Don B. Maréchaux. Le démoniaque dans la vie de Saints. Partie 1. – Quelques réflexions préliminaires. – L’ère des persécutions. – Saint Antoine et les Pères du désert. – – Saint Martin et Saint Benoît. – Du sixième au Treizième Siècle. – Le monde invisible 1899, pp. 462-475.

marechauxdemoniaque-2-0005Don B. Maréchaux. Le démoniaque dans la vie de Saints. Partie 1. – I. — Quelques réflexions préliminaires.  ⁄ II. — L’ère des persécutions.  ⁄ III. — Saint Antoine et les Pères du désert.  ⁄ IV. — Saint Martin et Saint Benoît.  ⁄ V. — Du sixième au Treizième Siècle. Article paru dans la « Revue du Monde Invisible », (Paris), première année, 1898-1899, janvier 1899, pp. 462-475.

Cet article a été publié en quatre parties, qui sont détaillées ci-dessous.

Bernard-Marie Maréchaux (1849-1927). Bénédictin olivétain du monastère Notre-Dame de la Sainte-Espérance de Mesnil-Saint-Loup, Aube (1871/1872-1901 et à partir de 1914). – Assura la charge pastorale de la paroisse du Mesnil-Saint-Loup de 1901 à 1903. – Abbé du monastère de Sainte-Françoise-Romaine à Rome (1903-1914). Quelques-uns de ses travaux :
— La réalité des apparitions démoniaques. Paris, P. Téqui, 1899. 1 vol.
— Le démoniaque dans la vie de Saints. Partie 1. – I. — Quelques réflexions préliminaires.  ⁄ II. — L’ère des persécutions.  ⁄ III. — Saint Antoine et les Pères du désert.  ⁄ IV. — Saint Martin et Saint Benoît.  ⁄ V. — Du sixième au Treizième Siècle. Article paru dans la « Revue du Monde Invisible », (Paris), première année, 1898-1899, janvier 1899, pp. 462-475. [en ligne sur notre site]
— Le démoniaque dans la vie de Saints. Partie 2. – VI. — Les Saints Dominicains et Franciscains. « Revue du Monde Invisible », (Paris), première année, 1898-1899, janvier 1899, pp. 538-544. /VII. — Sainte Françoise Romaine,Sainte Colette. « Revue du Monde Invisible », (Paris), première année, 1898-1899, janvier 1899, pp. 538-544. [en ligne sur notre site]
 Le démoniaque dans la vie de Saints. Partie 3. – VIII. — Sainte Thérèse, saint Jean de la Croix. /IX. — Saint Jean de Dieu, saint Philippe de Néri. /IX. — Les Vénérables Agnès de Langeante Benoïte du Laus. « Revue du Monde Invisible », (Paris), première année, 1898-1899, janvier 1899, pp. 596-604. [en ligne sur notre site]
 Le démoniaque dans la vie de Saints. Partie 4. – XI. — Au dix-huitième siècle. /XII. — La vénérable Anna-MAria Taïgi. Le saint Homme de Tours. /XIII. — Le vénérable Jean-Baptiste Viannet, curé d’art. /XIV. — Conclusion. « Revue du Monde Invisible », (Paris), première année, 1898-1899, janvier 1899, pp. 668-682. [en ligne sur notre site]
— Le merveilleux divin et le merveilleux diabolique. Paris, B. Bloud, s. d. [1901]. 1 vol
— Anges et démons le monde des esprits. Paris, Bloud , 1911. 1 vol.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original.
 – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

[p. 462]

LE DÉMONIAQUE DANS LA VIE DES SAINTS

I. — QUELQUES RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES.

En son numéro d’octobre, la Revue, par la plume de son éminent directeur, approuvait les signes ou critères d’une apparition réelle­ment objective donnés par Alfred Russell Wallace. Ces signes sont les suivants :

Simultanéité de perception par plusieurs personnes ;

Changement de situation du fantôme par rapport aux observateurs ;

Impression produite sur des animaux domestiques ;

Effets physiques causés par la vision ;

Photographie du fantôme, ou, ce qui est plus décisif encore, mou­lage d’un membre de l’apparition.

Evidemment, en cette élude sur les apparitions démoniaques dans la vie des Saints, il ne saurait être question de photographie, ni de moulage. Sauf ces deux points par trop modernes, sauf peut-être aussi l’observation concernant les animaux domestiques, je ne fais pas difficulté de m’approprier les critères sus-indiqués, en les modi­fiant quelque peu, et en les complétant, pour les adapter à mon sujet.

