Gustave Josèph Waffelaert. Réalité de la possession démoniaque. Partie 2. Extrait de la revue « La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, pp. 571-593.

Gustave Josèph Waffelaert. Réalité de la possession démoniaque. Partie 2. Extrait de la revue « La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, pp. 571-593.

 

Premier article d’une série de cinq distribués comme suit :
— Les démoniaques de la Salpêtrière et les vrais possédés du démon [Partie 1]. « La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, pp. 273-287. [en ligne sur notre site]
— Les démoniaques de la Salpêtrière et les vrais possédés du démon. [Partie 2]. « La Science Catholique », (Paris), tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, pp. 352-369.  [en ligne sur notre site]
— Réalité historique et possession démoniaque [partie 1]. La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, L pp. 496-507. [en ligne sur notre site]
— Réalité historique et possession démoniaque [parie 2]. La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, L pp. 571-593. [en ligne sur notre site]
— Les Posséfées de Loudun. LLa Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, pp. 747-761.

Gustave Josèph Waffelaert (1847-1931). Evêque, il occupa plusieurs poste avant  d’être envoyé à l’université de Louvain (1875-1880) où il obtient le doctorat en théologie : sa thèse, « De dubio solvendo in re morale », est soutenue le 20 juillet 1880. Il se détourne vite d’une morale casuistique et se porte vers la théologie morale, plus impliquée dans la vie spirituelle, et vers la théologie dogmatique. Proche des idées de saint Thomas d’Equin, il participa à plusieurs se détourne vite d’une morale casuistique et se porte vers la théologie morale, plus impliquée dans la vie spirituelle, et vers la théologie dogmatique. Proche des ides de Thomas d’Aquin, il participa activement au Dictionnaire apologétique de la foi catholique, aux revues La Science catholique, Canisiusblad, la Revue pratique.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, mais avons corrigé quelques fautes de typographie.
– Par commodité nous avons renvoyé les notes de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

[p. 571]

RÉALITÉ HISTORIQUE DE LA POSSESSION. DÉMONIAQUE

(Fin)

I. Les Saints Pères.

Les Saints Pères nous fournissent, comme les Évangiles(1), un argument apodictique en faveur de la réalité de la possession diabolique; ils confirment d’une manière éclatante la vérité de l’histoire sacrée, en nous montrant dans les premiers siècles de l’Église de nombreux faits de possession, semblables à ceux qui se trouvent rapportés dans les livres saints. Nous voyons ainsi s’accomplir en même temps et les paroles de Jésus-Christ : Nunc princeps hujus mundi ejicietur foras (2), et sa promesse faite aux Apôtres et aux fidèles : In nomine meo daemonia ejicient (3).

Les Pères des premiers siècles sont si unanimes à témoigner des faits de possession, et de l’efficacité de l’invocation du nom de Jésus pour chasser les démons des corps des possédés, qu’il faudrait plutôt les citer tous, que de rapporter seulement le témoignage de quelques-uns d’entre eux. Nous serons donc forcé de rapporter simplement leurs noms, en signalant quelques passages plus importants de leurs ouvrages. Nous résumerons ensuite leur doctrine, avec quelques remarqués propres à faire ressortir tout le poids de notre argument ; et à cette occasion nous reproduirons quelques textes in extenso. —Parmi les Pères et les écrivains ecclésiastiques qui affirment la réalité des possessions diaboliques de leur temps, nous pouvons citer : saint Justin martyr (4), saint Théophile d’Antioche (5), saint Irénée (6), [p. 572]

le pseudo-Clément (7), Tertullien (8) MinutiuS) Félix (9), Origène (10), saint Cyprien (11), Arnobe (12), Lactance (13), Pirmicus Maternus (14), Antoine (15), Eusèbe de Gésarée (16), saint Athanase (17), saint Cyrille de Jérusalem (18), saint Hilaire (19), saint Ambrôise (20), saint Grégoire de Nazianze (21), saint Jérôme (22), saint Zenon de Vérone (23), saint Jean-Chrysostome (24), saint Augustin (25), les saints Paustin et Marcellin (26), saint Paulin de Noie (27), saint Grégoire le Grand (28), Eneas Gazensis (29), Sulpice Sévère (30), etc., etc.

Pour comprendre toute la force de notre argument, il faut bien constater d’abord ce que les Saints Pères attestent réellement, et ensuite considérer toutes les circonstances de ce témoignage solennel et unanime.

Ce que les Saints Pères nous affirment incontestablement, c’est la réalité de la possession proprement dite et l’efficacité de l’invocation du nom de Jésus, parmi les premiers chrétiens, pour chasser le démon des corps qu’ils occupaient, pour forcer ces [p. 573] esprits impurs à confesser ce qu’ils étaient et à rendre, malgré eux, témoignage au Christ devant les payens, pour faire taire lès devins et réduire à l’impuissance la magie et toutes les opérations du démon.

C’est ce que nous disent très clairement, en particulier, Théophile d’Antioche et Arnobe (l. cit.). L’éloquent disciple de ce dernier, Lactance, le grand apologiste du quatrième siècle, écrit pour ne citer que ces :seules paroles : « Les démons craignent les justes, c’est-à-dire les adorateurs de Dieu, et adjurés en son nom, ils sortent des corps des possédés ; flagellés comme avec des verges par ces paroles des chrétiens, non seulement ils confessent qu’ils sont démons, mais ils déclinent leurs noms, ces noms adorés dans les temples, et la plupart du temps ils le font devant leurs propres adorateurs, non pas, certes, en mépris de leur religion et de leur honneur, mais parce qu’ils ne sauraient mentir ni à Dieu, par qui ils sont adjurés, ni aux justes, dont la parole les tourmente et les contraint (33). » Nous pouvons ajouter, dans le même sens, un autre apologiste du quatrième siècle, Firmicus Maternus, comme aussi Antonius et saint Hilaire (l. cit.).

Mais, dira-t-on, les Pères furent trop crédules, et ils rapportent simplement des rumeurs vagues et incertaines ; de plus, c’est leur -imagination ou le préjugé superstitieux qui leur fit confondre une terrible et singulière maladie, avec une prétendue opération d’esprits malfaisants.

Nous répondons que l’une et l’autre objections supposent, chez ceux qui les font, une ignorance grossière non seulement du caractère et de la haute sagesse des Pères de l’Église, mais aussi du contenu de leurs écrits.

Et d’abord, il ne s’agit pas de rumeurs vagues, rapportées par les Saints Pères, mais bien de faits qu’ils ont vus de leurs propres yeux, qui se sont passés en leur présence, dont ils ont eu l’expérience personnelle. Saint Grégoire de Nazianze, pour prouver qu’il n’y a rien d’étonnant si Jésus-Christ a chassé, les démons, dit : « Car moi-même, partie ou membre du Christ, souvent en prononçant seulement son nom vénérable, j’ai mis en fuite le démon, rageant, gémissant, proclamant la vertu du Tout-Puissant (34) » Eusèbe de contre Hiéroclès, gouverneur de la Bithynie : Prout ipsa edocti experientia sumus. De même Tertullien, contre. Scapula, gouverneur de l’Afrique : Sicut plurimis notum est.

