Maeder. Essaie d’interprétation de quelques rêves. Extrait des « Archives de psychologie », (Genève), tome 6, 1907,pp. 354-375.

Maeder. Essaie d’interprétation de quelques rêves. Extrait des « Archives de psychologie », (Genève), tome 6, 1907,pp. 354-375.

 

Le tout premier texte en langue française rédigé par le suisse Alphonse Maeder de l’École de Zürich.

Alphonse Maeder est né le 11 septembre 1882 à La-Chaux-de-Fonds, en Suisse romande et mort le 17 janvier 1971 à Zurich, en Suisse alémanique. Psychothérapeute et médecin psychiatre, très proche de S. Freux, il est chargé de traduite et rendre compte, des avancées de  la psychanalyse. Egalement très proche de E. Jung, il se séparera de Freud en 1913, après que Freud lui eu reproché et l’eut critiqué dans son interprétation « mystique » de l’interprétation des rêves.

Plusieurs contributions dont deux importantes que nous mettrons en ligne sur notre site :
– Freud et la psychanalyse des névroses.
– La langue d’un aliéné. Analyse d’un cas de glossolalie. Article paru dans les « Archives de psychologie », (Genève), tome IX, 1910, pp. 208-216. [en ligne sur notre site]
– Sur le mouvement psychanalytique. Un point de vue nouveau en psychologie. Article parut dans la revue « L’année psychologique », (Paris), volume 18, 1911, pp. 359-418. [en ligne sur notre site]
– De la psychanalyse à la psychosynthèse.  in l’Encéphale, Journal mensuel de neurologie et de psychiatrie. Vingt-et-unième année. Paris, H. Delarue. n°8,1926, pp. 577-589? [en ligne sur notre site]
– Essai d’interprétation de quelques rêves. in « Archives de psychologie », (Genève), vol. 6, 1907, pp. 354-375. [en ligne sur notre site]
– Une voie nouvelle en psychologie. Freud et son école. in »Coenobim », (Milan, Lugano),n°3, janvier 1909,
– Psychopathologie et pathologie générale. Article paru dans la revue « L’Encéphale », (Paris), dix-neuvième année, 1924, pp. 163-177. [en ligne sur notre site]

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original.
 – Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

[p. 354]

ESSAI
D’INTERPRÉTATION DE QUELQUES RÊVES

par M. Alphonse Maeder
Médecin-assistant à l’Asile suisse des Épileptiques, Zuric.

Sommaire :

La théorie de Freud.                                                  354

Procédé suivi dans l’analyse des rêves                   358

Obs. I. Rêve de profanation                                      359

Οbs. II., Identification dans la rêve.                       361

Obs. III. Rêve du serpent                                          363

Α. Le serpent chien.                                                   363

Notice sur le rôle du serpent et du chien
dans la mythologie et les légendes.                        366

Β. Le jardin.                                                                367

  1. Le paysage dessiné. 369
  2. Le symbole de la maisοn et de la boîte 370

Obs. IV. Rêve de l’oiseau                                         372

L’oiseau dans es légendes                                       373

Avant de passer à l’interprétation de quelques rêves nous résumerons, dans les grandes lignes, la théorie de Freud sur la structure des rêves, dont nous avons applique ici la méthode (1).

Le rêve n’est pas le produit d’une activité mentale désordonnée mais bien le résultat de deux forces antagonistes : le compromis entre un désir, presque toujours refoulé, inconnu à la conscience à l’état de veille et qui tend à se réaliser, et une censure qui l’arrête au passage pour le modifier selon ses exigences. Les modifications imposées par la censure défigurent le rêve (déformation du rêve). Nous devons distinguer du rêve lui-même, tel que nous le connaissons, le matériel du rêve (infiniment plus riche que le contenu du rêve proprement dit), matériel que l’on obtient en laissant associer le rêveur sur tous [p. 355] les éléments du rêve, pris successivement. L’ANALYSE consiste à mette à jour ce matériel d’où l’on tire l’interprétation. Le rêve est pour ainsi dire la traduction d’une langue compréhensible (le matériel) en une autre qui ne l’est pas sans analyse. Les procédés utilisés pour la déformation, qui est le travail le plus important, d’où le nom d’élaboration du rêve, sont essentiellement la condensation, la transposition (ou déplacement) et la dramatisation.

La condensation, (Verdichtung) est la fusion d’éléments étrangers, ayant quelque point commun, en un seul (voir plus loin le rêve du serpent, l’institutrice à la tête d’homme et l’identification hystérique, les Eugénies) ; elle offre une analogie avec les photographies de Galton.

Le déplacement ou transfert (Versdiebung) est la décentration de l’intérêt des idées à coefficient émotionnel sur celles qui sont insignifiantes, — d’où l’idée courante que l’on rêve de bagatelles qui n’ont pu attirer notre attention pendant la journée (voir plus loin le rêve

de la protestation : protestations contre le mannequin Farrar, alors que Χ est visé ; voir aussi le rêve d’identification : la prière pour le fils à rendre à ses parents, alors que le mobile est d’écarter une rivale…).

La dramatisation ou transformation d’une idée en une situation. Nécessites de la représentation concrète. Emploi de symboles (voir plus loin le serpent, chien, oiseau, la maison … ). Double sens des mots (voir plus loin identification : « suivre de près » dans l’escalier et dans l’affection de…). Rapprochement dans l’espace et le temps. La condensation et la transposition sont actives, non seulement dans les rêves — et les phénomènes nettement pathologiques, tels que les phobies, les idées fixes, etc. — mais dans certains troubles de l’activité cérébrale chez l’individu normal (voir nos Contributions la psychopathologie de la vie quotidienne, dans ces Archives, VI, 148, traitant de la confusion de nom (déplacement) et des lapsus (condensation) (2). La dramatisation, le symbole, sont particuliers aux ‘rêves et aux hallucinations.

La censure, que nous venons de voir à l’œuvre, et dont l’origine est certainement dans l’éducation (au sens le plus large du mot), est plus ou moins vigilante dans le sommeil ; elle l’est bien davantage à l’état de veille. Cette différence de tension dépend probablement de [p. 356] de l’intérêt ou du désintérêt (3) pour la situation présente (abaissement la tension psychologique de Janet). Dans la psychasthénie, on sait le rôle joué par les fantaisies ou rêveries diurnes. La censure y est relâchée, cependant moins que dans le rêve. Les fantaisies diurnes sont comme les rêves, la réalisation d’un désir ; mais l’homme se montre moins mesquin, moins égoïste, il y est même juste généreux dans une certaine mesure (toujours grâce à la censure).

Nous avons recueilli un cas de fantaisie diurne et deux rêves sur un même sujet, de la même époque, qu’il est fort intéressant de comparer. Il s’agit d’un amoureux M. qui craint certaines complications du côté de sa future, notamment le fait qu’elle désire entrer au théâtre; il s’endort un soir, très déprimé, et rêve qu’il habite avec sa fiancée L. ; à chaque instant et pour la moindre des choses ils se disputent. Trois jours après, rêve analogue : ils vivent ensemble. L. prie de lui passer des épingles : il les lui tend avec une aiguille à tricoter. L. en est furieuse, discussion, grande scène. — Quatre jour plus tard, Μ., en sortant du théâtre, fatigué, imagine la fantaisie suivante : il est établi et marié avec une inconnue, dans une grande ville. Un jour il reçoit une loge pour une représentation dans laquelle L., grande artiste en passage, jouera. Il se réjouit à la pensée que ex-fiancée est devenue une étoile de la scène.

