Emmanuel Régis. Les aliénés peints par eux-mêmes. Partie 5. Article paru dans la revue « L’Encéphale », (Paris), première série, 1886 en 5 partie distinctes (voir ci-dessous) (pp. 642-655).

Emmanuel Régis. Les aliénés peints par eux-mêmes. Partie 5. Article paru dans la revue « L’Encéphale », (Paris), première série, 1886 en 5 partie distinctes (voir ci-dessous) (pp. 642-655).

Article en 5 parties toutes en ligne sur note site.

Emmanuel Régis (1855-1918). Bien connu pour son célèbre Manuel de psychiatrie qui connut six éditions sous deux titres différents : Manuel pratique de médecine mentale (1885 et 1892) – Précis de psychiatrie (1906, 1909, 1914, 1923). – Très sensible aux idées freudienne il publie un ouvrage commun avec Angelo Hesnard, La Psychanalyse des névroses et des psychoses en 1914. – Il est l’auteur de nombreux ouvrages et de plusieurs dizaines d’articles. Nous avons, parmi ceux-ci, mis en ligne sur note site;
— Des Hallucinations oniriques des Dégénérés mystiques. Extrait du « Congrès des Médecins Aliénistes et Neurologistes de France et des pays de langue française – Cinquième session, tenue à Clermont-Ferrand du 6 au 11août 1894 – Procès-verbaux, mémoires et discussions », (Paris), 1895, pp. 260-27
— La dromomanie de Jean-Jacques Rousseau. Paris, Société d’imprimerie et de librairie, 1910. 1 vol. in-8°, 12 p.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original. – Les images sont celles de l’article original, sauf le portrait qui a été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

[p. 118]

LES ALIÉNÉS PEINTS PAR EUX-MÊMES

VII

MANIE RAISONNANTE OU FOLIE MORALE (suite) (1)

La manie raisonnante est une affection mentale qu’on a trop rarement l’occasion d’observer dans toute son intégrité, pour qu’il ne me soit pas permis d’insister sur les écrits de Faur, de la Rivière, que j’ai publiés dans l’Encéphale. Ce malade constitue l’un des meilleurs types cliniques de cette maladie, je vais rapporter quelques extraits de ses productions littéraires et scientifiques.

Les nombreux écrits du malade, que je possède et qui ont tous été rédigés à l’Asile Sainte-Anne, pendant le séjour du sujet dans le service de la clinique, constituent divers fragments d’une œuvre destinée à être complète, et qui a pour titre : Philosophie naturelle.

Les principales questions traitées par le malade dans ces écrits sont les suivantes :

Hypothèse sur l’origine des mondes.

État atomique, magnétisme.

Ondes sonores.

Théorie des inductions.

De la Folie, œuvre de 200 pages environ qui contient les chapitres suivants : 1° Esprit, Mens, Intelligence, Ame, Raison Folie ; 2° Théorie des propagations physiques de la Pensée, de la Réflexion, des Idées ; Corrélation inductive ; de l’Hallucination (ouïe) ; de l’Hallucination (Vue) ; de la Communication psychique à distance ; 3° Causes naturelles de la Folie ; Maladies nerveuses ; du Délire, de l’Extravagance, de la Divagation, de la Démence, de la Paralysie générale, du Divorce et de la Folie, etc., etc. [p. 119]

Nous citerons quelques-unes des nombreuses définitions qu’il a semées dans ses écrits, nous réservant d’exposer une de ses conceptions les plus chères, celle de la théorie des hallucinations. Voici donc, prises au hasard, quelques-unes des idées philosophiques et scientifiques de Larcé.