Il ne s’agit pas de quelques faits obscurs, mais de faits publics, au sujet desquels l’erreur était difficile, l’espoir de tromper impossible. Ces faits se passaient au vu et au su de tout le monde, devant les gentils et. les ennemis acharnés du nom, chrétien. Écoutons saint Justin, au nom de tous : « Vous pouvez comprendre ce que je dis, par les faits mêmes qui se produisent devant vos yeux. En effet, un grand nombre d’hommes, saisis par le démon, dans le monde entier et ici dans votre ville même, que d’autres adjurateurs et enchanteurs ou sorciers n’ont pu guérir, beaucoup des nôtres, je veux-dire des chrétiens, les ont adjurés par le nom de Jésus-Christ, crucifié sous Ponce Pilate, et les ont guéris, et les guérissent encore maintenant, désarmant et chassant les démons qui les possèdent (35). »

Il ne s’agit pas d’un fait isolé, mais de faits nombreux souvent répétés, et pour ainsi dire quotidiens. C’est ce que montrent les Pères déjà cités. Pour ne pas multiplier les textes, il suffira d’ajouter Tertullien, ne craignant pas de dire aux payens, que les chrétiens, s’ils voulaient se venger, n’auraient qu’à, cesser de chasser les démons, et qu’à leur laisser le champ libre pour tourmenter les ennemis du nom chrétien. Ce langage est probablement hyperbolique, mais si les possessions et autres infestations des démons n’avaient pas été fort fréquentes, l’apologiste en parlant, ainsi, se serait évidemment exposé à la risée des gentils.

De plus, s’il y avait eu illusion chez les Saints Pères, et si la réalité de la possession ou de toute autre intervention diabolique avait pu souffrir un doute, comment expliquer leur confiance pour en appeler au pouvoir du nom de Jésus-Christ sur le démon, vis-à-v.is des payens, parmi lesquels se trouvaient précisément les possédés ? Dira-t-on qu’il y eut constamment collusion entre les payens possédés et les chrétiens, pour favoriser les progrès, du christianisme ? Dira-t-on que les payens, eux aussi, aussi bien les possédés que les autres, prenaient pour un démon la maladie naturelle dont ils souffraient, alors que le nom de Jésus et le signe de la croix, qu’ils avaient l’un et l’autre en horreur, font écumer de rage le possédé, ou plutôt le démon, lui font dire qui il est, qu’il [p. 575] est tourmenté et qu’il devra abandonner sa proie ; alors qu’une seule parole, un signe suffit à délivrer des malheureux depuis ; longtemps vexés de toutes manières ? Objectera-t-on la confiance du payen, sa commotion morale ? Comment expliquer encore qu’un grand nombre d’infidèles se convertissent au christianisme, à la vue du pouvoir qu’exerçaient les chrétiens sur le démon ?

Or, les Pères ont une confiance illimitée dans l’argument qu’ils tirent du pouvoir des fidèles de délivrer les possédés par le seul nom de Jésus-Christ ; et d’autre part, les payens se sont convertis en grand nombre à la vue de ces prodiges. Pour voir avec quelle hardiesse les Saints Pères provoquent les payens sur ce point, qu’on lise saint Cyprien, lib. ad Demetrianum, n. 45 ; saint Athanase, Minutius Félix, supra, cit. ; saint Cyrille de Jérusalem, Catech. 4, n. 13 ; saint Chrysostome, l. cit. ; saint Jérôme, adv. Vigil. n. 10 ; saint Ambroise, ep. 22, n. 16. Nous ne voulons rapporter que les paroles de Tertullien (36), qui font ressortir, en même temps, la force probante de l’argument. Voici comment il s’adresse aux magistrats de l’empire : « Que l’on amène ici, devant vos tribunaux, quelqu’un que l’on ait constaté être possédé du démon. Sur l’ordre de parler, donné par n’importe quel chrétien, cet esprit s’avouera être en réalité un démon, aussi bien qu’ailleurs’ il se vante faussement d’être Dieu. Que l’on amène de même quelqu’un que l’on prétend être sous l’influence divine… et s’il ne s’avoue pas être démon, n’osant mentir à un chrétien, eh bien ! versez le sang de ce chrétien imposteur. Quoi de plus manirfeste ? Quoi déplus sûr que cette épreuve ?… Quant à. attribuer, pareilles choses à la magie et à la supercherie, vous le ferez si vos yeux et vos oreilles le permettent. » Ensuite il démontre comme conséquence le néant des dieux payens : « ces démons, ajoute-t-il sont, vos divinités,, et ils avouent n’être pas des dieux ; par là il vous est facile de connaître, qui est le vrai Dieu ; s’il est unique et si c’est le Dieu des chrétiens. Car tout notre pouvoir sur les; démons, qui sont vos divinités, nous vient du Christ ; c’est Jésus- Christ qu’ils craignent en Dieu, et Dieu en Jésus-Christ, et-voilà comment ils sont soumis aux serviteurs de Dieu et du Christ. C’est ainsi qu’ils sortent des corps sur notre commandement, malgré eux, se plaignant, et rougissant en votre présence. » « Croyez-les, dit-il encore, quand ils disent vrai d’eux-mêmes, [p. 576] vous qui croyez à leurs mensonges. Personne ne ment pour sa honte, mais pour son honneur. Ils méritent créance, quand ils font un aveu contre eux-mêmes, plutôt que quand ils nient en leur propre faveur. »

C’est encore Tertullien qui atteste les conversions ainsi opérées en quelque sorte par le démon lui-même : « Testimonia deorum vestrorum christianos facere consueverunt. » Ajoutons ici saint Irénée dont Eusèbe rapporte les paroles dans son histoire . ecclésiastique (37) : « Alii (discipuli Christi) daemones excludunt firmissime et vere, ut etiam saepissime credant ipsi qui emundati sunt a nequissimis spiritibus et sint in Eeclesia(38). » Lactance donne comme une des causes des progrès du christianisme, celle-ci : «  Ne haec quidem levis causa est, quod immundi daemonum spiritus accepta licentia multorum se corporibus immergunt, quibus postea ejectis, omnes qui resanati fuerint, adhaereant religioni, cujus potentiam senserunt(39). »

L’on pourrait nous demander enfin un fait décrit par les Pères, un détail précis qui détermine davantage le caractère réel de la possession, un signe incontestable d’une intervention préternaturelle. Pour ne pas parler des confessions du démon, faites par la bouche des payens possédés, et dont ceux-ci étaient incapables, de plusieurs autres signes, que nous pourrions relever dans les écrits des Pères, déjà cités, nous pouvons mentionner ici saint Paulin, qui, dans la vie de saint Félix de Nole, atteste avoir vuun possédé marcher contre la voûte d’une église, la tête en bas, sans que ses habits fussent dérangés ; il ajoute que cet homme fut guéri au tombeau de saint Félix.

« J’ai vu, dit Sulpice Sévère, un possédé élevé en l’air, les bras étendus, à l’approche des reliques de saint Martin (40). » Résumons. Nous avons produit des témoins nombreux, de plusieurs siècles, de toute nation et de tout pays, de l’Asie Mineure, de la Palestine, de l’Égypte, de l’Afrique septentrionale, des Gaules, de l’Italie, etc. De plus, ce ne sont pas des témoins quelconques, mais des hommes les plus distingués de leur époque et de leur pays, par la science, le caractère, la probité, et par conséquent, d’une autorité exceptionnelle. Et que sont-ils venus nous témoigner ? [p. 577] Un fait qu’ils ont constaté eux-mêmes, un fait publicet souvent répété. Et comment nous l’affirment-ils ? Avec une assurance qui déroute tout soupçon de fraude ou d’erreur. Devant qui donnent-ils ce témoignage ? Devant leurs ennemis acharnés, qui étaient souverainement intéressés à contrôler la vérité des faits, à relever l’erreur ou le mensonge, à signaler jusqu’au moindre doute, s’il y avait eu lieu. Et enfin quel fut l’effet, le succès de leur témoignagepublic et solennel ? Ce fut l’effet ordinaire de la révélation de la vérité ; ils fermèrent la bouche aux payens, et couvrirent de honte leurs persécuteurs, ils furent victorieux des ennemis de la lumière, et la multitude des croyants s’accrut d’une manière étonnante.