Le désir réalisé des deux rêves est à peu près le suivant : J’ai raison de vouloir me séparer ; nous ne nous entendrons pas… Le désir de la fantaisie est : Nous devons nous séparer et elle deviendra une grande artiste. (C’est de l’« égoïsme généreux »).

Ce qui donne aux fantaisies diurnes leur unité apparente est l’œuvre d’une correction secondaire, qui agit parfois sur les rêves eux-mêmes et leur donne une apparence de cohésion et de composition logique.

Nous avons dit, dès le début, qu’il s’agit presque toujours d’un désir refoulé qui cherche à se réaliser. Ce désir, qui monte des profondeurs du subconscient, n’est pas connu de la conscience ordinaire (pas plus que ne l’est la source dernière des phobies, idées fixes, obsessions (4) ; il est généralement des plus égoïstes et sans égards aucuns pour personne d’autre que le moi, — d’où le refoulement. Le mécanisme de l’oubli du rêve est compréhensible ; la censure reprend au réveil sa tension ordinaire et cherche à détruire ou [p. 357] plutôt à enfouir ce que l’antagonisme a gagné sur elle dans le sommeil ; (voir plus loin des notes sur certains éléments refoulés). La sexualité est la source la plus abondante des rêves : l’instinct sexuel est le plus puissant de nos instincts, et celui quel l’éducation, les conventions sociales nous obligent le plus à réprimer, à refouler. Les productions subliminales des médiums sont soumises aux mêmes lois que les rêve : H. Smith fut tour à tour l’épouse préférée d’un prince hindou, et Marie Antoinette dont Cagliostro était éperdument épris… ; tous ces romans sont la compensation de la médiocrité de la vie journalière, de la réalisation de désir… (5).

On peut distinguer trois catégories de rêve : 1. Ceux qui sont la réalisation manifeste (non voilée) d’un désir non refoulé. Type infantile. On a refusé du chocolat bébé, parce qu’il n’était pas sage. En rêve, la nuit suivante, il en reçoit un grand paquet. La petite Germaine rêve qu’elle est très belle. – On les rencontre parfois je suis adulte.

— M. est réveillé par le carillon à sept heures du matin. Il se rendort et rêve qu’il allume la lampe et la place devant la porte vitrée de sa chambre pour que la bourgeoise croit qu’il est levé et ne frappe à la porte.

— Doit se lever à cinq heure pour prendre le train. À quatre heure trente il rêve que la domestique frappe à la porte pour lui apporter son déjeuner ; il se réveille et se lève. (A ce moment seulement il constate avoir rêvé, la domestique n’est pas encore entrée dans l’appartement.)

Mathilde (jeune fille de quinze ans qui aime beaucoup le dessin) copie en rêve un Léonard de Vinci à la Brera. Près d’elle, un beau portrait de Rembrandt jeune prends du relief, s’anime. Rembrandt descends de la paroi et vient lui causer et se fait montrer les dessins de M. (Ici fusion de deux désirs : être remarquée par un grand artiste, c’est-à-dire avoir du talent, et trouver le beau jeune homme, le prince qui vienne à sa rencontre et l’épouse ; l’analyse confirme ses suppositions).

— Les rêves qui sont la réalisation voilée d’un désir latent et refoulé. Ce sont les plus fréquents (voir plus loin surtout celui du serpent…). L’étrangeté, la confusion, l’incohérence étant le produit de la déformation [p. 358] du rêve (censure) on peut s’attendre à ce que la source en soi particulièrement troublée et impure.

— Les rêves qui représentent la réalisation mal ou peu voilée d’un désir refoulé. Ils sont régulièrement accompagnés d’une angoisse qui interrompt le rêve et remplace pour ainsi dire la déformation. (v. . Le rêve de la dame Roumaine, p. 367). Très fréquent à l’époque de la puberté, surtout chez les jeunes filles. (Cf. Fritz-Algar du professeur Lemaitre, ces Archives, V).

Nous comptons sur l’indulgence de lecteur, vu que la psycho-analyse est très délicate — nous ne prétendons pas avoir toujours touché juste — et très épineuse, vu le thème préféré, le motif usuel des fantaisies oniriques.

Nous citons toujours le rêve, tel qu’il nous a été raconté, et nous le faisons suivre des associations fournies par le sujet, que nous trions et lions en faisceaux à mesure de leur production (6). Il ne s’agit pas, bien entendu, d’analyse complète, ce qui est impossible, vu l’abondance du matériel et la nature du sujet qui est souvent nous oblige aux sous-entendus.

PROCÉDÉ SUIVI DANS L’ANALYSE DES RÊVES.

Les rêves ont été notés au réveil. Le travail de l’analyse — la psycho-analyse —consiste essentiellement à attirer successivement l’attention du sujet sur tous les éléments de son rêve, en lui demandant quelles sont les souvenirs, les images que chacun de ces éléments évoque par association dans son esprit. Ainsi, par exemples, pour le rêve de la protestation (v. plus loin), j’ai dit au sujet : « Que vous vient-il à l’esprit à propos de la demoiselle en noir ? », et j’ai écrit sous dictée sa réponse, si décousue fut-elle, j’ai noté ses mots, ses images. Puis, j’ai fait de même pour « Farrar », pour « comédien », pour « fiancé », pour « protester », etc., en prenant successivement tous les éléments du rêve, les uns après les autres. Le rêveur est prié de communiquer tout ce qui lui vient à l’esprit à propos de chacun de ces éléments, tout sans exception, même si la chose lui paraît sans rapport avec le rêve, ou un non-sens ; même — et surtout — si elle est désagréable à exposer (précaution d’importance fondamentale). Il doit se mettre dans un état d’observation intérieure passive, sans exercer aucune faculté critique quelconque. [p. 359]

L’analyste doit observer très attentivement le sujet, ses mimiques —au sens le plus large du mot, — l’accent de sa voix et ses altération, ainsi se rendre compte des luttes intérieures et des résistances du sujet. Une réaction affective inadéquate à son contenu intellectuel est l’indice d’une défense du sujet qui cache, derrière une communication indifférente (écran), tel souvenir à fort coefficient émotionnel. L’analyste doit éviter avec soin toute suggestion, il ne doit pas poser de questions précises, qui restreindrait le chant des associations. La psycho-analyse est une méthode très délicate qu’on ne peut exposer qu’à grands traits, ce qui enlève toute sa finesse. À l’usage seul on peut se rendre compte de sa valeur.

Jérôme Bosch – Le Jardin des Délices (détail).

Nous nous permettons une dernière remarque avant de commencer ; ses analyses sont d’une lecture difficile, le sujet étant très complexe, et réclame une attention soutenue.

Observation I

Rêves de protestation.

