A. Tilloy. Les phénomènes du spiritisme devant la théologie. Extrait de la « Revue du Monde catholique », (Paris), première année, tome second, 1862, pp. 391-397.

A. Tilloy. Les phénomènes du spiritisme devant la théologie. Extrait de la « Revue du Monde catholique », (Paris), première année, tome second, 1862, pp. 391-397.

 

L’abbé Jean Anselme Tilloy (1824-1903 ?). Religieux, écrivain catholique et militant antimaçonnique.

[p. 391]

LES PHÉNOMÈNES DU SPIRITISME
DEVANT LE THÉOLOGIE

Les phénomènes du magnétisme ne se bornent pas aux faits merveilleux que j’ai précédemment discutés. Une fois la communication magnétique établie, la curiosité l’exploita et en obtint des résultats qui donnèrent lieu à la science nouvelle du spiritisme. Il importe d’étudier cette nouvelle phase du merveilleux, d’autant que les phénomènes du spiritisme sont loin d’être indifférents à la théologie. Ils sont invoqués pour ou contre nous; ceux qui les regardent comme dépassant les forces de l’homme et de la matière, y trouvent un argument ad hominemcontre les rationalistes ; ceux au contraire qui prétendent que ces faits ne franchissent pas les limites de l’ordre naturel, les invoquent pour expliquer les miracles et nier l’existence de l’ordre surnaturel.

Il s’agit donc de savoir si les phénomènes du spiritisme prouvent pour ou contre nous. J’essaierai de résoudre cette question en établissant la proposition suivante:

L’AGENT, PRODUCTEUR DES PHÉNOMÈNES SPIRITES, QU’IL SOIT BON OU MAUVAIS, PROPRE OU ÉTRANGER À L’HOMME, INTÉRIEUR OU EXTÉRIEUR, ASSOCIÉ OU NON A UN FLUIDE (toutes questions réservées, au moins quant à présent), EST AVANT TOUT UN AGENT SPIRITUEL, UN AGENT DOUÉ D’UNE surintelligenceTRANSCENDENTALE, COMPLÈTEMENT ÉTRANGÉRE DANS TOUS LES CAS A L’INTELLIGENCE PROPRE des mediumsEN UN MOT, C’EST UN ESPRIT.

Pour établir cette thèse, il me suffira d’exposer d’abord les phénomènes attribués au spiritisme, et de réfuter les différentes théories imaginées pour les expliquer naturellement.

Voici les chefs généraux auxquels peuvent se rapporter les faits qui nous sont racontés dans les différents écrits destinés à enregistrer ces sortes d’expériences. Je les cite tels qu’ils sont exposés par le R. P. Matignon (1).

1er FAIT. « — Sous l’imposition des mains de plusieurs personnes formant une chaine, ou même d’une seule, si elle est douée d’une vertu particulière qui la constitue medium, une table, un guéridon, un chapeau, un meuble quelconque, contracte un mouvement de rotation plus ou moins rapide, scion les circonstances, mouvement qui peut en outre se compliquer d’un autre de translation, être accompagné de soubresauts, de coups, et d’autres phénomènes du même genre.

2FAIT. — Non-seulement les tables tournent et s’agitent, mais elles répondent aux questions qui leur sont adressées, et cela de plusieurs manières ; souvent par des coups dont on se sert comme de signes conventionnels, soit pour exprimer un oui ou un non. soit pour indiquer les [p. 392] différentes lettres de l’alphabet ; et, par ce moyen, composer des mots et des phrases ; d’autres fois un crayon est attaché au pied de la table, qui écrit elle-même la réponse, ou bien il arme la main du medium, et celle-ci semble courir comme si elle était conduite par une force étrangère : la réponse est rendue en diverses langues, même inconnues au mediumet à l’assemblée ; elle dévoile des choses de la vie future, ce qui se passe à distance, les secrets de l’avenir, la cause cachée des maladies et la pensée intime des spectateurs.

3FAIT. — En outre, la matière inerte paraît s’animer, les tables et autres meubles semblent agités de passions diverses : tantôt caressant, tressaillant comme sous une impression de joie, tantôt menaçant ; donnant des signes non équivoques de colère, on les voit se jeter d’eux-mêmes sur les personnes présentes, les poursuivre, les acculer contre un mur comme pour les écraser sous leur poids, puis retomber à leurs pieds sans leur faire aucun mal.