Toutes ces considérations faites, est-il possible, je ne dirai pas de nier la réalité historique de la possession démoniaque, mais d’en douter un instant ? Non, à moins d’avoir perdu le bon sens, et de fouler aux pieds toutes les règles de la saine critique. Nous n’hésitons pas à le dire, s’il est permis de rejeter ce témoignage des Pères de l’Église, il est permis de rejeter, tous les faits non seulement de l’histoire ecclésiastique, mais aussi de l’histoire profane.

III. Témoignages des Missionnaires.

Nous en venons maintenant à la troisième classe de témoignages que nous avons annoncée, à ceux que nous fournissent les missionnaires. La valeur de ces témoignages est incontestable. Il s’agit de témoins oculaires, de gens instruits, prévenus contre la superstition, et qui font profession de la combattre ; nous en verrons même qui, en arrivant dans ces contrées infidèles, sont forcés de reconnaître qu’ils avaient été par trop incrédules au sujet des manifestations diaboliques. Leur bonne foi ne saurait être suspecte : ce sont des hommes d’une vertu héroïque, qui ont renoncé à tout en ce monde, se sont exposés à tous les dangers, sans attendre aucune récompense ici-bas, et dont plusieurs ont versé leur sang pour le salut de leur prochain. Du reste, nos adversaires eux-mêmes, rendent en ce point hommage au caractère et à la parfaite sincérité des missionnaires.

Cela dit, nous transcrivons quelques récits.

Voici ce qu’écrit le P. Fouquet, S. J., missionnaire en Chine. Sa lettre est datée de Nan-Tchang-fou, capitale de la province de [p. 578] Kiamsi, le 26 novembre 1702 : « Dieu, dont les bontés sont infinies, fait ici de temps en temps des coups surprenants, pour amener les infidèles à la connaissance de la vérité ; et quoique je sois en’ garde contre une crédulité trop facile, j’avoue qu’en certains cas, je ne peux pas m’empêcher de croire. En voici un, arrivé depuis quelques mois, dont le P. de Chavagnac m’écrit lui-même les circonstances qu’il a pris soin de vérifier.

« Dans un village voisin de la ville de Fou-tcheou, une jeune femme de dix-sept à dix-huit ans, fut attaquée d’une maladie si extraordinaire, que personne n’y connaissait rien. Elle se portait bien quant au corps, buvant et mangeant avec appétit, vaquant aux affaires de la maison, et agissant à son ordinaire. Mais à l’heure qu’on y pensait le moins, elle se trouvait saisie d’un violent accès de fureur, pendant lequel elle parlait de choses . éloignées et absentes, comme si elles eussent été présentes, et qu’elle les eût vues de ses yeux. Elle dit dans un de ces accès, qu’un homme qui était à la campagne, arriverait bientôt, et qu’il ‘. lui parlerait de la religion chrétienne. Une autrefois, elle dit que deux catéchistes viendraient à un certain jour qu’elle marqua, et qu’ils jetteraient je ne sais quelle eau sur elle et par toute sa maison. Elle fit en même temps des signes de croix, et commença à. contrefaire ceux qui aspergent le peuple d’eau bénite. Un des assistants lui ayant demandé pourquoi elle paraissait inquiète sur cette eau et sur ces signes de croix ; c’est, répondit-elle, que je les crains comme la mort. »

Le même P. Fouquet raconte ensuite que plusieurs hommes de la même famille furent attaqués du même mal ; qu’on épuisa tous les remèdes inutilement ; qu’on s’adressa aux bonzes, et à Tcham, le chef des taoussée, et que le mal n’en devint que plus violent. Enfin « un chrétien, nommé Jean Teng, ami de la famille, alla voir les malades. Il les assura que leur mai était une infestation visible des démons, qu’ils devaient avoir recours à Dieu, et embrasser sa sainte loi ; que c’était le seul remède qui put les délivrer du mal horrible qui les tourmentait. » C’est ce qu’ils, firent, le P. de Chavagnac leur envoya quelques-uns de ses disciples, qui .eurent raison du mal par le crucifix et les chapelets qu’ils leur apportèrent, et par l’eau bénite. Cependant un bonze prétendit que cette, guérison était l’effet du hasard. Mais Dieu permit que les malades retombassent plus violemment que jamais, aussitôt que les chrétiens se furent retirés. « Dès qu’on les rappela, ces nouveaux emportements [p. 549] de fureur se calmèrent encore, aux uns, par le chapelet qu’on leur mit au cou et aux autres par l’eau bénite qu’on jeta sur eux. On plaça ensuite le crucifix au lieu le plus apparent de la maison, on mit de côté et d’autre des bénitiers et des rameaux bénits ; ce qui outre le mal fit cesser encore entièrement un grand fracas, qu’on entendait souvent auparavant dans cette maison. »

Plus loin dans la même lettre, nous lisons : « Les infestations des démons sont assez ordinaires à la Chine, comme généralement dans tous les pays où Jésus-Christ n’est point connu ; ce qui n’est pas une petite preuve de la victoire que le Sauveur du monde a remportée sur l’enfer. Une famille payenne de la petite ville de Chum-ham, dépendant de Tchin-Tcheou, souffrait une persécution dont le démon seul paraissait pouvoir, être l’auteur. Des mains invisibles renversaient et brisaient les meubles de la maison à l’heure qu’on y pensait le moins. Tantôt on voyait un grand feu allumé dans une chambre, où un moment auparavant il n’y avait pas une étincelle… Il se passait beaucoup d’autres choses aussi surprenantes, auxquelles on ne croyait pas que les hommes pussent avoir aucune part. » Ici, de nouveau, le chef de famille s’adresse aux bonzes, mais les choses allant de mal en pis, il implore le secours d’un chrétien, au milieu de la nuit. Celui-ci s’arme de son chapelet et d’eau bénite, il jette au feu tout ce qu’il y avait de superstitieux dans la maison, fait sa prière, et « procure à cette maison une paix et une tranquillité si parfaite, qu’elle n’a point été troublée depuis ce temps-là. »

Dans un « Mémoire sur l’état des missions de la Chine, présenté en latin à Rome au R. P. général de la Compagnie de Jésus, l’an 1703, par le P. François Noël, de la même Compagnie, et depuis traduit en français » il est dit :

« La magie et l’infestation des démons sont très communs, à la Chine : mais les néophytes s’en délivrent aisément par le signe de la croix, et par la vertu de l’eau bénite. » Suit un exemple d’un catéchumène qui fait cesser jusqu’à deux fois les opérations magiques de son maître, en faisant le signe de la croix en secret et, sans, qu’on s’en aperçut ; et un autre exemple de plus de cinquante maisons infestées par le démon, et délivrées par l’eau; bénite.