Néro, 24 ans. — Rêve : Vive discussion en présence de Néro. Une demoiselle en robe noire est sur le point de se fiancer avec M. Farrar. Un monsieur présent proteste vivement et traite Monsieur Farrar de grand blagueur et de comédien. Néro est absolument passif. Vague impression que la scène se passe aux Indes.

Psychoanalyse. — La veille, Néro, a reçu une lettre d’un cousin, Paul, habitant l’Égypte, qui lui annonce ses fiançailles. Néro tient Paul pour un blagueur. La veille, également, discussion entre amis sur deux artistes de l’opéra de Berlin, dont Geraldine Farrar. Récemment, dans une conversation avec un acteur, celui-ci traitait un de ses collègues de « trop comédien » (au sens péjoratif), jugement qui avait fait sourire Néro. A Berlin X…, Le fiancé d’une demoiselle René. Néro le connaît très peu et le trouve sympathique (Alain habite X…, le fiancé d’une demoiselle Renée. Néro le connaît très peu et le trouve sympathique [dit sur un ton assez persuasif]. Mlle Renée est une jolie personne, distinguée, cultivée, avec laquelle Néro est très lié. Aux dernières vacances, dont Néro revint, ils se sont vus souvent et promenés ensemble, — non sans provoquer des murmure dans leur entourage. La demoiselle en robe noire du rêve un visage ou très indécis, impossible à reconnaître. Mlle Berthe, une autre amie [p. 360] de Néro, qui es en deuil (en réalité) et porte une robe noire, également jeune et jolie, vient de se fiancer avec un camarade de Néro, qui n’est ni blagueur ni comédiens, —  il va partir pour affaire aux Indes.

Dans le rêve un personnage [qui ? On le verra plus loin] proteste énergiquement contre les fiançailles. Néro assiste passif à la scène. On sait que le mois du rêveur est un général actif dans les rêves [qui ? On le verra plus loin) proteste énergiquement contre les fiançailles. Nero assiste passif à la scène. On sait que le mois du rêveur est en général actif dans les rêves ; s’il  paraît passif, comme dans ce cas, c’est parce qu’il est caché dans la peau d’un des acteurs. Ici tout fait supposer qui est le personnage qui injurie Farrar. Il n’exista pas en réalité de M. Ferrar, mais il y a une artiste Farrar et un fiancé X…, Tous deux à Berlin. La fusion nous fournit un Farrar comédien, c’est-à-dire un mannequin inoffensif que l’on peut injurier sans lui faire beaucoup de tort : il est, de plus blagueur, nous dit le rêve. La source de cet élément nous est déjà connu, le cousin de Nero et la situation du rêve (quelqu’un doit se fiancer) reconnaît la même origine. Le monsieur Ferrar comédien est blagueur est le produit de la condensation des éléments suivants :

Un artiste Farrar à Berlin :

Un fiancé X, à Berlin :

Un acteur trop comédien :

Un cousin blagueur qui se fiance :

La fiancée de Berthe (la demoiselle en noir) qui part aux Indes.

Mademoiselle en noir ?

La robe noire et le fait que la scène se passe aux Indes, trahissent la présence de Mlle Berthe, mais Farrar (de Berlin) représente Mademoiselle Renée. Les deux femmes se cachent derrière les traits indistincts de la demoiselle en noir (une vraie dame voilée, et pour cause).

Voici un schéma qui montre la constellation associative que tous ces éléments font entre eux : nous avons indiqué en italique celles de ces images qui ont constitué le rêve :

Farrar Berlin X. Fiancée de Renée Néro (le monsieur)
Artiste
dicussion
Fiancée Cousin Paul Blagueur
Comédien Fiancé de Berthe Indes
Deuil, D
Lle en noir

[p. 361]

Interprétation. — Nous aidons possible de reconstituer la scène suivante :

Néro désire que Mlle Renée (et peut-être aussi Mlle Berthe) ne sois pas encore fiancée ; si elle est seulement sur le point de l’être, avec une personne indigne d’elle (blagueur…) on pourra toujours écarter le gêneur (protester)… remplacer. Le désir est représenté comme réalité dans le rêve. (Néro n’est pas absolument d’accord avec notre interprétation ; il trouve ce procédé pour écarter un rival, trop indigne. Mais il s’agit naturellement d’un désir refoulé par la conscience ordinaire, qui ne subsiste pas moins dans le subconscient.

Quatre mois plus tard, Néro va nous fournir la preuve de cette résistance sourde contre X… « J’ai deux lettres en retard pour Mlle Renée, dit-il, cela ne m’arrivait pas autrefois. Je crois que la cause en est dans le séjour de celle-ci à Berlin auprès de X… Je ne voulais pas lui écrire pour qu’il [X…] ne lise pas mes lettres, quoiqu’elles ne contiennent rien qu’il ne puisse lire » [Plusieurs rêves de Néro de la même époque donnent des solutions diverses aux mêmes problèmes.]

L’assimilation des deux fiancés au cousin Paule, qui a annoncé ses fiançailles est un cas de ce que Freud appelle l’identification hystérique. En voici un autre exemple typique, que nous empruntons un rêve, en laissant volontairement de côté dans le matériel fourni par l’analyse tout ce qui ne s’y rapportent pas directement.

Observation II

Identification dans le rêves.

Rêve. — Berthe (jeune file) rentre à la maison ; sur son chemin elle passe près de la maison des J. et se dit : « je vais passer par devant la maison ; on me verra mieux » — Elle plaint les J. de la perte de leur fils unique, adresse une prière dont la fin est : « Oh ! Mon dieu, tu sais que je ne crois pas à toi, mais si tu existes, veuille entendre mes supplications. »… En montant les escaliers elle rencontre Mlle Eugénie N. qui rentre du marché ; elle lui porte son panier de fruits. Mlle Eugénie monte rapidement, à son étonnement, derrière elle…

Berthe a souvent aider à Eugénie à porter son panier, car elle est gravement malade (affection cardiaque), et doit s’arrêter à chaque marche pour prendre le souffle. Eugénie est morte depuis plus d’un an [p. 362] tandis que sa sœur, qui habitait avec qui est dans la maison de Berthe, et dont il fut question la veille, vit encore. En rêve Eugénie monte très rapidement ; Berthe ajoute pendant l’analyse qu’elle en fut très désagréablement surprise (7). Il s’agit probablement d’une autre personne. Berthe a une amie qui s’appelle Eugénie G…, également délicate, menacé de phtisie (famille tarée) — poumon, souffle. — Elle habite à Londres et s’y ennuie. Pour alléger le lourd fardeau de la solitude, Berthe l’a recommandée à une famille dont elle-même aime le fils Léon. A l’époque du rêve Eugénie était en visite chez Léon, et Berthe attendait avec impatience, depuis une longue semaine, des nouvelles de celui-ci… Elle commençait à craindre qu’Eugénie, très jolie fille, ne la suive de près dans l’amitié de Léon. En rêve elle est désagréablement surpris que qu’Eugénie monte si vite… ; le panier de fruits d’Eugénie N… est le fardeau de la solitude. En identifiant Eugénie G… à Eugénie N… (le prénom, toutes deux atteintes d’une grave maladie, difficulté à respirer, souffle, le fardeau. De plus, Eugénie N… et Eugénie G… se connaissaient et Berthe a appris à celle-ci (E. G…) , il y a un an, la mort de celle-là, notre rêveuse en fait une morte, c’est-à-dire qu’elle est la supprime. Elle reste seul pour Léon !

