Gustave Josèph Waffelaert. Les Possédées de Loudun. Extrait de la revue « La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, pp. 747-761.

Gustave Josèph Waffelaert. Les Possédées de Loudun. Extrait de la revue « La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, pp. 747-761.

 

Premier article d’une série de cinq distribués comme suit :
— Les démoniaques de la Salpêtrière et les vrais possédés du démon [Partie 1]. « La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, pp. 273-287. [en ligne sur notre site]
— Les démoniaques de la Salpêtrière et les vrais possédés du démon. [Partie 2]. « La Science Catholique », (Paris), tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, pp. 352-369.  [en ligne sur notre site]
— Réalité historique et possession démoniaque [partie 1]. « La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, L pp. 496-507. [en ligne sur notre site]
— Réalité historique et possession démoniaque [partie 2].« La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, L pp. 571-593. [en ligne sur notre site]
— Les Possédées de Loudun. « La Science Catholique », (Paris),  tome deuxième, décembre 1887 à novembre 1888, 1888, pp. 747-761. [en ligne sur notre site]
— POSSESSION DIABOLIQUE. Extrait du « Dictionnaire apologétique de la foi catholique : contenant les preuves de la vérité de la religion et les réponses aux objections tirées des sciences humaines », (Paris), Gabriel Beauchesne, 1922, tome 4, colonne 53 – colonne 81. [en ligne sur notre site]

Gustave Josèph Waffelaert (1847-1931). Evêque, il occupa plusieurs poste avant  d’être envoyé à l’université de Louvain (1875-1880) où il obtient le doctorat en théologie : sa thèse, « De dubio solvendo in re morale », est soutenue le 20 juillet 1880. Il se détourne vite d’une morale casuistique et se porte vers la théologie morale, plus impliquée dans la vie spirituelle, et vers la théologie dogmatique. Proche des idées de saint Thomas d’Equin, il participa à plusieurs se détourne vite d’une morale casuistique et se porte vers la théologie morale, plus impliquée dans la vie spirituelle, et vers la théologie dogmatique. Proche des ides de Thomas d’Aquin, il participa activement au Dictionnaire apologétique de la foi catholique, aux revues La Science catholique, Canisiusblad, la Revue pratique.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, mais avons corrigé quelques fautes de typographie.
– Par commodité nous avons renvoyé les notes de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

[p. 747]

II

LES POSSÉDÉES DE LOUDUN

Quiconque cherche sincèrement la vérité, et s’applique, sans idée préconçue, sans préjugé, à reconnaître le caractère réel des faits imputés au démon, dans les histoires de possessions, doit avant tout s’assurer de l’authenticité des récits. Il doit, de plus, s’attacher de préférence aux faits dont le caractère n’est pas obscurci par les discussions passionnées des narrateurs ou même des témoins oculaires. Il convient de laisser à l’arrière-plan les histoires inextricables, qui ne sont parvenues jusqu’à nous que par l’intermédiaire de témoignages interprétatifs, et de documents émanés soit de chauds défenseurs, soit d’ennemis acharnés du personnage principal, autour duquel se déroule toute l’histoire. Or, que voyons-nous ? Ce qui se passa à Loudun vers 1632, est précisément un de ces événements embrouillés ; et malgré cela, nombre de médecins et de philosophes, naturalistes a priori, en font trop souvent leur grand cheval de bataille.

Certes nous ne prétendons pas empêcher les savants de s’occuper-des possédées de Loudun, mon plus que. des Nonnains du [p. 748] milieu du XVIe siècle, ni des Ursulines d’Aix, qui précédèrent immédiatement celles de Loudun, ni des possédées de Louviers, qui suivirent de près ces dernières. Mais, si l’on veut sincèrement s’enquérir de la réalité de la possession, et faire la part du naturel et du préternaturel, pourquoi négliger ou mettre à l’arrière-plan, ou même mépriser les faits évangéliques, les documents fournis par les Saints Pères, et par les Actes des Saints, les histoires que les missionnaires nous transmettent en grand nombre des pays infidèles et tous autres faits dont l’authenticité est incontestable, où la passion n’a eu aucune part, et ou l’absence de toute influence du préjugé peut se démontrer à l’évidence ?

Si encore ceux qui prétendent au nom de savants commençaient par faire une critique sévère des faits, on aurait moins à leur reprocher ; mais trop souvent ils puisent leurs renseignements dans les documents les plus divers pour l’origine et la valeur historique, sans discussion aucune. Ainsi les docteurs Calmeil (1), Bertrand (2), Légué (3), Bourneville et Regnard (4), Richer (5), etc., citent tour à tour, sans distinction, sans observation, dans la question de Loudun, des adversaires a priori de la possession, chauds défenseurs de Grandier, et des ennemis de celui-ci, défenseurs à outrance de la possession et du maléfice.