Des missionnaires dans l’Hindoustan parlent de même. Ainsi, dans une lettre datée d’Aour, dans le royaume de Maduré, le 11 décembre 1700, le P. Pierre Martin, S.: J., raconte ce qui suit : [p. 580]

« Il arrive ici d’autres marques bien plus sensibles de la protection que Dieu donne à la sainte religion que nous annonçons. Il n’est pas croyable combien le baptême y produit d’effets miraculeux. Oh m’apporta à la fête de l’Assomption un enfant de six à sept ans tourmenté du démon, qui le faisait tomber presque continuellement dans des convulsions tout à fait étranges. Lorsque je voulus le baptiser, les convulsions augmentèrent d’une manière si violente que le P. Bouchet fut obligé de le prendre entre ses bras, et de le tenir de toutes ses forces : mais à peine avais-je versé l’eau sur sa tête, que, par la vertu du sacrement, il se trouva parfaitement délivré, sans que depuis ce temps-là il ait paru dans lui la moindre marque de possession… Les idolâtres du lieu, témoins de la possession ou de la maladie de cet enfant pendant plus de deux ans, le voyant revenir de l’église des chrétiens si parfaitement guéri, conçurent une si haute idée de notre sainte religion, que quinze ou vingt résolurent de l’embrasser. »

Plus loin, le même missionnaire raconte, d’après le récit à lui fait par le P. Simon Carvalho, l’histoire d’un hindou de Tanjaour, qui, dégoûté de ses idoles, et ayant entendu parler de Vastou, ce qui signifie en langue tamoull’être souverain, se mit en tête de connaître Vastou et de lui parler. Après huit mois de pénitences extraordinaires, au lieu d’attirer Vastou, il attire le diable dans le corps de son frère, horriblement tourmenté. Il s’adresse de nouveau aux idoles, mais en vain ; alors l’idée lui vient de menacer le diable de mener son frère à l’église des chrétiens. Depuis lors, le frère semble en repos, mais il meurt quatre jours après. Le pénitent rentre dans sa solitude et continue ses austérités. « Une nuit, qu’il était éveillé, il ouït, sans voir personne, une voix distincte qui lui disait : Je suis Vastou que lu cherches, j’ai tué ton frère, et je te tuerai aussi dans huit jours. » D’abord effrayé, il se dit ensuite que cela ne pouvait être Vastou, qu’il cherchait sincèrement pour le servir, mais bien le diable qui contrefaisait Vastou. Il prit alors la résolution de s’adresser au Pourouou docteur des chrétiens, dont il avait entendu parler sans savoir qu’ils adorassent Vastou ; et il fut reçu par le P. Carvalho parmi les catéchumènes.

De son côté le P. Bouchet nous fournit ce témoignage remarquable :

« C’est à cette foi vive (des néophytes) que j’attribue une espèce de miracle toujours subsistant, dans la facilité avec laquelle les [p. 581] chrétiens chassent les démons. Une infinité d’idolâtres sont tourmentés du malin esprit, et n’en sont délivrés que quand ils ont imploré l’assistance des chrétiens. C’est ce qu’on éprouve sans cesse dans le royaume de Marava : on voit presque toujours, à Aour quelques catéchumènes, qui ne sont portés à se faire instruire des mystères de la foi, que dans l’espérance de se soustraire au pouvoir des démons qui les tourmentent. Sur quoi je ferai ici quelques réflexions qui prouvent évidemment que rien n’est plus réel que cet empire du démon sur les idolâtres. On ne peut pas soupçonner les Indiens d’user en cela de supercherie, comme il arrive quelquefois en Europe parmi ceux qui contrefont les obsédés. Les Européens qui ont recours à ce stratagème, y sont portés par quelque intérêt secret, ou par quelque motif humain. Ici les Gentils n’ont rien à gagner, ils ont au contraire tout à perdre. Il faut que leurs maux soient bien pressants pour en venir chercher le remède à l’Église : ils se rendent dès lors infiniment odieux et méprisables à leurs amis et à leurs parents, ils s’exposent à être chassés de leurs castes, à être privés de leurs biens, et à être cruellement persécutés par des intendants des provinces. Dira-t-on que le seul effort de l’imagination produit ces effets merveilleux que nous attribuons au démon ? Mais peut-on croire que ce soit par la force de l’imagination, que les uns se voient transportés en un instant d’un lieu dans un autre, de leur village dans un bois fort éloigné ou clans des sentiers inconnus ; que d’autres se couchent le soir pleins de santé, et se lèvent le lendemain matin le corps meurtri des coups qu’ils ont reçus, et qui leur ont fait pousser des cris affreux pendant la nuit ? Qu’imaginera-t-on encore ? Que des choses si extraordinaires sont l’effet de quelque maladie particulière aux Indiens et inconnue en Europe : mais ne serait-il pas plus surprenant de se voir guéri de ces sortes de maladies, en se mettant simplement au rang des catéchumènes, que d’être délivré du démon ? Il n’est donc pas possible de nier que le démon n’ait un véritable pouvoir sur les Gentils, et que ce pouvoir cesse aussitôt qu’ils ont fait quelques démarches pour renoncer à l’idolâtrie, et pour embrasser le christianisme.

«  J’ai vu, des missionnaires arriver aux Indes fort prévenus contre ces obsessions ; mais ce qu’ils ont vu de leurs propres yeux les en a bientôt convaincus, et ils étaient les premiers à en faire observer toutes les circonstances ; Le vénérable Père de Britto, qui [p. 582] a eu le bonheur de verser son sang pour la foi, et qui certainement n’avait pas l’esprit faible, m’a dit souvent qu’une des plus grandes grâces que Dieu lui avait faites, c’est de lui avoir fait comme toucher au doigt la vérité de la religion chrétienne dans plusieurs occasions, où les démons avaient été chassés du corps des Indiens, au moment qu’ils demandaient le baptême. C’est aussi ce qui fait dire aux missionnaires, que le démon est le meilleur catéchiste de la mission, parce qu’il force, pour ainsi, dire, plusieurs idolâtres de se convertir, forcé lui-même par la toute puissance de celui à qui tout est soumis. « Ce qui est constant, c’est qu’il ne se passe point d’années dans la mission de Maduré, qu’un grand nombre d’idolâtres, tourmentés cruellement par le démon, n’en soient délivrés en écoutant les instructions qui les disposent au baptême. Le démon se retire d’ordinaire dans le temps qu’on explique la Passion de Notre-Seigneur. »

Suit un exemple d’une femme possédée, inutilement exorcisée par un célèbre gourou indien, et qui fut guérie, avant même que le missionnaire, à qui elle avait été présentée, eut achevé de l’instruire.

« Souvent le démon apparaît aux catéchumènes sous une forme hideuse, et leur fait de sanglants reproches de ce qu’ils abandonnent les dieux adorés dans le pays. »