4FAIT. — Toutes ces choses ont été parfois accompagnées de phénomènes plus extraordinaires encore ; apparitions de lumières, de flammes, de mains mystérieuses, de fantômes visibles pour certaines personnes, tandis que les autres n’apercevaient rien, ou seulement une vapeur épaisse, production de bruits répétés, battement de coups mystérieux partant de points divers, détonations et fracas de tonnerre, voix qui imitaient celle de l’homme et faisaient entendre des airs connus ; sons harmonieux semblables à ceux de certains instruments ; ou même concert complet auquel rien ne manquait, sinon des musiciens que l’œil pût apercevoir. Enfin, ou nous cite quelques traits d’écriture directe, c’est-à-dire obtenus sans aucun instrument et sans l’intermédiaire d’aucun medium.

5FAIT. — L’agent inconnu opère aussi dans l’ordre physiologique : il trouble ou suspend les fonctions régulières de la vie, produit à volonté dans certains sujets l’insensibilité et la rigidité du cadavre, développe subitement certaines parties du corps jusqu’à leur faire prendre des proportions énormes ; parfois, assure-t-on, des guérisons presque subites ont eu lieu ; plus fréquemment au contraire, des perturbations chroniques, des maladies incurables ont amené le suicide ou la folie. »

Tels sont les principaux phénomènes qu’on nous raconte et dont je ne prétends pas me porter garant.

Plusieurs savants, en présence de ces récits, se retranchent dans un scepticisme absolu, et ne veulent voir dans ces faits que jonglerie, ou  tout au moins hallucination d’esprit. Ainsi, s’il faut en croire M. Littré, il n’y a rien d’objectif dans toutes ces choses ; elles ne sont, selon lui, que le produit de l’imagination el des troubles survenus dans l’organisme humain, surexcité de nos jours par les ébranlements de l’ordre politique. Le système de M. Littré n’a rien de nouveau. C’est dans le même sens qu’à [p. 393] l’origine des phénomènes du Mesmérisme, Bailly prétendait expliquer cette grande puissance dont le magnétisme est le dépositaire(2). Mais ce système ne peut être sérieusement soutenu aujourd’hui devant la multitude innombrable de témoins de tous pays et de toutes religions, qui attestent la réalité objective des phénomènes spirites. Que certaines expériences aient été surfaites, que le goût du merveilleux ait pu faire illusion à plusieurs, cela peut être ; mais alors même qu’on ne tiendrait aucun compte de tout ce que l’on doit raisonnablement attribuer à la jonglerie ou au charlatanisme, il resterait encore une multitude de faits dont nous ne saurions nier la réalité sans renoncer à tous les principes de la certitude historique. Ce sont ces faits qu’il s’agit d’expliquer. Peut-on les attribuer à des causes naturelles, ou, en d’autres termes, existe-t-il une théorie scientifique qui puisse expliquer l’ensemble de ces phénomènes ? ou bien doit-on les attribuer à l’intervention d’un principe de l’ordre moral ou de l’ordre surnaturel ? Telle est la question. Voici maintenant la réponse de la science.

M. Babinet et Chevreul s’accordent à attribuer le mouvement des tables tournantes à une impulsion musculaire partant des mains des opérateurs. Le premier prétend que la puissance de certaines vibrations, même insensibles au système nerveux, la tension de l’imagination, et le désir simultané dans toutes les personnes qui forment la chaîne, leur ferait exercer, sans le savoir, une pression capable de déterminer dans la table un premier déplacement. L’impulsion une fois donnée, la continuation du mouvement s’expliquerait d’elle-même : les opérateurs tourneraient et la table les suivrait.

M. Chevreul et M. Faraday, de la Société royale de Londres, donnent la même explication. Celui-ci prétend que la pression des mains unie à un effort imperceptible de la part des opérateurs, est la cause du mouvement de rotation. Cette théorie suppose que le contact avec la table est absolument nécessaire. M. Babinet le reconnait en termes formels, et il prétend même qu’on doit reléguer dans les fictions tout ce qui a été dit d’actions exercées à distance et de mouvements communiqués à la table sans y toucher. « C’est, dit- il, tout bonnement impossible, aussi impossible que le mouvement perpétuel (3). » Mais les faits ont donné un démenti formel à M. Babinet, tant de fois et dans des circonstances si solennelles, qu’on ne saurait guère les révoquer en doute. Aussi son système me paraît-il insuffisant pour expliquer les effets physiques dans toute leur étendue, et surtout les effets moraux, c’est-à-dire tout cet ensemble de phénomènes où la présence et l’action d’une intelligence sont manifestes.

