Angelo Hesnard. Les aspects multiples du refoulement. Article paru dans la revue « L’Encéphale », (Paris), dix-huitième année, 1923, p. 200-201.

HESNARDREFOULEMENT0001Angelo Hesnard. Les aspects multiples du refoulement. Article paru dans la revue « L’Encéphale », (Paris), dix-huitième année, 1923, p. 200-201.

Pour la biographie et la bibliographie d’Angelo Hesnard nous renvoyons à un de ses articles [en ligne sur notre site] : Ce que la clinique française a retenu de la Psychanalyse, 1935.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. –  Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

Les aspects multiples du refoulement.

Les aspects multiples du refoulement. — M. Hesnard (de Bordeaux) déclare que l’acte psychique banal du refoulement est loin de se présenter constamment sous la forme restreinte que lui assigne la psycho-analyse. Chez les névropathes il est loin d’être toujours inconscient. Non seulement il n’est pas oublié, comme chez certains hystériques, mais encore le lien (dont Freud suppose l’absence peu compréhensible), chez l’obsédé, entre les souvenirs témoins de l’action pathogène et les ubjets actuels de la préoccupation morbide, existe souvent de manière évidente. De plus, les névropathes souffrent, non pas du fait que des tendances morbides insatisfaites restent emprisonnées dans leur inconscient, mais du fait même que la réalisation de leurs tendances normales est plus ou moins impossible parce qu’ils sont victimes d’une émotion endogène ou d’une imagination en soi plus ou moins irréalisable. C’est parce qu’ils sont malades qu’ils refoulent. On rencontre le refoulement bien ailleurs que dans les psychoses plus ou moins psychogènes, par exemple dans les psychoses d’origine manifestement ou grossièrement organique, délire infectieux, paralysie générale même.

Nous conclurons que le refoulement sexuel de Freud n’est qu’un cas particulier de l’entrave des tendances, de l’inassouvissement affectif. Il ne saurait expliquer que l’aspect intérieur, le contenu de la névrose ou de la psychose, ,c’est-à-dire en somme la simple traduction dans la conscience justificatrice et déformatrice du malade de certains mécanismes biologiques objectifs.

M. Dumas estime que M. Hesnard étend beaucoup trop le domaine du refoulement.-

M. Hesnard en convient, mais ajoute qu’il l’a fait volontairement à titre 4e critique du point de vue trop exclusif de Freud.

M. Delmas déclare que le refoulement est un phénomène banal de la psychologie normale et ne constitue nullement une cause de maladie.

M. Hesnard répond que ce n’est pas le refoulement, mais son échec qui crée des maladies.

M. Pierre Janet rappelle que la doctrine de Freud est issue des idées déjà anciennes de l’École de la Salpêtrière. Ce que Freud appelle refoulement n’est qu’un équivalent de ce que M. Janet nommait rétrécissement. Alors que le refoulement est un phénomène actif, le rétrécissement est un phénomène passif, dû à l’abaissement du niveau psychologique.

Société de psychiatrie, séance du 15 février 123, Présidence de M. Marcel Briand.

 

 

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