« Mais ce qu’il y a d’admirable, c’est que tout ce qui a quelque rapport à la religion, le signe de la croix par exemple, l’eau bénite, le chapelet, les médailles de la sainte Vierge et des Saints, ont la vertu de chasser le démon ». Le narrateur cite l’exemple d’un jeune enfant qui entre dans la maison d’un possédé furieux, que personne n’osait approcher, et qui, lui mettant son chapelet au cou, le tire au milieu de la rue comme il aurait tiré le plus paisible agneau, et puis le mène le soir même à l’église du P. Bouchet, au grand étonnement des gentils qui le suivaient de loin. Il rapporte ensuite un second exemple d’un démon, qui, par la bouche du possédé, rend témoignage à la vérité de la religion, sur l’ordre du P. Bernard de Là, et déclare que les dieux des payens sont des démons, que ceux qui les adorent les rejoindront dans les enfers. ; Le P. Calmette parle, dans deux lettres différentes, tout à fait dans le même sens que le P. Bouchet. Ainsi dans une lettre datée de Vencatiguiry, dans le royaume de Carnates, du 24 janvier 1733, il nous dit : « Dieu, pour marquer que l’Église de l’Inde est son [p. 583 ouvrage, ne la laisse pas sans miracles non plus que sans contradictions : grâce de miracles constanteet assez ordinaire, surtout dans le pouvoir qu’ont les chrétiens de chasser les démons du corps de ceux qui en sont possédés. Il n’est pas rare de voir ici plusieurs de ces malheureux Indiens tourmentés par le malin esprit d’une si cruelle manière, que leurs-membres en sont tout disloqués. Dès qu’ils se sont fait porter dans nos églises, leur guérison est certaine, et le démon n’a plus d’empire sur eux. Il y a peu de gens qui ajoutent foi aux possessions, bien qu’on envoie un si grand nombre dans l’Évangile, et qu’il soit naturel de croire que les démons ont sur les idolâtres un pouvoir, qu’ils n’ont pas sur le peuple fidèle. Peu d’années d’expérience nous rendent dociles sur cet article, et ce qui se passe si souvent à nos yeux, nous console infiniment, et nous attache de plus en plus à une mission où Dieu se manifeste d’une façon si singulière. »

Dans sa lettre datée de Ballapouram, 17 septembre 1735, il fait une semblable remarque.

« Bien des gens, dit-il, ont peine à croire en Europe les maléfices, les sortilèges, les possessions, et tout ce qui est du ressort de la magie : une année passée au milieu de ces nations idolâtres les aurait bientôt persuadés. Il y a des vérités qui ne sont pas moins à la portée du peuple que des savants, et il est encore plus -difficile de croire, que des événements capables de réduire les plus grands ennemis de la foi soient dans ceux qui les éprouvent de pures imaginations, ou faiblesse d’esprit. »

Le même missionnaire rapporte aussi plusieurs exemples de possédés, qu’il serait trop long de transcrire ici. D’ailleurs tout le recueil des Lettres édifiantes et. curieuses écrites des missions étrangères, etc., dont nous avons produit les extraits, en est parsemé. Il en est de même des Annales de la propagation de la foi, qui font suite aux « Lettres édifiantes », comme aussi des Missions catholiques. Mais il faut absolument nous borner, et plus d’un lecteur est désireux peut-être de nous voir reproduire, comme couronnement, un exemple détaillé, où la possession soit décrite avec ses signes incontestables. Les deux extraits suivants des Annales de la propagation de la foi, suffiront pour montrer que, de nos jours, comme aux XVIIe et XVIIIe siècles, les opérations diaboliques sont à l’ordre du jour dans les pays infidèles (41). [p. 584]

Mgr Delaplace, vicaire apostolique du Pé-tché-ly septentrional, écrit de Péking, le 18 octobre 1876 :

« Jamais, depuis trente et un ans que je suis en Chine, je n’ai tant ouï parler de manifestations diaboliques. Un de nos missionnaires, M. Delemasure, directeur du district de Suen-Hoa-Fou m’écrit : « Au dire des habitants de Hoay-Ngan, pays nouvellement ouvert à la foi, jamais les opérations diaboliques n’ont été aussi fréquentes que ces dernières années. Elles se produisent sous deux formes spéciales : le tchao-houtse(possession du renard) (42), et le tiao-chin(esprit dansant). La première est ainsi appelée, parce que le démon s’introduit sous la forme d’un animal au poil long et assez semblable au renard. Cette forme extérieure est celle qui se montre aux yeux des profanes ; ceux qui se trouvent sous l’influence diabolique ne voient pas l’animal, mais un homme ou une femme, selon leur sexe (43). Ces rapports entre le démon et ses adeptes s’établissent parfois le jour, plus souvent la nuit. La femme d’un néophyte est possédée de cette manière. La seconde forme de possession (le tiao-chin) ressemble un peu au somnambulisme, et elle est particulière aux femmes médecins. Quand une de ces femmes est appelée auprès d’une malade, il faut d’abord lui préparer quatre espèces de comestibles propres à être offerts au démon et un bâtonnet d’encens. A son entrée dans la chambre, elle fait des oblations et invocations. Des convulsions la saisissent ; elle tombe bientôt clans une profonde léthargie, dont elle sort pour décrire, en chantant et en dansant, le genre de maladie, la gravité et les remèdes à employer. Il est à remarquer que la voix n’est plus celle de la personne qui parle. Tous ces faits sont tellement fréquents et avérés qu’il est impossible de les révoquer en doute. »

« Le district de Suen-Hoa-Fou, continue Mgr Delaplace, n’est pas le seul à jouir de ces visites du démon. De toutes parts m’arrivent des récits à peu près semblables; mais presque toujours un [p. 585] prêtre ou un simple chrétien déjoue la sorcellerie, et l’obsédé ou quelque témoin se fait catéchumène, si bien qu’un prêtre indigène m’écrivait en toute vérité : « Voici que le démon nous aide à convertir les payens. »

L’autre témoignage de notre siècle regarde le royaume de Siam. Nous le trouvons dans une lettre de Mgr Bruguière, évêque de Capse, datée de Bang Kok, 1829 :

« Toute espèce de superstition est connue à Siam : les sortilèges, les enchantements,… en un mot tous les affreux secrets de la magie noire sont mis en usage… Ces opérations diaboliques produisent des effets si extraordinaires, qu’il est impossible de les expliquer naturellement ; les apparitions du démon ont lieu si fréquemment et d’une manière si publique, qu’il y aurait de la mauvaise foi si l’on s’obstinait à le nier ; il faudrait pour cela accuser d’imposture MM. les vicaires apostoliques et MM. les missionnaires, qui témoignent non seulement avoir vu de leurs propres yeux les effets des opérations du démon, mais encore les avoir examinés avec toute l’attention dont un homme instruit et prudent, peut être capable. De ce que les prestiges ont lieu rarement en Europe, il ne faut pas conclure qu’il doit en être de même en Asie : l’Europe est un pays entièrement chrétien, au lieu que la plus grande partie de l’Asie est encore sous l’empire du démon.

« Quoi qu’il en soit, il doit toujours y avoir de la proportion entre la cause et l’effet : or, un seul signe de croix, quelques gouttes d’eau bénite, la seule présence d’un chrétien qui passe par hasard, rend tous les effets de l’enchantement inutiles, suffit pour faire fuir tous les spectres et rendre nulle toute la science des magiciens. Dieu a-t-il institué le signe de la croix pour empêcher qu’une cause naturelle et nécessaire produise l’effet auquel elle est destinée par le Créateur ? Ce sont, dit-on, des secrets de la physique : mais peut-on croire de bonne foi qu’un Siamois soit  plus profond physicien que tous les membres des académies européennes ?… »

Reste enfin le fait détaillé de possession, que nous empruntons à une lettre adressée au célèbre Dr Winslow, en 1738, par le P. Lacour, missionnaire en Cochinchine. Le Dr Calmeil en reproduit aussi le texte dans son ouvrage De la Folie(T. II, p. 417. et suiv.) ; et tout en donnant du fait raconté une explication naturelle vraiment stupéfiante, il rend hommage à la parfaite sincérité [p. 586] du missionnaire, et considère le récit comme d’une autorité irréfragable.