Au commencement du même rêve, Berthe utilise un autre procédé pour écarter E. G…. Devenu une rivale possible. Eugénie G… était fiancé au fils unique des J…, mort il y a deux ans. S’il ressuscite — rien ne paraît impossible en rêve — Eugénie G… redevient sa fiancée et la route redevient libre pour Berthe. En effet les supplications contenues dans la prière tendent à faire rendre un fils à ses parents, c’est-à-dire — dans le langage égoïste du rêve — un fiancé à sa fiancée.

Berthe insiste encore sur le sentiment de pénible surprise qu’elle eut à voir Eugénie N… s’approcher si rapidement, « à lui courir après », suivant son expression. Tu as remarqué comme l’expression : suivre de près, est employée à double sens.

Ajoutons que le dernier résultat de l’analyse totale du rêve est « je pars », c’est-à-dire la réalisation d’un souhait, passer l’été dans la famille de Léon, que des circonstances purement extérieures avaient rendu impossible cette année. [p. 363]

Observation III

Rêves du Serpent.

Ida, jeune fille de 20 ans. — Rêve. — (de la même nuit). : (A) je suis à E… et traverse un grand pré, pour cueillir des belles marguerites. Un chien arrive en aboyant et je me sauve sur le chemin, effrayée… je suis couchée sur le bord du chemin ; un serpent est appliqué sur mon cou, à gauche, j’ai très peur ; impossible de m’en défaire… Le Dr R. arrive, applique quelque chose de très drôle qui me délivre. Cette méthode m’étonne, mais je ne dis rien.

(B) J’arrive dans un grand jardin ombragé, ou un jardinier arrose…

(C) Je suis devant la poste et je dois faire un dessin (imprécis) ; je fais le ciel, trois croix qui sont des étoiles, je suis très ennuyée et ne sait que faire, P. arrive et me tire d’embarras en dessinant une grande barque du Léman ; je suis très contente…

(D) Je suis au collège de P*** ; par une porte entrouverte j’aperçois une institutrice qui a la tête du poète S. ; Je me dis, ce doit être intéressant, une Russe ; il y a des enfants dans la classe.

Le serpent-chien. — Appelons la rêveuse Ida et commençons par la première partie du rêve, l’histoire du serpent chien.

Psychoanalyse. — Ida ajoute, en racontant le rêve une seconde fois : « Je me dis : le serpent est la punition d’avoir traversé le pré et pris des fleurs, je l’ai méritée ». — L’idée de péché et de punition a la tendance d’être refoulée. Nous faisons d’abord associer sur « punition méritée ». Elle répond :

« A. E… (campagne où les parents de d’Ida passent l’été), nous n’osions pas fouler l’herbe dans le pré. Le fermier envoyait le chien sur les passants qui cueillaient des fleurs ; j’ai souvent cueilli des marguerites pour les interroger : « m’aimes-tu ? Un peu, beaucoup… » Nous répétions : « punition méritée », dans l’espoir d’obtenir davantage. Après avoir hésité longtemps et dans la plus grande agitation, Ida raconte une scène de sa vie d’enfant. Elle avait six ans. Elle s’approprier une pièce d’un franc, trouvée sur la table de la cuisine. Elle fut soupçonnée, mais nia énergiquement, fut corrigée d’importance et n’avoua jamais. Elle ne pouvait pas avouer, quoiqu’elle l’eût voulue. Elle avait mérité la punition, elle s’en rendait parfaitement compte. Plus tard elle avait voulu raconter cette scène à sa meilleure amie, pour se charger d’un si lourd fardeau ; elle n’avait pas pu se décider. Plus tard elle avait voulu raconter cette scène à sa meilleure amie, pour se décharger d’un si lourd fardeau ; elle n’avait pas pu se décider. Quelques jours auparavant, lors de l’analyse d’un autre[p. 364] rêve, elle s’était dit : il sera bien tout ce qu’il y a dans ma tête, pourvu qu’il ne sache jamais l’histoire du vol, et pourtant elle désirait un peu la raconter.

Voici la suite des idées évoquées chez Ida :

« Le serpent me ronge comme les remords m’ont rongé longtemps… L’avant-veille on a parlé des serpents de Laocoon ; Ida a une peur affreuse des serpents… Les serpents du jardin zoologique à Londres… Carmen est comme le serpent tentateur, lorsqu’elle danse autour de Don José… La postérité de la femme écrasera la tête du serpent ; les leçons de religion à l’école. [Après un long intervalle :] le serpent, Eve et la pomme [Ida avoue que cette association lui est venu beaucoup plus vite, mais qu’il a refoulé comme étrangère au sujet du rêve !] Le serpent du rêve est petit, deux à 3 dm de long, et appliquer sur le côté du coup [à gauche ou à droite ?] Elle ne le voit pas, mais elle sait ce que c’est ; elle cherche à s’en défaire, assez mollement, sans y réussir. Il ne mord pas et ne fait pas mal, mais c’est désagréable. En cherchant à l’écarter avec la main, elle a l’impression de toucher un petit chien ; c’est poilu.

Ida a également très peur des chiens. Le fermier d’E… en avait deux. Les G… à Londres aussi. La veille est a reçu d’un jeune homme, Samuel, de Londres, ami de la famille, une photographie du cottage avec la famille et un gros chien Saint-Bernard, et une lettre dans laquelle S… dit qu’il ira au théâtre le lendemain voir Faust et qu’il espère avoir plus tard l’occasion de voir l’opéra avec elle. Dernièrement on a raconté à Ida la légende de Faust et Marguerite (voir les marguerites effeuilles du rêve). Elle évoque le souvenir récent de la calomnie d’une parente (histoire de séduction)… Le Dr R. est le médecin de famille, qu’elle aime beaucoup. Elle rappelle quelques souvenirs sur lui, notamment celui-ci : « Un jour il raconta, en présence de ma cousine et de moi, que ta tsarine venait d’accoucher d’une fille. Nous étions des gamines de sept ou huit ans et nous fûmes à la fois très intriguées et très fières. On nous avait parlé de maternité et d’accouchement. » Quant à la méthode de délivrance du Docteur, dans le rêve, elle est très imprécise. Ida ne sait pas s’il portait une boîte dans laquelle il enferme la bête, ou si c’est un animal plus grand qui dévore les serpents ( ?). Elle a l’impression que c’est étrange, mais elle se soumet, l’ayant mérité.

Ida , Non sans résistance, [très compréhensible d’ailleurs)], qu’à la leçon de religion les gamines souriaient d’un air entendu lorsqu’on leur parlait du serpent. Dans sa huitième année, sa mère [p. 365] devint enceinte. Elle se rappelle lui avoir demandé plusieurs fois pourquoi ses robes étaient plus courtes devant que derrière. Souvenirs de quelques conversations avec fillettes de son âge sur des sujets nettement érotiques. Elle a vu plusieurs fois, notamment à E…, des scènes de chiens qui se grimpaient sur le dos.

