Emile Roy. Observation de magnétisme occulte. Paris, Imprimerie de Bourgogne et Martinet, 1840. 1 vol. in-8°, 14 p.

Emile Roy. Observation de magnétisme occulte. Paris, Imprimerie de Bourgogne et Martinet, 1840. 1 vol. in-8°, 14 p. [B. n. F. 8-TB64-157]

 

Emile Roy. Docteur en médecine et chirurgien major.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. –  Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

Observation
de magnétisme occulte
par Emile Roy,
Docteur en médecine, ancien chirurgien-Major.

[p. 3]

Lorsqu’on vient présenter au public l’exposé de faits en dehors des lois connues généralement ; que ces faits sont d’autant plus extraordinaire qu’ils semblent tenir du merveilleux et qui se produisent fort rarement, il faut s’armer d’un courage plus que stoïque et s’attendre à être en but à tous les sarcasmes, à toutes les plaisanteries, à toutes les contradictions que l’on rencontre d’ordinaire quand on sort des limites des connaissances vulgaires pour s’élever dans des régions peu connues, dans la société ignore pour ainsi dire complètement la force des influences. Aujourd’hui personne ou presque personne n’ose croire aux miracles, aux inspirations divines, au possessions diaboliques, aux apparitions d’esprits, aux prédictions extatiques, au magie surtout, dont l’Antiquité nous offre tant d’exemples surprenants. Dès qu’un homme vient annoncer au monde savant, ou plutôt au monde prétendu savant, un fait qui sort du cercle reçu, il est taxé de fou, de visionnaire, de maniaque, d’halluciné, quelquefois de charlatan, de fripon, d’assassin même, et les masses ignorantes, qui ne pensent que par le cerveau des hommes haut placés sur l’échelle scientifique, s’empressent de faire chorus avec eux. Cependant, le peu de gens qui se sont adonnés à l’étude [p. 4] de la philosophie occulte poursuivent leurs travaux mystérieux sans s’inquiéter du jugement des incrédules, des rires hébétés des sots, des attaques ridicules de l’ignorance envieuse ; et chaque jour des faits nouveaux, inouïs, viennent grossir l’énorme dossier des preuves irréfragables qu’ils ont accumulées en faveur de leurs opinions avancées. D’après ces considérations, je me plais à publier une expérience dont je suis l’objet depuis longtemps déjà, laissant à mes lecteurs le soin d’apprécier la valeur du cas chacun selon ses vues.

Après avoir quitté l’armée, je suis rentré le 1er décembre 1859, comme chirurgien-major en disponibilité, à Périgueux (Dordogne), pour me reposer des fatigues de la guerre au sein de ma famille ; je pris un logement en janvier 1840 chez M. Lavaud, mon ami et mon parent. Là, occupé de musique, de lectures agréables, environné de soins affectueux, que me prodiguaient des femmes aimables, je me trouvais heureux, lorsque, vers le mois de février, les bruits sourds tendant à nuire à ma réputation circulèrent dans la ville, et m’obligèrent de faire insérer dans les journaux du département des lettres de mes chefs qui devaient faire tomber la calomnie.

Cependant ce fut au mois de mars que trois magnétiseurs ambulants, amenés, payés par je ne sais qui, commencèrent dans l’ombre d’une manière criminelle à me magnétiser à distance et à développer déjà des phénomènes que je ne pouvais m’expliquer, mais qui m’occupaient beaucoup ; ainsi alors j’entendais des personnes qui me calomniaient, mais je ne pouvais les distinguer ; j’éprouvais des maux de tête, j’étais inquiet, le système nerveux commençait à être dans un état d’irritation anormale, je ressentait enfin parfois des mouvements fébrile. Cet état se prolongea quelques temps sans me fatiguer beaucoup ; mais c’est en avril que j’ai prouvé pour la première fois un accès de fièvre magnétique assez fort, puisque je me crus alors menacé par ma famille tout entière, dont les voix m’arrivaient parfaitement semblables à celles que [p. 5] je connaissais, mais surtout par mon frère, qui semblait me provoquer.