Cela paraît à tout le moins étonnant. Cependant, chez quelques savants tout s’explique, et l’étonnement l’ait place à d’autres sentiments à leur égard chez tout homme de bonne foi. Plusieurs de ces savants ont d’autres préoccupations que celles de la science : pour eux, la possession diabolique est a priori un mythe, les démoniaques sont de simples névropathes; et pour quelques-uns, il s’agit à ce propos de décrier l’Église catholique, de l’accuser de crédulité et de fanatisme, de se moquer de ses exorcismes (6), de [p. 749] lui faire même le reproche de cruauté et de lui attribuer la responsabiité des procédures criminelles d’un tribunal particulier, même laïque, qui eurent un fatal dénouement pour les sorciers, vrais ou prétendus. Autant de choses qui n’ont rien de commun avec la science, et qui sont indignes du vrai savant.

Pour nous, dans cette affaire, nous n’avons d’autre intérêt que celui de trouver la vérité ; qu’il y ait eu à Loudun, supercherie ou vengeance ; qu’il y ait eu erreur de procédure ou non ; que la possession fût réelle, ou qu’il y eût seulement maladie, tout cela nous est a prioriindifférent : la supercherie, nous la condamnons ; l’erreur, nous la déplorons ; maladie ou possession nous la reconnaîtrons, si l’on nous fournit des signes qui démontrent certainement l’une ou l’autre. Si le doute persévère, nous le constaterons, et nous ne déciderons rien. Mais en toute hypothèse, il nous sera facile de démontrer qu’il n’y a rien de plus absurde que les invectives que certains prétendus savants se permettent contre l’Église catholique, à propos de cette affaire.

Nous exposerons donc brièvement les faits, en indiquant leur degré de certitude, d’après les sources eu nous les puisons. Nous indiquerons, en même temps, ces sources, et leur valeur historique.

Nous ne donnons que la substance des faits, tels qu’ils sont admis par tout le monde, sans interprétation ; nous ajouterons toutes les particularités qui ont souffert contradiction, et toutes explications ultérieures, d’après les différentes sources, en examinant la valeur historique de celles-ci.

Un couvent d’Ursulines fut fondé Loudun en 1626. La plupart des religieuses étaient des filles de qualité, ou du moins de bonne famille, qui, suivant leur institution, s’occupaient de l’éducation des jeunes filles. Le prieur Moussaut fut leur premier directeur, mais après peu de temps il vint à mourir. Cependant, des choses singulières commencèrent à se passer, tant parmi les religieuses que parmi les pensionnaires : on entendait des bruits nocturnes ; diverses personnes étaient en butte à toute espèce d’obsessions ; il apparaissait entre autres, à la mère supérieure, des spectres se donnant pour leur Père confesseur défunt, ou prenant la forme d’autres ecclésiastiques. Les infestations continuant, les religieuses s’en ouvrirent au nouveau directeur, qu’elles avaient choisi dans la personne de Jean Mignon, chanoine de l’église Sainte-Croix, à Loudun. Selon quelques-uns, elles le [p. 750] préférèrent à Urbain Grandier, chanoine de la même église et en même temps curé de l’église Saint-Pierre du Marché, en ladite ville ; le motif du refus subi par ce dernier aurait été sa mauvaise réputation. Selon d’autres, Grandier n’avait ni demandé, ni désiré devenir directeur des Ursulines. En tout cas, il paraît certain qu’il n’eut jamais de relations extérieures avec elles jusqu’au procès.

Urbain Grandier étant le personnage principal autour duquel se déroule cette tragique histoire, il faut dès maintenant le faire connaître de plus près. C’était un homme d’un extérieur agréable et soigné, bien doué, mais d’un caractère hautain et vindicatif, et de mœurs plus que légères. Ses défenseurs mêmes sont d’accord là-dessus, et nous avons ses propres aveux. Après bien des difficultés et des procès de diverse nature ou il avait été engagé, il fut encore condamné sévèrement pour sa mauvaise conduite par l’évêque de Poitiers, le 3 janvier 1630. Il fut néanmoins renvoyé absous de l’accusation portée contre lui, par le présidial de Poitiers, auquel le parlement, saisi de cette même affaire, l’avait renvoyée. Il fut également absous par l’archevêque de Bordeaux, auquel il en avait appelé. Celui-ci lui conseilla cependant de permuter ses bénéfices et de quitter son diocèse, après un tel éclat. Il n’en fit rien, et revint triomphant, insultant ses ennemis. De là une certaine animosité dans toute la ville de Loudun, qui était fort infectée de calvinisme.- Les catholiques s’éloignaient de Grandier, qui par contre avait, les sympathies des huguenots.-