En voici assez pour prouver que je rêve est une fantaisie sexuelle. Le serpent et le chien (comme nous allons le démontrer plus loin) sont des symboles journaliers pour l’homme, le mari. Le chien qui se jette sur elle, le serpent qui est fixé à son corps, c’est le mari qui vient et la prend (intéressantes ici est la transformation du chien en serpent ; ce serpent qui fait l’impression d’un petit chien au touché). Les poils représentent très souvent le pubis (voir plus loin l’épisode du jardin et du jardinier). Le serpent est le symbole phallique par excellence. Dans un rêve analysé par le Dr Jung, le serpent s’approche de la rêveuse, comme pour la baiser. Dans notre cas, il est fixé au coup D’Ida. Après plusieurs mois d’attente, nous avons obtenu l’aveu, très inattendu, qu’elle a reçu un baiser dans cette région d’un « bon ami » il y a environ deux ans. Si le serpent est fixé dans la région de la tête et du coup, c’est le résultat d’une transposition de bas en haut — très fréquentes — analogue à celle-ci empruntée à la Bible : « Le seigneur rendra chauve le sommet de la tête des filles de Sion, l’Éternel découvrira leur nudité. » (Isaïe II, versets 16–17.)

Les marguerites (Marguerite, séduction), le chien, le serpent (Eve, péché, punition, Carmen) le docteur et la délivrance, sont les anneaux d’une même chaîne.

Nous avons communiqué, en termes vagues, le résultat de l’analyse à Ida, qui nous confia alors ce qui suit : « A l’époque où j’eus ce rêve, j’étais dans un état de tension et d’énervement particulier. Très éprise de Samuel j’attendais avec impatience sa visite promise, nous échangions une correspondance très active. Le soir, quelques fois, avant de m’endormir, je pensais à lui et me le représentais venant vers moi et je me sentais pleine de tendresse pour lui… puis je refoulais ces rêverie et me reprochais de perdre mon temps à ces futilités. »

Nous tenons encore à ajouter qu’Ida à est une jeune personne distingue, de conduite irréprochable, qui a reçu une éducation sérieuse et solide. On retrouve chez toutes les jeunes filles de cette âge des rêves d’un semblable contenu ; c’est la réponse à la recherche du prince charmant, à l’attente du mari, qui est elle-même, on en conviendra, une manifestation plus ou moins voilée de l’instinct sexuel. Voilà de quoi rêves des jeunes filles. [p. 366]

Nous avons laissé volontairement de côté certains détails pour ne pas allonger par trop (couché au bord du chemin, la délivrance du Docteur…). La scène du vol pourrait être partiellement un paravent pour cacher une autre scène d’ordre érotique ; plusieurs détails nous le font croire, mais nous n’avons pas réussi à trouver la piste.

Avant de passer à l’analyse des autres parties du rêve, nous intercalerons ici une notice sur le rôle du serpent et du chien dans les légendes populaire.

NOTICE SUR LE RÔLE DU SERPENT ET DU CHIEN DANS LA MYTHOLOGIE
ET DES LÉGENDES.

Dans une foule de légendes le serpent et le diable ne font qu’un même personnage. En Roumanie on appelle le diable draco (dragon serpent). La queue du diable est une queue de serpent ; un proverbe dit : Les femmes savent où le diable cache sa queue. De Gubernatis (dans sa Mythologie zoologique, 1874, dit : « les pieds du serpent, comme ceux du diable, qui ne sont autre que sa queue (ou le phallus du mâle), ne peuvent être aperçu que par une femelle. Les femmes savent où le diable met sa queue ».

Preller et Kuhn (cités par De Gubernatis) ont démontré depuis longtemps le sens phallique du caducée d’Hermès, entouré de deux serpents ou muni de deux ailes (voir plus loin Le rêve de l’oiseau). Dans un conte russe, cité par De Gubernatis (Afanassief, 45e conte, Ve Livre), le diable-serpent vient rendre visite à une jeune veuve, sous la forme du mari qu’elle a perdu. Dans quelques pays, le serpent est le protecteur des enfants, il procure aux jeunes filles des époux et s’identifie au père de famille (même symbole phallique). Dans le 14e de Santo Stefano de Calcinaria, la troisième des jeunes filles consent, pour sauver son père, a épouser le serpent qui la porte sur sa queue dans son palais, où il prend la figure d’un bel homme. Chacun connaît le conte du Serpent vert de la comtesse d’Aulnoy, dans lequel le serpent est transformé en un fils de roi qui épouse la jeune fille. En Nouvelle-Guinée on consacre au serpent Wydah des jeunes filles de douze à treize ans, qui deviennent les prêtresse (tatouage du serpent). — Dans le Tuti-Namé (cité par De Gubernatis), le coït est appelé un jeu de serpents. — on s’est les promesses du serpent à Eve : vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. Dans une légende allemande on parle d’une femme qui après avoir mangé une anguille (forme du serpent) acquis subitement la faculté de voir tout ce qui se passe sous l’eau. Il serait facile d’allonger cette liste à l’infini.

Dans les rêves (de jeunes filles, d’épouses non satisfaites), le serpent est un très fréquent symbole phallique (8). Jung en cite deux cas dans son ouvrage (Ueber die Psychologie der Dementia præcox, 1907, p. 161). [p. 367]

Le chien joue un rôle analogue ; nous l’avons retrouvé dans les rêves de Suissesses françaises et allemandes, de Roumaines. Dans le rêve d’une jeune dame Roumaine, un gros chien noir se précipite sur elle, la terrasse est l’a viole ; la rêveuse se réveille en prise à une grande angoisse. Le sens du rêve devient visible, si nous ajoutons que Madame ne s’entendait pas avec son mari, qu’elle méprisait.

Jung en a publié un cas dans les Diagn. Assossiationsstuden (9). Dans nombre de légendes le chien joue le rôle du mâle. Chez les Khirgizes, par exemple, c’est un chien rouge uni aux quarante suivantes d’une princesse tartare qui enfanta les premiers rejetons de la race… les expressions « se conduire comme un chien », « un vieux chien », « cynique » ont très souvent une signification sexuelle. Les scènes dont les chiens nous offrent le spectacle dans la rue sont certainement une des sources de ce symbolisme dans les rêves.

Le taureau est également un symbole fréquemment employé, dans les rêves, comme dans la langue est dans les légendes, Jupiter d’Europe et Pasiphæ, le Minotaure, le bœuf Apis, les taureaux à face humaines de Korsabad.

Mais reprenons le rêve d’Ida, il nous donnera l’occasion de constater que les rêves d’une même nuit sont en général des variations sur un même thème, c’est-à-dire inspirés du même désir.

Le jardin. — J’arrive dans un grand jardin ombragé ou un jardinier arrose…

Avant de citer le matériel fourni par l’analyse, je cite un passage du Cantique des Cantiques : « Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée, une source fermée, une fontaine scellée ; tes jets forment un jardin où sont les grenadier avec les fruits les plus excellents… — Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu’il mange de ses fruits excellents. — J’entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée, je cueille ma myrrhe avec mes aromates… — Manger, buvez, enivrez-vous d’amour… », et plus loin : « J’ai ôté ma tunique, comment la remettrais-je, j’ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? Mon bien aimé a passé la main par la fenêtre et mes entrailles se sont émues pour lui… ».