Mon frère, ainsi que toute ma famille, me chérissait alors comme aujourd’hui, j’en ai eu des preuves manifestes, et cependant, la tête en feu, dans un état de délire, l’estomac surexcité, le pouls agité, et quelques autres symptômes secondaires me tourmentant, je me rappelai avoir dit à ma cousine, Madame Lavaud, en présence de ses filles : « Mon frère vient me braver ; il me menace, il me provoque, je ne tirerai pas le premier, mais s’il veut se battre, je ne recule jamais. » Eh bien, mon frère m’aimait alors, comme il a toujours fait, et c’était les misérables magnétiseurs occultes qui commençaient à me tenir en rapport.

Tourmenté plus tard par des voix qui m’insultaient, me menaçaient, surtout la nuit, et croyant que la famille Lavaud, dont on imitait les voix à s’y méprendre, me trahissait, je quittai cette maison, qui m’avez comblé de bontés et de soins affectueux, pour prendre un logement où j’occupai seul au premier de vastes chambres.

Quelques temps après mon changement de domicile, les trois misérables qui m’ont rendu si malheureux depuis, et qui avaient calculé d’avance l’avantage qu’ils trouveraient en m’isolant pour arriver plus facilement à leur coupable but, puisqu’ils avaient cherché à obtenir ce résultat, prirent tous leurs moyens pour agir ; et après avoir essayé, sans aucun doute, nombre de fois à me placer sous leur influence, finirent par arriver à ce résultat vers la fin mai. Alors, un soir, au moment où j’allais passer de la veille au sommeil, c’est-à-dire où ma volonté, mes forces réactives allaient m’abandonner momentanément, je fus magnétiser à flots, si je puis m’exprimer ainsi, et le lendemain je dépendais complètement de mes persécuteurs. C’est dire que les trois étrangers, que je n’avais jamais vus, c’était emparés et à mon insu, contre ma volonté, de ma liberté est un moral que physique, qu’ils voyaient par mes yeux, entendaient par mes oreilles, touchaient par mes mains, etc., [p. 6] que comme magnétiseurs ils pouvaient savoir tout ce que je faisais, tout ce que je pensais, et que moi je ne pouvais que les entendre, et encore cela était subordonné à leur volonté.

Ces phénomènes merveilleux auraient pu peut-être supportés un moment, malgré le procédé infâme qui leur avait donné naissance ; mais que direz-vous d’une insomnie de dix jours, d’une céphalalgie des plus violente, avec menaces de congestion cérébrale, d’irritation gastro intestinale grave, avec constipation des plus fatigante, une activité musculaire si forte, que sans pouvoir manger j’étais constamment à courir de côté et d’autre sans pouvoir m’arrêter nulle part : enfin, je sentais, si et état avait duré, la vie m’échapper.

J’ai douté, jusqu’au moment où j’ai éprouvé ces accidents, de la cause de ma maladie ; mais ces voix, qui venaient retentir à mes oreilles, et la présence d’un sieur Fugères, magnétiseur connu et opérant ouvertement à Périgueux, me faire penser que des ennemis cachés m’avaient fait magnétiser occultement ; et j’étais d’autant plus porté à avoir ses idées, que jetais calomnié, menacé constamment, injurié, au point que dès le deuxième jour où je me vis sous une influence étrangère et criminelle, je me roidit contre les misérables qui m’avaient attaqué ainsi, je fis tous mes efforts pour les voir en face, mais ils restèrent cachés ; j’avais affaire à des lâches comme je n’en connu jamais.

Le lendemain ou le surlendemain, voulant connaître si le sieur Fugères avait figuré dans ce lâche attentat, je lui fis une petite visite, et le priai de me magnétiser voulant connaître s’il parviendrait à faire cesser ou à détourner le mal qui me tourmentait si violement. Je ne pus découvrir là-dessus rien de ce que j’aurais désiré connaître ; il se contenta de me dire qu’il me magnétiserait à la société philologique. Je ne revis pas depuis.