Revenons aux religieuses. Le bruit des faits étranges qui se produisaient chez elles commençait à courir la ville. Mignon, voyant sans doute que la chose devenait inquiétante qu’elle ne pouvait rester cachée, et que le mal allait s’aggravant, appela auprès de lui Pierre Barré, curé de Saint-Jacques de Chinon et chanoine de Saint-Mème. Au dire de certains auteurs, Mignon, Barré, les religieuses, tous étaient imposteurs. Le 3 octobre 1631, Mignon dressa procès-verbal de tout ce que les religieuses témoignèrent avoir éprouvé depuis la nuit des 21 et 22 septembre. Ce procès-verbal fut signé par lui, par Barré, et par deux Pères carmes. Bientôt les phénomènes présentèrent un caractère plus prononcé : plusieurs religieuses, et la supérieure elle-même, furent prises des plus étranges convulsions, et leurs actions comme leurs discours étaient, pendant les crises, singulièrement en contradiction avec la conduite exemplaire qu’elles avaient toujours tenue. Mignon [p. 751] et Barré, autorisés par l’évêque de Poitiers, firent les exorcismes, et cela, depuis le 11 octobre 1632, en présence des magistrats civils. Ils interrogèrent les religieuses en latin, et celles-ci, ouïe démon par leur bouche, déclarèrent constamment, sur l’ordre de l’exorciste, qu’elles étaient possédées, par maléfice, et que celui-ci leur avait été causé par Urbain Grandier, curé de Saint-Pierre. L’on peut juger de l’impression que fit en ville pareille révélation, tant parmi les catholiques que parmi les calvinistes et les amis de Grandier. Cependant les exorcismes continuaient toujours, en présence de médécins et d’un grand nombre de témoins. On était arrivé à la fin de novembre, quand Barré crut bon de se faire adjoindre par l’évêque . de Poitiers deux nouveaux témoins d’office des exorcismes. Les doyens des chapitres de Champigny et de Thouars furent en effet, nommés en cette qualité. Grandier présenta de son côté une requête à l’archevêque de Bordeaux, qui nomma comme exorcistes Barré, le P. l’Escaye, jésuite de Poitiers, et le P. Gau, de l’oratoire de Tours, tout en ajoutant des instructions détaillées pour les exorcistes, et en ordonnant d’éloigner tous autres témoins, sauf le bailli de Loudun, le lieutenant criminel, et le prieur de l’abbaye de Saint-Jouin. Ces précautions assoupirent pour quelque temps le bruit que faisaient les possessions.

Les choses en étaient là, lorsque Louis XIII ayant résolu de faire raser tous les châteaux forts de l’intérieur, le conseiller d’État Laubardemont, chargé de la démolition de celui de Loudun, vint, dans cette ville. Il prit connaissance de ce qui se passait dans le couvent des Ursulines, dont la supérieure, Mme de Belsiel (en religion sœur Jeanne des Anges), était sa parente ; et de retour à Paris, il en rendit compte au roi et au cardinal de Richelieu. Il ne tarda pas à revenir à Loudun avec une commission royale, en date du 30 novembre 1633, qui l’autorisait à informer contre Grandier. Dès le 7 décembre, celui-ci était arrêté et conduit au château d’Angers, et ses papiers saisis, où l’on ne trouva de compromettant qu’un manuscrit contre le célibat des prêtres, composé à dessein d’étouffer les scrupules d’une fille séduite.

On procéda immédiatement à l’audition des témoins, dont un nombre considérable déposèrent contre Grandier de crimes de toute espèce contre les mœurs ; une femme, Élisabeth Blanchard, ajouta qu’il lui avait proposé de la faire princesse des magiciennes. Les exorcismes furent repris également avec plus de fréquence [p.752] que jamais. De nouveaux exorcistes de différents ordres religieux furent désignés, parmi lesquels nous devons signaler surtout le P. Lactance, récollet, le P. Tranquille (7) capucin, et le P. Josef (8) également capucin, parce que leurs noms reviennent plus souvent dans les histoires de la possession de Loudun. L’accusation contre Grandier d’avoir fait des pactes avec le diable, et d’être la cause de la possession, se reproduisit constamment. L’évêque de Poitiers se rendit lui-même à Loudun pour assister aux exorcismes, le 6 juin 1634. Il fut entièrement persuadé de la réalité de la possession, aussi bien que les exorcistes, et un nombre considérable de témoins de toute qualité. Les incrédules se trouvaient surtout parmi les calvinistes, qui n’étaient pas témoins des exorcismes, et qui, suivant certains auteurs, refusaient d’y assister sous prétexte de scrupules religieux.

Cette procédure étrange, comme les exorcismes, dura sept mois, puis Laubardemont porta les pièces du procès à la cour, où on les fit examiner. On crut y trouver assez de preuves pour agir contre Grandier, et par lettres patentes du 3 juillet 1634, une commission de quatorze magistrats, pris dans différentes juridictions, fut nommée pour le juger souverainement. Le 18 août suivant, elle le déclara coupable du crime de magie, maléfice et possession, arrivés par son fait, et le condamna au bûcher. Grandier, appliqué à la torture pour l’obliger à déclarer ses complices, protesta qu’il n’en avait pas, qu’il n’était pas magicien, mais il s’avoua coupable de grands crimes, de fragilité, humaine. Ensuite il fut conduit au supplice, et exécuté le même jour.