Après M. Babinet vient M. Figuier, qui cherche à expliquer les phénomènes spirites par l’existence d’un fluide universel magnétique, électrique, vital, animal, sympathique, voir même escargotique, odyle ou force universelle, [p. 394] et qui serait comme l’âme du monde, dit M. Rogers. Cette explication, si toutefois c’en est une, ne fait que reculer la question sans la résoudre. La raison en est, qu’un principe purement matériel est parfaitement incapable d’expliquer les phénomènes les moins douteux des tables tournantes et parlantes. Comment expliquer naturellement cet échange de questions adressées et de réponses obtenues, ce commerce établi d’intelligence à intelligence, ces signes non équivoques de passions et de sentiments divers ? Peut-on nier raisonnablement que ces phénomènes supposent un être intelligent qui parle par l’organe de ces tables ? Qu’un fluide quelconque ou un agent naturel y soit pour quelque chose, j’y consens ; mais il ne peut y être que comme servant d’instrument ou de véhicule à l’inconnu dont la présence se révèle. Quel est cet agent inconnu ? M. Figuier ne nous le dit pas, et il passe outre.

Il croit pourtant se débarrasser des difficultés de sa théorie en attribuant au sommeil nerveux, produit par le fluide magnétique, certaines propriétés assez étranges qui, si elles étaient réelles, expliqueraient humainement tous les miracles.

Voici la recette de M. Figuier : Parmi les personnes qui forment la chaîne, les mains posées sur la table, il est bien difficile, dit-il , que « l’une d’elles, une seule, si l’on veut, ne tombe pas pour un moment en proie à l’état hypnotique ou biologique… Le membre de la chaine tombé dans ce demi-sommeil nerveux, n’ayant plus la conscience de ses actes, et n’ayant d’autre pensée fixe que la rotation de la table, imprime à son insu le mouvement au meuble… et la table s’élance ». Et alors, continue M. Figuier, « à peine ce mouvement de déplacement mécanique s’est-il manifesté dans la table, qu’aussitôt toutes les personnes composant la chaine se lèvent et suivent ses mouvements, autrement dit, font marcher la table en croyant la suivre (4). »

Je ne sais si mes lecteurs seront de mon avis; mais j’en demande pardon à M. Figuier : je crois qu’au lieu d’avoir tranché la question qu’il se proposait de résoudre, il n’a fait que la compliquer. Ce coup de pouce, qui met en mouvement et la table et ceux qui l’entourent, me paraît étrangement merveilleux, et il me semble qu’il est physiquement impossible d’expliquer la puissance qu’il lui attribue.

C’est encore à l’aide de ce même coup de pouce que M. Figuier explique le phénomène des tables parlantes : « Cet individu hypnotise, à son insu, dit-il, répond aux questions et aux ordres qui lui sont donnés, en inclinant la table ou en lui faisant frapper des coups, conformément aux demandes. Revenu ensuite à son état naturel, il en oublie tous les actes qu’il a exécutés durant cet état… C’est un Medium. »`

Voilà la solution de M. Figuier. Avouons franchement qu’il faut être [p. 395] doué d’une. foi robuste pour accepter les étrangetés de cet ennemi du merveilleux. Son explication ne peut être admise, car alors quand même nous accepterions le fait de ce sommeil nerveux, la question ne serait pas résolue. La raison en est que des effets qu’un désordre nerveux peut produire aux merveilles qu’on nous raconte des communications obtenues par les mediums, il y a un abime.