J’aurai d’abord à fournir la garantie relative au narrateur. Est-ce un auteur grave et sérieux ? Comment les faits qu’il raconte sont-ils venus à sa connaissance ? S’il les tient de la bouche du saint lui­ même auquel ils sont arrivés, ou de la bouche de ses disciples en­core vivants. si les faits ont été contrôlés au moins d’une manière générale (1) par l’autorité de l’Église, il me semble que l’on ne peut  exiger des gages d’authenticité plus formelle. [p. 463]

J’aurai ensuite à analyser les faits eux-mêmes. Je me suis engagé à produire des faits extérieurs, ayant une incontestable réalité objec­tive. Or, cette réalité objective me paraît suffisamment établie, s’il est démontré :

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Jacques Callot – 1625.

Ou bien que les faits se sont passés publiquement, ou tout au moins en présence de plusieurs personnes ;

Ou bien qu’il en est résulté des effets physiques dûment constatés. Par effets physiques, j’entends : si le saint a été battu par le diable et relevé moitié-mort par ses disciples ; si le bruit des coups et les clameurs de l’esprit infernal ont été entendus par des témoins ; si le diable a laissé des traces de son passage, et notamment cette hor­rible puanteur, qui est un des signes les plus fréquemment indiqués de sa présence.

J’aurai certainement à citer des faits étranges. Cette étrangeté ne saurait leur être opposée comme fin de non-recevoir. Du moment qu’ils proviennent du diable, il n’est pas étonnant qu’ils se présen­tent avec une allure bizarre et troublante, avec un aspect hideux et effrayant.

M. l’abbé Ribet consacre, dans sa Mystique divine, un chapitre très abondant et très documenté aux apparitions du diable. (Mystique di­vine, t. Il, chap. XL.) Je pourrais me contenter d’y renvoyer. Si j’en­treprends à nouveau le travail, ce n’est pas dans l’espérance de mieux faire, mais uniquement pour le présenter sous une forme qui répondra plus directement aux exigences de la critique.

Avant d’entrer dans l’énumération des faits, il n’est pas hors de­ propos de prévenir quelques difficultés qui pourraient embarrasser l’esprit du lecteur.

Pourquoi le diable apparaît-il aux saints de préférence au commun des fidèles ? C’est que les saints ont surmonté les tentations ordinaires : alors l’esprit mauvais, en désespoir de cause, tente les grands moyens, il essaie d’intimider les serviteurs de Dieu par des visions effrayantes, de les terrasser par des assauts furieux.

Pourquoi se montre-t-il à certains Saints, et non à d’autres ? Il est impossible de le dire d’une manière positive. Cela rentre dans l’ordre des secrets jugements de Dieu. On serait tenté de croire que le dia­ble persécute surtout les saints, qui étant des convertis, ont secoué son joug tyrannique. Et pourtant il s’est acharné, avec une furie sans pareille, sur des saints et des saintes qui ont toujours été, dès leur bas âge, des anges de pureté.

Pourquoi toutes proportions gardées, a-t-il attaqué d’une manière plus agressive les solitaires, que les saints vivant en communauté [p. 464] ou dans le monde ? C’est que les premiers, séquestrés de toute créa­ture, placés en dehors des appâts du vice et des séductions du péché, n’offraient aucune prise au diable, qui en était réduit à les assaillir en face et comme à visage découvert.

On remarquera aussi que l’esprit infernal apparaît fréquemment aux saints à l’article de la mort. Cela n’est pas surprenant. Il essaie désespérément de troubler leur agonie. Bossuet tient qu’il osa se montrer aux regards de Jésus agonisant sur la croix. Mais pour l’ordinaire, ce n’est qu’un horrible fantôme aussitôt chassé !

Les apparitions du diable affectent toutes les formes, c’est le véri­table Protée de la fable : déguisement en ange de lumière ou même sous les traits du Sauveur ; aspect d’une femme lascive ; apparence d’un géant tout noir, épouvantable, ou même hideusement mutilé ; formes fabuleuses, moitié humaines, et moitié bestiales ; formes purement bestiales. Il lui arrive parfois de se mêler sous des traits communs, au commerce ordinaire de la vie.

Ces quelques remarques préliminaires suffisent. Je range les faits que j’avance par ordre de date, afin de montrer qu’à toutes les époques le diable a employé les mêmes ruses et les mêmes violences et de donner à ma démonstration ce caractère d’universalité qui est invin­cible.

ÌI. — L’ÈRE DES PERSECUTIONS.

L’ère des persécutions ne nous offre pas beaucoup d’apparitions du démon. La raison en est simple. Aux époques de persécutions violentes, le diable se sert des tyrans et des bourreaux pour mettre à l’épreuve la foi des chrétiens ; il n’a pas besoin, comme dans les temps de paix, de se faire lui-même le tentateur et le tortionnaire des serviteurs de Dieu.