Cependant la possession n’était pas vaincue. Elle s’était même étendue à plusieurs femmes séculières, à Loudun et aux environs, et à Chinon. Plusieurs des exorcistes eux-mêmes furent attaqués par les démons, à savoir, le P. Lactance, qui mourut le 18 septembre 1634 ; le P. Tranquille, qui vécut jusqu’en 1638; le P. Surin S. J., qui remplaça le P. Lactance comme exorciste et fut le principal acteur, dans ce drame, depuis la mort du P. Lactance. Il nous a laissé la description détaillée de son état, et beaucoup de renseignements sur la possession depuis la mort de Grandier. Il n’arriva à Loudun que quatre mois après l’exécution de ce [p. 753] dernier, et après avoir délivré en partie la mère supérieure ; des démons, vrais ou prétendus, qui la possédaient ; il fut rappelé et remplacé par le P. Récès, également jésuite, Pendant cette période, qui dura depuis la mort de -Grandier jusqu’en 1639 et 1640, où les possédées furent délivrées, et les bruits de possession s’éteignirent enfin, nous devons, signaler la visite de plusieurs personnages, qui témoignèrent en faveur de la réalité de la possession. Outre celle de plusieurs évêques, nous devons citer la visite de Monsieur, frère du roi, qui eut lieu le 9 mai 1635 ; il donna un témoignage authentique, signé de sa main, le 11 mai, en faveur de la vérité de la possession, avec les preuves à l’appui, qu’il avait constatées lui-même. Nous ne pouvons pas omettre non plus le témoignage de lord Montagu, et de M. de Quériolet, qui furent tellement frappés de ce qu’ils virent, que non seulement la possession leur parut véritable, mais qu’elle fut l’occasion de leur conversion inattendue et étonnante (9).

Voilà, en peu de mots, l’histoire des possédées de Loudun, tout à fait impartiale, mais nécessairement incomplète, puisque nous avons fait abstraction, à dessein, de toute, appréciation, et de toutes les particularités qui ont été l’objet d’interprétations contradictoires et passionnées.

Maintenant, nous allons examiner les différentes sources historiques, pour en retirer, par une saine critique, des renseignements ultérieurs, sur la véritable nature des faits singuliers arrivés à Loudun. C’est, du reste, du caractère réel de ces faits que dépend en grande partie le jugement à porter sur tout le reste des événements : procédure, exorcismes, fatal dénouement. Nous avons déjà dit que la question, est fort embrouillée, surtout à cause des écrits passionnés qui ont paru sur ce sujet. La possession, ou du moins l’intervention diabolique fut-elle réelle, ou s’agit-il seulement d’une maladie singulière, inconnue alors ? ou bien encore faut-il attribuer le tout à la supercherie, à l’imposture ? Ou bien enfin fut-ce un mélange de tout cela ?

Nous rencontrons d’abord, des partisans de l’imposture. On cite, [p. 754] parmi les contemporains, Gilles Ménage, comme étant de cet avis, dans les Menagiana. Nous n’avons pu les lire, mais nous sommes étonnés, si cela est, qu’Aubin, dont nous parlerons tantôt, n’ait pas davantage invoqué l’autorité de Ménage, ce qu’il n’aurait pas manqué de faire. Or, il n’en cite qu’une phrase générale : « Il n’y a point d’innocence à l’épreuve du choix des juges. » De plus, les Menagianane sont que des traits détachés de la conversation de Ménage, édités après sa mort par quelques amis. C’est un amas d’historiettes, qui ne se compose pas tout entier, à beaucoup près, des souvenirs de Ménage (10). Et fut-ce Ménage lui-même qui parle, il est loin d’être une autorité incontestable. On cite encore Théophraste Renaudot, le premier gazetier en France, et aussi le continuateur du Mercure français.

Mais Dreux du Radier (Bibl. du Poitou, T. IV) est le seul écrivain qui dise, et sans preuve à l’appui, que Renaudot fit une Apologiede Grandier, et publia plusieurs libelles contre Richelieu. Or, le cardinal de Richelieu fut le grand protecteur et bienfaiteur de Renaudot. Quant au Mercure français, s’il s’agit d’un volume dû à Renaudot, c’est-à-dire, depuis 1635, les mêmes raisons de douter subsistent. De plus l’extrait du Mercure français, T. XX, que nous avons lu dans Richer (ouv. cit.), semble au contraire admettre la réalité de l’intervention diabolique.

Monconys, grand voyageur qui cultivait assidûment les sciences occultes, alla voir la supérieure de Loudun, l’an 1645, quand tout était fini. Il rapporte que les lettres imprimées par le démon sur la main de la supérieure, n’étaient que l’effet d’un artifice, et qu’avec le bout de l’ongle il emporta la jambe de l’M, du nom de Marie. C’est tout ce qu’il dit (11).

