Aly. Rêves prophétiques. Extrait de la revue « L’Echo du merveilleux (Gaston Méry (Ed) », (Paris), deuxième année, 28, 1898, pp. 151-152.

Aly. Rêves prophétiques. Extrait de la revue « L’Echo du merveilleux (Gaston Méry (Ed) », (Paris), deuxième année, 28, 1898, pp. 151-152.

 

Nous n’avons aucune donnée sur l’auteur de ce témoignage.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

[p. 151, colonne 2]

RÊVES PROPHÉTIQUES

Angers, le 7 mars {898.

Monsieur,

Pensant intéresser vos nombreux lecteurs et mettre quelque peu à contribution la science de vos collaborateurs, je viens vous soumettre un ensemble de phénomènes occultes qui se sont passés dans ma famille [p. 152, colonne1] de père en fils : ressortissent-ils à la télépathie ou souffrance physique d’un acte qui se passe au loin, à l’onéiromancie ou divination par les songes, je ne saurais l’affirmer, penchant plutôt pour un mélange de ces deux phénomènes occultes, se passant pendant le sommeil.

I. —Alors que mon père était encore interne dans un collège, situé dans une ville éloignée de sa famille, il vit une nuit en songe « sa grand’mère, vêtue de blanc qui s’avança vers lui et lui dit : « Adieu, mon cher enfant », et disparut.

Tout troublé de cette vision, mon père ne put se rendormir, il ignorait que sa grand’mère fut même malade ,

Le lendemain, à huit heures du matin, un télégramme lui apprenait la mort, durant la nuit, de sa grand’mère, dont le dernier adieu avait été, en effet, pour son petit-fils qu’elle aimait beaucoup.

Ce rêve prophétique ou télépathique est le seul qui se soit bien gravé dans ma mémoire, parmi bien d’autres, racontés par mon père chez qui ce phénomène était assez fréquent.

II. — Ma sœur ainée à son tour eut aussi des rêves prophétiques, comme si elle avait hérité du don de notre père.

Un matin (il m’en souvient comme si c’était d’hier, la chose se passait en février 1881), elle s’éveilla en sursaut dans la chambre que nous occupions, à sa villa de la S. près P. (Vienne) et me dit tout émue :

« Je rêvais qu’on sonnait à la grille, qu’une voiture roulait sur le gravier de l’avenue et que la bonne d’enfants ouvrant la porte de notre chambre nous disait :

«  On vient prévenir ces dames que Mme M., leur tante, vient de mourir cette nuit a onze heures. »

Comme je souriais d’un air incrédule, la cloche de la grille tinta, une voiture roula dans l’avenue , et, quelques minutes après, la bonne d’enfants vint nous annoncer la mort de la tante en question, décédée en effet a onze heures de la nuit.

III. — Quelques mois plus tard , pendant un voyage a N., ma sœur fit encore un rêve analogue. Elle vit en songe un ancien caissier de sa maison ( qui s’était marié depuis huit jours à peine} ; il était étendu baignant dans son sang, dans les bois de L., près P., suicidé· d’un coup de revolver.

A son réveil le facteur apporta une lettre annonçant le malheur tel que ma sœur l’avait rêvé ;  le cadavre avait é retrouvé au milieu du bois où ma sœur l’avait vu en songe, et suicidé de la façon précitée.

IV. — Amon tour, j’eus quelques rêves analogues. [p. 152, colonne 2]

Ainsi une nuit je fis le rêve suivant :· « J’accompagnais un char funèbre portant le cadavre d’une jeune femme de mes ·amies ; il était couvert de couronnes ; le frère de la défunte me disait : « Quel malheur, elle si gaie, il y ·a un mois à peine, quand je la quittais « avec vous. »

Amon réveil, effrayée du présage, je courus chez mon amie qui, heureusement, se portait à merveille.

Quinze jours plus tard, elle mourait, fauchée en six jours, par une pneumonie grippale.

Son frère, prévenu par télégramme, arriva à temps pour recevoir son dernier soupir et assister à l’enterrement ; il me tint en effet le langage cité plus haut.

Eustache Le Sueur. Le Songe saint Bruno (vers 1645)

V. — Une autre fois je rêvais le retour dans notre ville d’une famille d’amis ; partis en garnison dans l’Est depuis peu de temps, sans qu’il ait été question le moins du monde de ce retour subit et imprévu.

Le lendemain, j’appris leur retour dans notre ville, au grand étonnement de tous leurs amis et connaissances.

Ainsi donc, pour résumer, mon père, ma sœur aînée et moi, avons eu des songes qui se sont réalisés soit au moment même du songe, soit plus tard.

Les rêves de ma sœur eurent lieu à une époque où mon père n’en avait plus ; les miens apparurent à leur tour lorsque ma sœur n’eut plus les siens ; le don avait-il donc passé successivement de l’un à l’autre ?

A chaque fois, sauf la dernière, le songe avait eu pour objet la mort d’une personne parente, amie, ou très connue, et avait été accompagnée de phénomènes de télépathie.

Tels sont, monsieur, les phénomènes occultes qui se sont passés dans ma famille et que je tenais à communiquer aux lecteurs de votre savant journal, afin qu’ils puissent les approfondir et les comparer s’il y a lieu à d’autres phénomènes similaires.

ALY .

 

LAISSER UN COMMENTAIRE