Consultez d’ailleurs les actes des martyrs : ce n’est pas proprement leur de qui est racontée, mais simplement leur interrogatoire qui est reproduit et la série de leurs tourments qui est détaillée. D’après l’affirmation formelle du Sauveur, c’est l’Esprit-Saint qui parle en eux et qui leur inspire une joie surhumaine au milieu des tortures les plus atroces, Par contre, c’est le diable qui agit dans leurs persé­cuteurs, et qui les stimule à inventer des raffinements de cruauté que l’homme, laissé à lui-même, n’oserait se permettre vis-à-vis de son plus mortel ennemi. L’esprit mauvais, qui organisa le drame de la passion du Fils de Dieu, n’apparaît que trop visiblement aux mar­tyrs dans la personne de leurs juges iniques et de leurs bourreaux [p. 465] inhumains. Il n’y a pas lieu de s’étonner s’il n’emploie pas d’autre mode d’agression.

Et néanmoins on trouve en plusieurs actes des martyrs des faits d’apparitions démoniaques. En voici qui se présentent à moi dans les premiers volumes des Bollandistes.

Saint Potitus est un enfant de treize ans, d’une virginale innocence. Le diable lui apparaît sous les traits du Sauveur ; éclairé d’en haut, il démasque l’illusion. Alors l’esprit infernal se transforme en taureau furieux, et fait mine de fondre sur lui ; mais le saint enfant se munit du signe de la croix, et l’horrible fantôme s’évanouit. Quel­ que temps après, Potitus est appréhendé comme chrétien, et cueille, avec une constance admirable, la palme du martyre. (Act. SS. Jan., t. II, p. 37.)

Les actes de saint Julienne, martyre au IVe siècle, nous retracent le long colloque qu’elle eut avec le démon Bélial. Celui-ci lui appa­rait transfiguré en ange de lumière, et essaie de lui persuader l’apos­tasie ; la vierge indignée, d’un semblable langage, contraint son inter­ locuteur infernal de se découvrir. Il se plaint et se lamente de ce que, après avoir séduit et vaincu tant d’hommes, il est déjoué et terrassé par de simples femmes. Sainte Julienne le tient comme enchaîné : il la conjure qu’elle veuille bien le laisser partir; elle lui permet de disparaître dans une fosse pleine d’immondices. (Act. SS. Feb., t. Il, p.876.)

Les actes de saint Potitus ont un très beau caractère ; et rien n’au­torise à révoquer en doute leur authenticité. Quant aux actes de sainte Julienne, ils n’ont pas été à l’abri de la critique ; mais les Bollandistes déclarent que les attaques dirigées contre eux ne leur semblent pas justifiées (2).

Arrivons à des documents d’une plus haute valeur, et d’une autorité incontestée.

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III. — SAINT ANTOINE ET LES PÈRES DU DÉSERT.

En première ligne, soit dans l’ordre des temps, soit pour l’importance et la valeur du document, se présente la vie de saint Antoine par saint Athanase, patriarche d’Alexandrie et docteur de l’Eglise.

L’illustre confesseur de la divinité du Verbe, en envoyant son livre aux moines, leur déclare n’y rien avancer qui ne soit [p. 466] absolument certain. « Je vous raconte, leur dit-il, ce que j’ai appris moi-même de la bouche d’Antoine dans les nombreuses visites que je lui ai faites, ou de la bouche de celui qui demeura longtemps avec lui, et qui le fournissait d’eau. » Il ajoute que son récit n’est que la moindre partie des merveilles accomplies par le grand serviteur de Dieu.

La genèse des tentations de saint Antoine est très intéressante à suivre. Le diable commence par exciter en lui un tourbillon de pen­sées formées de réminiscences mondaines. Puis il l’attaque par des illusions nocturnes, par des fantômes lascifs. Antoine reste inébran­lable. Alors le diable se montre visiblement à lui dans toute la hideur qui lui convient (3). C’est tout d’abord un enfant horrible et noir, qui se roule à ses pieds et se lamente en lui disant : « J’en ai séduit beaucoup, trompé beaucoup, et me voilà vaincu par ta péni­tence. Je suis l’esprit de fornication. » — Antoine répond : « Oui, en vérité, tu es bien méprisable. Ta noirceur et ton âge font voir le peu que tu vaux. Le Seigneur est mon soutien, je triompherai de mes ennemis. » — Telle fut la première victoire de saint Antoine sur le démon.

Cependant notre saint se retire dans un sépulcre abandonné. Alors le diable en vient contre lui, par une progression logique, à la vio­lence ouverte. Ce sont là ces fameuses tentations de saint Antoine qui ont été vulgarisées par la peinture. Une fois les démons se jettent sur l’athlète du Seigneur, et le laissent comme mort ~ ses disciples accourent au brui t, ils le relèvent inanimé et ne respirant plus. Une autre fois ils font irruption dans le réduit du saint, et se précipitent sur lui sous des formes bestiales ; ils le battent, le mordent, le traî­nent çà et là comme un chien traîne une guenille. Antoine brave toute cette bande hurlante et sifflante. « Si vous avez tant soit peu de force, dévorez-moi donc ! Votre multitude même, et ces formes bestiales que vous prenez sont un indice de votre faiblesse. Le signe de la croix et ma confiance dans le Seigneur me rendent invincible. » A ce moment, le Seigneur fait pénétrer un rayon de lumière dans ce cloaque de démons ; ils s’évanouissent en un clin d’œil, et le saint se trouve guéri de toutes ses blessures. Il soupire vers son libérateur : « Où donc étiez-vous, ô bon Jésus ? » Une voix répond : « Antoine, j’étais là présent, j’assistais au combat ; maintenant que tu as vaincu, ton nom deviendra fameux dans tout l’univers » [p. 467]