Gui Patin, dans une de ses Lettres, raconte un accident survenu vers 1671 au fils de Laubardemont ; il le regarde comme une punition divine, parce que toute l’histoire des religieuses de Loudun n’avait été qu’une sinistre comédie, combinée dans le dessein de perdre Grandier. C’est là son appréciation, sincère ou feinte, car ses lettres contiennent une foule d’anecdotes fausses et des médisances atroces ; il recueillait tout ce qu’il entendait dire, vrai pu faux (1). [p. 755]

Aubin, le grand avocat de; l’imposture, ne manque pas de produire ces témoignages si graves (!) de Monconys et de Patin. Il cite encore à diverses reprises l’auteur de la Vie du P. Josef. Cet auteur est un calviniste, probablement un réfugié, son livre étant publié à La Haye, en 1706. Dans tout ce que nous en avons lu, la passion sectaire transpire à chaque ligne. Aubin n’oublie pas non plus Le Vassor, oratorien qui, après avoir quitté sa congrégation, devint l’ami de tous les chefs de la secte réfugiés en Hollande, Bayle, Basnage, etc.,. et fut enfin apostat, ayant embrassé la réforme en Angleterre. Son Histoire de Louis XIII, dont il s’agit ici, le rendit odieux même à ses amis ; elle mérita une censure sévère de la part de Voltaire lui-même. Le P. Griffet le réfute (13). Quant à l’histoire de Loudun, son thème est exactement le même que celui d’Aubin, dont nous parlerons maintenant ; ils ont publié leur livre à peu près en même temps, Le Vassor de 1700-1711, Aubin en 1716 ; selon d’autres la première édition serait de 1693 ; l’on dirait qu’ils se citent mutuellement et textuellement, mais l’ouvrage d’Aubin traite la question ex-professoet est plus étendu. L’un et l’autre écrivirent donc plus d’un demi-siècle après les événements (14). Aubin allègue cependant encore le témoignage d’un contemporain des faits, et qui fût témoin oculaire de quelques séances d’exorcisme, à savoir Marc Duncan de Gérizantes, médecin de Saumur. Mais celui-ci était Principal de l’Académie des réformés, et il s’attache moins dans son livre à l’examen des faits qu’aux moyens de les réfuter. Il attribue même les convulsions à la ruse. Or, nous verrons que cela est impossible, et que de nos jours tous les médecins, n’importe leurs opinions religieuses ou philosophiques, sont d’accord à constater la réalité des symptômes corporels, et la bonne foi des religieuses de Loudun, au moins en ce point déterminé. [p. 756]

Le plus acharné de tous les partisans de l’imposture, dans cette affaire de Loudun, celui qui a réussi à obscurcir davantage la question, et à entraîner après lui un assez grand nombre d’auteurs par leur défaut de critique, c’est Aubin, dans l’ouvrage que nous avons cité déjà, Histoire des diables de Loudun, etc. Cruels effets de la vengeance du cardinal de Richelieu, Amsterdam, 1716. Le titre seul indique le but de l’auteur. Dès sa préface, et dès les premières lignes de son ouvrage, il découvre ses batteries : dans cette affaire, selon lui, tout n’est qu’intrigues et infâme comédie : pour Mignon, il s’agit de se venger de ses ennemis, et dé se faire une réputation, de sainteté ; pour les religieuses, qu’il dresse à cet effet à toute espèce de tours de passe-passe, il s’agit de se créer des ressources et de se rendre intéressantes au public ; pour les exorcistes et les évêques, de rendre de bons offices à leur église, de faire des miracles contre les calviniste ; pour les juges et la plupart des témoins, de favoriser tous ces plans ; pour la cour et Richelieu, de se venger d’un pauvre curé. A notre avis, il n’y a pas de meilleure réfutation d’Aubin, que son livre même ; et nous ne sommes pas seuls de cet avis. Le Dr Calmeil dit que « cette calomnie est réfutée par le seul exposé des faits », et avant lui le Dr Bertrand réfute Aubin par son propre réquisitoire. De même tous les autres médecins naturalistes, que nous avons cités en commençant, rejettent absolument cette absurde explication d’Aubin (15).

Inutile d’insister. Faisons cependant remarquer qu’Aubin n’a pas dû attendre jusqu’à nos jours une réfutation, non plus que ceux qu’ils citent en sa faveur. Pilet de la Mesnardière, dans son Traité de la mélancolie, réfuta Duncan. Il est, comme ce dernier, contemporain des événements. De la Menardaye réfuta Aubin, dans son Examen et discussion critique de l’Histoire des diables de Loudun, etc., Paris, 1747 (il paraît y avoir eu une édition dès 1719). On trouve dans la préface, p. XV et suiv., une notice assez étendue des ouvrages imprimés et manuscrits pour et contre la possession. Le Vassor fut réfuté par le P. Griffet, comme nous l’avons dit.