« L’an 1733, environ, an mois de mai ou de juin, dit le P. Lacour, étant dans la province de Cham, royaume de Cochinchine, dans l’église d’un bourg qu’on nomme Chéta, distant d’une demi-lieue environ de la capitale de la province, on m’amena un jeune homme de 18 à 19 ans, chrétien… Ses parents me dirent qu’il était possédé du démon… Un peu incrédule, je pourrais même dire à ma confusion, trop pour lors, à cause de mon peu d’expérience dans ces sortes de choses, dont je n’avais jamais eu d’exemple, et dont néanmoins j’entendais souvent parler aux chrétiens, je les questionnai pour savoir s’il n’y aurait pas de simplicité ou de malice dans le fait. » Ici vient le récit des parents, dont voici la substance : Le jeune homme, après avoir fait une communion indigne, avait disparu du village, s’était retiré dans les montagnes, et ne s’appelait plus lui-même que le traître Judas…

« Sur cet exposé et après quelques difficultés reprend le missionnaire, je me transportai dans l’hôpital où était le jeune homme, bien résolu de ne rien croire à moins que je ne visse des marques au-dessus de la nature, et, au premier abord, je l’interrogeai en latin dont je savais qu’il ne pouvait avoir aucune teinture. Étendu qu’il était à terre, bavant extraordinairement et s’agitant avec force, il se leva aussitôt sur son séant et me répondit très distinctement :Ego nescio loqui latine. Ma surprise fut si grande que, tout troublé, je me retirai épouvanté, sans avoir le courage de l’interroger davantage.

« … Toutefois, quelques jours après, je recommençai par de nouveaux commandements probatoires, observant toujours de lui parler latin que le jeune homme ignorait ; et, entre autres, ayant commandé au démon de le jeter par terre sur-le-champ, je fus obéi dans le moment ; mais il le renversa avec une si grande violence, tous ses membres tendus et raides comme une barre, qu’on aurait cru, parle bruit, que c’était plutôt une poutre qu’un homme qui tombait… Lassé, fatigué de sa longue résistance, je pris la résolution de faire un dernier effort ; ce fut d’imiter l’exemple de Mgr l’évêque de Tilopolis en semblable occasion. Je m’avisai donc, dans un exorcisme, de commander au démon en latin de le transporter au plancher de l’église, les pieds les premiers et la tête en bas. Aussitôt son corps devint raide, et comme s’il eût été impotent de tous ses membres, il fut traîné du [p. 587] milieu de l’église à une colonne, et là, les pieds joints, le dos collé à la colonne, sans s’aider de ses mains, il fut transporté en un clin d’œil au plancher, comme un poids qui serait attiré d’en haut avec vitesse sans qu’il parût qu’il agît. Suspendu au plancher; les pieds collés et la tête en bas, je fis avouer au démon comme je me l’étais proposé pour le confondre, l’humilier et l’obliger à quitter prise, la fausseté de la religion païenne. Je lui fis confesser qu’il était un trompeur, et en même temps je l’obligeai d’avouer la sainteté de notre religion. Je le tins plus d’une demi-heure en l’air, et n’ayant pas eu assez de constance pour l’y tenir plus longtemps, tant j’étais effrayé moi-même de ce que je voyais, je lui ordonnai de le rendre à mes pieds sans lui faim du mal… Il me le rejeta sur le-champ comme un paquet de linge sale sans l’incommoder, et depuis ce jour-là mon énergumène, quoique pas entièrement délivré, fut beaucoup soulagé, et chaque jour ses vexations diminuaient, mais surtout lorsque j’étais à la maison ; il paraissait si raisonnable qu’on l’aurait cru entièrement libre… Il resta l’espace de cinq mois environ dans mon église, et au bout de ce temps il se trouva enfin délivré, et c’est aujourd’hui le meilleur chrétien peut-être qu’il y ait à la Cochinchine. «

Ce récit se passe absolument de commentaires. Une simple remarque pourrait peut-être trouver place ici, pour expliquer une différence du cas présent avec la plupart des exemples donnés précédemment. Là, le démon est presque toujours chassé immédiatement, par un chrétien quelconque, au moyen d’un simple objet bénit ou par l’eau bénite. Ici il résiste pendant des mois à l’exorciste lui-même, au missionnaire. Observons donc d’abord, que l’ordinaire n’est pas une réglé sans exception ; ensuite, que l’énergumène ici est un chrétien, que Dieu semble avoir puni pour son crime, et à qui il laisse expier son sacrilège, peut-être aussi pour l’exemple des autres ; enfin, que l’exorcisme est un moyen efficace, mais non infaillible, et que la délivrance peut dépendre de plusieurs causes, comme le faisaient déjà remarquer les Pères de l’Église ; ainsi Minutius Félix (44) et avant-lui S. GCyprien (45) nous disent : « Et vel exiliunt statim (daemonia), vel evahescunt gradatim, prout fidés patientis adjuvat aut gratia[p. 588] curantis inspirat. » Il est d’ailleurs beaucoup d’exemples où le démon résista longtemps, même aux saints (1).

Si nous croyons le récit du P. Lacour assez éloquent par lui-même, nous ne pouvons cependant nous empêcher de citer l’explication du Dr Calmeil, d’autant plus qu’elle est très brève et fort simple, et qu’à son tour elle nous dispense de commentaires. La voici :

« On doit savoir gré au frère Delacourt, de n’avoir pas gardé le silence sur ce prétendu fait de possession, car ce missionnaire a décrit à son insu les phénomènes de la monomanie religieuse ; et il est clair pour tout le monde aujourd’hui qu’il n’a exorcisé qu’un homme atteint de délire… ! »

Tant il est vrai qu’il n’y a pas de pire aveugle, que celui qui ne veut pas voir. Il en est de même des miracles ; ils ne sauraient convertir ceux qui ne veulent pas être convertis ; et rien d’étonnant si Dieu ne les fait pas inutilement devant des hommes de mauvaise foi et de mauvaise volonté.

Nous voudrions cependant voir un homme comme M. Charcot faire une excursion scientifique avec les missionnaires, au lieu de visiter les musées de peinture, d’où il semble n’avoir rien rapporté qui puisse tourner au profit de la science.

  1. Quelques exemples de possession dans les pays chrétiens.

Malgré la rareté relative des interventions manifestes du démon dans les pays chrétiens, nous n’avons encore ici que l’embarras du choix. Il faut cependant tenir compte de la différence des temps ; car, même dans les pays chrétiens, il y a des raisons pour le démon d’intervenir d’une manière manifeste plutôt à une époque, et dans telles circonstances, qu’à un autre temps et dans des circonstances différentes. Nous renvoyons de nouveau le lecteur aux observations préliminaires à notre démonstration de la réalité historique de la possession.

Nous pourrions produire ici des faits nombreux, en consultant seulement les Acta Sanctorumdes Bollandistes ; nous nous bornerons à deux extraits, en priant le lecteur, désireux de s’instruire davantage, de recourir lui-même à cette vaste collection de documents. Il suffit de consulter la table à la fin de chaque volume [p. 589] Index realis et moralis, aux mots daemon, energumenus,. etc. Si MM. Charcot et Richer avaient consulté les Acta Sanctorum, ils y auraient trouvé beaucoup de renseignements historiques et autres, qui leur auraient fait éviter bien des erreurs.

Nous avons, en outre, des témoins, même non catholiques, et dont la parole ne saurait être suspecte. Ainsi Fernel, médecin de Henri II, et Ambroise Paré, protestants, font mention d’un possédé qui parlait grec et latin, sans avoir jamais appris ces deux langues. Le savant Cudworth, dont les opinions sur la religion sont fort incertaines, allègue plusieurs exemples dans son Syst. intell. (c. 5, § 82).