 

Plus tard saint Antoine prononce devant les frères assemblés une instruction célèbre, où il les prémunit contre les pièges des démons. Il faudrait lire d’un bout à l’autre ces pages merveilleuses. Le saint déclare que tout d’abord le diable essaie de pervertir le cœur par des pensées impies ou obscènes, Puis, voyant qu’il n’aboutit à rien, il met en œuvre la terreur et la violence. Il prend des formes de femmes, de bêtes, de serpents ; il revêt des corps monstrueux, dont la tête, dit le saint, s’en va toucher au toit des maisons ; il se transforme en une infinité de spectres, jusqu’à simuler des troupes de soldats. Un signe de croix fait évanouir tous ces fantômes. — Le saint donne ensuite des marques pour distinguer les apparitions angéliques d’avec les apparitions démoniaques, même alors que celles-ci se dissimulent sous de spécieuses apparences. Les premières se résolvent dans un sentiment de paix, les secondes dans un trouble profond. — Il termine en relatant diverses apparitions du diable dont il a été le témoin, et dont on ne saurait nier, d’après le contexte, la réalité physique et extérieure.

D’après ce lumineux exposé de saint Antoine, les apparitions du diable étaient communes parmi les solitaires. Que l’on consulte la vie des plus signalés parmi les Pères du désert, on verra que tous plus ou moins ont eu affaire aux esprits infernaux se manifestant à eux visiblement. Saint Macaire d’Alexandrie voit le diable qui, sous la forme d’un charlatan, essaie d’administrer aux frères des potions empoisonnées. Saint Macaire d’Égypte entre en lutte avec une troupe de démons, quand il veut pénétrer dans le tombeau des enchanteurs Jéamns et Mambré. Saint Pacôme est outrageusement battu par eux, comme saint Antoine lui-même. Suint Hilarion en est infesté, il est en butte aux prestiges les plus effrayants : ainsi le diable fait courir sur lui un chariot traîné par des chevaux emportés, le saint fait un signe de croix, et tout s’évanouit.

Que parmi tous ces phénomènes, il y en ait quelques-uns qui se passent dans la seule imagination, c’est possible ; car le diable a le pouvoir d’ébranler fortement l’imagination. Mais quand les disciples de saint Antoine accouraient au bruit terrible qui se faisait dans sa cellule, quand ils le relevaient tellement brisé de coups qu’ils le tenaient pour mort, ce n’était pas une affaire d’imagination ; la manifestation démoniaque était incontestablement physique et réelle. [p. 468]

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IV. — SAINT MARTIN ET SAINT BENOIT.

Passons maintenant en Occident.

Je ne puis mieux faire que de mettre en avant les vies de saint Martin par Sulpice-Sévère, et de saint Benoit par saint Grégoire le Grand, deux documents d’une haute et incontestable autorité.

Sulpice-Sévère était un disciple de saint Martin. Il pouvait parler savamment des gestes de son maître. La vie qu’il en a écrite, par son caractère grave, discret, littéraire, a conquis tous les suffrages, et rallié les hypercritiques les plus exigeants. Généralement on ne s’ins­crit pas contre un fait qui est affirmé nettement par Sulpice-Sévère.

Or, voici ce que cet auteur raconte des apparitions du diable à notre grand saint Martin.

« Un jour, entouré comme d’un éclat de pourpre, royalement vêtu, la tête ceinte d’un diadème en or incrusté de diamants, les pieds chaussés de brodequins d’or, le visage serein, la bouche souriante, en telle sorte que rien ne trahit sa provenance infernale, le diable se tint debout à côté de saint Martin, alors qu’il priait dans sa cellule. Le saint fut comme étourdi à son aspect, et garda un profond silence. Ce fut le diable qui le rompit : « Ouvre les yeux, Martin, je suis le Christ ; ayant résolu de descendre sur la terre, j’ai voulu me manifes­ter à toi. » — Le saint ne répondit pas. Alors le diable, redoublant d’audace, continua en ces termes : « Martin, pourquoi hésites-tu à croire ce que tu vois ? Je suis le Christ. » Le saint, éclairé d’en haut, lui fit alors cette réponse : « Jésus n’a aucunement dit qu’il viendrait vêtu de pourpre et ceint d’un diadème. Pour moi, je ne croirai au Christ que s’il se montre à moi en la manière qu’il a souffert pour moi, et portant les stigmates de sa passion. » — A cette parole, le diable s’évanouit comme la fumée, et remplit la cellule d’une telle puanteur qu’il fut facile à Martin de reconnaître à qui il avait eu affaire.

