait des fautes d’orthographe inaccoutumées, des mots oubliés ou tronqués (quante pour quarante, excuseur pour exécuteur), des lettres répétées (Paris! pour Paris), des syllabes omises : l’enquête démontra que M. L…, après avoir éprouvé des accidents nerveux assez semblables à l’épilepsie, avait eu plusieurs congestions cérébrales à la suite desquelles il était tombé dans une démence complète.

VI. — Un officier retraité (10) fait un testament au profit de sa domestique et au détriment de parents proches et très­ respectables. La relation du fait ne donne aucun détail sur le testament lui-même, mais on produit à l’audience une lettre écrite plus d’un an avant la pièce attaquée et dans laquelle se trouvent des lettres et des mots oubliés, des constructions grammaticales vicieuses ; le testateur y confondait les personnes et les choses, exprimait un désespoir ridicule à propos d’un incident futile et prenait un titre qui ne lui appartenait plus depuis longtemps. Une enquête médicale à laquelle prirent part MM. Ferrus, Foville et Brierre de Boismont, admit comme évidente l’existence d’une paralysie générale.

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VII. — Une consultation médico-légale me fut demandée en 1861 à propos d’un testament dont la valeur était contes­tée ; les renseignements que l’on me donna sur le testateur, mort interdit et en état de démence complète, furent incom­plets à beaucoup d’égards ; j’appris cependant que, pendent la maladie qui l’emporta et qui dura trois années, il avait eu plusieurs congestions cérébrales, que sa mémoire et ses forces s’étaient progressivement affaiblies, qu’il avait eu la parole embarassée. Ces antécédents permettaient déjà de soupçonner soit un ramollissement cérébral, soit une paralysie générale. L’examen comparatif du testament, écrit cinq jours après la [p. 407] première congestion, et de plusieurs lettres datant d’une époque antérieure à tout état morbide, me fournit des indices très-précieux ; j’extrais de cette consultation les lignes suivantes :

« En comparant le testament soumis à mon examen aux lettres écrites par le malade en état de santé, on trouve dans le style, dans l’orthographe, dans l’écriture elle-même, des traces irrécusables d’un trouble des facultés motrices et intel­lectuelles.
« L’écriture est tellement changée qu’on peut à peine la reconnaître ; c’est à peine si l’on retrouve dans l’un des mots le cachet de l’écriture normale. Elle a pris le caractère enfantin, les lettres sont mal dessinées et incomplètement formées, les jambages offrent un tremblement caractéristique, les ra­tures sont nombreuses, la ponctuation manque. Les lignes, d’abord droites et régulières, deviennent bientôt obliquement ascendantes. Enfin, la dernière phrase est à peine compréhensible et est construite d’une manière fautive.
« Or, dans toutes les lettres écrites par le sieur C…, avant sa première congestion cérébrale et qui m’ont été pré­sentées, l’écriture est remarquable par sa parfaite régularité, par la précision du dessin, par la rectitude des lignes, par la minutie de la ponctuation ; toutes les phrases sont d’une cor­rection parfaite. »

Dans une autre lettre postérieure au testament et écrite deux mois après la première congestion cérébrale, les mouvements ont repris un peu de régularité, l’écriture est un peu plus nette, mais la signature avec son paraphe tremblé, ses lignes heurtées, ses courbes transformées en polygones, indiquent toujours l’existence des troubles de la motilité ; les phrases sont mal construites, les idées s’enchevêtrent les unes dans les autres et sont à peine compréhensibles. Enfin, plu­sieurs mots sont passés. Je n’hésitai pas à déduire de tous [p. 468] ces faits l’existence d’un état de démence dû à une paralysie générale ou à un ramollissement multiple du cerveau.

Ces faits, peu nombreux, sont jusqu’ici les seuls que j’ai pu recueillir en parcourant les recueils spéciaux. Leur rareté même semble prouver que, dans les cas de ce genre, l’examen des documents écrits n’a peut-être pas suffisamment attiré l’attention. Je crois cependant, et c’est là ma conclusion, qu’une semblable étude, bien qu’elle paraisse au premier coup d’œil sortir de la spécialité médicale, ne doit pas être dédai­gnée, car elle fournit, dans certains cas douteux de médecine légale, les plus utiles renseignements.

NOTES

(1) Annales médico-psychologiques, année 1847, t. IX, p. 95.

(2) De la responsabilité légale des aliénés (Annales d’hygiène publique, 1863, 2e série, tome XX).

(3) Voyez North Peat, De la littérature des aliénés en Angleterre (Revue contemporaine, juin et juillet, 1863).

(4) Annales médico-psychologiques, 1850, p. 646.

(5) Annales d’hygiène d’hygiène et de médecine légale, 1re série, t. V, p. 371.

(6) Annales médico-psychologiques, 1848, t. XII, p. 347.

(7) Moreau, Annales médico-psychologiques, 1844, t. VI, p. 96.

(8) Annales médico-psychologiques, 1847, t. IX, p. 244.

(9) Annales médico-psychologiques, 1847, t. IX, p. 94.

(10) Annales d’hygiène d’hygiène et de médecine légale, janvier 1852, p. 143.

 

 

 

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