Malgré cela, les calvinistes, surtout Aubin, en suivant le conseil de Voltaire : Mentez, mentez toujours, ont obtenu leur effet, il en est resté quelque chose. Plusieurs auteurs s’y sont laissé [p. 757 prendre, beaucoup se sont mis à douter, et il n’est pas facile aujourd’hui de voir clair.

M. de Saint-André (16), qui est d’une crédulité inouïe pour accepter toute espèce de faits, et d’un ridicule achevé dans ses explications naturalistes, dit au sujet des Ursulines de Loudun : « C’est encore un problème, si la possession était véritable, mais ce n’en devrait pas être un, si l’on ajoute foi à ce que rapportent les conversations (sur l’histoire des diables de Loudun et celle du P. Josef), et à ce qu’ajoute sur le même sujet M. de Monconys. » Saint-André fut réfuté par Boissier (17), qui ne parle cependant pas de Loudun en particulier, et qui est aussi crédule que son adversaire.

Le P. Lebrun (18) cite une lettre de M. de Rhodes, médecin à tendance naturaliste, qui mentionne incidemment parmi les prétendues possessions, imaginaires ou malicieuses, celles de Loudun (19).

Dom Calmet, nous dit : « Tout le monde parle aujourd’hui de la possession des religieuses de Loudun, sur lesquelles on a porté, et dans le temps, et encore depuis, des jugements si divers. » Et plus loin : « Je ne rapporte pas (parmi les exemples de possession réelle) celui des religieuses de Loudun, dont on a porté des jugements si divers, dont la réalité a été révoquée en doute dès le temps même, et qui est très problématique encore aujourd’hui (20). »

Un auteur moderne, M. Jay, dans son Histoire du ministère du cardinal de Richelieu, suit même les errements d’Aubin.

Sauf chez les médecins de notre siècle, il est rare de trouver des explications franchement naturalistes ; le différend se résume entre l’imposture et la possession réelle. Outre les ouvrages déjà cités en faveur de la possession, nous devons ajouter les écrits des exorcistes, du P. Tranquille, et surtout, du P. Surin (ses Lettres) ; les adversaires eux-mêmes ont généralement rendu hommage à la sincérité et à la vertu de P. Surin. De plus, il n’a pas été mêlé [p. 758] à l’affaire de Grandier, n’étant venu à Loudun que quelques mois après le supplice de ce dernier. On peut consulter encore la Vie du P. Surin, par Boudon, Chartres et Paris, 1689 ; La gloire de Saint Joseph, victorieux des principaux démons de la possession de Loudun, etc., 1636 ; La guérison miraculeuse de Sœur Jeanne des Anges, prieure des Ursulines de Loudun.

Nous ayons trouvé ces deux derniers ouvrages cités par Aubin, qui mentionne encore la Relation de ce qui s’est passé aux exorcismes de Loudun, en présence de Monsieur, par Antoine Meusnier, Poitiers, 1635.

Parmi les modernes, nous pouvons nommer pour la possession, Ribet, Mystique divine, etc., T. III, p. 200-232 ; il y cite, à la page 210-211, une lettre du P. Surin ; Leriche, Études sur les possessions en général, et sur celles de Loudun en particulier.

Ajoutons encore Göerres, La mystique divine, naturelle et diabolique, 3° partie, Tom. V, livre VIII, chap. 44 ; et de Mirville, Des Esprits, etc. Paris, 1854, p. 115 et ss.. surtout 126 et suiv. Ces deux derniers auteurs nous semblent manquer généralement de critique et être entachés de trop de crédulité ; ils peuvent cependant être très utiles à consulter.

De tout ce que nous venons de dire, le lecteur conclura avec nous, qu’il n’est pas facile de porter un jugement dans cette affaire. Cependant, nous n’hésitons pas à affirmer que la réalité de la possession a pour elle des arguments très sérieux. Ainsi, d’abord, nous trouvons ici les signes corporels de possession, qui sont toujours plus ou moins équivoques, il est vrai, mais qui sont très réels chez les Ursulines de Loudun. Que les adversaires passionnés aient cru devoir les nier, c’est une présomption contre eux pour les autres signes plus certains, qu’ils nient également. Tout le monde est d’accord aujourd’hui à reconnaître la réalité des convulsions et autres symptômes étranges que les religieuses ont présentés sans supercherie possible. Les calvinistes auraient pu les admettre, sans préjudice de leur thèse, sauf cependant à ne pas pouvoir accuser aussi facilement les exorcistes et les juges d’une atroce injustice ; ils auraient dû se contenter alors de les accuser en partie d’ignorance. Il y en a qui les traitent seulement de bigots, comme Le Vassor qui dit que les juges étaient, gens de bien, mais crédules, et choisis à cause de leur bigoterie.