« Ce fait, ajoute Sulpice-Sévère, je le tiens de la propre bouche de saint Martin. Ce que je dis, afin qu’on ne l’estime pas fabuleux. » (Vita Beati Martini.) Cette assertion du narrateur est absolument con­vaincante. Quant au caractère physique de l’apparition, il ressort de tout le contexte, ou dialogue engagé avec le saint, et enfin de cette horrible puanteur qui trahit la présence de l’esprit impur.

Voici comment le même auteur nous raconte, avec de précieux détails, la mort triomphante de saint Martin : « Laissez-moi, s’ex clame-t-il, regarder le ciel… Et ayant dit ces mots, il vit le diable qui [p. 469] se tenait près de lui… Que me veux-tu, s’écrie-t-il, bête cruelle ? Tu ne trouveras rien en moi, malheureux, qui t’appartienne ! Le sein d’A­braham me recevra. » Et le grand saint expire parmi les chants des Anges. (Epist. III Sulp. Sev. ad Basalam.)

Passons maintenant à la vie de saint Benoit par saint Grégoire.

Ainsi que je l’ai remarqué, ce grand docteur ne manque jamais de citer ses sources ; dans l’espèce, elles sont irrécusables. Ce que ra­conte le saint, il l’a recueilli de la bouche de quatre des principaux disciples de saint Benoît : Constantin, son premier successeur au mont Cassin ; Simplice qui fut le second; Valentinien, longtemps abbé du monastère de Latran ; Honorat qui gouverna le monastère de Subiaco.

Écoutons ce que ces quatre témoins nous font connaître, par la plume du grand pape, sur les rapports et les luttes de saint Benoit avec l’esprit infernal.

Dans sa grotte de Subiaco, il fut l’objet d’une agression diabolique étrange. L’esprit impur se glissa vers lui sous l’apparence d’un merle qui se mit à voleter devant ses yeux (4) ; en même temps s’éleva en lui une si violente tentation de la chair, que saint Benoît se sentit ébranlé ; mais il se ressaisit immédiatement, et par un mouvement héroïque, se roulant tout nu parmi les épines, il éteignit dans son propre sang le feu impur qui commençait à le dévorer.

Étant encore à Subiaco à la tête des douze monastères qu’il avait fondés, le grand saint, comme nous le raconte son biographe, vit un jour le diable, sous la figure d’un petit moricaud, qui détournait un frère de l’office. Saint Maur, qui l’accompagnait, le vit également : ce qui prouve que l’apparition était bien objective. Frappant le moine de quelques coups de verge, notre saint le ramena à son devoir, et lit disparaître le démon qui le harcelait.

Mais c’est surtout à son arrivée au mont Cassin, que le diable se décharne contre saint Benoît. Il ne va pas jusqu’à le frapper. Mais il se montre à lui sous un aspect terrifiant, et le poursuit de vociférations qui sont entendues par tous les moines. « Il ne va pas le trouver, nous dit saint Grégoire, comme en cachette par la voie d’un songe, mais ouvertement, en sorte que le vénérable Père attestait le voir de ses yeux corporels, sous un aspect hideux, et tout incandescent de flammes qu’il jetait par les yeux et par la bouche. Il hurlait lamenta­blement : Benoît, Benoît ! Et comme le saint ne lui répondait pas, il reprenait en jouant sur son nom : Maudit, et non béni, pourquoi me persécutes-tu ? » [p. 470]

Est-ce suffisamment clair ? Saint Benoît attestait à ses disciples, lesquels l’ont redit à saint Grégoire, que le diable se manifestait à ses yeux corporels (5). D’ailleurs, les lamentations furieuses qu’il pous­sait étaient entendues dans tout le monastère.

Saint Grégoire s’étend ensuite sur la guerre que l’esprit mauvais menait sans relâche contre le grand saint et les moines ses enfants. Il ne se montre pas toujours visiblement à leurs yeux ; mais sa malice s’exerce par des effets physiques. C’est une pierre qu’on ne peut soulever pour une construction ; c’est un incendie fantastique, excité pour troubler les frères ; c’est une muraille brutalement ren­versée, qui écrase un jeune moine. En tout cela, saint Benoit, de ses yeux éclairés, reconnaît l’action des démons, et, par un simple signe de croix, il remédie à tous les maux qu’ils lui font ou écarte tous ceux qu’ils veulent lui faire (6).