« Le sens de la quantité est un élément de l’espérance, ce microscope intellecto-psychologique, que d’habiles exploiteurs présentent à l’enfant au berceau par l’organe de sa mère, et dont la dernière image sera présentée par eux au moribond, sous la légende d’une félicité éternelle, d’un paradis où le nègre indolent doit trouver blancheur du teint, aliments à son choix et repos absolu; le bédouin lubrique, luxure sans épuisement, et le catholique, la plus rare des absurdités : la vue éternelle d’un être qui n’a ni corps ni figure, qui ne peut tomber sous les sens, et qui, sans cesser d’être un, est divisé ep trois personnes. « Le paradis, disait un Pape, c’est le désir absurde d’une imagination romanesque », et il avait raison, car le paradis est la promesse d’une hallucination éternelle. »

« L’âme est la manifestation de la pluralité des existences, de l’ubiquité de l’intelligence ; la manifestation des rapports existant entre les différents modes de la matière. C’est en un mot, la preuve physique par laquelle la matière universelle se sent exister. L’âme universelle est donc à la matière ce que l’intelligence est au corps humain. L’âme peut donc être définie : Un fait physique général et universel, produit des causes individuelles de tous les corps matériels. » « L’épilepsie n’est pas, ou mieux n’est plus une maladie nerveuse, c’est un accident chylo-lymphatique, mais presque toujours elle s’associe une maladie nerveuse dont elle provient ; elle ne peut pas être superficielle, aussi, agit-elle violemment sur les viscères et leurs organes corrélatifs, sur l’appareil de la respiration. Les troubles intellectuels dont sont suivies certaines attaques d’épilepsie, sont en grande partie dus à son action perturbatrice sur les poumons. Ce n’est pas l’épilepsie elle-même qui les produit, ils sont dus à une surabondance de gaz acide carbonique. »

« L’extravagance comprend tous les actes qui sortent de sa réalité de l’expression, ou toutes les expressions qui sortent de la réalité de l’acte. » [p. 120]

« La divagation n’a plus de réalités, c’est une suite d’erreurs consécutives à une erreur, et, fait remarquable, quand le divagateur arrive à une interprétation logique, à une interprétation sensée, il se reprend comme ayant fait erreur. »

« La démence tient à l’affaiblissement général des organes récepteurs et des organes réacteurs ; c’est la non-participation aux actions impulsives des nerfs médullaires, surtout dans la démence sénile, qui est une existence toute de souvenirs, à peu près sans mémoire et sans conscience des personnes, des faits, des choses, des temps et des lieux. C’est peut-être, avec la folie raisonnante, la seule des maladies mentales qui exclut tout raison de cure. »

« La folie est une affection cérébrale, ordinairement chronique, sans fièvre, et caractérisée par des désordres de la sensibilité, de l’intelligence et de la volonté ». Esquirol, qui n’avait pas saisi l’Université universelle, considérait évidemment dans l’individualité humaine l’homme qui sent, l’homme qui pense, l’homme qui compare, l’homme qui veut. Considérée à ce quadruple point de vue, sa définition de la folie est sinon exacte, du moins logique et conséquente à la manière d’envisager l’homme physico-psychique. Mais l’homme, considéré au point de vue unitaire de l’économie universelle, nous inspire cette définition de la folie qui, selon nous, n’est point une affection cérébrale, mais : « un affaiblissement général et consécutif de toutes forces atomiques des différents organes dont l’unité d’action produit la puissance réactive du moi. » Ce qui explique les formes passive, active, surexcitative et dépressive de cette maladie ou peut-être mieux de cette névrose. »

« La Paralysie générale est une affection névro-polyamique ordinairement à localisations centrales variables, consécutives quant aux effets intellecto-pathologiques, presque toujours pré- cédée de délire et accompagnée de démence, qui ne sort jamais du caractère général de l’individu, que le délire expose à nu. »

Ces différents extraits suffisent à donner une idée générale des questions abordées par le malade, et de sa manière de les concevoir.

Nous allons exposer maintenant, sa théorie des hallucinations.

Prenant comme point de départ de tout son système philosophique, sa théorie des Inductions et de la [p. 121] Propagation des ondes, Larcé admet que la Pensée, la Réflexion, les Idées, sont susceptibles de se propager à la manière des ondes, par un phénomène purement physique, et en déduit que deux ou plusieurs individus peuvent, de la sorte, communiquer psychiquement à distance. C’est ce qu’il appelle l’état de corrélation inductive. L’hallucination devient dès lors pour lui un phénomène pathologique de corrélation inductive, c’est-à-dire que l’individu qui entend des voix ou voit des objets, alors que ses sens n’ont pas été impressionnés, entend les voix et voit les objets qu’entend et voit un autre individu avec lequel il est en corrélation inductive.