Quelques jours après celui où je me trouvai en rapport forcé avec les individus dont j’ai parlé, ils se forment un aéropage que j’appellerai magnétique, et dont je ne puis indiquer la composition, puisqu’il est resté constamment caché ; mais croyant [p. 7] malgré que ma position fut des plus légales, et que je pusse lever la tête partout, que les maçons périgourdins, trompés par de faux rapports, avaient voulu sonder ma conduite passée et présente, je voulu obéir à cet aéropages pour faire cesser le plus tôt possible le mal qui me tourmentait. Sur ses ordres, je me rendis, quoi que bien malade, chez le procureur du Roi, le colonel commandant le département, et quelques autres autorités, pour leur rendre compte de ma conduite ; mais ces monsieur me renvoyèrent en me disant qu’il n’avaient pas besoin de justification de ma part, et qu’ils ignoraient qui avaient pu me porter à faire une pareille démarche : je répondis que j’avais l’idée qu’une société amis, que je ne nommais pas, m’avait forcé à ces démarches.

Je me rappellerai  longtemps que pendant mon séjour chez le procureur du Roi, j’étais assis en l’attendant vis-à-vis le buste de Napoléon, et pendant que je contemplais les traits du grand capitaine, une idée étrangère m’arriva malgré moi, et se développa pas dans mon cerveau ; elle est si obscène que je ne l’écrirai pas ici, mais je fus fixé alors sur ce que pouvaient faire des magnétiseurs criminel chez un homme qu’ils voulaient perdre, et dès ce moment je vis qu’ils ne pouvaient m’avoir que la vie, et que ma réputation d’honnête homme me resterait.

Ou trois jours après ses visites chez les autorités, toujours ordonnée par l’aéropage que je croyais maçonnique, je fût décrétée par ce lâche tribunal comme atteint de folie et forcé de me retirer à la campagne, à une lieue de Périgueux. J’obéis par bonté. Pendant ce voyage, insulté, menacé par les misérables magnétiseurs qui se disaient maçons, et centralisaient les voix de plusieurs personnes, accablé de douleur et d’ennui, il m’a fallu toute la force d’âme d’un homme bien trempé, d’un vieux militaire, d’un père chérissant son enfant, pour ne pas me jeter dans la rivière ou me brûler la cervelle, surtout au moment où, arrivant près de la maison de mon père, j’ai entendu les voix de mes parents me dire que j’étais un réprouvé, que je ne pouvais vivre près deux, qu’il fallait [p. 8] m’éloigner, ou qu’ils me tueraient. Tout cela était encore de la ventriloquie magnétique ou l’effet d’instruments qui produisent le même résultat en arrivant aux oreilles du magnétisé.

Arrivé dans ma famille, tout éplorée de mu fatale posi­tion, je fus obligé pendant douze jours de supporter les atteintes presque toujours douloureuses dont on se faisait un jeu de m’accabler ; affecté alors de gastro-entérite avec irritation cérébrale, à la diète depuis plusieurs jours, amaigri affaibli au physique, j’ai constamment conservé ma volonté , quoiqu’ elle ait été attaquée bien souvent. Là j’ai, dans les premiers moments de mon séjour, reçu l’envoi d’idées homicides relatives à mon père, d’idées obscènes relatives à mère, à mes sœurs ; j’ai été accablé d’idées calomnieuses ou des plus criminelles, et j’ai pu supporter cela sans succomber ; j’ai même fini par vaincre mes adversaires à cette époque dans une lutte si inégale.

De retour à Périgueux, je devais voir et connaître mes magnétiseurs ; mais toujours lâches jusqu’à la fin, ils n’ont jamais osé, pas plus que ceux qui les avaient laissés opérer, se déclarer les auteurs de cet acte infernal, et j’ai été trompé dans mon attente, cette fois comme tant d’autres.