Parfois il contraint le diable à se dévoiler. Il le fait voir à un moine qui à toute force voulait quitter le monastère, sous la forme d’un dragon prêt à le dévorer. Une autre fois, chose curieuse ! il aperçoit l’esprit infernal déguisé en médecin, monté sur une mule et se dirigeant vers le monastère. Avant que le saint ait eu le temps de prendre ses précautions contre cette agression bizarre, l’irréconciliable ennemi rencontre un vieux moine en train de puiser de l’eau, entre dans son corps, le jette à terre et le tourmente horriblement. Saint Benoît accourt, il donne un soufflet an moine, ou plutôt au diable en la per­sonne du moine, et il le chasse instantanément.

Il y aurait bien des réflexions intéressantes à faire sur ces récit dont l’authenticité n’est pas contestable. Non seulement saint Benoît voit le diable dans une réalité objective, mais il le force parfois à prendre une réalité objective. Nous rencontrons plusieurs fois ce phé­nomène dans la vie des saints. — Sa manière aussi de chasser le diable est très suggestive. Le saint frappe de quelques coups de verge ou d’un soufflet le moine obsédé ; et l’esprit de malice déguerpit, comme s’il était lui-même battu ou souffleté. [p. 471]

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V. — DU SIXIÈME AU TREIZIÈME SIÈCLE.

Du sixième au treizième siècle, parmi tous les saints moines et chanoines qui florissent par un perpétuel renouveau dans l’Église de Dieu, je pourrais relever d’innombrables faits d’apparitions diabo­liques ; mais je ne veux pas abuser infiniment de la courtoise hospita­lité de la Revue. Je crains de fatiguer ses lecteurs. II me revient à l’esprit la sentence de Boileau :

Qui ne sut se borner ne sut jamais écrire.

Ou plutôt ces autres vers de son Art poétique :

Et quel objet enfin il présenter aux yeux.
Que le diable toujours hurlant contre les cieux !

Néanmoins je ne puis laisser courir la période qui s’étend de saint Benoit à saint François d’Assise, sans y recueillir au moins quelques faits à l’appui de ma thèse.

Saint Maur, le cher disciple de saint Benoît, le fondateur en France, du monachisme bénédictin, peu avant sa mort, est assailli par une vision corporelle du diable. L’esprit mauvais, chassé par le saint abbé, s’évanouit avec un bruit formidable qui fait trembler le mo­nastère et réveille en sursaut tous les moines. (Act. SS. Jan., t. Il, p.332.)

Saint Grégoire, en ses Dialogues (lib. III), rapporte un fait qui, se passa en sa présence. Il réconciliait une église qui avait été polluée par la présence des ariens hérétiques. Durant la cérémonie, les assis­tants sentirent très distinctement comme un pourceau qui courait de-ci de-là, et qui gagnait la porte en menant un grand bruit. Ils ne virent rien. Mais ils entendirent et sentirent. C’était, dit saint Gré­goire, l’esprit immonde, qui était contraint de fuir l’église réconci­liée.

Cueillons le curieux fait suivant dans la vie de saint Aventin, un de nos plus vieux moines de France, qui florissait au diocèse de Troyes au sixième siècle. Etant sorti dans la campagne avec quelques disciples, il aperçoit un cavalier qui passe, ayant en croupe le diable en personne ; il le montre à ses compagnons, il se met en prière ; et le sinistre écuyer est contraint de déguerpir, au moment où il allait causer au cavalier une chute mortelle, (Act. SS. Feb., t. II, p. 182.) [p. 472]

Dans ma première lettre, j’ai cité les leçons de l’office de saint Agathon, pape, mentionnant des apparitions publiques du diable à Rome, lors d’une grande peste qui éclata sous son pontificat (678-681). Voici le fait, tel qu’il est raconté par Paul Diacre, auteur estimé. « Durant l’épidémie, beaucoup de personnes virent très nettement un ange et un démon qui de nuit parcouraient la ville ; au comman­dement de l’ange, le démon frappait certaines portes d’un épieu qu’il tenait à la main ; et à chaque coup répondait pour le jour suivant la mort d’un des habitants des maisons ainsi désignées. Il fut alors révélé que la peste ne cesserait que par l’érection d’un autel à saint Sébastien dans la basilique de Saint-Pierre-ès-liens. » (Act. SS. Jan., II, p. 624.) .

On dira peut-être que l’imagination frappée des Romains leur a fait croire à des apparitions qui n’existaient pas. Je réponds que la mort des habitants dans les maisons désignées n’était pas une affaire d’ima­gination.

Qu’on veuille bien lire, dans M. l’abbé Ribet, les horribles infesta­tions diaboliques, dont saint Gutlac, moine en Angleterre vers la fin du septième siècle, fut l’objet. Elles renchérissent encore sur les ten­tations de saint Anloine (Act. SS. Ap., t. I, p. 41). — Le même auteur mentionne, comme antagoniste du diable, saint Oswald, archevêque d’York, contemporain et ami de saint Dunstan au dixième siècle : l’esprit mauvais lui apparaît sons toute espèce de formes ; à la fin, il se transfigure en ange de lumière, mais le saint découvre l’illusion et le chasse d’un signe de croix. (Act. SS. Feb., t. Ill, p. 738.)