Un ami auquel j’ai exposé le symbole du jardin, mais si t’as une méchante chanson de boulevard, fort intéressante et que je résumerai ici, tout en m’excusant de devoir traiter un sujet si épineux : un marchand de navets (symbole phallique populaire) en offre à une jeune fille qui en achète un qu’elle met dans son corsage. Le navet commence un long voyage ; il arrive dans une forêt, à l’intérieur de laquelle se trouve un cabaret où il entre pour s’amuser… Dans une foule de légende populaire la forêt joue ce même rôle du pubis que dans les deux exemples précités… Un jeune homme est chargé de porter une missive. Il est entre dans une forêt où il se perd ; il finit par trouver une [p. 368] cabane habitée par une vieille femme qui lit la lettre et lui indique le chemin du château ou la reine lui donne sa fille en mariage.

Dans la mythologie, la forêt, le jardin ombragé, joue un rôle important. En Asie mineure et Chaldée (Lefèvre (10) et de Gubernatis (11) les bois sacrés, les dépressions boisées et marécageuse étaient, comme les gouffres, les pierres rondes arrosées de sang ou de libations… associés au culte de la femme.

De façon générale, la forêt, le jardin représente donc le pubis (voir rêve serpent-chien) appelé aussi « Mon de Vénus » (Tannhæuser descend dans le mont de Vénus).

Après nous être éclairé sur la valeur symbolique des jardins et des forêts nous retournons à notre rêve :

« La veille, j’ai (Ida) reçu une photographie du jardin ombragé du cottage de la famille Samuel. Le jardinier de Douvres avait une allure mystérieuse ». Putois, dans un des derniers volumes de A. France (12) (Putois le grand coupable, père présumé des enfants illégitimes du village). [Ida à ajouter, plusieurs mois (13) plus tard, qu’en rêve elle avait impression que c’était Putois qui passait comme une ombre dans le jardin en arrosant. Il tient une lance et arrose]. « Mésanges se lève tous les jours à cinq heures pour arroser le jardin » [M. est un jeune homme, connaissance de la famille,. La réponse sur « arroser » est évasive, Ida semble fuir le mot]. « Le Paradou (de la faute de l’abbé Mouret de Zola) est un magnifique jardin, dont une cousine me parle souvent avec enthousiasme ». La veille, j’ai risqué d’être arrosée en passant près d’un jardin…

Le matériel obtenue par l’analyse n’est pas très abondant, mais il contient de précieuses indications : dans chaque association, sauf la dernière, il y a des allusions plus ou moins directes à un complexe sexuel, Putois, la lance (symbole au même titre que l’épée et le poignard et tout objet pénétrant), arroser (uriner), Mésanges, le Paradou, avec le grand jardin ombragé. Tous ces éléments font ressortir l’étroite parenté de ce rêve avec le précédent (Ida est dans le jardin où se trouve Putois armé d’une lance et qui arrose, dit sous une forme euphémiques).

Passons au troisième rêve. [p. 369]

Le paysage dessiné. — Ida doit dessiner un paysage, elle dessine trois étoiles, et ne sait pas compléter, elle est très ennuyée. Pierre survient qui dessine une barque du Léman et tout est très bien, elle est contente et remercie.

Psychoanalyse. — Ida ne sait pas dessiner et ça l’ennui ; elle envie ceux qui peuvent dessiner. Elle a entendu une conférence sur l’art des primitif. Les trois-étoiles qu’elle dessine sont des croix. [Ce qu’une enfant de six ans aurait su faire on se rappelle l’âge d’Ida lors de la scène du vol, et ses souvenirs sur la leçon de l’église… elle semble agir dans le rêve, comme une enfant de cet âge. Six mois après analyse, nous prions Ida de nous reproduire à nouveau le dessin, elle remplace, sans se rendre compte de la différence, les croix par des étoiles à cinq crayons, ce qui est moins enfantin.] Les étoiles —poésie — « un ver amoureux d’une étoile ». N. l’a invitée à une promenade en barque à voile, elle a refusé, parce qu’il veut toujours lui faire la cour. Il récite des vers, plusieurs fois il était question d’étoiles.

Pierre, son cousin et camarade d’enfance lui a écrit, il y a un an, une belle lettre dans laquelle il décrivait le profil des grandes barque de Léman. Ses lettres lui faisaient toujours une forte impression, elle en connaît le contenu après un long laps de temps. Le dessin est joli et elle est fort satisfaite.

Interprétation. — La forme des voiles des barques du Léman (voir le dessin) rappelle beaucoup celle d’un poignard ou de tout autre

objet pointu dirigé vers un objet quelconque (dans notre cas les étoiles). Nous avons déjà rappelé plus haut que les poignard, lance… joue un grand rôle dans les rêves de jeune fille ; dans un de nos cas, ce sont des Italiens qui menace souvent la jeune fille de leurs armes et la poursuivent. Nous soupçonnons que la voilejoue le même rôle ; elle est dessinée par un jeune homme — qui n’est pas un p. 370] indifférent pour Ida. — Quant à l’étoile, elle représente bien souvent, dans la vie de tous les jours, la femme. On dit d’une brillante actrice quel est l’étoile du théâtre : un amant appelle son aimée son « étoile ». Ruy-Blas dans un « ver amoureux d’une étoile ». Vénus est pour les profanes, l’Étoile. Nous avons appris récemment que dans quelques villes de la Suisse française, les jeunes filles appelle, entr’elles, leurs organes génitaux, « l’étoile ». Les étoiles du rêve sont dessinées par la jeune fille. Lorsque le dessin est achevé, c’est un joli paysage et tout est très bien.

Il s’agit donc très probablement d’une fantaisie sexuelle, sur le même thème, avec une mise en scène différente et très raffinée.

Le symbole de la maison et de la boîte. — Nous passons à la quatrième et dernière partie, que nous faisons précéder de quelques notes sur la MAISON (collège de P. Dans le rêve, comme symbole).

À propos du rêve du jardin nous avons signalé la maison dans la forêt (chanson du navet…). La maison est souvent le symbole du corps humain, tout spécialement de la femme ; de même que la boîte. On the d’une vieille fille, irrévérencieusement ouvrez la « vieille carabine » (en allemand Büchse ou alte Schachtel). En espagnol le diminutif de boîte, cojita, désigne, en Argentine, les organes génitaux de la femme, en Espagne le pédéraste passif. En anglais box, même sens qu’en français. La légende de Pandore fournit un ancien et illustre exemple. La boîte de Pandore, c’est la femme elle-même, cette boîte qui contient tous les maux qui se répandent sur la terre, lorsqu’elle a été ouverte (parallèle avec Eve et la malédiction divine après le péché). Dire qu’il reste au fond l’espérance (dans la Genèse : la postérité de la femme écrasera la tête du serpent), c’est faire un bien méchant calembour (être en espérance).