Alors, sous le prétexte que ce rapport magnétique avait fait connaître ces phénomènes extraordinaires, ces trois magnétiseurs en question m’ont proposé un moment d’être dorénavant bienveillant, quoique toujours agissant dans l’ombre, si je voulais les seconder dans des expériences qui nous seraient profitables. J’ai accédé à cette proposition, croyant trouver le bien à côté du mal, comme cela arrive souvent ; mais, au bout de quelques jours, j’ai reconnu que j’étais joué continuellement, et qu’on cherchait encore, après m’avoir assassiné normalement, à m’humilier, à me déshonorer d’une autre manière. J’ai témoigne alors la volonté de n’avoir aucun rapport avec mes ennemis invisibles, et j’ai demandé instamment aux autorités de faire en sorte que je fusse débarrasser de ces gens sans pouvoir jusqu’ici obtenir. [p. 9]

Je pense bien que des effets si extraordinaire d’une cause peu connue ne seront pas acceptés par tout le monde comme le résultat des expériences positives appréciées par un jugement sain et analysées par la froide raison ; cependant, à l’appui de choses surprenantes, je pourrais citer les opinions de philosophes célèbres dans l’Antiquité, de savant du Moyen Âge et d’habiles contemporains. Je me contenterai de prendre quelques observations de ces derniers, afin de les comparer à mon observation propre, avec laquelle elles ont un rapport saisissant.

Un journal quotidien, appartenant à la presse politique parisienne, citait il y a quelques temps un fait observé par Monsieur le docteur Récamier, membre de l’Académie royale de médecine de Paris. Voici ce fait :

Un paysan, d’une bonne santé en apparence, éprouvait depuis quelques temps des insomnies auquelles il n’avait jamais été sujet. Toutes les nuits, à une certaine heure précise, il entendait un bruit assourdissant du chaudron frappé vigoureusement ; et s’il dormais déjà, ce bruit l’éveillait ; s’il ne dormait pas encore, il était par cela privé de sommeil. Cet homme ne pouvait s’imaginer d’où lui venait un son aussi désagréable et aussi fatiguant. Il pensait être atteint d’une affection de l’oreille ou même d’une maladie cérébrale. Ayant entendu dire que le célèbre Docteur Récamier était venu visiter une personne qui demeurait non loin de chez lui, il pris la résolution de demander au médecin de la capitale quel était son avis sur la cause de ce qu’il éprouvait. Le célèbre docteur, en homme habile et expérimenté, lui fit plusieurs questions, sans pouvoir obtenir par les réponses des éclaircissements suffisants pour être fixé sur la nature de l’affection. Cependant, ayant résolu d’examiner le cas très sérieusement et avec toute l’attention d’une philosophe, il attendit que le bruit se répéta aux oreilles de son client. Cela arriva comme de coutume. Mais le patient seul était affecté du son de l’airain, qui n’était entendu par aucune des personnes qui se tenaient à côté de lui ; ce qui portait celle-ci a pensé que ce malheureux [p. 10] il était en proie à une hallucination voisine de la folie. Cependant de nouvelles questions adressées par le médecin amenèrent des éclaircissements à la suite desquels le pauvre homme retrouva sa tranquillité. Un certain forgerons, demeurant dans un village assez éloigné de la maison du patient, et qui voulait du mal à celui-ci pour des raisons peu majeures, s’amusait, dans le but de l’inquiéter, à battre un chaudron toutes les nuits, à la même heure ; et bien que ce bruit ne pût être entendu par les gens non soumis à son influence, même à une distance peu considérable, le malheureux paysans l’entendait aussi clairement que s’il eût été dans la chambre même.

Le docteur ayant appris l’imitié qui régnait entre ces deux hommes, et supposant la malicieuse influence de l’un sur l’autre, se rendit près du forgeron, l’intimida par ses discours, lui fais faire l’aveu de son acte magnétique, er l’épouvanta tellement par les menaces qu’il lui adressa, que le magnétisé fut désormais laissé en repos et n’a plus rien entendu depuis.

M. Ricard, directeur du Journal du magnétisme, demeurant rue Saint-Honoré, n° 373, que j’ai eu l’honneur de visiter, dit dans un ouvrage (1) qu’il a publié récemment :

« Une faculté dont je n’ai pas parlé encore, qui est pourtant commune à tous les somnambules, mais dont plusieurs de veulent jamais user, c’est celle de procéder en mal à l’égard de certaines personnes à l’insu ou contre la volonté de leur magnétiseur. Oui à plus, quelques hein pousse la méchanceté jusqu’à tenter de nuire à leur magnétiseur même, alors que celui-ci n’a rien fait pour s’attirer leur haine.