A cette même époque, dixième siècle, Dieu suscita saint Romuald, fondateur des moines Camaldules. Sa vie a été écrite par saint Pierre Damien, docteur de 1’Église, sur la relation de ses disciples les plus recommandables. J’en détache la page suivante relative aux luttes du saint avec les démons :

« Un soir, tandis qu’il psalmodiait complies, les esprits de malice entrent avec un fracas soudain dans sa cellule, le jettent par terre et le rouent de coups. Romuald soupire vers le ciel : 0 cher Jésus, ô bien-aimé Jésus, m’avez-vous abandonné ? A cette invocation les esprits méchants sont mis en fuite ; une suavité pénétrante d’a­mour divin remplit le cœur du saint, qui se trouve réconforté et guéri. Il se lève de terre, et reprend le verset de complies qu’il avait interrompu. Toutefois le sang coulait de son front, car les démons y avaient fait une blessure en se heurtant violemment avec la fenêtre de sa cellule, et toute sa vie, il en garda la cicatrice. » — Bien des fois par la suite, saint Romuald revit les démons sous des formes visibles. [p. 473] Ils se tenaient à sa fenêtre, avec l’apparence de corbeaux affreux ou de vautours, qui semblent guetter un cadavre ; ils se présentaient à lui comme des géants monstrueux à la peau noire. Le serviteur de Dieu les provoquait, leur reprochait leur faiblesse et leur lâcheté ; ils s’enfuyaient alors, comme s’il leur eût décoché des flèches. (Act. SS. Feb., t. Il, p. 110-111.)

Saint Pierre Damien a également écrit la vie de saint Odilon, abbé de Cluny, son contemporain. Il raconte que le saint abbé entrant en agonie, le diable osa lui apparaître ; mais le moribond chassa avec force l’esprit infernal, en le menaçant du jugement de Jésus-Christ. (Act. SS.Jan., t. I., p. 76.)

A saint Odilon succéda comme abbé de Cluny saint Hugues, dont l’influence sur son époque fut considérable. Il eut comme narrateurs de sa vie les prélats les plus fameux, Hildebert, évêque du Mans et Raynald, archevêque de Lyon. Ce dernier raconte que saint Hugues fut appelé auprès du pape Etienne IX, alors qu’il mourait à Florence. Or, un jour que le saint abbé était absent, le diable se montra aux regards du Pontife et le glaça d’effroi : au retour de saint Hugues, l’horrible vision disparut. Aussi Étienne IX exigea que l’abbé de Cluny ne le quittât plus un seul moment, et il mourut entre ses bras en odeur de sainteté et en réputation de miracles. (Act. SS. Ap., t. Ill, p. 657.)

Une autre fois saint Hugues fut convoqué à un concile réuni à Autun. Il s’agissait de soustraire Hugenon, évêque de ce siège, à la tyrannique rapacité de Robert, duc de Bourgogne. Les évêques étant réunis, saint Hugues fut délégué auprès du duc, qu’il ramena à des sentiments pacifiques. On lui demanda alors de haranguer la foule qui était là. En commençant son discours, le saint abbé fait cette objurgation:: S’il y a ici des ennemis de la paix, au nom du Dieu tout puissant, je leur commande de se retirer ! Il avait à peine achevé ces mots, qu’un géant d’aspect terrible quitte l’assemblée, suivi d’une troupe de satellites. Nul des assistants ne connaissait aucun de ces gens-là. On demeura convaincu qu’ils n’étaient autres que des démons, lesquels, frappés par l’objurgation du saint, avaient quitté rassemblée où ils semaient la discorde. (Loro citato, p. 667.)

La longue vie de saint Hugues nous amène jusqu’aux temps de saint Bernard. — On ne voit pas que ce grand saint ait eu des visions corporelles du diable. Son historien Guillaume raconte qu’étant à l’ex­trémité dans une maladie qu’il lit, et chacun attendant son dernier soupir, il fut transporté en esprit au tribunal de Dieu, où le diable, comparut en posture d’accusateur ; mais le saint le réduisit au silence [p. 474] par ses réponses. (Sti Bern, Viti, lib. I, auctore, Guglicl., c. XIII.) Evi­demment tout ceci se passa invisiblement ct spirituellement.