Quant aux signes certains de possession, tels que les signes intellectuels, de parler des langues inconnues, de révéler des [p. 759] choses secrètes et absentes, nous devons faire observer d’abord que les adversaires, et Aubin lui-même, ne nient pas que les religieuses aient été interrogées et aient répondu en latin ; mais ils tâchent visiblement d’arranger les questions et les réponses de manière à faire croire que c’était une leçon apprise par les religieuses, que les démons ne répondaient pas toujours d’une manière congrue, etc. Or cela suppose de nouveau la plus atroce criminalité, chez des religieuses jusques alors irréprochables ; chez les exorcistes dont quelques-uns, sinon tous, sont au-dessus de pareille calomnie, et au-dessus de tout soupçon d’une conduite aussi sacrilège ; chez les témoins, si nombreux et si considérables ; chez les prêtres, les religieux de tout ordre et leurs supérieurs; chez des évêques, chez des princes et des cardinaux, et tout cela pour se venger d’un pauvre curé ! Aubin ne nie pas non plus que les possédées aient révélé des choses secrètes, qui ne pouvaient être connues naturellement ; mais il se rejette sur une théorie : les pensées secrètes ne peuvent être connues que par Dieu seul ; ceux qui prétendent le contraire contredisent l’Écriture, etc. Or, il ne s’agissait pas de pensées que le démon ne pouvait connaître, mais de pensées ou d’autres choses secrètes qu’il était en son pouvoir de connaître. Aussi les exorcistes exigeaient-ils parfois qu’on se communiquât l’un à l’autre ses pensées secrètes, avant de les faire révéler par les possédées. Alors Aubin objecte que les exorcistes ou d’autres témoins usaient de compérage, de signes connus par les religieuses, etc. Si nous consultons les témoins contemporains, le frère du roi, le P. Surin, et bien d’autres, il est difficile de nier les signes certains de possession. On cite en grand nombre des faits bien déterminés, et arrivés non à des personnages imaginaires ou inconnus, mais à des personnes connues qu’on nomme, lesquels faits ne laisseraient pas de doute. Ainsi M. de Launay de Nazilly, qui avait demeuré longtemps en Amérique, certifie, qu’il avait parlé aux religieuses dans la langue de plusieurs tribus de ce pays, qu’elles lui avaient parfaitement répondu, et lui avaient même découvert plusieurs choses qui se passaient dans ces contrées.

M. de Nismes, docteur de Sorbonne, un des aumôniers du cardinal de Lyon, fit des questions en allemand et en grec. Le P. Viguier, supérieur des Oratoriens, parla grec pendant toute une après-midi. Tous deux furent étonnés des réponses. On peut [p. 760] trouver beaucoup d’autres exemples rapportés par Göerres (21).

Après cela, nous pouvons former aussi notre jugement sur les exorcismes, sur la procédure et sa suite funeste pour Grandier.

L’hypothèse de la supercherie doit être écartée de la possession, la maladie pouvait y avoir sa part ou elle fut provoquée par le démon. Les signes de possession nous apparaissent, à nous, comme très sérieux. Beaucoup de témoins oculaires pouvaient, a fortiori, avoir la certitude morale de sa réalité. Les exorcismes jetaient donc pleinement justifiés. Pourtant nous ne voulons pas tout légitimer dans la manière d’exorciser, si ce qu’Aubin et d’autres rapportent est conforme à la vérité mais peu importe dans le cas présent.

Les poursuites contre Grandier avaient donc aussi un fondement réel, non seulement parce qu’il était dénoncé par les possédées qui ne le connaissaient même pas de figure (22), et cela aussi en dehors de leurs crises, mais encore parce qu’il était accusé par d’autres témoins. De plus, ce personnage avait de mauvais antécédents, ce qui fait dire à plus d’un auteur, que si Grandier ne méritait pas le supplice comme magicien, il l’avait amplement mérité par beaucoup d’autres crimes.

Les juges étaient, de l’aveu des adversaires, gens de bien. Ils furent nombreux, de différentes contrées et juridictions ; la procédure se fit régulièrement, et suivant les lois existantes. Le crime de magie était punissable par les tribunaux civils ; ce ne fut qu’en 1672 qu’un édit de Louis XIV défendit de recevoir les simples accusations de sorcellerie.

Si donc il est absurde de tout attribuer à la supercherie dans l’affaire de Loudun, et d’en faire une comédie sacrilège, il est ridicule aussi de se moquer à ce propos des exorcismes de l’Église ; il est injuste de s’en prendre aux juges de Grandier, sans même faire la part des idées du temps, et il est souverainement odieux et déloyal, et d’une mauvaise foi insigne, de rejeter sur l’Église catholique, ce qu’il aurait pu y avoir d’irrégulier ou de trop sévère dans la sentence d’un tribunal laïc. L’intervention [p. 761] indirecte des ministres de l’Église, par les exorcismes ou autrement, eût-elle été répréhensible, on ne pourrait pas encore en faire retomber l’odieux sur l’Église, et un tribunal, même ecclésiastique, eût-il failli à son devoir, la responsabilité n’en incomberait pas à l’autorité supérieure, sauf à démontrer sa connivence. A ce propos, veut-on savoir qui a combattu le plus efficacement les abus des procès de sorcellerie, et autres semblables ? Qu’on lise l’instruction imprimée à Rome par la Chambre apostolique, en 1657, reproduite par Göerres, ouv. et édit. cit., T. V, p. 452-457.