«  J’ai rencontré de ces méchants somnambules, mais je les ai toujours contraints d’arrêter leurs mauvaises actions, et je les ai souvent fait repentir de leurs desseins perfides en les foudroyant pour ainsi dire lorsqu’il s’obstinaient à me résister, et en leur laissant à eux-mêmes toutes les souffrances [p.11] qu’ils destinaient à autrui. J’avoue que, dans des cas semblable, je n’ai jamais craint de servir contre un sujet, quelque fâcheux que cela pût être pour lui dans la suite, aiment mieux lui faire subir la peine de sa faute, que souffrir le développement est visage de facultés de nuisibles.

« Ce que je dis ici des sujets qu’anime le désir du mal me conduit à faire connaître les mauvaises influences que peuvent exercer et qu’exercent effectivement par malheur certaines gens que la classe ignorante désigne encore sous l’épithète de sorciers. Ces gens qui exerce une action magnétique réel, sans se douter seulement qu’il y a un mot magnétisme, ont la plus part d’une puissance terrible.

« C’est probablement cette action malfaisante, exercée par des êtres aussi « criminels que misérables, qui a inspiré les craintes qu’on manifestées, relativement aux applications magnétiques, certaines personnes revêtues d’un caractère que nous respectons. C’est un malheur sans doute que l’homme puisse user ainsi en mal de la puissance qu’il a reçue de la nature, et, ce malheur, je le déplore tout le premier ; mais cependant qu’elle ne doit pas être notre admiration pour la sagesse infinie de l’être suprême, lorsque nous voyons que, dans sa toute prévoyance, il a placé constamment le remède à côté du mal. Ainsi la THÉOMANTIA (maladie par laquelle on se croit ensorcelé), est aisément guérissable par le magnétisme, de même que les effets du poison peuvent être neutralisés par l’antidote convenable.

« Et parce que certaines substances peuvent être excessivement nuisibles, doit-on en interdire l’usage en médecine ? Parce que l’aconit, la morphine, etc., peuvent frapper de mort, doit-on les répudier dans tous les cas ?…

« Et parce que quelques individus auront traîné dans la fange la robe honorable qui couvre leurs vices et leurs criminels desseins, devra-t-on mépriser et repousser de la société le corps auquel ils appartiennent ?… parce que quelques bonnets, dans la fougue d’une passion coupable, [p. 12] auront abusé de la confiance qu’on leur a accordée, ils se seront portés même à des excès de barbarie pour assouvir la brutalité sauvage devrait-t-on crier anathème à leurs confrères vertueux ?

« En toute chose il y a du bon et du mauvais, car Dieu l’a voulu ainsi ; ce qui est mauvais peut devenir bon, comme ce qui est bon peut devenir mauvais.

« Il faut donc reconnaître que si il y a des abus dans la pratique du magnétisme, c’est qu’il peut y en avoir également dans toutes les pratiques possibles ; et que, conséquemment, les inconvénients que présentent l’exercice de cette science ne doivent nullement nuire à sa propagation. Seulement c’est aux personnes qui ont besoin de recourir aux applications de l’agent vital que rien ne saurait remplacer, de faire choix d’un magnétiseur convenable.

« Quelques ignorants ont prétendu que le magnétisme est l’œuvre de Satan ; que les magnétistes sont des hommes immoraux, irréligieux, qui cherche à insinuer que les miracles de Jésus-Christ non eu rien de supérieur à ce qu’ils opèrent d’eux-mêmes, etc.

« Je ne puis vraiment concevoir par quoi, à notre époque, on peut être poussé à un tel excès de déraisons, si ce n’est par un fanatisme stupide, renouvelé du Moyen Âge, qui épouvante de tout ce qui sort du cercle des connaissances vulgaires, et qui attribue follement au diable tout ce qui étonne l’homme dépourvu de lumières et de sens commun.

« De tous les magnétiseurs que je connais, je ne sache pas qu’il y en ait un seul dans les actes et les discours soient contraire à la morale, ou à la foi, ou à la charité ; je ne sache pas non plus qu’un seul ait jamais prétendu marcher sur les eaux et ressusciter les morts.