Maintes fois, dans ses sermons, le saint abbé de Clairvaux prémunit ses enfants contre les surprises du diable. Au sermon VII sur le psaume qui habitat, il fait allusion aux apparitions physiques de Satan. « Si Dieu, dit-il, permettait à un de ces princes des ténèbres de faire irruption parmi vous avec toute sa rage, et dans l’énormité de son corps ténébreux, qui donc pourrait supporter cette vue et des yeux et du cœur (7) ? Il y a quelques jours, vous vous en souvenez, l’un d’entre vous fut réveillé dans son sommeil par une vision fan­tastique si forte, qu’il put à peine de toute la journée reprendre ses sens et retrouver sa tranquillité d’esprit. Et vous avez tous été saisis de crainte, quand ce pauvre frère épouvanté poussa une épouvantable clameur. » En ce passage, saint Bernard donne clairement à entendre que seule l’imagination du frère fut frappée ; mais il constate que le diable peut apparaître et apparaît quelquefois corporellement.

Le précieux recueil intitulé : Exordium magnum Cisterciense, qui relate tant de beaux traits de saint Bernard et de ses contemporains, raconte (c. xxx, 4) qu’un frère convers, chargé de garder les trou­ peaux, vit paraître une troupe de démons qui menaçaient de dévorer ses brebis et faisaient un bruit effroyable. Il se mit en prière, et cette bande infernale disparut.

Relaterai-je, en terminant cette partie de mon élude, un trait de la vie de saint Étienne, évêque de Die, chartreux, qui vécut de l’an 1150 à l’an 12081 Les Bollandistes déclarent que rien n’autorise à contester l’authenticité du document contemporain duquel il est tiré. Il s’agit d’une vie du saint en vers, que commente un prosateur du temps. Voici le fait. Le saint ne pouvait amener son peuple à l’exact­ observation du repos dominical. Un jour, dans une grande assemblée, il pria Dieu de faire voir à ses diocésains les esprits de malice qui les excitaient à travailler le dimanche, Aussitôt apparurent publique­ ment de tous côtés des formes hideuses de démons. Le peuple s’exclama d’épouvante, se signa tout affolé, et finalement se rendit aux exhortations du saint. (Act. SS. Sept., t. Ill, p. 186, 191.)

Ceci rappelle un trait analogue de saint Robert, fondateur et abbé de la Chaise-Dieu au onzième siècle. Passant dans la campagne un dimanche, il vit une femme qui ramassait des légumes, et près d’elle [p. 475] un démon qui la stimulait à ce travail. Il s’exclama : Oh ! quel horri­ble compagnon hante cette malheureuse ! — Et depuis lors, observa son historien, Marbode, évêque de Rennes, le saint tonna avec plus de force encore, dans ses prédications, contre le travail du dimanche. (Act. SS. Ap., t. Ill » p. 329.)

J’arrête ici mon excursion dans la première période du moyen âge, la période proprement monastique. J’explorerai, dans un prochain article, l’époque dominicaine et franciscaine, puis les temps moder­nes jusqu’à nos jours, et j’y trouverai sans peine une moisson de faits non moins intéressants et non moins probants.

Dn Bernard MAHÉCJIAUX,
Bénédictin de la fong1’égation olivétaine.

NOTES

(1) Je dis : d’une manière générale L’Église ne garantit pas tel ou tel fait en particulier d’apparition démoniaque, comme elle garantit tel ou tel miracle. Mais elle reconnaît des faits d’une manière générale, quand elle dit, dans les légendes du Bréviaire ou dans une bulle de béatification, que tel saint a eu à soutenir des luttes contre les démons ; ou bien quand elle accorde une autorité aux document­ desquels ces faits sont tirés, par exemple en en faisant lire des extraits dans les offices publics, en y puisant les miracles qu’elle approuve.

(2) Je le répète, je ne donne ces deux faits relatifs à des martyrs, que pour mon­trer la continuité de la tradition chrétienne sur les apparitions démoniaques.

(3) C’est précisément cette genèse, cette progression logique, qui démontre qu’on ne saurait attribuer les apparitions des démons aux solitaires à la fatigue d’un cerveau exténué par le jeûne. D’ailleurs quand le solitaire est maltraité et laissé pour mort par ses cruels ennemis, ce ne peut être une hallucination.

(4) D’après la narration de saint Grégoire, on ne peut douter que le merle n’ai été un prestige destiné il distraire le saint dans son oraison.

(5) Comment une âme, si hautement éclairée, si sage, si discrète, aurait-elle pu se méprendre sur le caractère extérieur de l’apparition ?

(6) La puissance de saint Benoit contre le diable s’est perpétuée dans la médaille qui porte son nom, et qui a mérité d’être appelée chasse-diable. Les mis­sionnaires de tout ordre se complaisent à rapporter les merveilleux effets opérés par cette médaille dans les contrées païennes, où l’action diabolique est souvent tangible.

(7) Il résulte de ce passage que Dieu ne permet pas au démon d’apparaître in­différemment à toute sorte de personnes, et que rares sont les âmes capables de supporter une vision aussi monstrueuse. Bien des saints ont attesté qu’il y avait de quoi mourir de peur. Une simple hallucination, venant d’un cerveau faible, ne saurait produire des effets aussi terrifiants, aussi foudroyants.

 

 

 

 

 

 

 

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