A. Humbert. La Démonomane de Grèzes. Extrait de « La Lanterne de Boquillon », (Paris), 5 octobre 1902, pp. 9-11.

A. Humbert. La Démonomane de Grèzes. Extrait de « La Lanterne de Boquillon », (Paris), 5 octobre 1902, pp. 9-11.

 

Albert Humbert (1835-1886). Écrivain, journaliste, dessinateur et caricaturiste. Il créa cette publication en 1868 et la dirigea jusqu’à sa mort en 1886. Elle fut reprise par sa fille jusqu’en 1926.

[p. 9]

La Démonomane de Grèzes. — Une nouvelle sensationnelle nous parvient de Grèzes (Aveyron.) On se souvient sans doute du cas de la sœur Saint-Feuret, qui, [p. 10] atteinte de démonomanie. fut l’objet d’enquêtes retentissantes.

Un télégramme de Rodez annonce que la démoniaque aurait été délivrée des obsessions dont elle était l’objet et que son état mental serait devenu des plus satisfaisants.

Seuls quelques troubles digestifs se manifesteraient encore, mais sans laisser craindre pour la santé de la religieuse.

En faisant connaître cette guérison si rapide, l’information ajoute que la sœur Saint-Fleuret aurait été guérie à la suite d’un pèlerinage fait dans les environs de Rodez.

Vous pensez bien que pas un instant je n’ai cru à l’efficacité du pèlerinage, de tous les dévots ridicules qui n’ont rien trouvé de mieux que de s’aller promener en bandes avec croix et bannières, en chantant des cantiques afin de guérir une malheureuse fille atteinte d’une folie particulière.

Un bon traitement médical, c’était tout ce qu’il fallait. Voici d’ailleurs une interview du chef de laboratoire le docteur Voisin, de la Salpêtrière, qui a répondu :

Cette nouvelle ne me surprend pas trop, quoiqu’il faille attendre avant de se prononcer sur la guérison d’avoir des détails précis. Le seul traitement possible dans un cas de démonomanie tel que celui de la sœur Saint-Fleuret était d’abord l’isolement, c’est-à-dire la séparation du sujet et du milieu dans lequel il se trouve.

On avait préconisé l’emploi de sœur Saint-Fleuret dans une retraite autre que le couvent de Grèzes et je crois que cela seul a pu suffire à produire une amélioration très sensible de so, état.

— Mais le fait du pèlerinage ? ;

— Permettez que je ne me prononce pas : il y a là des questions de suggestion que nous ne pouvons apprécier, les détails précis nous faisant défaut.

Cette prudence lui fait honneur, mais ne devinez-vous pas que lorsqu’il ne se prononce pas, mettant en avant la question de suggestion, il raille amicalement la grande mise en scène des prêtres, qui, dès maintenant, doivent songer à tirer profit de la guérison de la sœur Saint-Fleuret ?

 

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