Tout homme de bonne foi rendra hommage, après cette lecture, à la sagesse, à la prudence, et à la modération intelligente de l’autorité ecclésiastique. Il y a lieu d’admirer, en cette matière aussi bien qu’en toute autre, combien l’Église est au-dessus des préjugés du temps, et comme elle sait s’affranchir des idées et des passions qui dominent une époque, pour défendre la vérité et.la justice envers et contre tous.

G.-J. WAFFEL-AERT, S. T. D.

Notes

(1) De la folie.

(2) De l’extase ; item Du Somnambulisme.

(3) Urbain Grandier et les possédées de Loudun.

(4) Iconographie photographique de la Salpêtrière.

(5) Études cliniques sur la grande hystérie. Appendice : L’hystérie dans l’histoire.

(6) C’est ainsi que Bourneville et Regnard, après avoir cité un passage du protestant Aubin, dont nous indiquerons bientôt le degré d’autorité, terminent par cette exclamation : « Les fabriquants de miracles de nos jours ne sont pas plus forts que les exorcistes du XVIIe siècle ! »Ouv. cité, T. 2, p. 177. Nous nous demandons ce que cet épiphonème a de commun avec la science. Ces grands savants ignorent-ils la différence entre un miracle et une opération préternaturelle du démon ? Savent-ils qui ils ont cité ou bien la critique est-elle le moindre de leurs soucis ?

(7) Le P. Tranquille écrivit aussi sur cette affaire de Loudun.

(8) Le P. Josef mérita d’être le sujet d’un livre calviniste, La Vie du P. Josef, capucin, La.Haye, chez P. de Voys, 1705.

(9) Pour ce qui regarde M. de Quériolet, voir l’ouvrage du P. Dominique de S. Catherine : Le grand pécheur converti, etc., — Lyon, 1680 ; et La vie de M. de Quériolet, par M. Collet, — S. Malo et Paris, 1771.
Et, au sujet de lord Montagu, Histoire des diables de Loudun, (Amsterdàm,.1716), p. 274 et ss., dont l’auteur ne saurait être suspect d’être trop favorable à cette conversion, comme nous le verrons tantôt ; et ce qu’il y oppose, p. 279, n’est pas de nature à donner des doutes sur la réalité des faits.

(10) Biographie universelle, v. Ménage.

(11)) Voyages de M. de Monconys, t. II.

(12) V. Biographie universelle, v Patin.

(13) Dans la préface de son Histoire de Louis XIII, et dans le 14e vol. de l’Histoire de Francede Daniel, Histoire de Louis XIII, p. 532 et ss.

(14) Le Dr Richer dit gravement, d’après G. Légué, que Le Vassor vint passer une année à Loudun et fut témoin de l’aventure du comte du Lude, qui dévoila habilement la supercherie. Aubin dit en effet que Le Vassor passa une année à Loudun, mais il ne dit pas et ne pouvait pas dire que ce fut au temps des possessions, ou qu’il put être témoin de l’aventure du comte du Lude, puisque Le Vassor n’était pas né de ce temps-là.
Tout était fini à Loudun en 1640, et La Vassor naquit en 1648. Voilà ce qui s’appelle faire de l’histoire et de la critique. V. Richer, ouv. cit., sur la grande hystérie, Appendice, page 822, note 1.

(15) Dr Richer, ouv. cit.

(16) Cette lettre est datée du 20 déc. 1690.

(17) Lettres au sujet de la magie, etc., Paris, 172.3.

(18) Recueil de lettres au sujet des maléfices, etc., servant de réponse aux lettres du Sr de Saint-André, Paris, 1731.

(19) Histoire critique des pratiques superstitieuses(Édit. Amsterdam, 1736, T. IV, p. 141. Le passage indiqué est à la page 162.

(20) Traité sur les apparitions des esprits, etc., Paris, 1731, p. 198 et 219.

(21) Ouv cité, tr. française, Paris, 1335, Tome V, p. 427 et suiv.

(22) On a mal interprété cette phrase dite par les possédées, lorsqu’elles furent confrontées avec Grandier. Celui-ci leur demanda comment elles savaient que c’était lui l’auteur du maléfice qui leur apparaissait, etc., puisqu’elles ne l’avaient jamais vu. Elles répondirent qu’elles le savaient à la passion qu’elles sentaient pour sa personne. C’était dire qu’elles ne le savaient pas naturellement, mais par le démon.

 

 

 

 

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