Les feuilles historiques et politiques de Munich (mai et juin 1856) prétendent aussi expliquer, naturellement les mêmes phénomènes, dans ce sens qu’ils ne seraient qu’un retour partiel au privilège dont jouissait le premier homme. Dans l’état d’innocence, l’homme jouissait de deux sortes de prérogatives d’un ordre différent ; outre les dons de la grâce qui appartiennent à l’ordre surnaturel, il y avait dans le premier homme des propriétés moins relevées sans doute, mais qui pourtant ne découlaient pas de l’essence même de l’homme, et qu’il faut rapporter à l’ordre préternaturel. Ainsi l’âme étant plus dégagée du corps, exerçait sur la matière une souveraineté presque absolue, elle la faisait mouvoir sans contact, à la manière des esprits ; la vue s’étendait bien au-delà du rayon qu’elle embrasse maintenant, et pénétrait dans des obscurités où sa portée ordinaire ne peut atteindre. Ces prérogatives ont été sans doute compromises par le péché originel ; celles du premier ordre ne peuvent être rendues à l’homme que par la rédemption. Quant aux autres, qui sont de l’ordre préternaturel, deux voies s’ouvrent à l’homme pour les recouvrer au moins partiellement.

L’une est la voie des vertus surnaturelles. C’est par cette voie que plusieurs saints ont reconquis certaines relations avec le monde supérieur, et un certain empire sur la matière ; l’autre voie, qui est sans doute moins efficace et moins sûre, mais possible pourtant, est celle d’un ascétisme purement naturel ; ainsi la pureté de vie, le jeûne, l’habitude de la réflexion solitaire, la concentration profonde des facultés sur un même objet peuvent mettre un homme dans des conditions analogues à celles où il était avant la chute originelle, relativement à ce dégagement de l’âme et à cet empire sur la matière. Le phénomène s’est vérifié dans la personne de plusieurs païens, comme Apollonius de Tyane, Jamblique, Plotin, Proclus et autres qui étaient regardés de leur temps comme de grands thaumaturges, et qui auraient été dans le nôtre d’excellents mediums (5).

Cette théorie a été réfutée par la Civilta (6) ; ce n’est pas ici le lieu de reproduire cette réfutation péremptoire. Qu’il me suffise d’opposer à cette théorie les principes de la théologie.

Le péché originel n’a rien enlevé à l’homme de ce qui constitue sa nature ; les prérogatives dont il la dépouille ne peuvent lui être restitués que par la grâce ; donc la théorie du recouvrement partiel des privilèges [p. 396] primitifs par les seuls efforts de l’homme est fausse dans son principe ; j’ajoute qu’il est plus que douteux que la seconde vue, et l’action à distance, aient Jamais été des facultés ordinaires de la créature, même à l’état d’innocence. La raison en est que l’être fini n’a qu’une action limitée et qu’il ne peut agir que là où il est présent.

Je me résume : De toutes les théories émises sur la nature des phénomènes contemporains, aucune ne peut les expliquer naturellement. Et comme ces phénomènes sont si authentiquement constatée qu’on ne peut raisonnablement les nier, on est donc obligé de confesser qu’un agent mystérieux s’en mêle ; ou, en d’autres termes, il faut admettre l’intervention des esprits. Telle est en effet la conclusion nécessaire qui ressort des faits que j’ai rapportés. Il faut ou nier ces faits et alors admettre le scepticisme en histoire, ou, si on les admet, reconnaitre l’intervention d’une puissance mystérieuse ; car, admettre, les faits et vouloir les expliquer naturellement, c’est un tour de force où échoueront MM. Figuier et ses partisans.

Ainsi se trouve justifiée, malgré les dénégations de la science matérialiste, la thèse que j’ai énoncée en commençant, à savoir, que l’agent producteur des phénomènes spirites, qu’il soit bon ou mauvais,, est un agent doué d’une surintelligence transcendentale, complétement étrangère dans tous les cas à l’intelligence propre des MEDIUMS, et que cet agent est un esprit.

Cette conclusion a une immense portée, et l’on peut dire qu’il en sort de merveilleuses leçons. « Il en sort, dit le P. Ventura (7), la justification de l’Évangile et de la foi, la condamnation d’un rationalisme terrassé par ces faits, et par conséquent, la glorification prochaine de tout le passé de la véritable Église, et même de ce Moyen Age, si calomnié, si travesti, si gratuitement doté de tant de ténèbres. Les événements de ces derniers temps s’étaient chargés de lui donner raison, à ce Moyen Age, et voilà des faits d’une nature tout à fait étrange qui viennent le venger des accusations de crédulité superstitieuse ; cette réparation était nécessaire, et, après tout, notre siècle n’a rien à en craindre, car, certes, elle ne rendra jamais qui que ce soit injuste pour le progrès matériel et utile de la civilisation moderne.