Un autre exemple, où nous trouvons réunis presque tous les signes de possession, et aussi les plus certains, nous est rapporté par un témoin oculaire, d’une autorité incontestable. C’est Ed. Corsini, religieux des Écoles-Pies, 1702-1765, homme d’initiative en fait de sciences, et d’une vaste érudition.

Voici comment il termine un long traité sur la possession : « On ne peut donc pas nier qu’on ne trouve quelques obsédés et énergumènes, etc. ; ou si par hasard il était permis à quelqu’un de le nier, cela ne m’est certes pas permis à moi, j’ai vu tout récemment une femme qui, non seulement se tordait dans les plus étranges agitations du corps, mais qui révélait les secrets d’autrui, sur lesquels elle était interrogée, qui éteignait, sur un ordre reçu, des chandelles allumées très distantes, et les rallumait à un autre commandement, qui ne sachant que sa langue maternelle, répondait en latin et en français, d’une manière claire, congrue, nette et distincte, qui enfin, ne sachant aucunement lire ni écrire, traçait douze espèces de caractères, comme les auraient formés douze écrivains ; par ces caractères elle exprimait les noms des différents esprits dont elle s’était déjà dite possédée, ainsi que leur puissance, leur nombre, les conditions de leur sortie, ouïes pactes, et autres choses semblables (47). »

Le différend entre les naturalistes et. nous ne porte pas sur les signes corporels. Qu’on gratifie la femme en question de n’importe quelle maladie nerveuse, qu’on attribue ses contorsions à l’hystérie la mieux caractérisée, qu’on lui donne l’attaque démoniaque décrite par M. Charcot, nous concédons tout, d’autant plus que la possession n’exclut pas la maladie, surtout les névroses, bien [p. 590] au contraire. Mais qu’on nous explique les phénomènes intellectuels décrits, et cette action à distance, sans, agent naturel. Je dis : qu’on nous explique ces manifestations-là, mais qu’on ne nous paie pas de mots, tels que suggestion, clairvoyance, double vue, action à distance, qui n’expliquent rien ; qu’on ne vienne pas non plus objecter une vague analogie avec des faits, étranges il est vrai, mais explicables naturellement, tels qu’on en observe dans le somnambulisme artificiel. Il s’agit ici de faits, bien précis, et nous demandons une explication nette et précise. Non, pour tout homme, sérieux et loyal, il n’y a pas de milieu : ou bien il faut attribuer ces manifestations opposées aux lois de la nature et ces phénomènes de l’ordre spirituel, à un agent préternaturel, à un agent intellectuel, en dehors du possédé et du monde visible, ou bien il faut nier catégoriquement le fait. Mais, si l’on est de bonne foi, on ne peut pas nier des faits historiques aussi bien constatés, et par conséquent l’on doit admettre notre explication pu avouer du moins son impuissance.

Voici, maintenant deux exemples de possédés délivrés par les Saints. MM. Charcot et Richer mentionnent une fresque d’André del Sarte représentant S. Philippe de Néri délivrant une possédée. Nous avons signalé, à ce propos, une distraction historique des auteurs ; c’est sans doute S. Philippe Bénizi qu’il faut lire. Cependant nous pouvons donner des exemples de possédés délivrés par S. Philippe de Néri : nous le faisons d’autant plus volontiers que ce saint, comme tous les autres du reste, n’était pas intéressé du tout à trouver partout des possédés ; ses biographes nous rapportent spécialement de lui, qu’il n’aimait pas d’exorciser, qu’il disait qu’on devrait être bien sur ses gardes en cette matière, qu’il examinait de près les prétendus énergumènes et rapportait souvent leur mal à des causes naturelles et morbides, telle que la mélancolie, l’affaiblissement du cerveau, et chez les femmes à une imagination surexcitée, à une affection de l’utérus, ou bien à d’autres infirmités du corps ou de l’esprit, souvent aussi il attribuait le mal à la supercherie et à la malice des femmes. Ce sont à peu près les paroles mêmes de ses biographes (48).

Parmi plusieurs guérisons de démoniaques, plutôt opérées par miracles que par les exorcismes, et qui sont rapportées dans le sixième volume de Mai des Acta Sanctorum, p. 491 et 606-609, nous ne [p. 591] signalerons que le cas d’une femme noble, nommée Catherine . Celle-ci, n’ayant pas fait d’études, parlait le latin et le grec à merveille, comme un humaniste ; et quatre hommes des plus robustes avaient peine à la lever et à la retenir. S. Philippe,  la battit d’abord avec des chaînettes, et pendant ce temps le démon criait : Frappe, frappe toujours, et tue, et la possédée était comme clouée au sol et immobile comme une statue de marbre. Chaque lois que le Saint donnait ordre de l’amener, elle pressentait la chose, même à longue distance, et disait : Voilà que ce prêtre m’appelle. Et ensuite elle se sauvait, et ne pouvait être ramenée que par violence. Enfin, quand S. Philippe avait sans doute assez éprouvé la vérité de la possession et assez prémuni les assistants contre l’idée de supercherie et contre la crédulité, il négligea les exorcismes et la délivra en un instant par la prière.

L’un des biographes du Saint et son disciple, Antoine Gallonius, publia sa vie cinq ans après sa mort. Il ajoute en note au récit que nous venons de reproduire d’après lui et d’après Jérôme Barnaboeus, qu’il tient toute cette histoire des disciples qui suivaient le Saint en ce temps-là, parmi lesquels se trouve le cardinal Taurusius.

Parmi toutes-les œuvres  d’art que MM. Charcot et Richer énumèrent dans les « Démoniaques dans l’art » rien n’est comparable, à leur avis, rien n’est plus éloquent en leur faveur que les tableaux de Rubens, représentant S. Ignace qui délivre les possédés. Il faut donc bien donner aussi un exemple de possédé guéri par S. Ignace.

Observons cependant que les tableaux reproduits par MM. Charcot et Richer ne représentent pas du tout des scènes réelles, mais sont des compositions de l’artiste qui groupe dans un seul tableau plusieurs faits distincts, et veut ainsi représenter d’un trait le don des miracles de saint Ignace et sa puissance auprès de Dieu. Ainsi les miracles des enfants ressuscites, de l’enfant muet guéri et tous les autres qui ont pour objet des enfants, se sont passés après la mort du Saint, par son intercession. Les possédés délivrés ne l’ont pas été pendant  une « interruption du service divin », comme semblent le dire MM. Charcot et Richer. Tout cela est de la pure mise en scène du peintre. Nous renvoyons ces savants docteurs aux Bollandistes. D’ailleurs, nous n’avons trouvé qu’un, seul exemple d’énergumène proprement dit, délivré par saint Ignace pendant sa vie, et c’est celui que nous rapporterons, [p. 592] d’après le P. Ribadéneira, contemporain et disciple favori de saint Ignace.