« La puissance de certaines gens est d’autant plus grande, qu’ils ne doutent nullement de la faculté qui leur est propre d’opérer des effets extraordinaires. C’est misérables, si nous pouvions leur raccorder rang parmi des magnétiseur, seraient [p. 13] placé, sans doute, dans la classe des magnétiseurs spiritualistes, mais ils formeraient une section à part, qui serait la contre-partie des autres, puisque tous les magnétiseur spiritualiste, aussi bien les exégétistes que les spiritualistes de Lyon, agissent uniquement dans le but de faire le bien, et qu’ils croient que s’ils agissent dans une intention contraire, leur pouvoir serait annihilé.

« Les gens ignorants et grossiers, particulièrement ceux des campagnes, ne sont donc pas aussi loin de la vérité qu’on le croit dans la société éclairée, lorsqu’ils pensent que des individus peuvent exercer sur eux, et particulièrement sur leurs enfants, des influences funestes ; c’est ce qu’on appelle jeter un sort. De là sont venues d’une foule de coutumes parmi eux, tel que de conduire le malade ou ensorcelé au devin, au curé de telle ou telle paroisse, de faire des neuvaines pour sa délivrance, etc. ; toutes choses regardées par les hommes plus haut placés sur l’échelle sociale, comme ridicules et absurdes. Cependant, au fond, ces pauvres gens ne sont pas aussi dépourvu de bon sens qu’on veut bien le croire ; et si nous leur refusons ce sens délicat et exquis qui vient de l’habitude de comparer pour juger, nous ne pouvons pas, du moins, leur refuser certaines vertus instinctives qui les porte à chercher le moyen de contrebalancer une puissance dont ils ne peuvent se rendre compte, mais dans l’existence leur est prouvée par les faits ; il est bien certain que, puisqu’un magnétiseur peut paralyser l’action d’un autre dont la volonté ne serait pas supérieure à la sienne, puisque dans le cas même où il aurait moins de force magnétique, il peut avec le temps et la persévérance nécessaire parvenir à dégager totalement un sujet du fluide dont celui-ci aurait été imprégné par un homme éminemment puissant ; l’individu considéré comme devin, guérisseur ou sorcier, bien intentionné, le prêtre qui priera en faveur du patient, les gens qui, s’intéressant à la guérison, exerceront quelque pratiques religieuse, le malade lui-même qui [p. 14] s’exaltera par la prière ou tout autre moyen, ne manquerons pas d’obtenir l’expulsion du fluide nuisibles, que, dans des temps antérieurs, on appelait le démon. »

Je pourrais encore citer certains passages d’autres ouvrages qui fourniraient des preuves que le fait dont j’ai à me plaindre a eu déjà beaucoup d’analogues ; mais mon but étant plutôt de signaler une machination infernale, et d’en demander vengeance à qui de droit, que de faire ici de l’érudition et de la littérature, je me bornerai à conclure :

1° Rien n’est plus malheureux, plus épouvantable, plus un infâme, que ces actes occultes exercés par des misérables qui font la honte de la société, et qui semblent jeter sur cette terre comme des fléaux du ciel, tout exprès pour porter dans le sein des familles et dans le cœur des honnêtes gens

la désolation et le malheur.

2° Que tous les moyens possibles devraient être employés par les gens de la loi, concurremment avec les hommes de science, pour découvrir les fauteurs de semblables crimes, et sévir contre eux d’une façon exemplaire, afin d’empêcher que de semblables tentatives pussent jamais se renouveler.

3° Que le magnétisme ostensible, tel qu’il est pratiqué et enseigné par des hommes de mérite et de probité, doit être encouragé et soutenu par le gouvernement, afin que l’on puisse combattre avec succès les perfides influences du magnétisme occulte.

4° Enfin, que tous médecins, tous savant, tout philosophe, devrait à l’avenir consacrer une partie de ses veilles à l’étude si curieuse des phénomènes les plus surprenant qu’ils puissent souffrir à l’esprit humain.

Note

(1) Traité théorique et pratique du magnétisme animal. 1 vol. in-8° de 536 pages, édité par Germer Baillière, rue de l’École-de-médecine,17.

 

 

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