Ainsi conclut la raison catholique.

La science conclut dans le même sens, par l’organe de M. de Saulcy, membre de l’Institut : « Je crois à l’existence des faits que souvent notre volonté ne saurait produire ; et sur lesquels, néanmoins, je déclare que cette volonté a parfois une action palpable. Je crois à l’intervention d’une intelligence différente de la nôtre, et que mettent en jeu des moyens presque ridicules. Je crois que la religion chrétienne ne doit pas encourager la pratique de ces expériences. Je crois qu’il y a danger à en faire une habitude, et qu’à tout le moins on peut y perdre le peu de raison qui a été [p. 397] départie à l’homme par le dispensateur de toutes choses ; je crois, enfin, que le devoir de l’honnête homme, qui a étudié ces phénomènes, est de dissuader les autres de s’en occuper, en prêchant d’exemple et en ne s’en occupant plus du tout soi-même (9)… Ou ces phénomènes ne sont pas réels, ou ils le sont ; s’ils ne le sont pas, il est honteux d’y perdre son temps ; s’ils le sont, il est dangereux de les provoquer et de s’en faire un passe-temps.

La conclusion de la théologie et de la science est dure sans doute pour les libres penseurs, mais il leur est impossible de la repousser. Elle est tellement rigoureuse, qu’ils ne peuvent la nier sans nier les principes les plus évidents de la logique. Qu’ils ne prennent donc leur parti, et que, devant le témoignage des faits qu’ils ne peuvent révoquer en doute, ils s’appliquent le vers du poète :

Omnia jàm fiunt quæ fieri posse negabam.

« Ce que nous déclarions impossible, le voici accompli. »

Ils niaient le surhumain, le surnaturel ; deux siècles de déraisonnement complet, deux siècles de calomnies et de sarcasmes ont été employés à rayer de la conscience humaine la foi au monde invisible. Que de théories inventées pour établir en droit l’absence du merveilleux, du surnaturel, pour dépopulariser la croyance aux esprits, aux possession, aux exorcismes, et en dernier lieu au magnétisme, livres, invectives, sophismes, on a fait arme de tout contre le merveilleux de tous les genres ; on eut dit que l’humanité n’avait pas d’autre maladie à guérir que la croyance au surnaturel, d’autres ennemis à combattre que les intelligences du monde invisible, et voici que toutes ces théories, bâties sur la négation à prioridu surnaturel, se trouvent aujourd’hui sapées dans leurs bases. Les prophètes sont vengés, les miracles sont expliqués. Le monde surnaturel est dévoilé et justifié. Quel écroulement scientifique ! Quelle humiliation pour le matérialisme contemporain. Voilà le dernier mot du spiritisme. C’est toute une révolution opérée dans la science rationaliste, et c’est la plus rude leçon que la négation philosophique ait jamais reçue peut-être ici-bas. Puissent Messieurs les libres penseurs en profiter !

Mais si l’on est forcé d’admettre l’intervention des esprits, ces esprits quels sont-ils ? Ici encore les opinions sont partagées. L’École représentée par M. Alain Kardec, prétend que les voix qui se font entendre sont des voix amies, qu’elles parlent au nom du ciel, qu’elles nous apportent une révélation supérieure à toutes les autres. Une autre école, représentée par M. de Mirville et M. le chevalier des Mousseaux, ne veulent voir dans l’agent mystérieux que l’action du démon, dont ils nous démontrent l’action malfaisante.

La question est sérieuse, nous la traiterons prochainement. A. TILLOY.

Notes

(1) La question du surnaturel, ch. XIV, p. 400.

(2) Rapport de Bailly à la commission royale(1784).

(3) Revue des Deux-Mondes, 15 janvier 1854. [en ligne sur notre site]

(4) Histoire du Merveilleux, T. IV, p. 320.

(5) Du surnaturel, par le P. Matignon.

(6) 6 febraio 1857. La moderna Necromancia.

(7) Lettre du P. Ventura à l’auteur du livre des Esprits, p. 13.

(8) Lettre de M. De Saulcy au même, p. 14.

(9) Lettre à l’auteur du livre des Esprits, p. XIV.

 

 

 

LAISSER UN COMMENTAIRE