Voici quelques fragments des écrits du malade qui feront mieux comprendre cette théorie, véritablement originale.

« Quand on suspend un violon avec un fil de soie au milieu d’une salle sphérique, à telle hauteur que le centre des cordes passe par le centre de la salle, et qu’accordant un autre violon, on en tire des sons, on observe que selon le point qu’on occupe, le violon suspendu rend des sons à l’unisson, à la tierce, à la quarte, à la sixte, mais jamais à la quinte ni à l’octave des sons tirés du violon inducteur. Quand on tient un saxhorn à quelque distance d’une fanfare exécutant un morceau de musique, en mettant la main sur le bord du pavillon, on sent toutes les notes exécutées, et, si les accords sont faux, la sensation perçue le révèle par une trépidation phonique. Tout le monde sait en raison de quelle loi ce phénomène se produit. Hé bien, au point de vue intellectuel, c’est un phénomène analogue qui se produit, et c’est d’une vibration nervine analogue à la trépidation mentionnée, que naissent ce qu’on nomme les pensées, la réflexion, les idées coïncidentes. Telles se propagent les idées, les pensées etc., mais avec ces remarques à faire : 1° les distances peuvent être infinies ; 2° le temps de la propagation est nul ; 3° les vibrations nervines peuvent parcourir des intervalles partant de l’unisson et modifiant, en deux types choisis, les pensées, les sensations propulsives et les actes manifestations jusqu’à l’inversion, c’est-à-dire les modifiant de la vérité à [p. 122] l’erreur. Voilà un grand secret de la nature, non, car elle n’a pas de secrets ; voilà l’intimité des lois du contact intellectuel, le dessous de la carte du diable, du spiritisme qui, certes, ne date pas d’hier, puisqu’à Delphes, Apollon disait au philosophe par la Pythie : Connais-toi ».

Observation faite sur des aliénés. — Quelque temps après mon arrivée à l’asile d’aliénés de Saint-Dizier (Haute-Marne), j’observai que certains jours, à certaines heures, une vingtaine d’aliénés, sur une centaine réunis dans le même quartier, se mettaient à chanter qui l’un un chant d’église, qui l’autre un cantique, celui-ci une romance, celui-là une chanson grivoise.

Un jour que je rêvais à la cause de ce phénomène en me promenant dans la cour, j’entendis, ou je crus avoir entendu les sons de l’harmonium. Je montai à la chapelle qui est au premier, et je vis que je n’avais pas été dupe d’une illusion d’acoustique : on faisait la répétition de chant. Je m’informai, et j’appris qu’elle avait lieu deux fois par semaine, aux jours et à l’heure où les aliénés chantaient. Depuis, j’ai remarqué bien souvent qu’une simple lecture des yeux, faite dans une salle commune, était traduite, quant à l’idée principale, par plusieurs aliénés qui l’interprétaient à leur manière. Il en est de même pour certaines conversations tenues mezzo-voce.

Mais qu’est-ce que le rêve ?

Une hallucination aiguë des plus compliquées ; l’hallucination complète de tous les organes sensoriaux, quelquefois même augmentée d’une autre hallucination aussi complète, puisqu’on peut rêver qu’on se couche, s’endort et rêve.

Quelle est la cause du rêve ?

La cohabitation simultanée en plusieurs endroits. Rêver c’est se sentir multiple sans en avoir intellectuellement conscience, car on rêve quelquefois qu’on se voit faire quelque chose et c’est un cas qui semble avoir échappé aux chercheurs.

Pour voir il faut l’organe de la vue : un œil.