Dans une foule d’expression courante nous employons maison pour coraux personne, et le contraire ; « parler pro domo sua, « le corps est la maison de l’esprit »…

Les portes (entr’ouvertes) et les fenêtres seront naturellement les orifices naturels du corps (de même que les dépressions du terrain, les étangs, les sources… dans la mythologie). Dans le Cantique des Cantiquesnous trouvons ce passage cité plus haut : « Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre et mes entrailles se sont émues… » Et plus loin « nous avons une petite sœur qui n’a point encore de mamelles, que ferons)nous de notre sœur, lorsqu’on la recherchera ? Si elle est un mur… Si elle est une porte nous le fermerons avec une planche de cèdre… » (planche, bois, arbre, cèdre, origine du feu).

Psychoanalyse. — Je suis au collège de P… Le collège de P. citer la veille dans une conversation de famille. Il y a fréquent à ce collège une seule année (celle de la scène du vol). Elle se souvient nettement [p. 371] que c’est un entrant dans le vestibule du collège qu’elle éprouva les premiers remords, en entendant sonner dans sa poche une pièce de vingt centimes. La veille, elle est lu en traduction allemande, un récit Du Cœur, de Amicis, où il était question d’un enfant sage et d’un vestibule et d’une porte entr’ouverte. Une de ses camarades d’enfance, Lina, — qui l’avait accompagnée à la maison le jour du vol — était une gamine précoce. Elle reproduit quelques conversations d’alors, où se trouve par exemple, l’expression fabrique d’enfants. Le frère de Lena était son bon ami, ils avaient décidé de s’épouser lorsqu’il serait grand. Dans le vestibule, une institutrice lui avait dit qu’elle était belle, un jour qu’elle avait endossé un manteau neuf. Par la porte entrouverte elle aperçois une institutrice, mais elle a la tête d’un jeune homme qu’elle rencontre — à l’époque du rêve — chaque jour. Il a une coupe de poète, cheveux, costume, chapeau… Ida le regarde très volontiers et il lui sourit lorsqu’elle passe. Il est très probablement Russes et les Russes sont en général très sympathiques à notre rêveuse. Dès le rêve, elle dit : « Tiens ! Une russe, ce doit être intéressant. «

Dans la salle il y a des enfants (voir plus haut l’expression fabrique d’enfants…).

Interprétation. — Si la maison est le corps humain, la porte entr’ouverte un orifice naturel et l’institutrice un jeune poète déguisé, on retrouve le même thème qui a inspiré les trois premières parties du rêve, la même fantaisie sexuelle, cachée sous une forme très anodine.

Nous donnons encore le récit, sans analyse, d’un rêve que j’ai fait où la maison joue ce même rôle symbolique en toute évidence :

Je vois à quelque distance une maison qui rappelle la gare d’un métropolitain. Devant la maison passe deux ou trois femmes que je prends pour des « filles ». Les fenêtres sont toutes grandes ouvertes. Près de chaque fenêtre un lit découvert vide. Une jeune fille de ma connaissance me parle de son fiancé, et raconte qu’il aime beaucoup les femmes, surtout une certaine athlète… (Ces lits me rappellent une représentation du Central Theater de Berlin, où je vis également des athlètes… les lits découverts et les « filles », les femmes athlètes du Théâtre-Variété, font saisir le sens symbolique de la maison et de la fenêtre ouverte). [p. 372]

Observation IV

Rêves de l’oiseau.

Armand, 23 ans. — Rêve : Armand présente un oiseau qui chante, en cage, à un public formé d’étudiants et de dames. Il fait le boniment. Mlle Gabrielle est très distraite et parle avec quelques distances. Armand se fâche et lui fait une violente scène.

Psychoanalyse. — A son réveil il se frotte les mains de satisfaction d’avoir fait une bonne sortie à Mlle Gabrielle, il en jouit encore. Puis il se reprend et refoule toutes ces vilaines pensées, il n’a aucune raison de se conduire ainsi et n’a rien à reprocher à Mlle Gabrielle. (Cette scène du réveil était oubliée, et ne fut reproduite qu’au cours de l’analyse, lorsqu’une partie de la résistance intérieure était rompue).

Nous aimerions faire ressortir, dans l’analyse de ce rêve, le rôle joué par les événements plus ou moins indifférents de la veille et des jours précédents et la manière dont ils sont utilisés par le désir venant des profondeurs du subconscient.

Armand était la veille du rêve à une représentation de la Flûte enchantée. (Il est question d’oiseaux — Papageno et sa cage d’oiseaux). Il rencontra au foyer du théâtre Melle Gabrielle, qui je salua gracieusement. À la sortie du théâtre, il eut une conversation, au Café de la Terrasse, au sujet des tours à étages, chargées de tartelettes, des cafés viennois. Quelques mois auparavant, Armand avait vu un moineau picoter un gâteau sur cette tour, placée sur la table du jardin, dans le même restaurant. La cage du rêve avait exactement la même forme que la tour, un cône légèrement tronqué, et faite en même matière.

Toujours la veille, A. avait vu, chez un ami, un oiseau sautiller dans sa cage, comme l’oiseau-automate de Jacquet-Droz, admiré l’an précédent à Neuchâtel. Dans cette ville, c’était un étudiant zofingien — société dont Armand était membres — qui disait le boniment et présentait les automates au public (en réalité). À propos de boniment, il cite celui-ci entendu à la foire de Berne d’un forain : «c’est bigrement dommage que vous ne puissiez entrer… » phrase qu’il cite deux ou trois fois, en insistant. Mlle Gabriel, très jolie demoiselle, fut la cavalière d’A. à plusieurs fêtes d’étudiants, il y a plus de deux ans. Armand était invité chez elle ; ils échangèrent de petits cadeaux… [Nous nous souvenons d’un incident car mon a pas reproduit [p. 373] lors de l’analyse et qui joue peut-être un certain rôle dans le rêve. Armand fut une fois irrité de la forme d’une invitation chez les parents de Gabrielle ; par téléphone ? Nous ne savons plus exactement]. Armand et Gabrielle se rencontrent toujours dans les soirées de la même société, mais le hasard ou le sort les a séparés. Armand a l’impression d’avoir vu Mlle Gabriel distraite, au théâtre, pendant un des passages les plus beaux.

À ce moment de l’analyse Armand   se rend compte qu’il se venge de Mlle Gabrielle en rêve, parce qu’elle ne lui prête plus une attention toute spéciale ; il la gronde et déverse son mécontentement par cette voie. C’est alors qu’il reproduit le détail du réveil déjà signalé.

Mais, maintenant, pourquoi l’oiseau et la cage dans ce rêve ? Est-ce uniquement parce que le mot oiseau est revenu plusieurs fois tout accidentellement dans la conversation de la veille ?

Avant de répondre, disons quelques mots de l’oiseau dans la mythologie et les légendes.

L’OISEAU DANS LES LÉGENDES. — Jupiter, le roi des dieux, est représenté par l’aigle qui tient l’éclair dans ses serres, par l’oiseau foudre (Jupiter et Ganymède…). Il se transforme en un cygne pour séduire Lida. Dans la légende romaine le pic, l’oiseau qui apporte le feu (feu, éléments fécondateurs ; voir Dr Cohen, Mythologische Vorstellungen von Gott und Seele, Zeitschrift für Volkerpsychologie  und Sprachwissenschaften, Bd VI, 1869) est le plus ancien des rois du Latium, le père de la race, le premier homme. Le cygogne joue un rôle analogue dans les légendes allemande (voir Cohen).