Il s’agit d’un jeune homme, originaire de la province de Cantabre en Espagne, nommé Mathieu, que le P. Ribadineira connut très familièrement avant et après sa guérison, et qui entra ensuite chez les Camaldules sous le nom de frère Basile, où il vivait encore quand le P. Ribadineira écrivit cette vie de saint Ignace.- II fut saisi de son mal en l’année 1541. Il était violemment jeté à terre, et, couché, à peine huit ou dix hommes robustes pouvaient le changer de place. Il n’avait aucune instruction, et ne parlait que sa langue maternelle, et cependant dans ses accès, il parlait très couramment et savamment différentes langues. De plus, une tumeur se produisait d’abord à la figure, et disparaissait aussitôt par le signe de la croix qu’y appliquait le prêtre, pour reparaître incontinent plus bas à la gorge, et puis à la poitrine, à l’estomac, et toujours plus bas. Ce jeune homme donc, ajoute le P. Ribadéneira, que j’ai observé plusieurs fois pendant ses crises, ou plutôt le démon qui était en lui, nous entendant dire qu’Ignace rentrerait bientôt à la maison, et allait chasser le démon, se mit dans une grande agitation et cria : Ne me parlez pas d’Ignace, c’est mon plus grand ennemi, l’ennemi le plus acharné de tous. Saint Ignace rentre, apprend ce qui se passe, prend à part Mathieu. Ce qu’il dit ou ce qu’il fit, je n’en sais rien, mais aussitôt le jeune homme fut rendu à lui-même, et délivré de la tyrannie du démon (49). •

Que Rubens ait donné à ses démoniaques les signes corporels de l’hystérie, que son pinceau ait réussi à reproduire exactement les traits que la plume de M. Charcot devait décrire deux siècles plus tard, cela est fort indifférent pour la question qui nous occupe. L’hystérie n’exclut pas la possession. Tout au plus pourra-t-on dire que Rubens a moins bien observé la vérité historique, en représentant ainsi les possédés délivrés par S. Ignace. Que Rubens n’ait donné pour seul signe de possession que le type hystérique, cela n’est pas exact, puisque dans le tableau de Vienne, il peint les démons qui s’enfuient dans la nef de l’église. Et n’eut-il représenté que des malades, encore restait-il dans son plan, qui était de montrer la puissance miraculeuse de S. Ignace. A la Salpêtrière, on fait beaucoup d’expériences, on soulage les [p. 593] malades, rarement on les guérit radicalement et plus rarement d’une manière instantanée ; il ne suffit certes pas d’un signe de croix ou « d’un geste hiératique. » Mais là n’est pas la question ; il s’agit de savoir si les possédés délivrés par S. Ignace étaient de vrais possédés du démon, ou n’étaient que des hystériques. Or l’histoire nous rapporte des signes de vraie possession, que le pinceau ne pouvait rendre. Le démoniaque, que nous avons mentionné, parlait parfaitement des langues qu’il n’avait pas apprises, qu’il ne parlait ni n’entendait en dehors de ses crises, ou avant la possession. Les signes corporels même que le P. Ribadineira indique, comment le peintre les rendrait-il ? Cette succession de tumeurs, par exemple, qui disparaissent par un signe de croix. Cette pesanteur même, cette résistance du corps du possédé ne peut être dépeinte que fort imparfaitement, par le nombre, la structure herculéenne et les efforts des hommes qui le soulèvent.

Bref, pour répéter en un mot ce que nous disions dans la première partie de cette étude, si MM. Charcot et Richer croient démontrer dans leur livre « Les démoniaques dans l’art » qu’il n’y eut jamais d’autres possédés que de simples malades, hystériques, etc., leur raisonnement fait réellement pitié, et ils ne peuvent que gâter leurs travaux et décrier la science par de si misérables élucubrations.

G.-J. WAFFELAERT.

Notes

(1) Voir la précédente livraisoN.

(2) Joan., XII, 31.

(3) Marc, XVI, 17.

(4) Apol., 2, n. 6; Dial, cum Tryphone, n. 85.

(5) Lib. II, n° 8, ad Automycum.

(6) Lib. Il adv. Haer., c. 32, n. 4, alias c. 87.

(7) Recognit., lib. IV, n.’20.

(8) Apol., c. 23 et sqq., 37, 43, 44 ; De corona milit., c. 11 ; De anima, c. 57 ; adv. Scapulam, c. 3.

(9) In Octavio, c. 27.

(10) Adv. Cels., I. I, p. 31, cdit. Cantab., et I. VIII.

(11) Épist. I ad Donat.; De idol. vanit., n. 7;Ad Magnum, epist. 76, n. 15.

(12) Adv. gentes., I. I, c. 46.

(13) Divin. instit., I. II, c. 16, lib. IV, c. 27, I. V, c. 22 ; De mort, persec, c. 10.

(14) De errore profan. relig., c. 14, c. 20.

(15) In carmine adv. gentes, v. 146 et sq. (apud. Migne, Patr., lat., S, 277.) Cet Antonius est un auteur ancien, inconnu. Y. Lumper, Historia… de vita, etc. SS. PP: p. 13. s. 6, c. 2, a. 4.

(16) Adv. Hieroclem, T. I, c. 4, et I. V, c. 7 Hist. eccl.

(17) De incarn. Verbi Dei, n. 48.

(18) Catech. 10, n. 19 ; Cat. 4, n. 13.

(19) De Trinit., I. XI, n. 3 ; In Constantium, n. ; in ps. 64, v. 7 et sqq., n. 10.

(20) Ep. 22,: n. 21 et sq., et n. 9 et 16 ; in Orat, de obitu theodosii, n. 10; in Exhort. ad Virg.

(15) Carmin., I. Il, sect. 2, c, 7, v. 80 sqq. ad Nemisium ab. 62.

(16) Adv. Vigil., n. 10; Ep. 27 ad Eustoch., c. 6.

(17) Lib. I, tr. 16, n. 3.

(18) Homi. 92 (T. 5, édit., Savil.), et hom.67. Item hom. de futurorum deliciis), n. 2. (apud Migne, 51, 348).

(19) Epist. 78, alias 137, n. 3.

(20) Lib. precum ad imper., n. 7.

(21) Carm. 14 et 15, seu 6 et 7 in S. Ielic.

(22) Hom. 32 in Evany.

(23) In dial.

(24) Dial. 3, c. 6.

(25)

(26)

(27)

(28)

(29)

(30)

(31) Divin. institut., I, II, c. 16.

(32) Loc. Supra cit.

(33) Divin, institut., I. Il, c. 16.

(34) Loc. supra cit.

(35) Apol. 2, n. C.

(36) Apol., c. 23 et sq.

(37) Lib. V, c. 7

(38) Lib. II adv. Hoer., c. 32, n 4, alias c. 57.

(39) Div. instit., I. V, c. 23.

(40) Dial. 3, c. 6.

(41) Nous ne pouvons cependant nous empêcher de renvoyer au moins le lecteur à une autre lettre du P. Bouchet, citée plus haut, dans laquelle il prouve la réalité d’une autre espèce d’opération diabolique, à savoir des oracles de l’Inde. Cette lettre est adressée au P. Baltus, S. J., et se trouve dans le neuvième recueil des « Lettres édifiantes » (Paris, Nic. Leclere. 1721)

(42) Il est d’autres fois encore question dans les « Annales » et dans les « Missions catholiques » de cette possession du renard ; récemment, un missionnaire qui passa treize-ans en Mongolie, me confirma le fait.

(43) Ceci nous prouve qu’on ne doit-point rejeter absolument les anciennes histoires des incubes et succubes.

(44) In Octavio, c. 27.

(45) De idol. vanit., n. 7.

(46) V. Acta sanctorum, variis locis, v. g. tom, 6 Maii, p. 491, n. 100, cum nota (0).

(47) Tome 4, Instit. philos., disp. 2, Mélaphys., cap. 1, n. 3.

(48) Acta Sanctorum,Maii, tom. .6, pag. 491, n. 400., et pag. 609.

(49) V. Acta Sanctorum, Julii, t. 7, pag. 761,.n. 716..

LAISSER UN COMMENTAIRE