Le rêve est inductif, car dans une chambrée il arrive fréquemment que plusieurs personnes rêvent la même chose, sauf quelques détails incidents provenant sans doute de la diversité des occupations intellectuelles des rêveurs, ou de toute autre cause modificatrice.

Si le rêve est un multiple de notre esprit habitant simultanément plusieurs corps, s’il est inductif, la cause des changements rapides de scène et la bizarrerie des images s’expliquent très naturellement. [p. 123]

Considérant que les animaux rêvent, je suppose que A dorme et entre, par une cause quelconque, en relation vitale avec un animal qui lui-même dorme, étant en relation avec B, son maître, qui lui, assis devant un grand feu, résiste au sommeil parce qu’il est en relation vitale avec son fils C qui veille, assistant à une représentation dramatique ; A, par l’influence prostatrice de son sommeil, commun avec celui de l’animal, entre en rapport intellectuel avec cet animal qui voit le feu par les yeux de B en même temps qu’il voit la scène par les yeux de C.

A voit la scène, mais l’animal ne lui communiquant pas un raisonnement dont il est dépourvu, A ne saisit point les rapports qui existent entre les différents personnages de la représentation, et son intelligence est d’autant plus dévoyée que, chaque fois que B, qui résiste au sommeil ouvre les yeux, il semble à A que les personnages marchent dans le feu. On conçoit facilement que des combinaisons analogues peuvent se produire à l’infini et que les rêves peuvent être infiniment extravagants. Quant à la ressemblance avec telle ou telle personne, elle n’est que fictive, c’est une sorte de fascination produite par une réminiscence individuelle du cerveau du rêveur, et la preuve, c’est que lorsqu’une semblable réminiscence s’éveille dans le cerveau d’un des dormeurs corrélatifs du rêveur, celui-ci voit les personnages de son rêve changer de forme, ou de visage, quelquefois même ils prennent un visage mixte dont quelques traits sont connus au rêveur, alors que les autres lui sont inconnus. Tout s’explique par cette hypothèse, même le cas ou le rêveur se regardant dans l’eau, dans une vitre ou dans une glace, se trouve changé de sexe, même le cas où quoique sachant très bien lire, il ne peut pas déchiffrer un écrit dont il reconnaît toutes les lettres; le cas, enfin, où le rêveur qui ne connaît point les lettres, lit les imprimés et les manuscrits. Comment expliquer autrement le phénomène qui nous fait rêver, en plein jour, la nuit avec son ciel étoilé, ou en pleine nuit, le jour resplendissant sous son soleil radieux. En ces cas, les corrélatifs du dormeur habitent l’autre hémisphère. Il se peut même que le paysage ou l’intérieur soit vu par un animal de l’autre hémisphère, ou par un animal de notre hémisphère. On sent alors combien l’illusion peut être forte. Qu’on suppose un instant un rêveur en relation avec l’organe de la vue d’un oiseau nocturne qui vole, quelle teinte obscure-claire [p. 124] du paysage, quelle perspective ! Comme tout se rapetisse et s’entasse sous l’œil d’une hirondelle, et comme tout se développe et s’étend devant l’œil d’un cheval, d’un dromadaire ou d’une gazelle ! Sans parler des combinaisons des différents organes visuels qui peuvent être au service du même dormeur, quelle étude !! Quelle terreur, quelle aberration quant au jugement, quelle frayeur intellectuelle, quel cauchemar si l’on n’oublie point qu’on peut entrer en rapport intellectuel avec un lecteur d’Hoffmann ou de Byron. Hé bien, je crois que cette théorie, suivant la nature pas à pas, la surprend en flagrante opération et lui dérobe un secret qu’elle ne cache point d’ailleurs. Bonne Nature, mère sage et prévoyante, que nous sommes inconstants, légers et ingrate de t’accuser d’être marâtre, toi qui nous prodigues tant de leçons ! Mais il semble que tel est notre destin. Encore un bienfait peut être !

Alcoolisme. L’usage des boissons alcooliques met, quand on en abuse, en corrélation avec les mouvements rapides et continus, cascades, torrents, rivières, chemins de fer, navigation, etc., tout ce qui peut contribuer au vertige et s’harmoniser avec lui, cela par l’évaporation plus ou moins rapide de l’alcool ; voici pour les corrélations purement physiques.