De Gubernatis (Mythologie zoologique) dit : « L’oiseau est un symbole phallique bien connu ; il faut assigner une origine phallique à la superstition d’après laquelle un oiseau est incapable de se sauver si on lui met du sel sur la queue. Quand l’animal déchaîne sa lubricité, la passion lui enlève toute son énergie… » — et plus loin : « l’oiseau des bois auquel les jeune fille de Wesphalie jettent des bâtons le jour de la Saint-Jean, paraît être un emblème phallique. Celle qui atteint l’oiseau est la reine ». La légende de l’oiseau bleu, qui personnifie l’amour est connu en pays français par la version de la comtesse d’ Aulnoy. Florine est enfermée par une méchante belle-mère dans une tour. Le prince qu’elle aime est transformé en un oiseau bleu qui, pendant la nuit quitte le cyprès(même symbole phallique dans toute la mythologie) et vole vers la fenêtre de la belle prisonnière… Je s’épousent… Dans plusieurs versions étrangères, c’est le corbeau, le serpent Vert, le bélier, l’arbre d’or, le symbole employé. (Grimm, Haus Kindermärchen. IIIe Bd. Reclam Ausgae).

La langue est riche en expression qui montre combien ces notions sont répandues et présente à chacun. Tel jeune homme est le « coq » de son village, admiré de toutes les poulettes. Donner un baiser ou un « bec », [p. 374] « becqueter » (l’équivoque du verbe baiser). Dans l’expression « bec-cornu » le mari est directement représenté par le bec. En allemand le mec se dit Schnabel et le diminutif Schäbeli (patois) est un terme courant pour phallus (communication orale du Dr Jung). Vögeli (petit oiseau) a le même sens par exemple dans la phrase : Hat das Vögeli schon gepfifffen ? Le petit oiseau a-t-il déjà sifflé ? On se rappelle que dans le rêve l’oiseau chantent et nous ajoutons qu’Armand connaît parfaitement ses expressions allemande.

Psychoanalyse (suite). — Le rêve dérivé de Vogel (oiseau), vögeln, signifie l’exécution de l’acte et ce mot nous ramène au rêve, par l’anecdote suivante qui fut racontée à A. peu avant la représentation de la Flûte enchantée. Un acteur employé a dernièrement le mot vögeln pour fächeln éventrer), sur scène, en présence d’un artiste qui jouait un rôle dans la Flûte enchantée (anecdote cité parmi les associations du rêve par Armand).

Interprétation. — L’OISEAU DANS LE RÊVE. Après ces explications le rôle de l’oiseau en cage, qui chante, nous paraît moins accidentel qu’au début et l’on peut se rendre compte du lien intime qui unit cette partie du rêve avec la seconde (la scène de la gronderie). L’oiseau représente le flirt ancien (en ses conséquences ultime) ; l’oiseau en cage et qui chante, représente même davantage… Même l’expression : « c’est bigrement dommage » a un sens précis. « Mlle Gabriel ne me prête plus qu’une attention distraite, elle se détourne de moi (14), c’est dommage pour moi, elle va me le payer. »

Nous laissons de côté un certain nombre d’associations évoquées par cage et oiseaux qui nouent des relations moins prochaine avec d’autres complexus d’Armand, mais se meuvent exactement dans la même direction.

Derrière les événements en apparence insignifiants de la veille, qui sont utilisés dans le rêve, se cache toujours une idée ou un événement important. On ne rêve que des choses qui en valent la peine. Ce qui, à première vue, me paraît être une bagatelle, est un mur gris qui cache un grand palais ; les valeurs ne sont pas de son contenu dans le rêve que dans le matériel du rêve qui n’a pas franchi le seuil et que l’analyse seule peut tirer à la lumière.

Il est intéressant de remarquer dans ce dernier rêve, que la rancune d’Armand pour Gabrielle, qui ne peux se donner libre carrière à l’état de veille dans la conscience ordinaire (Armand n’a pas de [p. 375] reproches labourables après être conscient, bewussteinsunfähig) trouve moyen de se déverser dans le rêve, c’est-à-dire lorsque la censure est affaiblie. Le fait de cette décharge affective, comme toujours excellent ; au réveil Armand se sent très satisfait. En examinant artificiellement le contenu du rêve et en faisant abstraction du matériel, on se rend déjà compte de la disproportion entre la cause et l’effet — (distraction de la jeune fille, d’une part, de l’autre, explosion de colère chez le jeune homme présentant l’oiseau (il s’agit en réalité d’une exhibition) ; un indice certain que la distraction est un prétexte et non pas un motif ; la vérité est caché là-dessous.

Nous ne pensons pas avoir convaincu beaucoup de lecteurs par ces quelques exemples ; nous ne l’étions pas nous pas nous-mêmes après avoir entendu nos maîtres, M. Bleuler et Jung. Il est absolument nécessaire, pour se faire une conviction, de lire le gros ouvrage de Freud, et surtout d’essayer soi-même l’analyse de ses rêves et de ceux de son entourage, — il fut rompre ses résistances intérieures pour voir clair… Le jeu de la mimique, si important, échappe à toute description, nous l’avons laissé de côté dans ce travail, pour cette raison ; il est certainement un des éléments les plus probant de la démonstration.

Notes

(1) Freud. Die Traumdeutung, 1900, (anal. dans ces Arch. 11, 72) ; Ueber den Traum, 1901.

(2) Dans un prochain travail sur la psycho-pathologie de la vie quotidienne nous étudierons en détail ces mécanismes, avec exemples a l’appui.

(3) Ed. Claparède, Esquisse d’une théorie biologique du sommeil, ces Archives IV, p. 323 et suiν.

(4) Voir essentiellement : Freud. Zur Neuroseniehre, 1906.

(5) Flournoy. Des Indes à la planète Mars. 1900. Et Jung. Zur Psychologie und Pathologie sogenannter occculter Phänomene. 1902.

(6) Mes remarque personnelle et questions sont entre crochets [].

(7) Tendance à être refoulé puisqu’elle l’ avait oublié lors du premier récit du rêve.

(8) On pourrait se demander si Isa avait connaissance du rôle phallique du serpent dans les légendes. Je ne le pense pas, et suppose qu’il a créé un nouveau ce symbole dans son subconscient, grâce a la connaissance du serpent de la Bible (le Mal est, pour la jeune fille, en toute première ligne l’Impureté), grâce peut-être aussi à l’expression courante « le serpent tentateur ».

(9) Journal für Psychologie und Neurologie, VIII, Beitrag. Bd. VII., 1903.

(10) Lefèvre, La Religion, 1892.

(11) ouv. Cité.

(12) A. France, Crainquebille. Putois.

(13) Tendance au refoulement, supprimé par l’analyse.

(14) Le moi du rêve est toujours égoïste, souvent bas et vive — l’instinct non encore réfréné par l’éducation.

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