Quant aux corrélations animales : comme presque tous les mouvements vitaux de l’ivrogne convergent vers la tête, pour s’exhaler en délire, il entre facilement en rapport vital avec les animaux dont le siège de la locomotion réside presque tout entier vers la tête : cétacés, poissons, reptiles, etc. ; de là vision d’animaux semblables, de l’eau, d’accidents de machines ; l’entendement de bruits confus, graves ou aigus ; la vue de feux se mouvant, les frayeurs subites, les tremblements, etc.

Quant aux idées noires, pressentimentales, elles tiennent à l’entendement perverti de lectures ascétiques, et proviennent de l’insomnie, par corrélation avec des religieux ou des religieuses qui se livrent à des pratiques de dévotion pendant la nuit et s’excitent à la pénitence. Si en même temps on considère que le mouvement habituel met les ivrognes en rapport avec d’autres ivrognes, on comprend comment ils sont grossiers, violents, entêtés, querelleurs, impudiques, comment ils injurient sans cesse, comment ils ressentent des secousses, des chutes, des coups, comment ils déglutinent.

Je suppose que chaque genre d’aliénation doit influer sur [p. 125]

les organes génitaux chez les mâles, et se dessine, s’estompe chez les femelles dans ceux de l’allaitement ; ce qui me conduit à cette supposition, absolument exempte d’observation de ma part, ou d’autre et qui me soit connue, c’est que, dans l’un et l’autre sexe, se sont ces organes qui se développent les derniers, et si l’observation venait confirmer cette supposition, le traitement serait à peu près certain, puisque c’est sur ces organes qu’il devrait porter, et qu’ils sont très sensibles et influent sur l’encéphale. Il est bien sensible que j’abrège, que, complètement incompétent, je me borne à indiquer la voie ; à vous, M. Régis, de juger si elle est praticable, je vous offre ces données pour avoir le droit de les oublier, certain que je suis que vous saurez les faire fructifier s’il y a lieu de les étudier. A vous de combler les lacunes.

Votre serviteur très humble,
LARCÉ.

Ite, ite semper carissimi filii, sub legibus Naturæ (F.).

 

Il serait difficile, je crois, de trouver des écrits d’aliénés plus intéressants, au point de vue de l’état mental qu’ils représentent, que ceux qui précédent. Il y a là un mélange d’imagination et de jugement, de cohérence et de divagation, de vraisemblance et d’absurdité, et, par-dessus tout, une apparence de lien logique et de coordination dans les idées qui montrent combien est juste, au fond, dans certains cas, cette appellation de folie raisonnante, et combien l’intelligence peut être troublée, sans que les facultés syllogistiques et le raisonnement aient subi d’altération manifeste.

Il faut noter, d’ailleurs, que les malades pareils à celui que je viens de mettre en scène ne délirent que bien rarement, surtout en paroles, et que parfois leurs écrits seuls les trahissent, alors que la plus longue conversation avec eux n’a pu dévoiler complètement leur trouble mental. [p 126]

Est-il étonnant, après cela, que le public extra-médical se refuse obstinément à ne rien voir que d’absolument raisonnable chez ces malades ? Et comment pourrait-il en être autrement, lorsque des médecins spécialistes eux-mêmes, faute d’une étude suffisamment attentive de ces aliénés, n’hésitent pas à les déclarer sains d’esprit ?

C’est du reste ce qui est arrivé à Larcé, le malade dont on vient de lire quelques-unes des élucubrations les moins fantaisistes et les moins déraisonnables. Transféré de la Clinique dans un autre service, toujours avec le même état mental, il ne tarda pas à être mis en liberté, comme non aliéné.

C’est là l’épilogue de son histoire, si ses idées ou ses actes pathologiques ne le ramènent pas bientôt dans un Asile d’aliénés.

E. RÉGIS.

 

 

 

 

 

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